jeudi 28 septembre 2023

• Nous partageons notre 'être' avec tout le monde - Rupert Spira



Vous pouvez retrouver la suite (et bien d'autres vidéos encore) sur "Connaissances sans frontières".

 

jeudi 21 septembre 2023

• Où que vous soyez, vous êtes toujours au centre de l'infini - Daniel Morin

Le sens commun de la séparation fausse toutes les recherches même les plus intéressantes, qu’elles soient d’ordre scientifiques ou religieuses. L’Absolu et le relatif sont inséparables, et sont toujours coexistant.

Ce livre insiste sur l’évidence de la non-séparation. On comprend mieux que l’homme n’est pas une entité séparée autonome lorsqu’il est vu qu’aucune chose, grossière ou subtile, n’est séparée de son environnement - et cela à l’infini - et qu’elle est en échange d’équilibre constant avec son environnement.

Cette loi fondamentale d’équilibre, unificatrice, gouverne l’univers entier tel que nous le percevons. Elle peut être une aide réelle pour appréhender la vie d’une façon nouvelle.

Tant que nos connaissances ne coexisteront pas avec le Grand Je ne sais pas ou « Je, ne sait pas », toutes nos théories les plus avancées seront fausses car basées sur l’identification du moi. Quand on admet notre limite, on est en relation avec le « je ne sais pas ». Je ne sais pas est impersonnel, on ne peut ni le saisir, ni le maitriser.

Ce livre n’est pas une méthode de mieux-être ni un enseignement d’une amélioration à venir. En-dehors de tout dogme, il s’adresse à ceux qui ont le goût de la recherche de vérité, c’est-à-dire voir le faux comme étant faux. Il peut cependant permettre à certains de vivre le monde relatif d’une façon tout à fait différente. Non pas sur la conviction que nous sommes une partie autonome toujours en attente d’un jour meilleur, mais sur l’évidence indiscutable que nous sommes un élément relié et inséparable du Cosmos.

Décapant, ce livre invite le lecteur à une remise en cause de ce qu'il croit savoir.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel :


La frontière, les limites, la non-séparation

Existe-t-il une seule chose, sans son environnement ?

La limite n’existe que dans le monde relatif. Pour beaucoup de chercheurs, ce qui domine c’est un senti- ment de séparation. La limite est vécue comme quelque chose qui isole. Or, contrairement à ce que l’on croit, une limite ne sépare pas. C’est au contraire le lieu privilégié des mouvements de recherche d’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur de la limite. C’est le lieu du vivant.

Une limite ne définit pas seulement la chose, mais elle définit en même temps ce que n’est pas la chose : elle est toujours mitoyenne. La limite n’appartient ni à l’un ni à l’autre, elle est la preuve de l’inséparabilité. Si on des- sine un cercle sur une feuille, on a deux choses simultanément : l’intérieur et l’extérieur du cercle, et il n’y a pas d’espace entre l’intérieur et l’extérieur.

Donc la limite n’est qu’un moyen de nommer les choses. Elle ne sépare pas, elle distingue. Quand on décrit quelque chose, on fixe arbitrairement cette chose en dévaluant le reste, ce qui provient du fonctionnement de notre cerveau qui a besoin de fixer des points pour appréhender le mouvement. Cette fixation arbitraire, pratique pour fonctionner dans notre monde, sera toujours inexacte. Elle peut avoir pour conséquence de se croire séparé ou autonome.

Quand on se ratatine par l’imaginaire pour essayer de se protéger, de se sécuriser, de survivre, on s’isole artificiel- lement dans « ses » limites. On joue alors le jeu fictif de la séparation, en imaginant que la limite perméable devient imperméable.

Mais la limite n’est jamais exacte, c’est un monde de l’à-peu-près, car aucune limite ne reste statique, toute forme est en mouvement, et si on change d’échelle, on ne voit plus les mêmes choses. Par exemple un morceau de peau qui semble lisse à l’œil nu est vu plein de creux et de bosses au microscope électronique. Un nuage semble avoir un contour net dans le ciel, mais en s’approchant, sa limite n’est pas mesurable et devient floue.

Où est le contour de l’arbre qui bouge dans le vent ? De la goutte d’encre qui se dilue dans un verre d’eau ? Où est la limite de votre corps quand vous fermez les yeux? Où est la limite de votre émotion ?

Si on regarde un corps humain, c’est un vrai empilement de poupées russes : il y a la limite de son contour bien sûr, mais à l’intérieur, il y a une multitude d’autres limites, celles des organes, des cellules, des molécules, jusqu’à la limite de notre entendement. 

La limite du corps est le lieu de l’intrication des éléments qui permettent la continuité de cet organisme ou sa disparition : manque d’oxygène, excès de glucose, etc. Nous sommes inséparables de notre environnement. Il n’y a aucune exception.

La distinction n’est en aucun cas une étanchéité ni une séparation, elle ne coupe pas la relation des jeux de force qui s’équilibrent naturellement, ceux que l’on connaît et ceux que l’on ne connaît pas. Elle unit.

Le nœud central de l’humain, c’est de croire en la réalité d’une limite « moi » qui n’est pas la limite du corps.

Quelle est la limite de l’illimité ?

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Q : J’ai une question sur le libre arbitre et le déterminisme. Tantôt j’ai l’impression d’être absolument libre, tantôt je me sens prédéterminé.

D : D’un point de vue absolu, personne n’a le moindre libre arbitre. Personne ne peut décider un acte à partir de lui-même en oubliant ce qui permet que cela soit. Dans le monde de tous les jours, ce n’est pas pathologique de penser par moments que c’est moi qui agit, de faire comme si nous avions un pouvoir, à la condition de ne pas être dupé par le mot « moi ». De toute façon, que l’on croie avoir le choix ou non ne change absolument rien au fait que l’on n’en a pas. C’est simplement une apparence.

Si quelqu’un se croit séparé et à l’origine de ses décisions, ça ne changera rien à la réalité. Ce n’est pas un problème s’il ne cherche rien au niveau spirituel. Il sera tou- jours en état de manque, conscient ou pas, qu’il tentera de combler, quitte à imaginer une vie future meilleure. Ceci est exactement ce qui apparaît.

Mais pour le chercheur spirituel, c’est un obstacle de croire que ce corps est à l’origine de l’acte. Car alors vous ne pourrez jamais vous désidentifier du faux moi-séparé, et vivre la vraie liberté, celle qui est sans intention de gain et sans crainte de perdre, celle qui rend esclave parfait de l’instant. Se croire séparé est une négation absolue de ce qui permet que nous soyons. C’est le refus de l’évidence qui nous emprisonne.

Je vois deux façons d’envisager la prédétermination. Certains disent « tout est écrit », mais de mon expérience cette phrase est dangereuse, car elle entretient le doute : « Qui a écrit et pourquoi ? »

Je le formulerai autrement même si le résultat est le même : ce qui va arriver va arriver. Cela, personne ne peut le nier. 

lundi 18 septembre 2023

• Revenir à l'espace de l'esprit - Javier Garcia Campayo

 

L'illumination est toujours un accident. La méditation nous rend sujets à cet accident. L'illumination, c'est comme tomber d'un avion en plein vol. La mauvaise nouvelle, c'est qu'il n'y a pas de parachute. La bonne, c'est qu'il n'y a pas de sol.

Chogyam Trungpa

Une introduction complète au concept-clé des traditions orientales : la non-dualité

Nous pensons tous être un individu, un " moi " coincé dans un corps, et isolé au milieu de sept milliards d'autres " moi " dans le monde, tous différents et séparés les uns des autres.
Mais si cette manière de penser était fausse ? Si cette manière de vivre était la source de nos souffrances ?
Le professeur García Campayo montre ici que la psychologie moderne en accord avec les traditions spirituelles orientales peuvent " déconstruire " le moi, et nous éveiller à une autre réalité qu'on appelle la vacuité.
Dans la plupart des traditions spirituelles, ces méditations de déconstruction du " moi " et les expériences de non-dualité sont considérées comme le summum de la pratique contemplative.
En tant que telles, elles sont restées semi-cachées pendant des siècles. Les pratiques de déconstructions restent inconnues du grand public et commencent à peine à être étudiées par la science et la psychologie.
Cet ouvrage est l'un des premiers à passer en revue de manière exhaustive la vision que les traditions orientales comme le bouddhisme, le taoïsme et l'advaita vedanta ont enseigné à ce sujet. Il décrit les principales pratiques méditatives conçues par les êtres humains pour tenter de diluer le sentiment du " moi ".
De cette façon, les lecteurs peuvent avoir un aperçu de ce que signifient la non-dualité et l'éveil au-delà du moi.

© Extraits publié avec l'aimable accord d'Almora Éditions

Être conscient (awareness) :
le champ de la conscience ou l’espace de l’esprit

Nous pouvons constater que nous avons observé les objets mentaux mais nous n’avons pas été conscients de notre faculté de connaître. Pour utiliser une métaphore, nous avons pu voir les objets éclairés par une lampe mais nous n’avons pas été conscients de la lampe qui les éclaire et que sans elle ils ne seraient pas visibles. Cela semble alors si évident que nous pour- rions nous demander : « Pourquoi n’avons-nous pas médité dès le début sur la lampe, sur le fait d’être conscient ? » La réponse est la suivante : parce que c’est un concept très subtil et qu’il est très difficile de méditer ainsi d’entrée de jeu. Il est tout le temps là mais il n’est nulle part et il n’est pas aisé de le voir.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le concept d’awareness ne se trouve pas dans le Canon Pali, il n’a pas été décrit par le Bouddha. C’est un mot anglais employé par les maîtres occidentalisés de différentes traditions bouddhistes pour tenter d’expliquer le concept de la conscience. Un terme pali qui se rapproche de conscience est viññana, qui décrit les six types de conscience correspondant aux six sens (rappelons ici que l’esprit est considéré comme le sixième sens dans la tradition bouddhiste) : conscience visuelle, auditive, etc ., et la conscience de l’activité de l’esprit. Dans ce cas, l’union de l’organe des sens (par ex ., l’œil), l’objet visuel (par ex ., un oiseau) et la conscience visuelle produisent le « contact ». Lorsque l’objet cesse (par ex ., l’oiseau s’en va), la conscience cesse aussi.

Mais awareness décrit une conscience qui n’est pas liée à un seul sens à un moment donné. C’est quelque chose de plus fondamental et qui envahit tout. Pour utiliser une métaphore, c’est le ciel dans lequel les nuages des objets mentaux passent. C’est « l’espace de l’esprit où les objets mentaux apparaissent ». Cette conscience ne dépend pas d’un objet. Souvent, la conscience se focalise sur le fait d’être conscient d’un objet (awareness). Mais on peut aussi être conscient, et c’est un état plus avancé, du simple fait d’être conscient, sans qu’il y ait d’objet de conscience (awareness de l’awareness). Tous les objets du monde des phénomènes apparaissent et disparaissent dans le vaste espace de l’esprit. Si vous fermez les yeux et que vous visualisez un objet, ce qu’il y a avant de le visualiser, c’est l’espace de l’esprit ; et ce qui reste quand vous avez éliminé l’objet, c’est l’espace de l’esprit. Et dans cet espace, vous pouvez faire surgir le phénomène mental que vous désirez .

Il existe de nombreuses métaphores sur ce sujet, dont l’une des plus connues est la suivante :

« L’esprit ne peut pas se connaître lui-même .

C’est comme une épée qui coupe mais ne peut pas se couper elle-même .

Comme un œil qui voit mais ne peut pas se voir lui-même . » (Zenrin Kushu, 14, p . 267)

L’espace de l’esprit, l’awareness, ne peut pas être appréhendé mais nous savons qu’il est là. Ajahn Chah dit : « C’est comme monter à cheval et se demander où est le cheval . » 

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Luminosité, clarté ou capacité à connaître (sambhogakaya)

Nous avons déjà dit que l’esprit est essentiellement vide. Mais il possède une autre fonction aussi importante et intrinsèque que la vacuité : celle de connaître. Sa fonction de base, son activité principale est de connaître. Chaque phénomène est connu par l’awareness dès qu’il surgit, il est impossible de ne pas le connaître. Bien que l’esprit soit vide et que nous ne puissions pas le trouver, nous ne pouvons pas dire qu’il n’existe pas parce qu’il est toujours en train de connaître et nous sommes conscients qu’il en est ainsi. L’awareness est comme un miroir : quand un objet apparaît, il le reflète fidèlement. Nous voyons que l’esprit possède les deux caractéristiques intrinsèquement unies : vacuité et connaissance. C’est parce que sa fonction est d’« éclairer », comme une lanterne, les objets de connaissance qu’on dit que l’esprit est lumineux ou rayonnant. Cela ne signifie pas que nous voyons de la lumière quand nous fermons les yeux ou que nous verrons de la lumière lorsque nous serons vraiment éveillés. Notre esprit et celui de tous les êtres vivants possèdent donc ces deux qualités : vacuité et connaissance. 

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Paru aussi chez Almora Éditions : 

 En cette époque difficile où nous mesurons l'impuissance de nos réponses collectives aux enjeux du temps présent, le moment semble venu de réinterroger en profondeur notre rapport au vivant. Et si cela commençait par le fait, pour chacun d'entre nous, de découvrir – ou peut-être de reconnaître – sa propre vie comme énigme ?

L'Énigme de ma vie est un petit livre de sagesse simple, actuel, sans maître ni dogme. Il prend acte des limites du développement personnel et interroge la possibilité d'un développement impersonnel. Quand " ma vie " cesse enfin d'être un territoire à défendre ou un capital à optimiser, elle devient aspiration paradoxale, à la fois apaisée et passionnée, à la connaissance de son propre mystère.