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Lorsqu’ un homme est ardent et sincère
n’importe quelle religion peut le conduire à Dieu
Ramakrishna
Tout, incluant le monde que tu vois, ainsi que toi-même, le témoin du monde, tout est Un…
Sache que le monde dans son ensemble constitue ton corps impérissable, et que tu es toi-même la vie perpétuelle du monde entier.
Ellam Onru, Tout est Un
L'incessante recherche du Soi, nous l'appelons Amour Suprême de Dieu, car Lui seul est établi comme Soi au-dedans du cœur de tous
Sri Ramana Maharshi
Lorsqu’ un homme est ardent et sincère
n’importe quelle religion peut le conduire à Dieu
Ramakrishna
Tout, incluant le monde que tu vois, ainsi que toi-même, le témoin du monde, tout est Un…
Sache que le monde dans son ensemble constitue ton corps impérissable, et que tu es toi-même la vie perpétuelle du monde entier.
Ellam Onru, Tout est Un
L'incessante recherche du Soi, nous l'appelons Amour Suprême de Dieu, car Lui seul est établi comme Soi au-dedans du cœur de tous
Sri Ramana Maharshi
Il faisait nuit, il pleuvait, je suis sorti du restaurant en courant pour me mettre à l’abri dans la voiture au plus vite. J’ai traversé le parking, puis la route. Je n’ai rien vu venir. Soudain, un bruit sourd, semblant venir de l’intérieur, puis je me suis senti absorbé, aspiré d’un seul coup dans un silence immense et lumineux. J’ai entendu mes compagnons de voyage dire : « Il a été renversé… il est mort !.. ». Mais cela n’avait aucune importance, mon corps gisait là, au bord de la route, inanimé, mais je n’étais pas ce corps. J’étais ce silence, cette lumière consciente, cette paix indicible. Je le comprenais alors, ma vie venait de s’arrêter sur cette route. Comme le dormeur qui réalise, au matin, en un instant, que tout ce qu’il vient de vivre n’était qu’un rêve, déjà inconsistant, bientôt oublié, de même, ma vie entière m’apparut alors comme un songe fugitif. J’étais Cela. Cette lumière, cette conscience, éternelle, sans commencement ni fin. J’étais Cela et n’avais jamais été rien d’autre. Cela seul était.
Je ne pourrais dire combien de temps je suis resté dans cet état bienheureux. Je suis revenu dans mon corps brutalement. Il y avait un attroupement, des voix, des cris, une sirène d’ambulance. J’ai perdu connaissance de nouveau. Je n’ai réellement retrouvé mon état de conscience habituel que le lendemain matin, à l’hôpital.
Les années ont passé, cette expérience vit toujours en moi, bienfaisante, inspirante. Très peu de gens savent ce que j’ai vécu ce jour-là. J’ai lu, entendu, des récits d’expériences similaires, ils me touchent et éveillent toujours en moi un sentiment de complicité fraternelle, comme celui qui unit ceux qui ont vécu des moments intenses ensemble. Je connais la signification de l’expression NDE depuis longtemps, mais j’avoue que jusqu’à maintenant je n’ai jamais cherché à lire de livres sur le sujet ou à rencontrer des personnes ayant vécu ce type d’expérience.
Je voudrais raconter trois expériences qui ont précédé celle-ci, mais survenues, en quelque sorte, dans les conditions normales de la vie, mais dont le contenu et la signification profonde sont finalement très proches.
J’ai toujours eu un esprit profondément religieux. J’entends par là que je me suis toujours senti relié à quelque chose de plus grand que moi et qui justifie mon existence. J’ai eu à l’âge de 7 ans la révélation de ce que seraient le but, le sens, l’exigence de toute ma vie. Je ne l’ai pas compris sur le moment, mais l’évènement n’a cessé d’exercer son influence jusqu’à ce jour.
Nous étions en vacances à Arcachon cette année-là. Un jour, j’en ai oublié la raison, pour me punir, ma mère m’a envoyé dans ma chambre avec interdiction d’en sortir jusqu’à nouvel ordre. J’étais furieux, je n’avais pas mérité cette punition, je pleurais de rage sur le lit quand mon regard est tombé sur le crucifix accroché au mur, en face de moi. Je me suis mis à parler au Christ comme s’Il avait été là, dans la chambre, lui reprochant sans ménagement d’avoir laissé faire une telle injustice, de m’avoir abandonné ! Ma colère était à son comble quand, soudain, j’ai senti Sa Présence, à la fois en moi et autour de moi, Elle remplissait toute la pièce. Une Présence mystérieuse, lumineuse, imposante, presque écrasante, plus réelle que ma propre existence, qu’elle réduisait à néant. Ma colère s’évanouit d’un coup laissant place à un sentiment intense de dévotion, tout mon être rendait grâce.
Aujourd’hui, alors que j’écris ces lignes, cette Présence est là, en moi, m’emplissant d’une joie subtile. Mes yeux se ferment d’eux-mêmes et je me sens absorbé en Elle. Je sens comme une ouverture au sommet du crâne, une porte ouverte vers un autre Moi, plus vaste, plus lumineux. J’ouvre mes yeux de nouveau, Elle irradie autour de moi dans la pièce, ma conscience s’élargit, son siège n’est plus localisé dans le corps, identifié au corps, mais plutôt le corps et le monde semblent émaner d’ Elle. Je ne vois plus le monde avec mes yeux de chair, il semble comme projeté, de l’intérieur, sur l’écran immaculé de cette conscience. Je ressens comme une douce pression dans la poitrine alors qu’un sentiment d’amour universel, inconditionnel, s’empare de moi. Plutôt que d’un sentiment d’amour, parler d’un état d’amour serait plus juste.
Des années plus tard, une autre expérience a exercé sur ma vie intérieure une influence profonde. J’étais ce jour-là particulièrement déprimé, tout semblait décidément vouloir aller de travers. Je traversais le pont d’Austerlitz à pied, comme tous les jours à cette époque, c’était une belle journée d’été, le soleil, haut dans le ciel à cette heure du jour, faisait miroiter dans l’eau du fleuve ses reflets comme autant de diamants étincelants. J’observais ce phénomène, touché par la beauté simple du spectacle quand, tout d’un coup, une joie immense m’envahit, j’étais littéralement inondé de joie, de lumière, d’amour et de paix intérieure. J’étais absolument sidéré par la force et la soudaineté du changement opéré en moi. Je me sentais libre comme jamais je ne l’avais été, une joie profonde dansait en moi comme une flamme, dans ma poitrine. J’avais déposé mon fardeau, l’ego semblait s’être envolé, avait-il jamais existé ? Je continuais ma route, émerveillé, dans un état d’exaltation inouï. Le monde extérieur également était comme transfiguré, baignant dans une lumière dorée. Tout semblait alors si simple, si beau, si plein de grâce. Cet état s’est maintenu au moins une heure, s’estompant progressivement. Il s’est répété plusieurs fois les jours suivants, me prenant toujours par surprise, comme par jeu, cherchant à m’enseigner quelque chose.
Environ un an plus tard, une rencontre allait me mettre un peu plus sur la voie. Un grand maître tibétain, le Karmapa (pas le Karmapa actuel, mais son prédécesseur) venait à Paris pour une cérémonie. J’avais déjà lu le Livre des morts tibétain et d’autres ouvrages sur le bouddhisme, l’hindouisme, le yoga… Nous en discutions avec passion entre amis. J’étais très exalté, toutes ces lectures et ces expériences que j’avais vécues m’étaient quelque peu montées à la tête… Je ne réalisais pas à cette époque les risques d’une pratique spirituelle solitaire. L’ego ne lâche pas prise facilement et, insidieusement, récupère à son compte ces expériences et s’en glorifie. Il m’a fallu des années pour le voir clairement.
J’attendais donc la visite du Karmapa avec impatience. J’en étais certain quelque chose d’extraordinaire allait se produire, le Bouddha en personne, en lévitation, me donnerait sa bénédiction, personnellement, le ciel s’ouvrirait, une musique céleste se ferait entendre….
Le jour tant attendu arriva enfin. Il y avait beaucoup de monde. Le Karmapa arriva, soutenu par deux moines, il semblait dans un état second. La cérémonie commença. Je n’en comprenais pas bien le sens, mais il s’en dégageait une atmosphère indicible de recueillement, de sainteté. Subjugué, j’oubliais mes chimères, mes vaines attentes.
Et pourtant, le miracle s’est produit. Le ciel ne s’est pas ouvert, pas d’apparitions surnaturelles, pas de musique céleste, non, mais quelque chose de beaucoup plus simple, d’une simplicité déconcertante. Je m’aperçus que je voyais non plus avec mes yeux de chair, mais comme avec un œil intérieur qui, mystérieusement, n’appartenait pas au corps. Je regardais autour de moi, incrédule, je voyais tout d’une autre perspective, dans un état de détachement absolu, intensément conscient, présent. J’étais parfaitement calme et rien dans mon comportement n’attirait l’attention de mes voisins. Bien au contraire, je leur trouvais un air étrange…..
ILS DORMAIENT…. Oui, ils dormaient et moi j’étais éveillé. Mon esprit était d’une clarté et d’une lucidité extraordinaires. J’avais l’impression, saisissante, d’évoluer au milieu d’hommes et de femmes atteints d’un mal étrange les condamnant à un état quasi somnambulique. J’avais presque envie de les secouer, pour qu’ils se réveillent. Je regardais le Karmapa, son visage avait une expression extatique que je n’oublierai jamais. Cet éveil s’est produit naturellement, spontanément, comme on s’éveille, au matin, après une nuit de sommeil. Il a duré environ une heure.
Le jour tant attendu arriva enfin. Il y avait beaucoup de monde. Le Karmapa arriva, soutenu par deux moines, il semblait dans un état second. La cérémonie commença. Je n’en comprenais pas bien le sens, mais il s’en dégageait une atmosphère indicible de recueillement, de sainteté. Subjugué, j’oubliais mes chimères, mes vaines attentes.
Et pourtant, le miracle s’est produit. Le ciel ne s’est pas ouvert, pas d’apparitions surnaturelles, pas de musique céleste, non, mais quelque chose de beaucoup plus simple, d’une simplicité déconcertante. Je m’aperçus que je voyais non plus avec mes yeux de chair, mais comme avec un œil intérieur qui, mystérieusement, n’appartenait pas au corps. Je regardais autour de moi, incrédule, je voyais tout d’une autre perspective, dans un état de détachement absolu, intensément conscient, présent. J’étais parfaitement calme et rien dans mon comportement n’attirait l’attention de mes voisins. Bien au contraire, je leur trouvais un air étrange…..
ILS DORMAIENT…. Oui, ils dormaient et moi j’étais éveillé. Mon esprit était d’une clarté et d’une lucidité extraordinaires. J’avais l’impression, saisissante, d’évoluer au milieu d’hommes et de femmes atteints d’un mal étrange les condamnant à un état quasi somnambulique. J’avais presque envie de les secouer, pour qu’ils se réveillent. Je regardais le Karmapa, son visage avait une expression extatique que je n’oublierai jamais. Cet éveil s’est produit naturellement, spontanément, comme on s’éveille, au matin, après une nuit de sommeil. Il a duré environ une heure.
Dans Fragments d’un enseignement inconnu, que je ne connaissais pas à l’époque, Ouspensky décrit comment il a vécu lui-même cette expérience : « … je suivais la rue Troitsky ; soudain je vis que l’homme qui venait dans ma direction était endormi. Il ne pouvait y avoir la moindre hésitation. Bien que ses yeux fussent ouverts, il marchait, manifestement plongé dans des rêves qui couraient comme des nuées sur son visage… Après lui vint un autre, tout aussi endormi. Un cocher endormi passa avec deux clients endormis. Et soudain, je me vis dans la situation du prince de la « Belle au Bois dormant ». Autour de moi tout le monde était endormi. C’était une situation précise, qui ne laissait de place à aucun doute...»
L’expérience de mort imminente décrite au début s’est produite quelques mois après cet évènement. Neuf mois plus tard je rencontrai le maître qui allait me mettre de façon décisive sur la voie d’une vraie recherche spirituelle. Il m’a fait comprendre que toutes ces expériences m’avaient été données, mais que je devrais, maintenant, pour aller plus loin, accomplir par moi-même un vrai travail intérieur. Le travail de toute une vie. On comprend en général la spiritualité comme une ascension vers des niveaux de conscience toujours plus élevés, plus subtils. Sans aucun doute, mais rien n’est possible, aucune réalisation spirituelle authentique ne peut advenir sans avoir préalablement fait les efforts longs, pénibles et douloureux qui consistent à descendre jour après jour au fond de soi, toujours plus profondément pour se connaître, se découvrir tel que l’on est réellement. Rien ne doit rester dans l’ombre, il faut, encore et encore, débusquer dragons et monstres qui se terrent dans les profondeurs. Tout doit être vu, connu, les mensonges, les peurs, les motivations secrètes, inavouables, le désir de briller, de plaire, l’égoïsme, la suffisance, l’orgueil spirituel… Il faut voir comment l’ego s’empare des expériences les plus sublimes et s’en attribue le mérite. Gurdjieff disait que l’homme qui ne s’est jamais vu avec horreur ne connaît rien de lui-même.
Je voudrais encore évoquer quelques expériences vécues au contact de malades et de mourants.
J’ai travaillé pendant 18 mois dans le service de réanimation respiratoire d’un grand hôpital parisien. Je ne faisais pas partie du personnel soignant, mais on m’a souvent proposé d’assister à des soins ou à des interventions. L’idée me séduisait, mais quelques expériences pénibles m’ont vite fait changer d’avis. Je me souviens avoir dû quitter la chambre d’un malade précipitamment au cours d’une ponction sternale. Par un curieux processus d’identification, je vivais l’examen en même temps que le patient, je ressentais la douleur au sternum en même temps que lui, comme si l’examen était pratiqué sur moi. Au cours d’une trachéotomie, également, l’infirmière m’a fait sortir de la chambre, j’étais livide, au bord de l’évanouissement, j’avais l’impression qu’on ouvrait ma propre trachée.
J’ai vu beaucoup d’hommes et de femmes mourir et parfois le principe conscient quitter le corps. Ramakrishna comparait le moment de la mort à une épée qu’on sort de son fourreau. Je ne trouve pas d’images plus juste.
Un matin, en prenant mon service, deux brancardiers m’ont demandé de les aider à transférer un malade, mort pendant la nuit, de son lit sur un brancard. Ils me faisaient signe de les rejoindre dans la chambre, mais je restai sur le seuil, paralysé, incapable d’entrer. Le malade était bien mort, il avait quitté son corps, mais il était là, dans la pièce, et il nous regardait ! Il voyait son cadavre sur le lit, entièrement enveloppé dans un drap blanc et qu’on allait emmener à la morgue ! Sa détresse était totale, je la vivais intensément avec lui, elle me glaçait le sang. C’était vraiment terrifiant.
Mon calme retrouvé, je repensais à ma propre expérience et à la sérénité merveilleuse qui m’habitait alors même que je m’étais vu mort au bord de la route. J’éprouvais une grande compassion pour cet homme et j’aurais aimé l’aider, mais il m’avait communiqué sa détresse à un point tel…
Pour finir, je raconterai une expérience d’éveil qui ressemble à celle vécue lors de la visite du Karmapa à Paris, mais alors que celle-ci s’était produite spontanément celle-là est le résultat d’un effort intense de ma part.
Je traversais une période très difficile. Malgré des conditions de vie des plus précaires, j’essayais de ne pas négliger ma recherche spirituelle, de maintenir coûte que coûte la flamme intérieure.
Un jour, alors que je pratiquais des exercices de concentration, que je m’efforçais de maintenir en moi un état de vigilance intense et que je m’y appliquais comme si ma vie en dépendait, je me suis senti transporté hors de mon corps dans cette conscience vaste et lumineuse, qui m’était maintenant familière. J’ai vu toute ma vie défiler devant mes yeux. Tout s’ordonnait de façon harmonieuse, mais inattendue. Des évènements que je considérais comme secondaires prenaient un relief particulier, d’autres, oubliés, s’avéraient déterminants.
Je ne saurais dire combien de temps a duré cette vision. Dans ces expériences, la notion de durée est sans rapport avec le temps objectif tel que nous le mesurons dans notre « état de veille » habituel.
Je me suis efforcé, dans ce récit, de rester sobre et concis, autant qu’il était possible. C’est intentionnellement que j’ai évité de mentionner certains phénomènes dits paranormaux. Je pense réellement que les visions, par exemple, de visages, de personnes, de lieux, de vies passées…sont un obstacle sur le chemin, même si parfois elles peuvent encourager le chercheur. Ces visions dépendent du contenu mental du sujet, de son conditionnement culturel, de son passé, de ses attentes. Les hindous, n’ont pas les mêmes visions que les chrétiens de culture occidentale. Certaines représentations cependant sont universelles, le tunnel par exemple, souvent cité dans les expériences de mort imminente.
Finalement, est-ce que toute expérience spirituelle authentique n’est pas une expérience de mort imminente ?
Denis
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