lundi 30 avril 2012

• Le joyau de silence - Michaël Szyper


L'éveil est la reconnaissance que notre vraie nature est ce qui est toujours là et qui a été toujours là, que l'on dorme, mange, rie, cherche ou meure. Qu'est-ce qui est là en ce moment et qui est toujours là, quel que soit l'état émotionnel ou mental ?


Il est possible de réaliser notre vraie nature maintenant, car nous sommes déjà pleinement l'essence de la vie, la présence dans laquelle tout apparaît. Il n'y a rien à atteindre ou à réaliser. Il s'agit plutôt de se rendre compte que tout est déjà là. Pour cette raison, l'éveil ne dépend d'aucune cause extérieure, grâce ou circonstance. Y-a-t'il une seule vague de l'océan qui ne soit pas déjà remplie d'eau à ras bord ?


L'invitation est de réaliser la Conscience, notre coeur véritable, joyau d'amour, de silence, de joie et de liberté.


S'éveiller veut dire réaliser notre vraie nature.  La vraie nature du soi, de la vie et de la réalité sont une seule et même essence. C'est l'essence intemporelle, bienveillante et omniprésente qui constitue tout ce qui est, qu'on l'appelle «Être, pure conscience, présence vacuité ou amour».


Cette pure conscience est notre véritable identité.  Elle est toujours présente et nous accompagne tout au long de notre vie, que l'on en soit conscient ou non.
Elle est la base de la réalité dans laquelle apparaissent toutes nos perceptions.  Elle est ce que nous sommes au plus intime de nous-même et que nous partageons avec tout ce qui existe : une fleur, une étoile mais aussi une chaise et un radiateur.  Sa réalisation ne rend donc certainement pas « spécial ».  Au contraire, elle ôte cette impression d'être un individu spécial ou séparé au sein de l'univers.


Cette conscience, ce silence ou présence fondamentale de la réalité dépasse par sa simplicité et son évidence, ce que les mots peuvent en dire et ce que la pensée peut concevoir.  C'est pourquoi elle ne correspond exactement à aucune description, y compris celle-ci.
Elle ne peut être découverte que dans le moment présent.
Elle n'est réalisée de manière définitive que lorsqu'elle cesse de s'identifier au moi séparé, et au flux des pensées et des concepts que l'on a sur soi et sur la vie. Elle devient alors un état d'être naturel qui accueille et inclut entièrement la vie et notre humanité. L'individualité peut alors s'épanouir sur sa base authentique la plus profonde.



Visitez le site de Michaël : La simple présence.
Voir aussi cette page sur Éveil Impersonnel.

mercredi 25 avril 2012

• C’est une ouverture à la grâce - Jean Klein

 Jean Klein (1912-1998) apparaît comme une figure majeure, au XXe siècle, de la philosophie de la non dualité, philosophie née en Inde, et connue sous le nom d’advaïta vedânta. 

Jean Klein occupe une place singulière dans le monde de la spiritualité. Il est en effet musicien, violoniste, artiste. 
Nita Klein, sa fille, comédienne, apporte ici son témoignage, issu des notes prises lors de leurs rencontres sur plusieurs années.
Nita Klein nous conduit dans un espace où l’on découvre que le regard de la spiritualité, de la non dualité, peut être d’une étonnante fécondité quand il se pose sur l’art.

Extrait de l'ouvrage publié avec l'accord des Éditions Almora :

La présence de Jean Klein était ainsi, un continuum d’harmonie qui venait de nulle part, n’allant nulle part, une présence ne faisant que poursuivre, tellement là et pourtant toujours mouvante. On ne pouvait se l’approprier, se l’attacher. Quand on était dans ses bras la douceur et la chaleur étaient immenses et pourtant c’était comme si on glissait dans l’eau, comme s’il nous laissait glisser à la rencontre de nous-même ou pour revenir à nous-même ? On aurait pu se sentir abandonné, orphelin, s’il n’y avait eu ce regard ami.
Mais où est-ce que je vais ?
— Il n’y a nulle part où aller, le but est atteint à chaque instant, tu vas où tu es, sois libre. Tu dois comprendre que ton point de départ est ta présence au présent, et celle-ci en est en même temps le point d’arrivée. 

Être ? Une interrogation, que Jean Klein faisait naître et laissait se dissoudre en chacun de nous. Les questions alors en même temps s’éveillaient, quelquefois d’un long et profond sommeil. Ces interrogations, ces questions étaient les mêmes, qu’il s’agisse de l’art en soi ou de l’art de vivre, la quête était la même, le chemin serait le même : que faire avec le temps, comment composer une nature morte, que faire de ce corps, comment équilibrer la lumière et l’ombre sur la toile, que faire de vivre, comment regarder un arbre, ordonner les mots sur la page blanche, et la mort ; comment laisser l’autre ou le personnage de théâtre être par lui-même, libre de toute conception, comment élever son enfant, qu’est-ce que l’espace pour un danseur, qu’est-ce que l’action, comment l’espace va-t-il jouer avec la couleur, qu’est-ce que le mouvement de la vie, comment unir le mobile et l’immobile, qu’est-ce que la pensée ?


Questionner… Observer… 
« Nous sommes réunis aujourd’hui pour voir ensemble comment rendre plus vivante, plus actuelle, la compréhension de ce vous-même, de cette paix infinie qui ne vous a jamais quittés mais qui reste voilée par tous vos conditionnements. 

Il me paraît utile de faire connaissance avec ce qui est à la base de notre existence quotidienne, c’est-à-dire notre corps, nos sensations, nos sentiments, nos pensées. La connaissance de soi, de ce qui compose notre personnalité demande une attention ouverte, alerte, sans intention, qui permette à la perception de se dévoiler, de s’exprimer pleinement, de s’harmoniser. Nous savons que notre personne n’a pas d’existence réelle, elle dépend toujours de la conscience pour être connue. Celle-ci, au contraire, n’a pas besoin d’intermédiaire, elle se sait elle-même par elle-même et toute la création en est une émanation, une expression.

Certaines zones de notre structure sont purement énergétiques, d’autres au contraire sont fermées. Vous constatez, tout d’abord, dans diverses régions une qualité, une grande sensibilité, une sorte de vibration, dans d’autres zones, par contre, vous avez l’impression de quelque chose de concret, de solide, de sombre. Partez des régions particulièrement sensibles, soyez très attentif et vous sentirez des vibrations envahir les parties encore récalcitrantes. En commandant alors quelques mouvements à votre corps subtil, les membres physiques suivront d’eux-mêmes, sans que vous interveniez le moins du monde et toute votre structure sera intégrée dans la pose. Cela se traduit au début par des picotements, ensuite, plus en profondeur, vous remarquerez une qualité vibratoire d’une nature élastique, pourrait-on dire. 

Cette approche permet déjà de nous dégager peu à peu des noeuds qui étaient formés. 

Vous êtes le connaisseur. Cela commence par une perception. Regardez-la seulement, ne la nommez pas, faites-y face directement. C’est possible quand votre attention est sans tension, sans but ni recherche de résultat. Si vous éprouvez lucidement, pleinement la sensation, il ne reste pas de place pour la fixation d’un moi. N’ayant plus de complice, la perception se dissout dans votre présence. 

Regardez votre fonctionnement dès que vous êtes confronté à un problème. Vous vous apercevrez que vous ne lui donnez pas la possibilité de s’exposer, de se dévoiler entièrement ; vous jugez, comparez, interprétez, cherchant instinctivement à vous trouver en sécurité devant la difficulté. Voyez-le ; dans cette attitude, vous ne pouvez faire un avec elle, vous restez obnubilé par vos réactions, vos résistances. Si vous savez rester dans la perception directe, telle qu’elle s’est présentée à vous, elle se réfère à votre totalité, non à l’image que vous avez créée ; elle se démasque, apporte sa solution et l’action juste. 

Observez votre façon de procéder dans la vie de tous les jours, démontez au fur et à mesure ce mécanisme qui vous fixe. Votre esprit veut choisir entre l’agréable et le désagréable, le beau et le laid, car tant que vous vous situerez comme une entité particulière, votre vision sera fragmentaire, inexacte. En vivant dans une fraction, vous avez un point de vue fractionnel. Faites connaissance avec vous-même, c’est essentiel si vous voulez vivre harmonieusement et surtout ne vous laissez pas emprisonner dans le personnage que votre environnement a inventé de toutes pièces.  

Tant que vous croyez être une personne, votre entourage garde cette qualification pour vous. Un objet ne peut voir que des objets. Sur le plan de l’individu, vous voulez constamment vous sécuriser, être aimé, reconnu. Lorsque vous aurez détecté que ce ramassis d’expériences, d’informations est le produit de la mémoire, ce besoin vous quittera et vous vous trouverez naturellement dans un espace non meublé, sans représentations. Vous êtes à ce moment-là dans une immensité, une vastitude sans schéma, vous êtes un avec l’autre ; présence d’amour dans laquelle les personnalités se manifestent. C’est une non-relation qui permet à une véritable relation de s’établir.

Le mythe d’un soi-même est un peu le résultat de notre entourage, c’est la société qui l’a suscité. Vous êtes un individu pour celui qui se prend comme tel. N’adhérez plus à ce fantasme, cela favorisera déjà une prise de conscience. Vous découvrirez un jour avec un immense sourire de soulagement par quelle aberration a pris naissance l’idée chimérique de se croire quelqu’un. Cela n’enlève pas les influences diverses qui ont joué, elles ne disparaissent pas d’un seul coup à ce moment-là, mais une constatation lucide entraîne une vision claire, juste. C’est une ouverture à la grâce. »

=> Lire un autre extrait sur le blog de José le Roy.

mardi 17 avril 2012

• L'expérience directe - Śaṅkara

Ce traité est attribué à Śaṅkara (VIIIe siècle après J.C.), un des plus importants philosophes de l’Inde. Śaṅkara est le véritable fondateur de l’advaita vedānta, doctrine non-dualiste, qui est une relecture du corpus des Upaniṣad indiennes dans une perspective moniste. L’advaita vedānta affirme qu’il n’y a aucune dualité entre l’âme individuelle et l’Absolu (Brahman), que nous sommes tous, ici et maintenant, Brahman. 

Ce texte, relativement court puisque il ne comporte que 144 ślokas, est particulièrement intéressant. D’abord il cherche à répondre à la question « Qui suis-je ? » Ko’ham rendue célèbre au XXe siècle par Ramana Maharshi qui fait de cette question la route directe vers l’éveil. Śaṅkara établit ici par un raisonnement clair que nous ne sommes pas le corps, multiple et changeant, mais l’Absolu, Être-Conscience-Béatitude. En ce sens, ce traité est une introduction à l’advaita vedānta.
Mais le texte se livre aussi à une critique du haṭha-yoga en réinterprétant le yoga dans une perspective non-duelle. Cette relecture réjouissante du yoga sera intéressante pour tout pratiquant en rappelant le but ultime du yoga, l’identité avec l’Absolu. Śaṅkara appelle cette voie conduisant à l’expérience directe : le yoga royal. 


Extrait de l'ouvrage


Le Soi n'est pas le corps
17
ātmā viniṣkalo hy eko deho bahubhir āvṛtaḥ /
tayor aikyaṃ prapaśyanti kiṃ ajñānaṃ ataḥ param //
Le Soi, en effet, est sans partie, unique ; le corps est composé de nombreuses (parties).
Les gens identifient (à tort) les deux. Peut-il y avoir une plus grande ignorance ?
Commentaire :
L'erreur consiste donc à confondre le Soi et le corps. Pourtant le Soi est simple, sans partie, tandis que le corps est multiple, composé de nombreuses parties : les os, le sang, les veines, les organes etc...Confondre le Soi et le corps est une erreur complète.

18
ātmā niyāmakaścāntar deho bāhyo niyamyakaḥ /
tayor aikyaṃ prapaśyanti kiṃ ajñānaṃ atah param //
Le Soi est le contrôleur à l'intérieur, et le corps est à l'extérieur ce qui doit être contrôlé.
Les gens identifient les deux. Peut-il y avoir une plus grande ignorance ?
Commentaire :
Platon utilise la même argumentation dans l'Alcibiade. Le corps, écrit-il, est un outil que l'homme utilise ; l'homme, par conséquent, n'est pas le corps. Le corps est contrôlé, l'homme est celui qui le contrôle.
À noter que la distinction intérieur/extérieur est provisoire et devra être dépassée car le Soi n'est pas à l'intérieur du corps ; il est partout, omniprésent sarvagatah.
Niyāmakah vient de la racine yam- exercer un contrôle sur. Yatendriya : le maitre des sens.

19
ātmā jñānamayaḥ puṇyo deho māṃsamayo'śuciḥ /
tayor aikyaṃ prapaśyanti kiṃ ajñānaṃ ataḥ param //
Le Soi, fait de connaissance, est pur ; le corps, fait de chair, est impur.
Les gens identifient les deux. Peut-il y avoir une plus grande ignorance ?
Commentaire :
Puṇyah / aśucih est un couple difficile à traduire ici. Śucih signifie « brillant » d'une racine śuc- qui veut dire « brûler, briller, luire ». Donc aśucih pourrait être rendu par « opaque ». Puṇyah signifie « heureux, bon, beau, juste, pur, saint ».
Le corps est composé de chair en effet ; il est sans conscience, et possède les qualités des objets. Le Soi est pure conscience ; il est ce qui connaît en nous. Ainsi identifier le Soi et le corps revient à identifier la conscience avec un morceau de viande ! Erreur stupide et grossière.

20
ātmā prakāśakaḥ svaccho dehas tāmasa ucyate /
tayor aikyaṃ prapaśyanti kiṃ ajñānaṃ atah param //
Le Soi est illuminateur et transparent ; le corps est opaque.
Les gens identifient les deux. Peut-il y avoir une plus grande ignorance ?
Commentaire :
Si le corps est « opaque » parce que composé d'os, de sang, de chairs etc., le Soi est, lui, transparent, sans couleur, sans forme.  Prakāśakaḥ signifie en effet « ce qui apporte la lumière, ce qui fait apparaître ». Il s'agit ici de la lumière de la conscience sans laquelle rien n'apparaît et rien n'est connu.

21
ātmā nityo hi sadrūpo deho'nityo hyasanmayaḥ /
tayor aikyaṃ prapaśyanti kiṃ ajñānaṃ atah param //
Le Soi est en effet éternel et a pour nature l'Être. Le corps est éphémère et est fait de non-être.
Les gens identifient les deux. Peut-il y avoir une plus grande ignorance ?
Commentaire :
La discrimination vedāntique consiste essentiellement à distinguer ce qui est éternel de ce qui est éphémère. Le réel est identifié à l'Être éternel ; l'irréel à ce qui change. Śaṅkara est ici proche de Platon pour qui l'Être réel a pour attribut essentiel l'éternité.
Nous voyons bien que le corps ne cesse de changer ; il grandit, il vieillit puis meurt et se décompose. A chaque instant, les cellules de notre corps naissent et meurent elles aussi. L'apparente permanence du corps est une illusion.
Mais ne faisons-nous pas l'expérience en nous d'une réalité qui reste toujours identique à elle-même ? Ne sentons nous pas que Celui qui est conscient aujourd'hui était déjà conscient quand le corps avait 5 ans, 10 ans, 20 ans ? Ne sentons nous pas une permanence au cœur de nous-mêmes ?
Cette permanence, c'est celle du Soi-Conscience, du Témoin immuable.

22
ātmanas tat prakāśatvaṃ yat padārthāvabhāsanam /
nāgnyādidīptivad dīptir bhavaty āndhyaṃ yato niśi //
C'est la lumière du Soi qui fait apparaître les objets ;
la lumière (du soi) n'est pas comme la lumière du feu etc. puisqu'il y a obscurité la nuit.
Commentaire :
La lumière du Soi ne ressemble à aucune autre lumière. Les autres lumières comme celle d'une lampe, du feu sont intermittentes. Elles s'éteignent parfois laissant place à l'obscurité. Même la lumière du soleil cède la place à la nuit. Mais la lumière du Soi est omniprésente et éternelle. Elle n'a ni début ni fin.
Ce qui signifie que la conscience qui révèle les objets ne s'interrompt jamais. Elle se tient au-delà du cycle de la veille, de l'état de rêve et du sommeil profond. Même dans le sommeil profond, la conscience est là mais du fait que le monde a disparu, elle n'éclaire plus d'objets.

23
deho'ham ity ayaṃ mūḍho dhṛtvā tiṣṭhatyaho janaḥ /
mamāyaṃ ity api jñātvā ghaṭadraṣṭeva sarvadā //
Après avoir soutenu la pensée : « Je suis le corps », la personne stupide en reste là hélas !,
et même après avoir compris : « ce corps est à moi », elle est comme le spectateur du pot constamment.
Commentaire :
Nous nous identifions au corps ; nous nous prenons pour lui. Quelle erreur stupide pourtant ! Le corps n'est pas ce que je suis ; il est ce que j'ai, il m'appartient. Śaṅkara prend l'exemple d'un pot : le pot est à moi, il n'est pas ce que je suis ; il est ce que je vois. De même pour le corps.

Extrait publié avec l'accord des Éditions Almora (un grand merci à José Le Roy).


mercredi 11 avril 2012

• L'autre regard... des films à suivrent.


La Société Jupiter (fondée en 1986 par Jan Roeloffs) propose une série de films traduits en Français dont "Lumière", "Milarepa", "La traversée du Zanskar", "Propos sur la conscience", ou encore le tout dernier, "Water, le pouvoir secret de l'eau" basé sur les travaux du Dr. Masuru Emoto.

Un site à suivre avec intérêt...

 

 

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