lundi 16 décembre 2024

samedi 14 décembre 2024

mercredi 11 décembre 2024

• La lumière qui revient à la lumière

Le dzogchen, tradition tibétaine la plus secrète, offre à voir de rares cas d’un phénomène extraordinaire. À la mort de pratiquants particulièrement accomplis, leur corps physique se dissout en lumière, ce qu’on appelle le corps arc-en-ciel. Étudiant un cas récent, Francis Tiso fait le rapprochement avec la résurrection de Jésus-Christ. Le dzogchen ancien devrait-il quelque chose aux enseignements contemplatifs du christianisme syriaque, diffusé le long des Routes de la soie jusqu’en Chine dès le VIIe siècle ?

Enquête ethnographique, découvertes archéologiques, anthropologie et théologie sont mobilisées pour explorer l’hypothèse vertigineuse de rencontres et d’échanges autour de pratiques visionnaires entre chrétiens et bouddhistes, manichéens, musulmans, taoïstes et hindous dans des oasis d’Asie centrale, d’où serait née la tradition dzogchen. Ce livre unique, foisonnant et érudit, bouleverse les cloisonnements traditionnels et ouvre de nouvelles perspectives, tant sur l’histoire des religions qu’à propos des pratiques spirituelles les plus élevées. La mort n’est peut-être pas la fin de toutes choses, mais la lumière qui revient à la lumière.

Extraits choisis et publiés avec l'aimable accord des Éditions Vue de l'esprit

Comment khenpo A Chö atteignit le corps arc-en-ciel

Pour mener cette biographie à son apogée, voici un extrait que nous avons reçu de la part des moniales qui étaient ses disciples et dont le monastère se trouve de l’autre côté de la rivière de Kandzé, intitulé : « Le Char qui tire le soleil de la foi et de la dévotion. Supplément à la biographie de la glorieuse et vertueuse manifestation, le grand khenpo, Vajradhara Lobsang Ngawang Khyentsé », rédigé par Gueshé Sönam Puntsok.

« De ce qui précède, on a clairement vu [la vie de] ce seigneur, de sa naissance jusqu’à ce qu’il eût soixante-quinze ans. Pendant six ans, de ses soixante-seize ans jusqu’à ce qu’il eût atteint le corps arc-en-ciel, chaque jour et chaque nuit, il pratiqua continûment le yoga des différentes déités [en semant], sans partialité, des graines de bonheur pour le bien du Dharma et des êtres errants [dans le saṃsāra]. Il atteignit la fin de sa vie en pratiquant avec intensité, exclusivement dans des retraites sur les six syllabes du yidam Avalokiteśvara […]. Le dixième jour du sixième mois tibétain, une lettre de Sa Sainteté le Dalaï-lama arriva d’Inde grâce à la courtoisie du professeur Wangchouk Puntsok. La lettre disait : 

À l’attention de khenpo Achoung [sic] de Nyarong.

Je suis heureux que vous demeuriez en bonne santé sans perdre courage, en dispensant bienfait à autrui. Ici, [je suis] aussi en bonne santé et continue d’agir pour le bien du Dharma et des êtres sensibles. Que dans le futur également, votre intention d’aider tous les êtres à pacifier les actes négatifs et à se réjouir des bienfaits de leurs actes positifs accumulés, reste inébranlable. 

Du bhikṣu shakya Tènzin Gyatso, le 23ème jour du quatrième mois tibétain, 1998

Sa Sainteté joignait à cette lettre des images du Grand Compatissant Avalokiteśvara et de la Protectrice du royaume du désir [Śrīdēvī, Palden Lhamo] ainsi que des empreintes de Ses mains. [Khenpo] en fut particulièrement heureux et fit pendant un long moment de vastes et profondes prières.

À cette époque, il plut longtemps, [mais les gens] ne pensèrent pas que c’était un présage du décès du maître. […]

Peu après cela, un arc-en-ciel long et plat se dessina dans l’étendue du ciel au-dessus de la hutte [du khenpo]. Tout d’abord cinq témoins le remarquèrent, la mère Nordrön et ses enfants. Puis de nombreuses personnes le remarquèrent et s’inquiétèrent, y voyant un signe que le maître ne vivrait plus [longtemps]. […]

À cette période, tous les gens de son entourage, jeunes et vieux, vinrent en sa présence, confessèrent leurs fautes, jusqu’à avoir marché sur des vêtements [monastiques] [et promirent de] de se retenir à l’avenir. En vue de leur renaissance, ils firent les prières. Khenpo leur répondit avec grand plaisir et leur donna, sans se presser, des instructions sur ce qui devait être fait.

Le lendemain, le 7ème jour du septième mois tibétain, il mangea juste un peu, mais ne montra pas le moindre signe de maladie ou de fatigue physique. À midi, il se coucha sur le côté droit, tourna sa tête vers le nord faisant face à l’ouest, et ainsi, dans la posture du lion endormi, tenant son rosaire dans sa main et récitant de sa bouche le six syllabes, il laissa à ce moment se déployer la dissolution de son esprit dans la sphère du réel.

Immédiatement après, toutes les apparences de la vieillesse du corps telles que les rides ou l’aspect ratatiné, disparurent instantanément. Son visage reprit l’apparence de la jeunesse, douce et rosée. [Toutes les personnes du] cercle privé [du khenpo] exprimèrent unanimement [leur regret d’avoir été] tristes et affolées, sans quoi elles auraient pris une photo et cela aurait été incroyable.

Même avant cela, le seigneur avait l’odeur agréable et parfumée de la discipline, et je l’ai remarqué moi-même lors de ma première rencontre avec lui. [Après sa mort], elle devint plus forte, si bien qu’[elle se diffusait] non seulement à l’intérieur de la chambre, mais aussi à l’extérieur de la maison. Toutes les personnes qui faisaient des prosternations et des circumambulations la remarquaient sans effort. 

Au-dessus de la maison cinq arcs-en-ciel apparurent durant plusieurs jours. Parfois ils s’étendaient dans tout l’espace du ciel, comme en furent directement témoins les moines et les laïcs de Lourab. De nombreuses personnes des parties hautes et basses de Horkhok les virent également. Ma nièce Tsering Chötso, son père et ses fils, [mon propre] père Tsega et les autres, virent le ciel entier, à l’Est, envahi par les arcs-en-ciel. Pendant que je demeurais en retraite solitaire, je vis de cette façon pendant deux jours, durant les intervalles des sessions de méditation, des arcs-en-ciel apparaissant par deux fois dans le ciel au-dessus du lieu saint de Tsanda. Le lendemain, j’appris la mauvaise nouvelle [de la mort de khenpo] par son neveu Sönam Gyaltsen qui m’avait été envoyé à ce sujet. Le jour suivant, je vis également [les arcs-en-ciel].

Par ailleurs, dans l’après-midi de ce même [jour], quand [le khenpo] fut libéré dans le corps de lumière, juste avant la tombée du jour, une lumière similaire aux rayons du soleil brilla depuis l’est pendant un long moment, et nous la vîmes tous.

Puis ses assistants, jeunes et âgés, prirent la responsabilité [du service funéraire], et avec la famille, les serviteurs et les disciples proches du Seigneur, ils effectuèrent tous ensemble, avec tristesse, les grandes cérémonies funéraires et les prières. Pendant ce temps, chaque jour, le corps se fit de plus en plus petit jusqu’à ce que, finalement, le jour qui suivit la semaine écoulée, sans même qu’il ne reste cheveux ni ongles, se fut manifesté le corps arc-en-ciel sans souillure, le corps vajra. Cela correspond à la prophétie de Séra Yangtrul Rinpoché, maître de ce seigneur, qui déclara que cela arriverait à quelques-uns de ses disciples les plus importants. 

Selon son Inventaire essentiel : « Leur corps illusoire souillé s’effacera et ils seront libérés dans le corps de lumière sans souillure. Ils atteindront le corps arc-en-ciel, le corps du grand transfert. » Le corps arc-en-ciel du grand transfert est considéré comme étant la libération dans le corps de lumière sans même laisser les cheveux et les ongles. […]

[Ainsi s’achèvent la sélection d'extraits des sources biographiques.]


Veuillez retrouver d'autres extraits de l'ouvrage ici.

=> Témoignage d'un pratiquant Occidental ayant atteint la réalisation du corps arc-en-ciel.

mardi 10 décembre 2024

vendredi 6 décembre 2024

• L'Un est la Source suprême, la Conscience Pure et Totale - Künjé Gyalpo (Tantra fondamental du Dzogchen)


Le maître tibétain Namkhai Norbu commente ici l'un des plus grands textes du dzogchen : le Kunjed Gyalpo.
Le Kunjed Gyalpo est un des tantras fondamentaux du dzogchen ; c'est un enseignement qui, d'après la tradition, a été transmis depuis plus de deux mille ans de maître à disciples. Il vise à éveiller chaque individu à sa véritable nature : l'état primordial d'illumination, qui peut être comparé à un miroir à la surface duquel la multiplicité des phénomènes de l'existence est réfléchie.
Le dzogchen est considéré comme le sommet non seulement de tous les chemins bouddhistes de réalisation, comme ceci a souvent été affirmé par les enseignants tibétains, mais aussi celui des diverses méthodes spirituelles et enseignements des autres traditions. Le but de chaque voie, directement ou indirectement, est de surmonter la condition dualiste afin d'atteindre l'ineffable dimension de l'absolu : cette dimension est précisément l'état primordial que l'authentique maître dzogchen présente au disciple.
Après une présentation de l'origine et de la philosophie du dzogchen, Namkhai Norbu, maitre accompli du bouddhisme tibétain, nous donne ici les clefs de compréhension de ce traité admirable et profond à travers la traduction de larges extraits du Kunjed Gyalpo. 

Extraits choisis et publiés avec l'aimable accord des Éditions Almora :

Écoute, grand être ! Moi, la Source, je suis Pure et Totale Conscience, et comme tout est Pure et Totale Conscience, en dehors d'Elle rien n'existe.

À partir de la Pure et Totale Conscience se manifestent les divers enseignements fondés sur les caractéristiques physiques et les croyances des êtres, liés à la perception spécifique des formes et des couleurs. Tout ceci est une émanation de l'énergie compatissante de la sagesse et non quelque chose d'autre que la condition naturelle.

Tous les phénomènes ni ne cessent ni ne disparaissent jamais ; leur nature est la clarté qui jamais ne s'éloigne de l'Essence. Ceux qui, conditionnés par le désir et se basant sur le principe de la cause et de l'effet recherchent à réaliser la Réalité qui n'a jamais « bougé » ne transmettent pas mon enseignement.

Étant sans désirs, je réalise tout : sans le désirer, la Nature est déjà réalisée. Le terme de « réaliser » ne fait pas partie de mon langage mais du langage de ceux qui se basent sur la cause et l'effet.

Écoute grand être ! Ma nature ne quitte jamais sa dimension de vacuité. Ma sagesse est immuable comme le ciel. Mon être est naturellement immuable. Mon Esprit est l'essence immuable de tout ce qui existe.

Écoute grand être ! Puisque la base universelle ne varie pas dans sa dimension de vacuité, cette dimension ne peut pas du tout être transformée. Les maîtres des trois dimensions qui cherchent à transformer cette vacuité enseignent à leurs disciples à méditer pour trouver l'état calme : c'est ce qui est appelé « l'enseignement provisoire ».

De même, le ciel ne change pas : si le ciel cherchait à devenir « le ciel » il n'arriverait à rien. La nature de l'être ne change pas : si l'être cherchait à devenir sa propre nature il n'arriverait à rien. La nature de l'Esprit ne change pas : si la nature de l'Esprit cherchait à se réaliser elle-même, elle n'arriverait à rien.

Écoute grand être ! Je suis la Source suprême, Conscience Pure et Totale. Tous les phénomènes sont moi-même, et depuis le début (de la dualité) tout réside dans la condition authentique de ma nature.

Écoute ! Comme je suis dans la condition authentique, tous les phénomènes se libèrent spontanément dans la nature fondamentale. Sans avoir besoin d'altérer quoi que ce soit, le maître se libère de lui-même dans la nature fondamentale.

Écoute grand être ! Ce que je t'explique ! Depuis l'origine (de la dualité) la Conscience Pure et Totale, la Source suprême, réside dans la condition authentique transcendant tout ; cependant les diverses traditions avec leurs vues (concepts) ne sont pas capables de se détendre en Elle.


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La nature fondamentale est Pure et Totale Conscience, et moi, la Source Suprême, maître des maîtres, n'enseigne pas aux maîtres des trois dimensions à méditer pour altérer l'Esprit, car la vraie nature de l'Esprit a toujours été l'auto-libération. S'efforcer de méditer revient à abandonner la véritable nature de l'Esprit.

Écoute grand être ! Si tu veux réaliser la nature de « ton » Esprit, ce qui n'est possible qu'en n'ayant pas de désir, tu ne dois pas rechercher intentionnellement à « trouver » l'état non-discursif d'équanimité.

Demeure naturellement, sans accepter ni rejeter. Demeure spontanément dans l'état libre de perturbation. L'Esprit est précisément la condition naturelle, et tous les phénomènes existent seulement dans cette même condition : n'essaie pas de l'altérer !

Puisque tout est déjà parfait, il n'y a nul besoin de faire quoi que ce soit maintenant. Puisque tout est déjà réalisé, il n'y a nul besoin d'agir maintenant. Demeure dans l'équanimité , sans juger ni penser !

La béatitude totale de l'Atiyoga (Dzogchen) est la Pure et Totale Conscience, au delà du jugement et de l'analyse.


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Le Un est mon essence. Deux est ma manifestation, la multiplicité des phénomènes « créés ». L'ineffable est la nature ultime de l'existence, cette essence ineffable est l'Un. L'Un est la Source suprême, la Conscience Pure et Totale. Les phénomènes de la « création » sont la dualité.

Il n'est rien dans cette nature qui ne soit parfait. L'Un est parfait, le deux est parfait, tout est parfait. 

L'Un est parfait signifie la Perfection au sein de la Conscience Pure et Totale.

Deux est parfait signifie la Perfection dans la manifestation de la Conscience.

Tout est parfait signifie la Perfection accomplie.

Grâce à cet enseignement sur la Perfection de l'Un, tu peux entrer dans l'état d'Illumination. Grâce à la signification de la Perfection dans la dualité, tu peux comprendre que tout ce qui apparaît est la Manifestation Parfaite de la Conscience. Grâce à la signification de la Perfection de la Totalité, tout peur devenir Perfection.

Ceux qui demeurent dans cette condition au-delà de l'action, qu'ils soient dans un corps humain ou divin, demeurent dans l'état d'Illumination, au sein de la nature ultime de la Réalité.


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Écoute ! Je suis sans limites comme le ciel. Tout comme essayer d'atteindre les limites de l'espace signifie s'inquiéter inutilement, il n'y a pas de maladie pire que celle de ceux qui cherchent à réaliser ma nature en suivant une voie graduelle !

Puisque tous les phénomènes de l'existence sont une seule et même chose dans la dimension ultime du non-né, il n'y a aucune distinction entre les divers niveaux de réalisation. Comprends qu'il n'y a qu'un seul niveau !

Si on n'est pas à mon niveau, les divers niveaux de compréhension qui peuvent être atteints sont seulement des projections de concepts personnels et ne permettent pas de ma rencontrer, moi la Source.

Écoute ! La nature de la Source suprême est la perfection spontanée de la Pure Présence, jamais altérée ou améliorée par une progression. Même en s'entraînant à progresser on ne rencontrerait pas la véritable signification, alors que comprendre la véritable nature apporte l'autoperfection.

Écoute ! Puisque, bien que dépourvu d'origine, le niveau de l'unique véhicule de la Conscience Pure et Totale, la Source, est présent en Tout, chercher à atteindre la compréhension en suivant une voie graduelle est comme essayer d'atteindre les limites de l'espace. Si on laisse plutôt la condition naturelle telle qu'elle EST, sans suivre une voie graduelle, on s'autolibère.

Lorsque tu reconnaîtras que la véritable nature de réalisation ne dépend pas d'une progression, tu résideras finalement au niveau de la Conscience Pure et Totale, la Source  !


jeudi 5 décembre 2024

• Notre Source nous appelle tout le temps - Kamala

Saibadi et Khop jai, Kamala

Retrouvez Kamala ICI

lundi 2 décembre 2024

• Son essence est vacuité, mais son expression naturelle est incessante - Longchenpa

Bien qu'il n'y ait pas de substance dans l'esprit, de multiples apparences s'y élèvent en vertu des conditions objectives, comme des formes reflétées dans un immense miroir.

Son essence est vacuité, mais son expression naturelle est incessante, et le jeu miraculeux des perceptions, varié à l'infini : ce qui est Un dans la nature de l'esprit jaillit de façon duelle en tant que samsara et nirvana, à l'exemple d'un cristal qui change de couleur quand on le pose sur un tissu blanc ou noir.
Cette base d'émergence du multiple est en elle-même immuable, mais au gré des perceptions comme des circonstances, elle semble se modifier dès que l'on perçoit différentes apparences.
En vérité, rien ne change, comme dans un pur cristal. Vide depuis toujours et sans origine, la nature de l'esprit n'est pas affectée par la perception des phénomènes du samsara et du nirvana.

lundi 25 novembre 2024

• Moi, la Source, je suis Pure et Totale Conscience

Écoute, grand être ! Tout ce qui existe dans l'univers animé et inanimé, toutes les expressions et les significations ne sont que Pure et Totale Conscience. Elle est immuable et n'a jamais été sujette au changement : même si on veut l'altérer, sa nature ne bouge pas d'un iota.

Écoute, grand être ! Moi, la Source, je suis Pure et Totale Conscience, et comme tout est Pure et Totale Conscience, en dehors d'Elle rien n'existe.
Tous les phénomènes ni ne cessent ni ne disparaissent jamais ; leur nature est la clarté qui jamais ne s'éloigne de l'Essence. Ceux qui, conditionnés par le désir et se basant sur le principe de la cause et de l'effet recherchent à réaliser la Réalité qui n'a jamais bougé ne transmettent pas mon enseignement.
L'Esprit a la nature du ciel : il n'a pas de limites et son espace n'est pas sujet à diminution. L'Esprit qui a la nature du ciel ne peut être trouvé et la même chose s'applique à la nature de toute l'existence.
La dimension de la vacuité et l'espace du ciel ne sont rien d'autre que la Pure et Totale Conscience au-delà des concepts et libre d'entraves.
L'Essence non-née au-delà des concepts est le Dharmakaya. La Conscience qui jouit de sa propre nature est le Sambhogakaya. L'émanation de la Conscience qui à travers l'esprit bénéficie aux êtres est le Nirmanakaya.
Parce que ma nature transcende les concepts et ne peut être subdivisée, la dimension ultime des phénomènes émane de moi et en elle, seule la condition pure et totale est établie. Comme ma nature est sans obstacles et imprègne toute chose, elle est la demeure céleste de la sagesse dans l'espace lumineux : seule y réside la sagesse spontanée.

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Puisque moi, la Source, suis parfaitement réalisé depuis l'origine, n'enseigne pas qu'il est nécessaire d'agir ! Si tu enseignes à tes disciples qu'il faut agir, ils seront affligés de la maladie de l'effort et ne permettront pas à la sagesse spontanée de se manifester et tomberont dans l'erreur de vouloir corriger la Conscience Pure et Totale et d'altérer la condition fondamentale. De tout temps, tous les phénomènes qui ont émané de moi sont la condition naturelle de la sagesse s'élevant d'elle-même.
Écoute grand être ! Tout ce qui existe dans le monde animé et inanimé se manifeste comme ma nature, est pur dans la dimension ultime des phénomènes et apparaît sous de multiples formes afin d'enseigner (auto-libération).
Cependant une fois qu'il n'y a plus de dépendance aux objets passés, on ne s'efforce plus de travailler sur leurs causes dans l'espoir d'un fruit (plénitude). Cet état au-delà du désir octroie la réalisation spontanée de la Perfection inhérente : il n'y a aucun sens à chercher à créer ce qui existe déjà depuis toujours.
Comme tous les phénomènes sont la condition naturelle inébranlable, vouloir accéder à cette « condition naturelle » n'a pas de sens.
Je suis la Source primordiale, la Conscience Pure et Totale. Tout ce qui se manifeste à partir de moi est aussi Conscience Pure et Totale. « Pure » car mon essence est complètement pure depuis toujours ; « Totale » car j'ai toujours imprégné toutes les choses ; « Conscience » car mon essence, étant clarté a toujours été Conscience.

Tantra fondamental du Dzogchen Semdé : "Künje Gyalpo", commenté par Chögyal Namkhai Norbu.

vendredi 22 novembre 2024

• Une brèche soudaine dans le système mental - Marion

 

La réalisation du Soi est une brèche soudaine dans le système mental qui montre alors très clairement la nature de la réalité : il n'y a pas 2, tout est le Soi.
Cette évidence d'Amour clairvoyante est soudaine et hors espace temps.
Dans l'espace temps, elle va maturer et se déployer progressivement dans l'organisme.
Mais l'illumination n'est jamais personnelle, ce n'est pas le personnage qui s'éveille.
Cette évidence est souvent difficile pour le mental qui cherche sans cesse à s'accaparer toute chose ou évènement.
Aussi le personnage "je" ne devient pas sage.
C'est notre nature de sagesse qui transparaît progressivement au sein de l'organisme qui abandonne toute forme de désir propre et s'en remet au Soi qui œuvre en Connaissance.
Je ne deviens pas illuminé.
C'est notre nature de lumière qui inonde naturellement et de plus en plus l'organisme tandis que les concepts de bien ou de mal sont vus comme de simples pensées.
Je ne deviens pas la joie.
C'est la joie de l'évidence que ce que je suis demeure intouché et plénitude qui infuse doucement au sein de l'organisme.
Je ne deviens pas l'amour.
C'est l'évidence du non deux, l'Amour même qui vient brûler les impressions de séparation au sein de l'organisme et qui le fait par là-même exprimer de plus en plus cet amour avec les autres et l'humanité entière sous forme de service, aide, compassion, sourire...
Je ne deviens pas la paix.
C'est notre nature intouchée et libre des phénomènes qui permet de traverser la vie existentielle et ses difficultés avec beaucoup plus de paix intérieure lorsque l'organisme accepte de s'appuyer sur cette réalité essentielle.
Marion
Youtube : au cœur de l'être, Marion
Instagram : marion.renault

vendredi 15 novembre 2024

• La Conscience-Présence est l'état originel primordial - Nisargadatta Maharaj

 

Soudain Maharaj demanda : Quelle est la différence entre "Conscience-Présence" (Awareness en Anglais) et "conscience individuelle" ( consciousness en Anglais), s'il y en a une ?

Il fit observer que la Conscience-Présence est du domaine de l'Absolu, et donc au-delà des trois Guna, ou principe de manifestation (Gunatita) ; alors que la conscience individuelle, identifiée, est quelque chose qui est nourri et limité par le corps de nourriture, le corps physique. 

Lorsque ce corps de nourriture est détruit, cette conscience disparaît également.

Attention ! Personne ne meurt cependant - le corps, fait des cinq éléments retournent aux éléments lorsqu'ils sont sans vie, et la conscience, qui était soumise  (aux caractéristiques et limitations) des trois Guna, s'en retrouve libérée.

La Conscience-Présence est l'état originel primordial, antérieur au concept d'espace-temps, n'ayant besoin d'aucune cause, d'aucun support.

Elle est tout simplement. 

Cependant, dès que le concept d'être conscient se manifeste dans cet état originel d'unicité, le sens du "Je suis" apparaît, provoquant une condition de dualité. 

La conscience "Je suis" est une forme, un reflet de la Conscience-Présence à la surface de la matière. Il n'est pas possible d'évoquer "Je suis", conscience d'être, en dehors de la Conscience-présence ; il ne peut pas y avoir de reflet du soleil sans le soleil. Par contre, la Conscience-Présence, absolue est aussi sans la conscience "Je suis". 

Dans le sommeil profond, par exemple, il n'y a pas de conscience (elle se repose), mais la Conscience-Présence est  là, car au réveil, nous sommes conscient d'avoir dormi ; mais seulement au réveil.

Maharaj ne nous permet jamais d'oublier que c'est la conscience " Je suis"  est notre constante et que c'est l'attention continue portée à son  flux qui nous amène à la Conscience Absolue - la Source de toute existence, Celle qui est la joie de l'amour de la vie.

Selon Maharaj, la conscience d'être conscient est déjà un mouvement vers la Conscience-Présence absolue. 

Le mental de par sa nature même, est extraverti et a toujours tendance à chercher la source des choses dans le monde des choses. Lorsqu'il est dirigé vers la Source intérieure, c'est presque comme le début d'une nouvelle vie. La Conscience-Présence remplace la conscience identifiée. Le "Je suis", qui est une pensée dans la conscience, cesse. Dans la Conscience-Présence, il n'y a pas de pensée. La Conscience-Présence absolue est la Source de la conscience. 

Maharaj suggère que c'est un excellent exercice spirituel que de s'asseoir tranquillement et observer ce qui vient à la surface du mental. Ce que nous appelons les pensées sont comme des ondulations à la surface de l'eau. Les pensées conduisent toujours à l'identification ou à la condamnation ; elles sont le produit d'idées préconçues et font obstacle à la compréhension réelle. Tout comme l'eau est sereine lorsqu'elle est exempte d'ondulations, l'esprit est serein lorsqu'il est exempt de pensées, lorsqu'il est passif et pleinement réceptif.

Dans le miroir de votre mental, dit Maharaj, toutes sortes d'images vont apparaître, rester un certain temps et disparaître. Regardez-les aller et venir en silence. Soyez vigilant, sans attirance, ni rejet. Il est important de ne pas être impliqué. Cette attitude de témoin silencieux aura pour effet, progressivement, de chasser toutes les pensées inutiles, comme des invités indésirables que l'on ignore. En étant ainsi en vous-même, c'est-à-dire dans le "Je suis", en observant le flux de l'esprit, sans interférer ni juger, en tant que témoin impartial, l'inconnu "profond" sera encouragé à remonter à la surface de la conscience et à libérer ses énergies inutilisées pour vous permettre d'accéder au mystère de l'origine de la vie.


Conseils de Sri Nisargadatta Maharaj, recueillis par Ramesh Balsekar.


Vu sur la page FB :

https://www.facebook.com/nisargadattamaharajfrancophone


mercredi 13 novembre 2024

• Pour le libéré il n’y a « personne d’autre » - Ramana Maharshi

 

Ce livre est un résumé magistral de la voie rapide et non duelle, de la pratique, des questionnements, de l’investigation et de l’arme redoutable qu’est le «Qui suis-je ?» et que le Sage manie ici en maître incontesté.

«Vous êtes le mental ou pensez que vous l’êtes. Le mental n’est rien d’autre que pensées… Ce qui se passe quand on fait une quête sérieuse du Soi, c’est que la pensée-je en tant que “pensée” disparaît, quelque chose d’autre venu des profondeurs vous envahi et cela n’est pas le “je” qui commence cette recherche.»

La voie de la connaissance c’est quand on se dépouille de l’ego et que l’on s’installe naturellement dans une conscience éveillée et suprême du Soi – notre véritable nature.

La quête du Soi dont parle Ramana est, selon ses propres mots, «une méthode directe et rapide car, au moment où vous entrez dans un processus de quête de soi et d’aller de plus en plus profond, le vrai Soi attend là pour vous mener jusqu’à Lui… Dans ce processus, tous les doutes et toutes les discussions sont automatiquement abandonnés, tout comme les soucis sont oubliés quand on s’endort.»

Dans l’ego et dans l’identification, le «je» demeure – l’identification aux choses, aux objets, la vision est limitée, conflictuelle. Dans le Soi, «Je», toute identification a disparue, ne demeure que le pur «Je suis», «Être, Conscience, Félicité».



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Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Acccarias-L'Originel :

Svâmi Madhavatirtha : Quels livres devrais-je lire pour l’étude, et pour la réflexion sur les Écritures sacrées [svadhyâya] ?


Râmana : Le Soi est le vrai livre. Vous pouvez le lire où vous voulez. Personne ne peut vous enlever ce livre. À chaque fois que vous pensez à lui, tournez-vous vers le Soi. Par la suite, vous pouvez lire ce que vous voulez.


S. M. : Lorsque nous sommes assis près de vous, dans quelle condition notre mental doit-il être afin de recueillir tout le bénéfice de votre présence ?


R. M. : Gardez votre mental en paix. C’est assez. Vous obtiendrez une aide spirituelle assis dans cette pièce, si vous restez tranquille. Sachez que le but de toute sâdhanâ, de toute pratique spirituelle est, en finalité, d’abandonner toute pratique. Quand le mental est calme, le pouvoir du Soi sera expérimenté. Le Soi est omniprésent, si le mental reste tranquille, vous commencerez alors à en avoir l’expérience.


S. M. : Qu’est-ce qui est mieux pour moi : regarder vos yeux et votre bouche, ou m’asseoir en fermant les yeux et me concentrer sur une chose, une pensée en particulier ?


R. M. : Concentrez-vous sur votre propre vraie nature. Que les yeux soient ouverts ou fermés, peu importe. Le Soi est partout présent où que vous tourniez votre regard. Si vous voulez méditer, faites-le sur le « Je » qui est en vous. C’est le Soi. Comme Il est sans yeux, il est inutile d’ouvrir ou de fermer vos yeux. Quand vous atteignez la réalisation du Soi, toutes les idées préconçues sur le monde disparaissent. Quand vous êtes assis dans une pièce, n’êtes-vous pas la même personne que les fenêtres soient ouvertes ou fermées ? Peu importe vraiment que l’activité sensorielle et mondaine se poursuivre ou non.


S. M. : La pratique spirituelle de la recherche du Soi peut-elle se poursuivre que l’on soit dans la maison ou en dehors ?


R. M. : Dites-moi, êtes-vous dans la maison ou la maison est-elle en vous ? Soyez là où vous êtes ; Be as you are.


S. M. : Alors je peux rester dans la maison ?


R. M. : Non. Je veux dire que vous devez être dans votre propre vraie nature [sva-bhâva]. Vous n’êtes pas dans la maison. La maison ainsi que le monde entier sont en vous.


S. M. : Les fruits du karma accomplis lors d’une naissance, doivent-ils être subis lors de la naissance suivante ?


R. M. : Êtes-vous jamais né maintenant ? Si vraiment vous ne l’avez pas été, alors pourquoi penser à la prochaine naissance ? En vérité, les fruits de nos actions ne nous perturbent pas [pour un libéré], seul le sentiment de croire que l’on est l’auteur de l’action crée la souffrance et la servitude. L’idée de croire que nous accomplissons ou n’accomplissons pas l’action est fausse.

Pensez : qui est l’agissant du karma ?


S. M. : Si les sâdhus, les grandes âmes, enseignent l’humanité, ce serait une très bonne chose.


R. M. : Pour le libéré il n’y a «personne d’autre», donc rien de tel que de se mêler aux autres.


S. M. : Que signifie « Âtman svayam prakâshsa » [le Soi resplendit par sa propre Lumière.] ?


R. M. : Comme le soleil n’a jamais vu l’obscurité, de même le Soi n’a jamais vu l’ignorance. Le Soi est inconnaissable, mais on peut en avoir l’expérience par l’aparoksha anubhâva [l’expérience par la perception directe].

Cela est appelé svayam prakasatva, [être illuminé].


S. M. : Si l’individu devient la « forme » de l’Absolu, alors « qui » goûtera au bonheur de cet Absolu ? Pour y goûter, il doit demeurer une petite partie de séparation [viyoga], comme l’abeille qui goûte et savoure le miel.


R. M. : Le bonheur de l’Absolu est celui de notre propre vraie nature [sva-rûpa]. Celle-ci n’est pas née ou créée par quoi que ce soit. Le plaisir, lequel est créé, sera sûrement détruit. Le sucre étant insensible, ne peut pas donner son propre goût, aussi l’abeille doit-elle garder une petite distance afin de le savourer. Mais l’Absolu est Connaissance et Conscience. Il ne peut donner sa propre Félicité, comme sa nature ne peut être comprise sans avoir atteint cet état [de réalisation du Soi].


S. M. : Qu’en est-il d’amener sur terre une nouvelle race, toute d’intelligence et de sagesse ?


R. M. : Tout ce qui doit arriver dans le futur doit être compris comme impermanent. Apprenez plutôt à bien comprendre ce que vous êtes maintenant afin de ne plus avoir besoin de penser à l’avenir, à une nouvelle race, etc.