dimanche 19 novembre 2023

• Si je m'assois à ma place de patience - Rûmi

Quand je cours après ce que je pense vouloir,

mes journées sont une fournaise de stress et d'anxiété ;

Si je m'assois à ma place de patience,

Ce dont j'ai besoin coule vers moi,

et sans douleur.

vendredi 10 novembre 2023

jeudi 2 novembre 2023

• C'est juste une connaissance vide qui est présente dans toutes expériences - Jackson Peterson


      Traduction Française possible en activant le sous-titrage.

 

lundi 30 octobre 2023

• La manifestation est l’absolu mis en forme - Jean-Marc Mantel


   Dans la perspective ordinaire, l’être humain fonde le sens de son identité sur sa mémoire, son activité mentale, son corps : « Je suis ce personnage pensant avec tous ces souvenirs. Je suis ce corps avec son histoire. Voilà qui je suis. » Ceci mérite d'être questionné. 

   Avec l’écoute des dimensions corporelle et mentale de notre existence manifestée, nous disposons de deux accès immédiats pour nous ouvrir à ce continuum de présence sous-jacent au monde perçu. 

   L’écoute du corps nous permet de nous trouver en tant que conscience spacieuse et de nous désidentifier du corps physique. L’écoute de l’activité mentale nous permet de nous trouver en tant conscience lumineuse d’arrière-plan. La méditation nous apprend à nous désimpliquer du perçu et à nous aligner sur ce qui perçoit, c’est-à-dire nous-même.

   Reste un troisième et dernier volet de cet enseignement : celui de la conscience elle-même.  Les mots de Jean-Marc Mantel nous renvoient sans distance et sans attente à notre identité sans forme. Cette réalisation d’être conscience ne se produit pas pour un esprit identifié au corps et aux pensées. Elle se produit justement avec l’évidence de ne pas être le corps-mental. 

   Comme le réitère Jean-Marc à maintes reprises, « tout est conscience ». La manifestation du monde n’a d’existence que par la conscience immédiate qui la constate. Elle en est sa trame. Tout arrive maintenant. Même le passé n’est que mémoires qui émergent maintenant. Tout est maintenant, et maintenant est conscience.

     Dans cette quête actuelle effrénée vers le bien-être, ce livre ramène le lecteur vers une idée bien plus fondamentale : la vérité sur ce que nous sommes.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions ACCARIAS L'ORIGINEL


Tant que le mental est tourné

vers le mouvement des vagues,

le silence de la profondeur

est ignoré.


La non-dualité 

J’aimerais avoir votre aide pour mettre en ordre ce que j’ai appris sur la non-dualité. Ainsi, il n’y a que la conscience qui existe. 

Oui, tout est conscience, et la conscience est le tout. 

La manifestation est, par essence, duelle, structurée en paires d’opposés : le jour et la nuit, le froid et le chaud, la lumière et l’ombre, etc. Alors que l’absolu, qui englobe tout, ne peut être duel. 

En réalité, la manifestation n’est pas non plus duelle, car elle est l’absolu mis en forme. Du point de vue de l’absolu, il n’y a pas de dualité. Chacune des manifestations n’est que l’expression de lui-même, et n’est donc pas différente de ce qu’il est. La dualité des paires d’opposés n’est qu’une apparence, tout comme vos deux mains qui, à un regard non averti, peuvent sembler séparées. 

En tant que petit moi, on semble avoir une existence réelle, autonome, et c’est ainsi qu’on croit qu’il y a quelqu’un qui souffre ou qui a du plaisir. 

Oui, on peut le dire ainsi. 

Sachant que l’on est l’objet d’une illusion, qu’attendons-nous pour nous éveiller ? 

Vous, en tant qu’essence princeps, ne dormez pas. Le sommeil n’est qu’un état du mental. Il est transitoire. Il ne concerne pas ce que vous êtes. 

Serait-ce totalement inutile, voire nuisible, d’avoir une compréhension uniquement intellectuelle de la situation ? 

La compréhension intellectuelle donne un tableau de la situation, et des personnages qui la composent. Elle postule l’existence d’un Soi, intelligence suprême, qui organise le monde. Elle vous maintient sous l’apparence d’un moi, qui connaît le Soi en tant qu’objet, idéal conceptuel. Tant que per- dure une distance, aussi ténue soit-elle, entre le connaisseur et l’objet de connaissance, la souffrance se maintient, celle de l’exil et de la séparation. 

Il semble pourtant bien y avoir une relation sujet-objet : la conscience sujet qui observe les objets qui apparaissent et disparaissent en elle (pensées, émotions, sensations, perceptions...). Est-il encore question de distance dans ce cas ? 

Vous êtes cet arrière-plan immuable dans lequel la pensée apparaît et disparaît. Vous ne pouvez l’observer, car vous l’êtes. Vous êtes l’éternel sujet dans lequel le monde se réfléchit. Tout ce qui apparaît et disparaît en vous est indissociable de vous-même. Vous êtes à la fois le monde et le connaisseur du monde. Votre unité est inaliénable. Vous n’êtes jamais divisé. La division n’est qu’une idée. Sans cette idée, il n’y a qu’unité. Présence, être, absolu, ne sont que des concepts. La réalité de ce que vous êtes n’est pas un concept. Dans l’absence de tout concept, vous êtes. 

≈≈≈≈≈≈≈

Conscience, regard d’arrière-plan, vision, lumière

Comment définiriez-vous la conscience ?

La conscience est ce qui est conscient. C’est à partir d’elle que vous connaissez votre corps, votre mental, vos émotions, et l’ensemble des perceptions. Elle est cela qui perçoit. Sa particularité est son omniprésence. Contrairement au contenu des perceptions, qui change d’instant en instant, elle est une permanence, dans laquelle s’actualise l’impermanence. Vous pouvez réaliser que vous êtes cela. Vous ne pourrez, toutefois, jamais vous saisir. Vous ne pouvez qu’être saisie. Vous ne pouvez jamais vous trouver. Vous ne pouvez qu’être trouvée. C’est cela le miracle de la conscience, que d’être toujours là, sans pour autant être quelque chose qui puisse être objectivé. Elle est quelque peu similaire au trou noir cosmique, qu’on ne connaît que par son influence sur les astres environnants, mais qu’on ne peut appréhender directement. C’est pour cela que c’est par l’élimination de ce que vous n’êtes pas, pensée, idée, projection, que se révèle ce que vous êtes.

Sommes-nous guidés par la conscience de telle sorte que rien n’est sous notre contrôle ?

Il n’y a pas de moi individualisé. La conscience est l’unique moi, l’unique contrôleur. L’attention ne pouvant être orientée sur deux objets à la fois, lorsque la conscience est engloutie dans la pensée, il n’existe rien d’autre que la pensée. Ce n’est que lorsque la pensée s’éteint que la conscience revient à elle- même, dans sa globalité indéfectible. Les moments de distraction sont ces périodes dans lesquelles l’écoute n’est pas habitée, et la pensée est investie. Le monde environnant est alors absent. Il réapparaît lorsque les sens sont à nouveau conscientisés. Le monde est une perception. La conscience en est le connaisseur.

Accepteriez-vous d’éclairer la nature du lien qu’entretiennent « états sans pensée » et « présence » ?

Nous connaissons la pensée, car elle est objet dans la conscience observante. Il y a ainsi conscience de la pensée. Nous connaissons l’absence de pensée, car elle est aussi objet dans la conscience observante. Il y a ainsi conscience de l’absence de pensée. Dans les deux cas, qu’il y ait objet ou absence d’objet, ce constat est fait à partir d’une conscience, qui ne peut être perçue, étant cela qui perçoit. Cette évidence de la conscience en tant que permanente présence, à partir de laquelle se fait toute objectivation, est illumination, identité à la lumière qui éclaire le spectacle, sans pouvoir s’éclairer elle-même. C’est l’aperception de la conscience, le « je suis conscience », qui dissout le sujet et l’objet dans sa propre unité.

Pouvons-nous dire que la conscience est à la fois individuelle, collective et universelle ?

La conscience est une. Qu’elle repose en elle-même, ou qu’elle se réfléchisse dans le mental collectif ou individuel, elle reste toujours identique à elle-même, libre, immuable et détachée.

La conscience prononce « Je suis ». S’ensuit un big-bang d’une myriade de formes animées de ce souffle, dont chaque être humain est aussi l’expression. Être imprégné de l’identité « Je suis avant toute pensée » devrait, tôt ou tard, permettre de débloquer le nœud de notre principale dépendance, à savoir l’habitude se s’identifier à une des ces expressions : le corps, la pensée « moi ». Au fond, Jean-Marc, tout n’est-il pas affaire seulement d’ identification ?

Oui. C’est la nature de la conscience de créer à chaque ins- tant des formes, qui naissent et meurent en elle. Lorsque la conscience s’identifie à la forme qui jaillit en elle, elle perd, ne serait-ce que l’espace d’un instant, la conscience de son unité et de sa globalité. De là, naît le sentiment de séparation, d’exil et de solitude. Ce même sentiment s’éteint lorsque la forme réintègre le sans-forme. C’est ce que vous vivez lorsque la non- pensée est pleinement habitée. Vivre la pensée à partir de la non-pensée signifie que la conscience ne se perd plus dans la forme qui jaillit en elle, qui ne remet plus alors en cause son vécu originel. Elle se sait être, sans que ce vécu d’être soit remis en cause par les naissances et morts qui se déroulent sans cesse en elle. 

Je cite quelques phrases que vous avez dites et que j’ai relevées dans un de vos enregistrements vidéo : « Vous ne pouvez pas être conscient de la conscience. Si vous étiez conscient de la conscience, cela voudrait dire qu’il y a deux consciences qui se regardent l’une l’autre. Mais, en réalité, il n’y a qu’une conscience. L’un ne peut se voir lui-même. Il faut être deux pour pouvoir se voir. La conscience ne peut pas se voir, sinon il faudrait qu’elle se divise. » Donc, d’après ma compréhension, pour voir, il faut être deux : 1, ce qui voit, et 2, ce qui est vu. Cela fait bien deux !

Oui, deux concepts, le concept de celui qui voit, et le concept de ce qui est vu, qui sont tous deux objets de vision. Et la vision est ce qui est, dans l’absence du concept de vision.

Finalement, qui s’identifie? Car le ciel ne s’identifie pas aux nuages, pas plus que la mer aux bateaux...

Personne ne s’identifie. Tout est conscience. Il y a conscience au repos, le Soi immuable, et conscience en mouvement, le monde et le moi. 

samedi 7 octobre 2023

jeudi 28 septembre 2023

• Nous partageons notre 'être' avec tout le monde - Rupert Spira



Vous pouvez retrouver la suite (et bien d'autres vidéos encore) sur "Connaissances sans frontières".

 

jeudi 21 septembre 2023

• Où que vous soyez, vous êtes toujours au centre de l'infini - Daniel Morin

Le sens commun de la séparation fausse toutes les recherches même les plus intéressantes, qu’elles soient d’ordre scientifiques ou religieuses. L’Absolu et le relatif sont inséparables, et sont toujours coexistant.

Ce livre insiste sur l’évidence de la non-séparation. On comprend mieux que l’homme n’est pas une entité séparée autonome lorsqu’il est vu qu’aucune chose, grossière ou subtile, n’est séparée de son environnement - et cela à l’infini - et qu’elle est en échange d’équilibre constant avec son environnement.

Cette loi fondamentale d’équilibre, unificatrice, gouverne l’univers entier tel que nous le percevons. Elle peut être une aide réelle pour appréhender la vie d’une façon nouvelle.

Tant que nos connaissances ne coexisteront pas avec le Grand Je ne sais pas ou « Je, ne sait pas », toutes nos théories les plus avancées seront fausses car basées sur l’identification du moi. Quand on admet notre limite, on est en relation avec le « je ne sais pas ». Je ne sais pas est impersonnel, on ne peut ni le saisir, ni le maitriser.

Ce livre n’est pas une méthode de mieux-être ni un enseignement d’une amélioration à venir. En-dehors de tout dogme, il s’adresse à ceux qui ont le goût de la recherche de vérité, c’est-à-dire voir le faux comme étant faux. Il peut cependant permettre à certains de vivre le monde relatif d’une façon tout à fait différente. Non pas sur la conviction que nous sommes une partie autonome toujours en attente d’un jour meilleur, mais sur l’évidence indiscutable que nous sommes un élément relié et inséparable du Cosmos.

Décapant, ce livre invite le lecteur à une remise en cause de ce qu'il croit savoir.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel :


La frontière, les limites, la non-séparation

Existe-t-il une seule chose, sans son environnement ?

La limite n’existe que dans le monde relatif. Pour beaucoup de chercheurs, ce qui domine c’est un senti- ment de séparation. La limite est vécue comme quelque chose qui isole. Or, contrairement à ce que l’on croit, une limite ne sépare pas. C’est au contraire le lieu privilégié des mouvements de recherche d’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur de la limite. C’est le lieu du vivant.

Une limite ne définit pas seulement la chose, mais elle définit en même temps ce que n’est pas la chose : elle est toujours mitoyenne. La limite n’appartient ni à l’un ni à l’autre, elle est la preuve de l’inséparabilité. Si on des- sine un cercle sur une feuille, on a deux choses simultanément : l’intérieur et l’extérieur du cercle, et il n’y a pas d’espace entre l’intérieur et l’extérieur.

Donc la limite n’est qu’un moyen de nommer les choses. Elle ne sépare pas, elle distingue. Quand on décrit quelque chose, on fixe arbitrairement cette chose en dévaluant le reste, ce qui provient du fonctionnement de notre cerveau qui a besoin de fixer des points pour appréhender le mouvement. Cette fixation arbitraire, pratique pour fonctionner dans notre monde, sera toujours inexacte. Elle peut avoir pour conséquence de se croire séparé ou autonome.

Quand on se ratatine par l’imaginaire pour essayer de se protéger, de se sécuriser, de survivre, on s’isole artificiel- lement dans « ses » limites. On joue alors le jeu fictif de la séparation, en imaginant que la limite perméable devient imperméable.

Mais la limite n’est jamais exacte, c’est un monde de l’à-peu-près, car aucune limite ne reste statique, toute forme est en mouvement, et si on change d’échelle, on ne voit plus les mêmes choses. Par exemple un morceau de peau qui semble lisse à l’œil nu est vu plein de creux et de bosses au microscope électronique. Un nuage semble avoir un contour net dans le ciel, mais en s’approchant, sa limite n’est pas mesurable et devient floue.

Où est le contour de l’arbre qui bouge dans le vent ? De la goutte d’encre qui se dilue dans un verre d’eau ? Où est la limite de votre corps quand vous fermez les yeux? Où est la limite de votre émotion ?

Si on regarde un corps humain, c’est un vrai empilement de poupées russes : il y a la limite de son contour bien sûr, mais à l’intérieur, il y a une multitude d’autres limites, celles des organes, des cellules, des molécules, jusqu’à la limite de notre entendement. 

La limite du corps est le lieu de l’intrication des éléments qui permettent la continuité de cet organisme ou sa disparition : manque d’oxygène, excès de glucose, etc. Nous sommes inséparables de notre environnement. Il n’y a aucune exception.

La distinction n’est en aucun cas une étanchéité ni une séparation, elle ne coupe pas la relation des jeux de force qui s’équilibrent naturellement, ceux que l’on connaît et ceux que l’on ne connaît pas. Elle unit.

Le nœud central de l’humain, c’est de croire en la réalité d’une limite « moi » qui n’est pas la limite du corps.

Quelle est la limite de l’illimité ?

.../...

Q : J’ai une question sur le libre arbitre et le déterminisme. Tantôt j’ai l’impression d’être absolument libre, tantôt je me sens prédéterminé.

D : D’un point de vue absolu, personne n’a le moindre libre arbitre. Personne ne peut décider un acte à partir de lui-même en oubliant ce qui permet que cela soit. Dans le monde de tous les jours, ce n’est pas pathologique de penser par moments que c’est moi qui agit, de faire comme si nous avions un pouvoir, à la condition de ne pas être dupé par le mot « moi ». De toute façon, que l’on croie avoir le choix ou non ne change absolument rien au fait que l’on n’en a pas. C’est simplement une apparence.

Si quelqu’un se croit séparé et à l’origine de ses décisions, ça ne changera rien à la réalité. Ce n’est pas un problème s’il ne cherche rien au niveau spirituel. Il sera tou- jours en état de manque, conscient ou pas, qu’il tentera de combler, quitte à imaginer une vie future meilleure. Ceci est exactement ce qui apparaît.

Mais pour le chercheur spirituel, c’est un obstacle de croire que ce corps est à l’origine de l’acte. Car alors vous ne pourrez jamais vous désidentifier du faux moi-séparé, et vivre la vraie liberté, celle qui est sans intention de gain et sans crainte de perdre, celle qui rend esclave parfait de l’instant. Se croire séparé est une négation absolue de ce qui permet que nous soyons. C’est le refus de l’évidence qui nous emprisonne.

Je vois deux façons d’envisager la prédétermination. Certains disent « tout est écrit », mais de mon expérience cette phrase est dangereuse, car elle entretient le doute : « Qui a écrit et pourquoi ? »

Je le formulerai autrement même si le résultat est le même : ce qui va arriver va arriver. Cela, personne ne peut le nier. 

lundi 18 septembre 2023

• Revenir à l'espace de l'esprit - Javier Garcia Campayo

 

L'illumination est toujours un accident. La méditation nous rend sujets à cet accident. L'illumination, c'est comme tomber d'un avion en plein vol. La mauvaise nouvelle, c'est qu'il n'y a pas de parachute. La bonne, c'est qu'il n'y a pas de sol.

Chogyam Trungpa

Une introduction complète au concept-clé des traditions orientales : la non-dualité

Nous pensons tous être un individu, un " moi " coincé dans un corps, et isolé au milieu de sept milliards d'autres " moi " dans le monde, tous différents et séparés les uns des autres.
Mais si cette manière de penser était fausse ? Si cette manière de vivre était la source de nos souffrances ?
Le professeur García Campayo montre ici que la psychologie moderne en accord avec les traditions spirituelles orientales peuvent " déconstruire " le moi, et nous éveiller à une autre réalité qu'on appelle la vacuité.
Dans la plupart des traditions spirituelles, ces méditations de déconstruction du " moi " et les expériences de non-dualité sont considérées comme le summum de la pratique contemplative.
En tant que telles, elles sont restées semi-cachées pendant des siècles. Les pratiques de déconstructions restent inconnues du grand public et commencent à peine à être étudiées par la science et la psychologie.
Cet ouvrage est l'un des premiers à passer en revue de manière exhaustive la vision que les traditions orientales comme le bouddhisme, le taoïsme et l'advaita vedanta ont enseigné à ce sujet. Il décrit les principales pratiques méditatives conçues par les êtres humains pour tenter de diluer le sentiment du " moi ".
De cette façon, les lecteurs peuvent avoir un aperçu de ce que signifient la non-dualité et l'éveil au-delà du moi.

© Extraits publié avec l'aimable accord d'Almora Éditions

Être conscient (awareness) :
le champ de la conscience ou l’espace de l’esprit

Nous pouvons constater que nous avons observé les objets mentaux mais nous n’avons pas été conscients de notre faculté de connaître. Pour utiliser une métaphore, nous avons pu voir les objets éclairés par une lampe mais nous n’avons pas été conscients de la lampe qui les éclaire et que sans elle ils ne seraient pas visibles. Cela semble alors si évident que nous pour- rions nous demander : « Pourquoi n’avons-nous pas médité dès le début sur la lampe, sur le fait d’être conscient ? » La réponse est la suivante : parce que c’est un concept très subtil et qu’il est très difficile de méditer ainsi d’entrée de jeu. Il est tout le temps là mais il n’est nulle part et il n’est pas aisé de le voir.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le concept d’awareness ne se trouve pas dans le Canon Pali, il n’a pas été décrit par le Bouddha. C’est un mot anglais employé par les maîtres occidentalisés de différentes traditions bouddhistes pour tenter d’expliquer le concept de la conscience. Un terme pali qui se rapproche de conscience est viññana, qui décrit les six types de conscience correspondant aux six sens (rappelons ici que l’esprit est considéré comme le sixième sens dans la tradition bouddhiste) : conscience visuelle, auditive, etc ., et la conscience de l’activité de l’esprit. Dans ce cas, l’union de l’organe des sens (par ex ., l’œil), l’objet visuel (par ex ., un oiseau) et la conscience visuelle produisent le « contact ». Lorsque l’objet cesse (par ex ., l’oiseau s’en va), la conscience cesse aussi.

Mais awareness décrit une conscience qui n’est pas liée à un seul sens à un moment donné. C’est quelque chose de plus fondamental et qui envahit tout. Pour utiliser une métaphore, c’est le ciel dans lequel les nuages des objets mentaux passent. C’est « l’espace de l’esprit où les objets mentaux apparaissent ». Cette conscience ne dépend pas d’un objet. Souvent, la conscience se focalise sur le fait d’être conscient d’un objet (awareness). Mais on peut aussi être conscient, et c’est un état plus avancé, du simple fait d’être conscient, sans qu’il y ait d’objet de conscience (awareness de l’awareness). Tous les objets du monde des phénomènes apparaissent et disparaissent dans le vaste espace de l’esprit. Si vous fermez les yeux et que vous visualisez un objet, ce qu’il y a avant de le visualiser, c’est l’espace de l’esprit ; et ce qui reste quand vous avez éliminé l’objet, c’est l’espace de l’esprit. Et dans cet espace, vous pouvez faire surgir le phénomène mental que vous désirez .

Il existe de nombreuses métaphores sur ce sujet, dont l’une des plus connues est la suivante :

« L’esprit ne peut pas se connaître lui-même .

C’est comme une épée qui coupe mais ne peut pas se couper elle-même .

Comme un œil qui voit mais ne peut pas se voir lui-même . » (Zenrin Kushu, 14, p . 267)

L’espace de l’esprit, l’awareness, ne peut pas être appréhendé mais nous savons qu’il est là. Ajahn Chah dit : « C’est comme monter à cheval et se demander où est le cheval . » 

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Luminosité, clarté ou capacité à connaître (sambhogakaya)

Nous avons déjà dit que l’esprit est essentiellement vide. Mais il possède une autre fonction aussi importante et intrinsèque que la vacuité : celle de connaître. Sa fonction de base, son activité principale est de connaître. Chaque phénomène est connu par l’awareness dès qu’il surgit, il est impossible de ne pas le connaître. Bien que l’esprit soit vide et que nous ne puissions pas le trouver, nous ne pouvons pas dire qu’il n’existe pas parce qu’il est toujours en train de connaître et nous sommes conscients qu’il en est ainsi. L’awareness est comme un miroir : quand un objet apparaît, il le reflète fidèlement. Nous voyons que l’esprit possède les deux caractéristiques intrinsèquement unies : vacuité et connaissance. C’est parce que sa fonction est d’« éclairer », comme une lanterne, les objets de connaissance qu’on dit que l’esprit est lumineux ou rayonnant. Cela ne signifie pas que nous voyons de la lumière quand nous fermons les yeux ou que nous verrons de la lumière lorsque nous serons vraiment éveillés. Notre esprit et celui de tous les êtres vivants possèdent donc ces deux qualités : vacuité et connaissance. 

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Paru aussi chez Almora Éditions : 

 En cette époque difficile où nous mesurons l'impuissance de nos réponses collectives aux enjeux du temps présent, le moment semble venu de réinterroger en profondeur notre rapport au vivant. Et si cela commençait par le fait, pour chacun d'entre nous, de découvrir – ou peut-être de reconnaître – sa propre vie comme énigme ?

L'Énigme de ma vie est un petit livre de sagesse simple, actuel, sans maître ni dogme. Il prend acte des limites du développement personnel et interroge la possibilité d'un développement impersonnel. Quand " ma vie " cesse enfin d'être un territoire à défendre ou un capital à optimiser, elle devient aspiration paradoxale, à la fois apaisée et passionnée, à la connaissance de son propre mystère.

mercredi 23 août 2023

• Tout est pure conscience - Kirk Hammett

Metallica est dans l’effervescence de la sortie de son nouvel album, 72 Seasons, qui est arrivé vendredi, avec un clip vidéo, de multiples lyric vidéos et l’annonce de deux concerts en streaming pour le mois d’août.


À cette occasion, le guitariste Kirk Hammett a accordé une interview à la station de radio américaine 95,5 KLOS, avec l’animatrice Marci Wiser, dans laquelle il a parlé, entre autres, du nouvel album.


Au cours de cet entretien, il a également révélé qu’il méditait “beaucoup” depuis 25 ans, “parfois deux heures par jour”.


Il a ensuite déclaré à propos de cette habitude : “J’en suis venu à croire que [l’état dans lequel nous nous trouvons pendant] la méditation est notre essence même, et que lorsque nous ne méditons pas, c’est comme un rêve [rires]. J’en suis arrivé à la conclusion que la méditation est pure conscience, et que tout est pure conscience. Je crois également en l’unité de l’être, ce qui signifie que nous sommes tous connectés. Mais plus encore, nous sommes tous le même être. J’y crois, et j’y crois de tout mon cœur. Cela dicte vraiment ma façon d’être au jour le jour et de traiter les gens.”


Il a poursuivi : “Je crois que nous sommes tous connectés et que nous ne faisons qu’un, alors quand je vous parle, je me parle à moi-même. Et quand vous me regardez dans les yeux, vous voyez une version de vous-même en retour. Je suis convaincu que c’est aussi profond que cela.”


Il a ajouté : “Je crois aussi que la conscience, ce que les gens croient être notre âme ou notre esprit, c’est de l’énergie, et l’énergie n’est jamais détruite, elle se transforme simplement. Je crois donc que la conscience est tout et qu’elle est éternelle. Et le fait d’être dans le présent et dans l’instant renferme toutes les possibilités qui sont accessibles dans la vie.”


Hammett a conclu en disant qu’il est un adepte de la non-dualité et que ses propos peuvent être “dérangeants” pour certaines personnes, mais qu’il encourage les curieux à “se pencher sur la question”. Il a ensuite recommandé un livre intitulé The Direct Path de Rupert Spira, affirmant qu’il avait “changé sa vie”.


Selon Wikipédia, la non-dualité désigne à la fois l’unité fondamentale qui, selon certaines écoles philosophiques orientales, sous-tendrait la diversité apparente, la multiplicité des formes du monde, et les approches philosophiques ou pratiques qui conduiraient à comprendre la dualité entre transcendantalisme et immanence.


Le Néo-Advaita, courant plus récent, généralement désigné sous le terme générique de “non-dualité”, mais correspondant plus précisément par ses racines au Néo-Advaita ou au Néo-Vedanta, est apparu en Occident dans la seconde moitié du 20ème siècle. Ses promoteurs sont généralement des Occidentaux qui ont été disciples de maîtres indiens et sont retournés dans leur pays pour exposer leur compréhension de ce système de philosophie (Jean Klein, Arnaud Desjardins, Andrew Cohen, Eckhart Tolle, etc.).

Vu sur Metalzone.

mardi 22 août 2023

• C’est t’apprendre que je suis maintenant impersonnel - Stéphane Mallarmé


J’avoue, du reste, mais à toi seul, que j’ai encore besoin, tant ont été grandes les avaries de mon triomphe, de me regarder dans cette glace pour penser, et que si elle n’était pas devant la table où je t’écris cette lettre, je redeviendrais le Néant. C’est t’apprendre que je suis maintenant impersonnel, et non plus Stéphane que tu as connu, — mais une aptitude qu’a l’Univers Spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi.


Fragile comme est mon apparition terrestre, je ne puis subir que les développements absolument nécessaires pour que l’Univers retrouve, en ce moi, son identité.


Stéphane Mallarmé, Correspondance. Lettres sur la poésie.