samedi 31 août 2019

• La saveur de l’Instant - Pierre Leré Guillemet


A l'âge de 19 ans, Pierre Leré Guillemet vit une expérience spirituelle décisive qui le pousse à rechercher sans relâche l'Eveil. L'introspection va durer 17 ans. De nombreuses rencontres avec des sages d'Orient et d'Occident, et des voyages, vont l'amener jusqu'aux Himalayas à la rencontre de plusieurs yogis, avec lesquels il séjourne plusieurs années. C'est finalement à son retour en France, dans la simplicité de la vie quotidienne, que se révèle la Libération tant désirée, mettant fin à toute quête.
Pierre partage cette Réalisation par des moments de rencontre sous forme de questions/réponses et des méditations en silence ou guidées.


 Depuis l'enfance, des questions existentielles comme : " "Qu'est-ce que je fais ici ? Quel est le but de cette vie ?..." " revenaient sans cesse. Un jour je réalisais qu'aucun adulte de mon entourage n'avait de réponses à mes interrogations, alors une profonde mélancolie s'installa. Ce n'est qu'après une expérience qui se produisit spontanément à l'âge de dix-neuf ans, que tout bascula pour la première fois. Allongé sur mon lit, une énième question surgit de nulle part : « Que se passerait-il si, pour jouer, j'arrêtais de penser ? ». À l'instant même le temps s'arrêta pour moi, seul demeurait un espace infini, et une plénitude dune douceur indescriptible se révéla avec une intensité débordante. Je sus alors de manière infuse que le but ultime de la Vie était de réaliser que nous étions tous Cela, un « élan » me fit comprendre alors qu'un jour j'en parlerai à « tout le monde. » Du jour au lendemain, tous mes objectifs de vie furent motivés par un ardent désir de Vérité. Une quête de dix-sept ans s'en suivit, ponctuée de rencontres avec des sages, des guides, et qui aboutit à vivre en Himalaya trois années en leur compagnie. Mais ce n'est qu'une fois de retour en France, dans la simplicité du quotidien, que ce que l'on nomme souvent « Éveil » ou « Réalisation du Soi » eu lieu, mettant définitivement fin à toutes les quêtes. Puis une dernière question émergea : « Comment expliquer cela ? » Et plus rien... le « questionneur » disparu, et du Silence du Coeur, jaillis un texte. Celui-ci.

© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Aluna :


Être Conscient,
c’est Vivre sans passer par les filtres du mental et de l’ego.

Il ne reste alors que la pure perception de Ce qui Est.

Cela donne une fraîcheur, une saveur à l’Instant,
semblable à celle du petit enfant qui s’émerveille de tout, tout le temps.

La tête (trop compliquée) ne peut pas comprendre cela
car cette Union se fait par la Simplicité du Cœur.

C’est le Cœur qui agit,
qui voit, qui goûte, qui touche... qui embrasse Tout Ce qui Est.

≈≈≈≈≈≈≈

L’Éveil,
c’est la Conscience qui prend conscience d’elle-même.
Cette Vérité, une fois vécue, est indéracinable.

Cependant, les pensées, émotions, et sensations 
peuvent donner l’apparence d’un retour à la séparation.

Il n’est pas nécessaire de lutter
contre les pensées, les émotions et les sensations
pour Être la Présence.

Il suffit simplement de reconnaître que tout ce qui apparaît,
apparaît de la Présence (maintenant)
et disparaît de la Présence (maintenant).

Il n’y a que la Présence (maintenant) et Tu Es cela.

La Présence est toujours là, sans aucune discontinuité.

Le mental peut faire de l’éveil un « souvenir » 
qui apparaît dans l’histoire personnelle, ceci renforcera alors l’ego 
avec l’idée : « dans mon histoire, j’ai vécu l’éveil ».

Mais l’éveil n’est pas temporaire, 
on ne vit pas l’éveil à un moment, et puis plus rien,
on est constamment l’éveil,
même si il n’est jamais ressenti de la même façon.

Tout est inclus en le fait d’Être.

L’éveil n’est pas l’expérience d’un sujet qui expérimenterait un objet.

La conscience est sujet pur (partout en même temps).
Il n’y a que l’Un, la conscience partout, 
et tout apparaît par elle, en elle.

Y compris les pensées, les émotions et les sensations.
C’est seulement la croyance en ces pensées, émotions, sensations
comme étant la vérité absolue qui créé la souffrance.

La Conscience n’est pas personnelle, il n’y a pas de personnage.

L’histoire personnelle n’est qu’un agrégat 
des idées enregistrées dans la mémoire.

La conscience était là avant, est là pendant, et sera là après la personne.

Seul le Cœur peut comprendre Cela.

Le mental ne peut percevoir l’omniprésence de l’Être.

L’infini est inconcevable pour le mental fini.

≈≈≈≈≈≈≈

La Béatitude,

c’est la Conscience qui créée l’apparence d’une séparation
pour s’émerveiller d’Elle-même en Elle-même

et se ré-absorber en Elle-même
par un courant d’un Amour Infini qui unit le Tout... en Un.

Il n’y a pas de choix dans cette vie,
juste une Force qui nous pousse à Réaliser cette Amour Infini,
qui Est l’Unité Absolue.

mercredi 28 août 2019

• L’écoute sans conclusion de ce qui est - Aédan


Dans ces textes, lus par des dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux et rassemblés ici pour la première fois, Aédàn nous invite à remplacer nos sages aspirations spirituelles par la pratique d’une sincérité ardente et vulnérable.
Chez cet auteur, l’éternité ne se manifeste pas en images surannées, mais en éruptions de vivacité. Le spirituel n’est pas associé à la sainteté pure et diaphane mais, au contraire, au fait d’avoir les mains pleines de terre, au fait d’être maculé de sang et de vie.
Expérience mystique, métaphysique et passion poétique se rencontrent à chaque page. A coup d’affirmations brulantes, la voix de l’auteur se fraie un chemin jusque dans le cœur, voire l’âme de qui le lit.
Refermant le livre, on se souvient qu’être vivant est un miracle, que ce miracle est difficile : que ce miracle est appel, invitation.

 Poète, mystique et thérapeute, Aédàn a étudié auprès d’artistes et d’enseignants mondialement reconnus. Dans son travail, il accompagne les groupes et les individus à mettre en dialogue le corporel, le psychologique et l’environnement naturel. Il a enseigné en France, en Californie et à Hawaii. Il traduit de la poésie, et fait de l’interprétariat pour de grands noms de l’art et de la spiritualité. Il anime depuis cinq ans la page Facebook Spiritualité sauvage, où vous pouvez retrouver ses textes.

© Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Aluna

J’ai souvent observé que les enseignements spirituels sont autant des ressources que des pièges.
Je discutais avec ce jeune homme d’une quarantaine d’année (il était jeune, vraiment, et il avait quarante-deux ans). Il me parlait de ses conceptions bouddhistes dont il était très clair qu’elles étaient un lourd bagage qui servait bien souvent à ne pas voir la grâce qui est là devant soi.
Comme il ne m’avait pas demandé de l’aider spirituellement, respectueusement, je ne touchais pas aux chaînes spirituelles avec lesquelles il dansait avec art. Je l’écoutais parler d’ego et de discernement, pris dans des filets discursifs, mon cœur brillant de compassion. Il y avait là tant de crispations, de souffrance. J’avais envie de le prendre dans mes bras.
Je n’aurais pas voulu le défaire de toute croyance spirituelle, non. J’aurais simplement voulu pouvoir caresser, masser, détendre les mains, les poignets de son âme qui s’agrippaient à ces « vérités » avec tant de force.
Il croyait avoir compris le chemin. Il croyait savoir la voie. Pour son esprit brillant, tout était clair. Pour cet être plein de discipline et de puissance intérieure, le chemin était tracé.
J’aurais simplement voulu l’allonger dans les herbes de ce désert merveilleux du Nouveau-Mexique, son cœur à l’écoute du palpitement du ciel et de la terre. J’aurais simplement voulu le dénuder et le faire méditer son entrée dans l’eau claire de l’étang qui avait été récemment rempli par des pluies de moussons en avance sur la saison.
Se dénuder des certitudes. Se laver des enseignements.

Être vivant,
Peau contre peau d’avec le vent, l’eau et la vie.
Être vivant,
C’est pour moi tout l’Enseignement.

≈≈≈≈≈≈≈

C’est une vie vécue depuis le silence que je suis, une vie vécue sans repère, une vie traversée et vide, une vie absolument transparente, une vie suspendue dans le néant merveilleux de l’être, expression du sans-raison fondamental de l’univers.


Au final, tout se résume à une attitude. L’écoute sans conclusion de ce qui est.

≈≈≈≈≈≈≈

La spiritualité, c’est immoral. On ne peut jamais mériter la béatitude absolue que nous sommes. L’infini qui se découvre ne peut être payé par les efforts finis qui sont fournis. La spiritualité, c’est sans bien, sans mal, sans mérite, sans démérite. Qui a mérité d’exister ?

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Une fois abandonnée cette prétention à pouvoir payer Charron pour le dernier voyage, enfin on s’offre à la gratuité de cet instant. C’est cela, le sens du mot grâce : il n’y a rien à faire, rien à donner, rien à mériter, rien à payer.
On s’abandonne, on abandonne, on écoute, on mendie, on s’ouvre, on aime, on doute, on ne sait pas.
Enfin, on ne sait plus.