lundi 31 mai 2021

• Je sais et j’ai réalisé que je suis ce que je suis - Nisargadatta Maharaj


Le dialogue, un soir, a été entamé par un jeune Canadien, vêtu d’un Lungi et d’un Kurta. Il disait avoir vingt-trois ans, mais il semblait à peine sorti de l’adolescence. Il portait autour du cou une élégante petite croix en argent sur une chaîne délicate. Il a dit qu’il était tombé sur le livre « Je suis » dans une librairie de Bombay quelques jours au paravant. Un coup d’œil rapide à quelques pages a fait naître en lui le désir de rencontrer Maharaj en personne. Depuis, Il avait déjà parcouru le livre en lisant presque continuellement, après-midi, soir et nuit, et avait terminé les deux volumes il y a quelques heures seulement.

Nisargadatta Maharaj : Vous êtes si jeune. Je me demande depuis quel âge vous vous intéressez à la quête spirituelle.

Visiteur : Monsieur, depuis que je me souviens, j’ai été profondément intéressé par l’Amour et Dieu. Et j’ai fortement ressenti qu’ils ne sont pas différents. Quand je suis assis en méditation, je……

N.M : Attendez un moment. Qu’entendez-vous exactement par méditation ?

V : Je ne sais pas vraiment. Tout ce que je fais, c’est m’asseoir les jambes croisées, fermer les yeux et rester absolument silencieux. Je ressens que mon corps se détend, presque en fusion, et mon esprit, ou l’être ou quoi que ce soit d’autre, se fond dans l’espace, et le processus de pensée est progressivement suspendu.

N.M : Très bien. Continuez, s’il vous plaît.

V : Très souvent, pendant la méditation, un sentiment d’amour extatique envahit mon coeur en même temps qu’une effusion de bien-être. Je ne sais pas ce que c’est. C’est au cours d’une de ces périodes que je me suis senti inspiré pour visiter l’Inde – et me voilà.
M : Combien de temps resterez-vous à Mumbay ?

V : Je ne sais vraiment pas. Je fais rarement de projets. J’ai assez d’argent pour vivre frugalement pendant une quinzaine de jours, et j’ai mon billet de retour.

N.M : Dites-moi maintenant ce que vous voulez savoir exactement. Avez-vous des questions précises ?

V : J’étais très confus quand j’ai débarqué à Mumbay. Je sentais que j’étais presque devenu fou. Je ne sais vraiment pas ce qui m’a amené à la librairie, car je ne lis pas beaucoup. Au moment où j’ai pris le premier volume de  « Je suis », j’ai ressenti la même sensation intense que celle que je ressens pendant ma méditation. Alors que je continuais à lire le livre, un poids intérieur semblait se détacher de moi, et, alors que je suis assis ici devant vous, j’ai l’impression de me parler à moi-même. Et ce que je me dis à moi-même semble être un blasphème. J’étais convaincu que l’amour est Dieu. Mais maintenant, je pense que l’amour est sûrement un concept et si l’amour est un concept, Dieu doit aussi être un concept.

N.M : Et alors, qu’est-ce qui ne va pas ?

V : (Riant) Maintenant, si vous le dites comme ça, je n’ai aucun sentiment de culpabilité à transformer Dieu en un concept.

N.M : En fait, vous avez dit que l’amour est Dieu.
Qu’entendez- vous par le mot  « amour » ?
Voulez-vous dire que l’amour est le contraire de la haine ? Ou, voulez-vous dire autre chose, bien que, bien sûr, aucun mot ne puisse être adéquat pour décrire  « Dieu ».

V : Non. Non. Par le mot  « amour », je ne veux certainement pas dire le contraire de  « haine ». Ce que je veux dire, c’est que l’amour, c’est s’abstenir de toute discrimination en tant que  « moi » et « l’autre ».

N.M : En d’autres termes, l’unité de l’être ?

V : Oui, en effet. Quel est alors le  « Dieu » que je suis censé prier ?

N.M : Parlons de la prière plus tard. Maintenant, de quel  « Dieu » parlez-vous exactement ?
N’est-il pas la conscience même – le sens de l’être – que l’on a, et qui vous permet de poser des questions ?
« Je suis » lui-même est Dieu.
Qu’est-ce que vous aimez le plus ?
N’est-ce pas ce  « Je suis « , la présence consciente que vous voulez préserver à tout prix ?
La recherche elle-même est Dieu.
En cherchant, vous découvrez que « vous » êtes en dehors de ce complexe corps-esprit. Si vous n’étiez pas conscient, le monde existerait-il pour vous ?
Y aurait-il une idée de Dieu ?
Et, la conscience en vous et la conscience en moi – sont-elles différentes ? Ne sont-elles pas séparées seulement en tant que concepts, cherchant l’unité sans la concevoir, n’est-ce pas cela l’amour ?

V : Maintenant, je comprends ce que signifie  « Dieu est plus proche de moi que je ne le suis de moi-même « .

N.M : Souvenez-vous aussi qu’il ne peut y avoir de preuve de la Réalité autre que de l’être. En effet, vous l’êtes, et l’avez toujours été. La conscience part avec la fin du corps (et est donc limitée dans le temps) et avec elle la dualité qui est la base de la conscience et de la manifestation.

V : Qu’est-ce donc que la prière, et quel est son but ?

N.M : La prière, telle qu’elle est généralement comprise, n’est rien d’autre que la supplication de quelque chose. En fait, la prière signifie communion-unification-Yoga.

V : Tout est si clair maintenant, comme si une grande quantité de déchets avait été soudainement jetée hors de mon système, soufflée hors de l’existence.

N.M : Voulez-vous dire que vous semblez maintenant tout voir clairement ?

V : Non, non ! Pas « sembler ». C’est clair, si clair que je suis maintenant étonné que ce ne soit pas clair à un moment donné. Les diverses déclarations que j’avais lues dans la Bible, qui semblaient importantes mais vagues avant, sont maintenant claires comme du cristal – des déclarations comme : Avant qu’Abraham ne soit, je suis ; moi et mon père sommes un ; je suis ce que je suis.

N.M : Bien. Maintenant que vous savez de quoi il s’agit, quelle est la sadhana que vous allez faire pour obtenir la libération de votre  « servitude » ?

V : Ah ! Maharaj. Maintenant, vous vous moquez sûrement de moi. Ou, êtes-vous en train de me tester ? Sûrement, maintenant je sais et j’ai réalisé que je suis ce que je suis, ce que j’ai toujours été et ce que je serai toujours.
Que reste-t-il à faire ? Ou, défaire ? Et qui doit le faire ? Et dans quel but ?

N.M : Excellent ! Soyez simplement.

V : Je le ferai, en effet.

Puis, le jeune Canadien s’est prosterné devant Maharaj, les yeux remplis de larmes de gratitude et de joie.
Maharaj lui a demandé s’il reviendrait, et le jeune homme a répondu : « Honnêtement, je ne le sais pas. »
Quand il est parti, Maharaj s’est assis un moment les yeux fermés, le plus doux des sourires sur ses lèvres.
Il a ensuite dit très doucement : « Un rare » !

Je pouvais à peine saisir ses mots.
Je n’ai jamais revu le jeune Canadien, et je me suis souvent demandé ce qu’il était devenu.

Propos recueilli par Ramesh S. Balsekar.
Extrait et traduit de « Pointers from Nisargadatta Maharaj ».

jeudi 27 mai 2021

• La connaissance de soi est la seule véritable connaissance - Nisargadatta Maharaj

 


Connu comme un Sage hindou réalisé, Nisargadatta est maintenant généralement reconnu pour être classé parmi les plus grands maîtres exposant les enseignements de l'Advaïta.

Dans ce dernier ouvrage, la profondeur et la subtilité du traitement du sujet combinée avec l'approche étroitement raisonnée, font de ces dialogues des oeuvres pratiquement inégalées dans la littérature spirituelle.

Tel un miroir, Nisargadatta Maharaj nous amène ici face à l'image que nous nous faisons de nous-même et qui n'est absolument pas celle de la Réalité, de l'Un, immuable et ultime. Au fil de ces entretiens, il enjoint de voir clairement et lucidement ce qui n'est qu'une illusion, un mirage.

Il dit et redit avec force à tous ceux qui le visitent : « Ce qui vous lie, c'est de vous prendre pour ce que vous n'êtes pas ».

Dans ces paroles qui datent de la dernière année de sa vie, Maharaj va plus loin qu'il n'a jamais été ; ainsi, il déclare : « Cette connaissance de « je suis » ou d'« être » est un manteau d'illusion sur l'Absolu ». Maharaj revient encore et encore au concept/ vérité du « rien », nothingness, lequel, tel un mantra, traduit la non-dualité la plus absolue qui soit. Ce rien n'est ni néant, ni plénitude, car il les transcende tous deux.

Nous sommes ici, très certainement, au coeur même du Coeur de la non-dualité, dans sa forme la plus pure et la plus authentique qui soit.


© Extrait publié avec l'aimable autorisation des Éditions Accarias-L'Originel


M. : Cet état se réfère à l’enfant non né, j’ai essayé de le décrire comme brillant, glorieux, etc., mais c’est vrai- ment ahurissant ; vous ne pouvez pas essayer d’utiliser votre esprit ou votre intelligence pour le comprendre. Abandonnez ! Ne communiquez pas tout cela aux autres, mais recherchez-le, poursuivez-le et soyez-le ! Ne soyez pas paresseux ! Comment peut-on poser des questions sur cette chose, qui est en cours de discussion ? Il est agréable d’entendre ces paroles et ces déclarations particulières, qui « claquent » à ce moment, donnant une satisfaction momentanée, mais c’est là quelque chose de différent ; cela va vous changer. Toute expérience ou toute satisfaction que vous éprouvez est momentanée, et n’est destinée qu’à ce moment. Une fois ce temps écoulé, la satisfaction a disparu et tout est fini.


V. : Alors qu’est-ce qui est permanent et comment réaliser le permanent ?

M. : Comprendre tout ce qui est limité dans le temps et éliminer toutes les étapes limitées dans le temps. Celui qui reconnaît toutes ces étapes temporelles, celui qui est au-delà du temps, est antérieur au temps. Ne bougez pas. Vous ne pouvez comprendre toutes ces étapes limitées dans le temps qu’à partir d’un socle qui, lui, n’est pas limité dans le temps. Soyez là !

V.: Comment l’atteindre?

M. : Suivez le processus ; il n’y a pas d’autres mots qui peuvent être utilisés pour l’expliquer davantage.


V. : Par quels moyens, rituels, ou procédés peut-on y parvenir ?

M. : Mais n’est-ce pas au-delà de l’effort, au-delà de la compréhension ? Lorsque vous êtes l’instrument de l’entendement, toutes les sources de l’intellect sont mises de côté. Tout ce qui demeure est cet état. Actuellement, nous sommes pleinement en possession de cette volonté ou conscience. La conscience est le produit de l’essence de ce corps alimentaire. Tout ce qui arrive à cet être est de la "connaissance", peut-être même de la connaissance profonde, et nous nous y accrochons. Mais ce n’est pas la véritable connaissance. L’être est le produit de l’essence alimentaire ; il ne peut être la connaissance éternelle car il est limité dans le temps. Comprenez-vous cela ? N’essayez pas de réfléchir après avoir compris un peu de tout cela. Essayez de l’absorber et de vous en imprégner pleinement jusqu’à ce que vous vous stabilisiez dans votre véritable Soi.

V.: Je n’ai pas bien compris... Donc la question de l’abandon ne peut tout simplement pas se poser.


M.: Ce «je suis» est à nouveau le produit de ce corps de l’essence de la nourriture. Où est la question de connaître cela aussi ?

Ce que vous appelez « vous-même », ou « vous », est le produit de ce corps. Comment cet être peut-il comprendre « vous » la Vérité, vous l’Absolu ? Pour les ignorants, on peut faire un exposé qui dépende fortement du jargon spirituel sur le Brahman, sur ceci et cela – toutes les histoires... Cependant, quand il s’agit de se comprendre soi-même, il faut vraiment comprendre le vrai Soi.

« Vous êtes en vie » est un concept et il est faux. Dans ce corps, il y a le principe que nous connaissons sous le nom de « soi-même ». Ce principe n’a pas de forme, mais vous le comprenez comme la connaissance de « je suis ». Nous l’appelons aussi la conscience, la conscience-« je » ou l’être. Maintenant, les différents noms sont uniquement ceux de cette conscience. La conscience donne naissance au monde. Le monde est dans cette conscience. Essayez de comprendre cela.

C’est la seule façon de connaître le Soi ; à travers cette connaissance, vous pouvez vous connaître, savoir ce que vous êtes. Toutes les autres sortes de connaissance dans le monde sont des moyens pour vous permettre de gagner votre vie, d’obtenir de l’argent et de vivre dans le monde. Sinon, ce n’est pas du tout de la connaissance. La connaissance de soi est la seule véritable connaissance.

Dans la conscience universelle, il n’y a pas d’individus. Nous examinons différentes formes, nous leur donnons des noms comme « Dieu », « homme », « âne », etc. Mais en fin de compte, il n’y a que cette conscience, la conscience universelle. Et nous ne devrions pas nous identifier comme une entité séparée, un corps séparé. Nous sommes cette connaissance ; elle n’a ni nom ni forme. C’est là l’essence même de mon enseignement.

Deux étudiants étaient venus ici. Je leur ai dit : « Oubliez la spiritualité, suivez vos penchants habituels, faites vos devoirs habituels, abandonnez simplement la spiritualité. » Pourquoi leur ai-je parlé ainsi ? Je me suis impliqué dans la spiritualité, dans les affaires de la spiritualité, et finalement j’ai perdu cet amour du soi aussi. Je n’ai plus d’amour pour le soi [qui a un nom et une forme]. C’est la raison.

Le point d’ancrage pour chacun est l’amour pour le soi, la conscience, l’état du [moi] « j’aime » : c’est là le lien principal. Je commence la spiritualité au nom de la seule connaissance de soi, parce que je m’aime, j’aime « être ». Et je voulais savoir ce qu’est Dieu. Et savoir cela signifie la spiritualité. Dans ce marché, j’ai donc perdu Cela ; je ne suis plus fasciné par cet amour d’« être ». Parce que c’est la principale servitude, la principale condition, le « j’aime-je ». Tant que la respiration vitale fonctionne, tant que le pouls bat, jusque-là il y a cet amour d’« être », alors il y a la conscience. Lorsque le souffle vitale quitte le corps, le pouls s’arrête et le « je suis » n’est plus. Comme mon amour d’« être » est complètement terminé, épuisé, je n’ai plus aucune fascination pour cet état de « j’aime-je ». Par conséquent je n’ai plus d’amour pour personne [ne suis plus lié par personne]. Nous nous engageons normalement à aimer quelqu’un d’autre du point de vue principal que j’aime toujours à « être ».

J’appelle cela, notre « crâne », un pot en terre. Tant que ce pot en terre n’est pas proprement cuit, il faut aller chercher la connaissance ailleurs. Quand il sera correctement cuit et qu’il sonnera bien, vous serez alors en mesure de comprendre ce dont je parle. Mais que se passera-t-il après que vous avez accepté d’écouter mes discussions ? Le pot va éclater, il va se fissurer.

Rituellement, pendant l’incinération du corps, le fils doit allumer le feu ; puis, nous prendrons un pot en terre, rempli d’eau, et nous le mettrons dans un petit trou que nous aurons fait ; puis le fils se déplacera autour de ce bûcher funéraire mais dans une « mauvaise » direction. Normalement, la rotation consiste à maintenir à droite la chose, en se déplaçant dans le sens des aiguilles d’une montre [et de la marche cosmique], mais ici, l’objet est maintenu à gauche, donc le fils se déplace dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Après quelques trois circumambulations, il jettera le pot de terre à l’arrière [du bûcher funéraire], et non à l’avant, et il continuera à chanter. 

Ainsi, lorsque vous viendrez ici, vous serez vous- même « brûlé ». Quelle que soit votre identité, quelle que soit l’idée que vous vous faites de vous-même, vous serez brûlé [par le feu de la connaissance]. Aimeriez- vous ce type de connaissance, celle que j’expose ici ? Cet amour d’« être », cette conscience, non sollicitée, spontanée, elle est venue – sans raison. Et depuis lors, elle s’occupe de toutes les activités. Toutes ces activités mon- daines ne sont dues qu’à cela, l’amour de soi, l’amour d’« être ». Mais l’amour de soi n’est pas réel. Il ne peut pas être éternel, c’est une phase passagère. Toute cette connaissance, en dernière analyse, n’est d’aucune utilité. Puisque vous allez abandonner cette même conscience, finalement ce que vous avez entendu ici n’est d’aucune utilité. Parce que la connaissance n’est innocente que dans le domaine de la conscience.

Mais après avoir entendu ce que j’ai dit, si vous le gardez en mémoire et en raison de votre association avec cette connaissance, une nouvelle connaissance va égale- ment germer en vous. Tout cela n’est pas vraiment utile. Mais il n’y a qu’une seule utilité : vous pouvez faire étalage de votre savoir devant les masses ignorantes, et vous aurez une chance de devenir un guru.

Avec la connaissance que vous aviez au départ – celle que vous avez entendue au départ et celle qui a germé en vous –, lorsque vous comprendrez et réaliserez enfin tout cela, vous arriverez certainement à la conclusion que tout ceci est irréel, inutile. Néanmoins, ayant réalisé cela, vous aurez une certaine stature dans le domaine de la spiritualité et les gens afflueront vers vous, écouteront ce que vous dites. À ce stade, quoi qu’il vous arrive, vous pouvez tout simplement l’effacer. Car pour les masses ignorantes, ce sera une connaissance profonde. Mais dans ce « marché », ce qui se passera, c’est que vous serez élevé à une très haute stature : celle de guru. Alors, attention !

L’acquis principal, le seul capital primaire que toute chose possède, n’est que cela : le sommeil profond, l’état de veille et cette petite touche de « je suis » – rien d’autre. 

dimanche 2 mai 2021

• Immuablement stable et en veille constante - Rûmi

IL est le vrai Ami de Bien,

Celui qui le coeur

touché par la Grâce peut révéler

la forme du Sans-Forme devant vos yeux ;

Qui enseigne la voie simple, la vérité ultime 

sans prérequis, ni rites ni cérémonies ;

Qui ne vous fait pas fermer la porte, 

retenir votre souffle, et renoncer au monde ;

Qui vous fait inlassablement percevoir l'Esprit 

suprême partout où le mental s'attache ;

Qui vous enseigne à être calme, simple et naturel 

au milieu de toutes vos activités.

Sans peur, toujours immergé dans la félicité,

immuablement stable et en veille constante, 

Il garde l'esprit du yoga au milieu des plaisirs.


samedi 1 mai 2021

• Laissez-vous porter par le courant des choses... - Huang Po

 

Aujourd'hui et à tout instant,

lorsque vous vous déplacez ou restez debout,

assis ou couché,

entraînez-vous uniquement à la non-pensée...

Que cela vous prenne trois, cinq ou dix ans,

il faut que vous ayez un éclair d'expérience...

Vous n'avez qu'une chose à faire :

à tout instant, sans vous appuyer sur rien,

ni vous fixer nulle part,

laissez-vous porter par le courant des choses.

Personne ne saura qui vous êtes,

mais quel besoin avez-vous qu'on vous connaisse

ou vous ignore.

Vous aurez l'esprit ferme, sans faille,

et pourtant tout le traversera sans s'y incruster.

Vous goûterez alors à la silencieuse coïncidence...

Dans un tel état d'esprit un,

les expédients ne sont que des ornements.

Ces montagnes bleutées qui nous comblent le regard

et les univers perdus dans l'espace

forment une seule terre de blancheur...

et tous les êtres vivants

sont des manifestations de l'Éveil.