jeudi 28 décembre 2023

• Tout arrive de soi-même en tant que manifestation de la Présence - Dr. David Hawkins

 

En un temps où la spiritualité attire un nombre croissant de « chercheurs de Vérité », ce deuxième volume de la trilogie du Dr David Hawkins se présente comme un outil exceptionnel pour élever sa conscience et progresser jusqu'à l'éveil.


L'auteur y révèle sa compréhension des grandes vérités spirituelles, celles qui portent en particulier sur la Vie, le Divin, la conscience, l'existence, la non-dualité, le karma, l'amour et la volonté. Il apporte au chercheur de puissants outils pour le guider et le soutenir sur le chemin de libération de l'ego et d'éveil spirituel. S'appuyant sur les découvertes majeures déjà présentées dans Pouvoir contre Force (l'échelle de conscience, le test musculaire), il établit également de multiples ponts avec la science contemporaine, l'histoire, les religions et le fonctionnement de nos sociétés.


Le Dr DAVID HAWKINS (1927–2012) était un psychiatre new-yorkais réputé quand il connut, à l'âge de 38 ans, un éveil spirituel profond. Cette grande transformation de sa conscience, largement évoquée dans ce livre, l'a conduit à consacrer le reste de sa vie à la recherche de la vérité spirituelle et à l'enseignement afin d'élever le niveau de conscience de l'humanité et de contribuer, par ce moyen, au soulagement de la souffrance humaine.

Chercheur, auteur, enseignant et conférencier de renommée mondiale dans le domaine de la spiritualité, David Hawkins a été l'auteur d'une dizaine d'ouvrages, dont l'un co-écrit avec Linus Pauling, Prix Nobel de chimie.


Ouvrage préfacé par Claudette Vidal


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© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Guy Trédaniel


Prologue


Des années de lutte intérieure, de souffrance et d’efforts spirituels apparemment inutiles avaient finalement abouti à un état de sombre désespoir. Même un retrait dans l’athéisme n’avait pas apporté de soulagement dans cette quête incessante. La raison et l’intellect étaient trop frêles pour la tâche colossale de découvrir la vérité ultime. Le mental lui-même avait été conduit à une défaite finale déchirante et accablante. Même la volonté s’était figée. Alors une voix intérieure implora : « S’il existe un Dieu, je Lui demande de l’aide. »

Alors tout cessa et disparut dans l’oubli. Le mental et tout sentiment d’un soi personnel s’évanouirent. En un moment stupéfiant, ils avaient été remplacés par un état de conscience infini et englobant tout, qui était rayonnant, complet, total, silencieux et calme comme l’essence promise de Tout Ce Qui Est. La splendeur, la beauté et la paix sublimes de la Divinité resplendissaient. C’était un état autonome, définitif, intemporel, parfait, le Soi du manifesté et du non-manifesté, la Déité Suprême, et c’est ainsi que s’est présentée...

La Présence

Un silence feutré imprègne les alentours, et le mouvement lui-même ralentit et devient immobile. Toutes les choses rayonnent une intense vitalité. Chacune est consciente de toutes les autres. La qualité lumineuse du rayonnement a une nature extraordinairement divine. Elle inclut complètement tout dans son état de totale Unité, si bien que toutes les choses sont interconnectées, en communication et en harmonie par le fait qu’elles sont conscientes et qu’elles partagent la qualité fondamentale de l’essence de l’existence.

La Présence est un continuum qui occupe complètement ce qui, auparavant, apparaissait à la perception ordinaire comme un espace inoccupé et vide. Cet état intérieur de Pleine Conscience n’est pas différent du Soi ; il imprègne l’essence de toute chose. La Pleine Conscience est consciente de son propre état de conscience et de son omniprésence. L’Existence, dans son expression à la fois comme forme et comme absence de forme, est Dieu et elle prévaut de façon égale dans tous les objets, personnes, plantes et animaux. Tout est uni par la Divinité de l’Existence.

L’Essence omniprésente englobe tout sans exception. Le mobilier de la pièce a une importance et une valeur égales à celles des rochers et des plantes. Rien n’est exclu de l’état où l’on est Tout, un état qui embrasse tout, qui est total, complet et qui ne manque de rien. Tout est de valeur égale car la seule valeur réelle est la Divinité de l’existence.

Ce qui est le Soi est total et complet. Il est présent partout de façon égale. Il n’y a ni besoins, ni désirs, ni manque. Ni l’imperfection ni la discorde ne sont possibles et tous les objets se présentent comme des œuvres d’art, des éléments de sculpture d’une beauté et d’une harmonie parfaites. La Sainteté de toute la Création réside dans la vénération que chaque chose éprouve pour toutes les autres. Tout est empreint d’une incroyable splendeur et tout est silencieux dans l’émerveillement et la vénération. La Révélation instille une Paix et un calme infinis.

Un coup d’œil au corps révèle qu’il est identique à toutes les autres choses – sans propriétaire, n’étant pas possédé par un individu, équivalent au mobilier et aux autres objets, et faisant simplement partie de Tout Ce Qui Est. Il n’y a rien de personnel à propos du corps et il n’y a pas d’identification avec lui. Il se déplace spontanément, exécute correctement 

ses fonctions corporelles, marche et respire sans effort. Il se meut de lui-même et ses actions sont déterminées et déclenchées par la Présence. Le corps est simplement un « cela », équivalent à n’importe quelle autre « chose » se trouvant dans la pièce.

Quand d’autres personnes s’adressent à lui, la voix de ce corps répond de façon appropriée, mais ce qui est entendu dans la conversation résonne à un niveau de signification plus élevé. Cette signification plus profonde se révèle dans chaque phrase. Toute la communication est maintenant comprise à ce niveau profond, presque comme si chaque question apparemment simple était en réalité une question existentielle et un propos concernant l’humanité elle-même. À la surface, la formulation semble superficielle, mais au niveau plus profond, elle a d’importantes implications spirituelles.

Le corps, que tous les gens considèrent comme un « moi » à qui ils sont en train de parler, apporte des réponses appropriées. Cela est en soi étrange parce qu’il n’y a absolument pas de « moi » qui lui soit associé. Le véritable Soi est invisible et n’a pas de localisation. Le corps parle et répond aux questions aux deux niveaux à la fois, de façon simultanée et parallèle.

Apaisé par le Silence de la Présence, le mental est silencieux et sans mots. Il ne se présente ni images, ni concepts, ni pensées. Il n’y a personne pour les penser. Personne n’étant présent, il n’y a ni penseur ni faiseur. Tout arrive de soi-même en tant que manifestation de la Présence.

Dans les états de conscience ordinaires, le son prévaut sur un arrière-plan de silence et il remplace ce silence. Dans la Présence en revanche, il se produit l’inverse. Même si le son est perceptible, il se situe à l’arrière-plan. Le Silence prédomine de telle façon que le silence n’est en fait ni interrompu ni supplanté par le son. Rien ne trouble le calme ni n’interfère avec sa paix. Même si un mouvement a lieu, il ne perturbe pas l’immobilité silencieuse qui est au-delà du mouvement et qui pourtant l’inclut. Tout paraît se mouvoir comme dans un ralenti car le temps est absent. Il n’y a qu’un continuel état de Maintenant. Il n’y a ni évènements ni manifestations car tous les commencements et tous les arrêts, tous les débuts et toutes les fins n’ont lieu que dans la conscience dualiste de l’observateur. En leur absence, il n’y a pas de successions d’évènements à décrire ou à expliquer. 

À la place du fait de penser, il existe une connaissance autorévélatrice qui apporte une parfaite compréhension et qui est rendue autoexplicative par son essence resplendissante. C’est comme si tout parlait silencieusement et se présentait dans son intégralité dans l’absolue beauté de sa perfection. Ce faisant, toute chose manifeste sa gloire et révèle sa Divinité intrinsèque.

La suffusion de la Présence dans l’intégralité et dans l’essence de tout ce qui existe est d’une douceur exquise, et son toucher est semblable à quelque chose qui fond. Le Soi intérieur en est le centre même. Dans le monde ordinaire, on ne peut toucher que la surface des choses, mais dans la Présence, c’est l’essence la plus intérieure de chaque chose qui s’entremêle avec toutes les autres choses. Ce toucher, qui est la Main de Dieu dans toute sa douceur, est en même temps l’expression et le siège d’un pouvoir infini. Dans le contact que l’on a avec l’essence intérieure de toutes les choses, on est conscient que la Présence est ressentie par toutes les autres choses, objets ou personnes.

Le pouvoir de cette douceur n’a pas de limites et, parce qu’il est global et partout présent, aucune opposition ne lui est possible. Il imprègne Tout Ce Qui Est, et de lui émane l’existence elle-même, qui est à la fois créée par ce pouvoir et en même temps maintenue en cohésion par lui. Ce pouvoir est une qualité intrinsèque de la Présence et sa présence est l’essence même de l’existence. Il est présent de façon égale dans tous les objets. Aucun vide n’existe nulle part dans la mesure où la Présence remplit tout l’espace et tous les objets qui y sont contenus. Toutes les feuilles des arbres partagent la joie de la Présence Divine.

Toutes les choses se trouvent dans un état d’allégresse silencieuse par le fait que leur conscience est une expérience de la Divinité. Toutes éprouvent une gratitude calme et toujours présente pour le cadeau qui leur a été accordé de faire l’expérience de la présence de Dieu. Cette gratitude est la forme par laquelle leur vénération s’exprime. Tout ce qui est créé et possède une existence contribue à refléter la gloire de Dieu.

L’apparence humaine a revêtu une toute nouvelle aura. Le Soi Un irradie à travers les yeux de chacun. Une lumière rayonne de chaque visage ; tout le monde est d’une égale beauté.

Ce qui est le plus difficile à décrire est l’interaction avec les gens, qui s’est déplacée sur un autre plan de communication. Il y a un amour évident pour tous. Le discours, quant à lui, a changé de sorte que toutes les conversations sont devenues aimantes et paisibles. La signification des mots qui sont entendus n’est pas la même que celle qu’entendent les autres. C’est comme s’il existait deux niveaux de conscience distincts issus du même scénario de forme et de mouvement, deux scripts différents s’exprimant au moyen des mêmes mots. Le sens des mots eux-mêmes a été transposé sur un plan différent par les soi supérieurs des personnes qui sont en relation, et la communication de la compréhension se fait sur ce plan plus élevé. Il est clair, en même temps, que le soi inférieur des gens n’est pas conscient de la communication qui se déroule simultanément avec leur soi supérieur. Les gens sont comme hypnotisés par la croyance en la réalité de leur soi ordinaire, qui n’est pourtant que la mise en scène involontaire de scénarios ou de rôles, comme dans un film.

Ignorant les soi inférieurs, les soi supérieurs s’adressent directement les uns aux autres, tandis que les soi ordinaires semblent inconscients de ce niveau de conversation plus élevé. En même temps, les gens ressentent intuitivement qu’il se passe quelque chose de différent de l’ordinaire. La présence consciente du Soi crée un champ d’énergie qu’ils trouvent extrêmement plaisant. C’est ce champ d’énergie qui accomplit le miraculeux et met les évènements en harmonie, en même temps qu’il apporte un sentiment de paix à tous ceux qui en font l’expérience.

Dans la présence de cette aura, les visiteurs qui avaient parcouru de nombreux kilomètres pour poser des questions en connaissaient soudain les réponses, celles-ci survenant grâce à une compréhension intérieure qui rendait les questions originelles sans objet. Cela se produisait parce que la Présence recontextualisait l’illusion de l’existence d’un « problème » et faisait ainsi disparaître celui-ci.

Le corps continuait ses activités en tenant compte des intentions émises par la conscience. Sa perpétuation n’était pas d’un grand intérêt et il était clair que ce corps était en fait la propriété de l’univers. Les corps et les objets du monde sont les reflets de variations infinies et ils n’ont pas d’imperfections. Rien n’est meilleur ni pire que quoi que ce soit d’autre, et rien non plus n’est d’une valeur ou d’une importance différente. La qualité que constitue la parfaite identité de soi donne la même valeur intrinsèque à toutes les choses qui existent en tant qu’expressions égales de la Divinité innée. Parce que « la relation » est un concept de l’observation mentale dualiste, il n’y a pas de relations dans la Réalité. Chaque chose « est » simplement et manifeste la qualité d’être de l’existence. De même, s’il n’y a pas l’interposition d’un observateur actif avec les schémas de pensée qui lui sont propres, il n’y a ni changements ni mouvements à expliquer ou à décrire. Chaque « chose » évolue simplement en tant qu’expression de son essence divine. L’évolution a donc lieu comme manifestation de la conscience, et elle s’exprime à partir des niveaux abstraits des hautes énergies pour aller vers des formes de moindre énergie mais plus spécifiques, et finalement jusque dans la matérialité physique. La création se manifeste ainsi à partir du sans-forme abstrait par une prise de forme progressive aboutissant à une structure énergétique finale, puis à la matérialité tangible. Le pouvoir de se manifester est l’expression de la toute-puissance divine sous la forme de la création continue.

La Création est le Présent et le Maintenant. Ce Maintenant est continu, de sorte que ni les commencements ni les fins ne sont possibles. Le fait d’être visible et la matérialité elle-même ne sont que des phénomènes sensoriels et non des conditions nécessaires à l’existence, qui est en elle- même sans forme, bien qu’intrinsèque à toutes les formes.

Le fait que toutes les choses soient constamment dans le processus de création signifie que toutes sont une expression de la Divinité, faute de quoi elles n’auraient pas la capacité d’exister. La réalisation que tout ce qui existe reflète la Divinité de la Création fait que chaque chose devient digne de respect et de vénération. Elle explique la déférence pour l’esprit présent dans tous les êtres vivants et dans la nature, qui caractérise de nombreuses cultures.

Tous les êtres sensibles sont égaux. Seule la manifestation matérielle est sujette à une fin, mais l’essence n’est pas affectée et conserve la potentialité de réapparaître dans une autre forme matérielle. L’essence n’est affectée que par les forces de l’évolution. L’émergence de la forme matérielle à partir de l’essence est influencée par la présence de ce qui se trouve déjà dans la forme. Le contenu de la manifestation matérielle peut donc favoriser la manifestation de l’essence en tant que forme, tout comme il peut ne pas lui être favorable, selon les conditions. On pourrait dire que la Création accomplit ses propres instructions ou tendances divines intérieures. Ces tendances ont été traditionnellement appelées « destinée », laquelle est le déploiement de la potentialité et la prise en compte des conditions préexistantes (en sanskrit, les traditionnelles gunas de rajas, sattva, et tamas, ou qualités relatives à l’action, à la conscientisation et à la résistance). L’homme a ainsi la possibilité d’influer sur les conditions dans le but de potentialiser la manifestation des éventualités désirées. Par l’intermédiaire de ses choix, la conscience humaine peut influer sur le cours des choses, mais le pouvoir de création est l’apanage de Dieu.

La nature de la Création, qui dépasse le temps, l’espace et la causalité, se révèle par elle-même et elle se présente à la conscience dans son état de Pleine Conscience comme un cadeau de la Présence. Toutes les choses sont intrinsèquement saintes dans la divinité de leur création. Quand le regard critique et la discrimination de la perception dualiste sont écartés, l’absolue perfection et l’absolue beauté de chaque chose se révèlent.

L’art cherche à abstraire cet état de la conscience quand il se saisit d’un moment dans le temps et le fige dans l’art photographique ou la sculpture. Chaque arrêt sur image dépeint la perfection qui ne peut être appréciée que lorsque cette vue unique est isolée de l’histoire fausse qui lui est superposée. Le drame de chaque moment de l’existence se prête à être préservé lorsque l’art le sauve de la destruction de la forme matérielle appelée « histoire ». L’innocence inhérente à chaque moment particu- lier devient évidente quand ce moment est sorti du contexte projeté sur une séquence de moments sélectionnés, laquelle est alors devenue une « histoire ». Une fois transformée en histoire par le mental dualiste, les termes « bien » ou « mal » lui sont appliqués. Il est facile de s’apercevoir que même les termes de « bien » et de « mal » se réfèrent, à leur origine, à ce qui n’est en fait qu’un désir humain. Si une chose est désirée, elle devient un « bien », et si elle n’est pas désirée, elle se transforme en « mal ». Si la propension humaine à porter des jugements est écartée de l’observation, tout ce que l’on peut voir est que la forme est dans une constante évolution se manifestant comme « changement », lequel n’est intrinsèquement ni désirable ni indésirable.

Chaque chose manifeste la potentialité qui lui est inhérente, telle qu’elle est déterminée par son essence et par les conditions dominantes. Ce qui fait la splendeur de toutes les choses est que par leur existence même, elles manifestent que la gloire de la création de Dieu est l’existence elle- même. Par le simple fait « d’être », chacune et toutes les choses sensibles et insensibles qui existent accomplissent la volonté de Dieu. C’est en raison de l’intention divine que le non-manifesté devient manifesté ; la création est le nom du processus dont nous sommes les témoins.

Parce que la nature de la Création échappe à la conscience ordinaire, le mental fabrique des énigmes qui n’ont pas de réponses : par exemple, comment un Dieu « bon » autorise-t-Il à ce point ce qui est « mauvais » ? Par-delà la perception dualiste et les catégorisations arbitraires de la manifestation, il n’y a pas de bien ni de mal à expliquer, et on peut voir que l’univers lui-même est inoffensif. Le mental humain construit ses scénarios de buts et de désirs, et les évènements ou bien concordent avec eux, ou bien ne le font pas. La tragédie et la victoire ne surviennent que dans le champ restreint du mental dualiste et n’ont pas de réalité indépendante. Toutes les choses dans ce monde semblent apparaître, puis se dissoudre dans le cadre limité de la perception. Dans la mesure où la Réalité se trouve au-delà du temps, de l’espace et de la forme, il importe peu qu’une « chose » ou une « personne » existe durant une fraction de seconde ou pendant un millier d’années. Lutter pour vivre quelques années de plus, voire quelques moments de plus, se révèle une illusion creuse car l’expérience de l’existence ne se fait pas dans le temps. Ce moment est la seule réalité dont nous faisons l’expérience ; tout le reste est abstraction et construction mentale. On ne peut donc pas réellement vivre soixante-dix ans ; seul ce moment précis et éphémère est possible.

Dans la réalité de la non-dualité, chaque chose est complète et le désir est remplacé par l’appréciation. Alors que la vie évolue, chaque entité vivante exprime totalement sa potentialité à chaque instant. La motivation, en tant que telle, disparaît et l’action intervient en tant que phase du processus de manifestation de la potentialité. Il n’y a donc pas d’acteur derrière l’action. À la place, il y a à chaque instant un sentiment de complétude et de total accomplissement. La satisfaction des besoins physiques est le résultat de l’action elle-même. Le plaisir de manger, par exemple, découle de l’acte de manger, sans désir préalable pour la prochaine bouchée. Si le repas est interrompu par un évènement, il n’est pas ressenti de sentiment de perte. La joie de la vie émane à chaque instant de sa propre existence, et la conscience d’un continuel accomplissement est une facette de cette joie de l’existence. Il n’est pas possible d’expérimenter la totalité de l’État d’Unité du Tout. Mais cette totalité est connue par le fait que l’on est cela. Le « Je » du Soi est l’Œil de Dieu observant le déploiement de la Création en tant que Maintenant. La séquence est une illusion créée par la perception du « je » de l’ego, qui est le point d’observation de la trans- formation du non-local en local, du non-linéaire en linéaire, de « Ce Qui Est Tout » en « ce qui est ceci ». La perception est l’œil de l’ego qui, à mesure qu’il traduit l’Infini non expérimentable en un fini expérimentable, génère la perception du temps, du lieu, de la durée, de la dimension, de la position, de la forme, de la limitation et de la singularité.

mardi 26 décembre 2023

• Tourne sans délai ton regard vers l’intérieur - Goethe

Tourne sans délai ton regard vers l’intérieur.

Là se trouve le centre dont

nul noble cœur ne peut douter.

Nulle erreur n’est possible

car la conscience autonome

illumine désormais ta vie quotidienne.

dimanche 24 décembre 2023

• Invitez des amis, ne faites rien ensemble !


Mon cadeau de Noël de cette année !
À la fin de la partie, il n'y avait plus 'personne', ni gagnant, ni perdant.
On a bien ri !


vendredi 22 décembre 2023

• Crêche 2023 !


Pour retrouver le sens originel du symbolisme de la crèche, vous pouvez repasser par ICI.

 

mardi 19 décembre 2023

• C'est la vérité absolue

Il n'y a ni dissolution, ni naissance, ni esclavage, ni aspiration à la sagesse, ni chercheur de libération, ni être libéré. ​​C'est la vérité absolue.

Mandukya Karika 2.32


Dame Tsogyal demanda au maître :
existe-t-il un pratiquant du Dharma ?

Le maître répondit :
Dans l'essence de la connaissance de Soi, vacuité primordiale,
ni propriétaire ni pratique du Dharma ne peuvent être trouvés.
Celui qui accomplit l’action dix fois vertueuse est primordialement vacuité. Et ainsi, il n'y a pas de pratiquant de la pratique du Dharma.
Vous pouvez fermement résoudre et mettre fin à ce problème.
Padmasambhava

vendredi 15 décembre 2023

• Il n'y a pas quelqu'un qui va s'éveiller - Nathalie Delay


Pour commencer, j'ai envie de parler des mots éveil et illumination. Dans le zen, on n'emploie pas ces termes, on parle plutôt d'INTIMITÉ. L'éveil, c'est être en intimité avec toute chose. C'est Dõgen, grand maître zen, qui définit l'éveil ainsi. Et puis ce mot "intimité" est moins sujet à l'imaginaire que les mots éveil ou illumination, qui ont tendance à faire penser à des expériences qui font vraiment spéciales, magiques, un peu en dehors du monde ordinaire.
Ce mot éveil crée un imaginaire qui finalement nous éloigne de l'essentiel. C'est-à-dire ce moment, là, maintenant. Alors que le mot intimité crée une autre dynamique : "Comment puis-je entrer en intimité ?", plutôt que : "Je veux atteindre l'éveil, je veux atteindre quelque chose de magique qui va résoudre tous les problèmes".
Dans le zen, on parle aussi de COÏNCIDER avec la réalité. Coïncider avec le réel veut dire que je ne suis plus à part du réel, je suis fondu dans l'instant. Alors on peut se poser la question : "Comment vivre cette intimité, comment coïncider pleinement avec la réalité ?" Il s'agit d'arrêter de fuir, d'arrêter de résister, d'arrêter de refuser et d'arrêter de vouloir autre chose que ce pur moment. Et quand je dis arrêter, c'est faux d'ailleurs, parce qu'on ne peut pas arrêter de résister ou de fuir. C'est plutôt de devenir conscient, et de voir à quel point on refuse, instant après instant, le réel tel qu'il se manifeste.
Pour être intime avec quelque chose, si je résiste, je ne peux pas goûter l'intimité, avec un être ou avec l'instant. Si je veux que cette personne soit différente, si je la juge, si je sais ce qu'elle est, alors je ne la goûte pas, je n'entre pas en intimité. C'est la même chose avec l'instant, avec le réel. Et pour pouvoir vraiment goûter un état d'intimité parfait, il s'agit de disparaître. Disparaître dans le sens de ne rien vouloir, de ne rien attendre, d'être totalement disponible.
Dans le soufisme, on ne parle pas d'éveil non plus ni d'illumination, on parle d'EXTINCTION. Donc, dire par exemple : "Je suis éteint" par rapport à "Je suis éveillé", vous pouvez voir que "je suis éteint" ça fait moins tripper l'ego ! Et pourtant, c'est ce dont il s'agit. C'est-à-dire que le Moi avec toutes ses attentes et toutes ses demandes, tous ses mouvements de refus, de résistance, et aussi ses mouvements où il veut prendre, quand ce Moi disparaît, alors on peut dire que le soleil du Soi resplendit, notre vrai Moi apparaît. Notre vérité profonde peut enfin naître. Notre véritable nature peut enfin s'éveiller.
Et c'est ça l'imaginaire par rapport à l'éveil : c'est l'ego qui pense qu'il va devenir éveillé, qu'il va devenir quelqu'un de spécial, alors qu'en fait, c'est quand il va vraiment mourir, disparaître, que notre vraie nature va s'éveiller. Il n'y a pas quelqu'un qui va s'éveiller. Donc, c'est important de le comprendre, ne serait-ce qu'intellectuellement, pour justement éviter que notre attention soit détournée par un imaginaire qui cherche quelque chose qui n'est pas là, qui cherche quelque chose d'extraordinaire, et qui donc ne peut pas se donner à l'ordinaire de cet instant.
Parce qu'en fait l'éveil, c'est cette immédiateté absolue, c'est cet instant entier, et là il n'y a pas de notion de temps, c'est MAINTENANT. L'éveil c'est maintenant, ce n'est jamais plus tard. Et c'est possible de vivre cette immédiateté uniquement si je suis pleinement dans le vécu. Si le mental n'intervient pas pour créer une entité, une situation, sinon il crée déjà le temps. Et c'est cela coïncider, c'est ne plus se scinder, ne plus créer une entité qui est à part de cet instant. Donc, c'est un vécu entier, plein, où il n'y a pas une voix qui raconte le vécu et qui nous emporte à l'extérieur.
Alors quand on est engagé sur un chemin spirituel, c'est important de régulièrement se poser la question de soi à soi, très honnêtement : "Qu'est-ce que je veux vraiment ? Qu'est-ce que je cherche ?".

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La pratique de l’arrêt

Tout au long de la journée, se trouvent des espaces interstitiels, vides de pensées et d’activités, auxquels on ne prête pas attention, car ils sont trop furtifs. Il s’agit de saisir l’invitation sur le vif, sans l’ajourner, et de plonger dans ces intervalles de pur silence ; de se laisse tomber à l’intérieur de soi-même, sans retenue. Cela requiert une grande acuité et une absence totale d’hésitation. C’est comme se jeter dans le vide, avec une confiance absolue. On se laisse fondre dans la substance de l’instant, pour expérimenter en direct notre unité fondamentale avec celui-ci. Cette pratique est très facilement transposable dans le quotidien, en utilisant les sons environnants comme points d’entrées dans ces interstices.

Visiter son Site Internet

mercredi 29 novembre 2023

• Dieu est présence vêtue d'absence - Ma Ananda Mâyi


Même dans la situation où vous vous sentez "privé de Dieu",

il n'y a que Dieu. Tout est Lui.

Vous êtes dans cette situation où Dieu est présence vêtue d'absence.

Contemplez Celui qui est présent même sous l'habit de l'absence.


dimanche 19 novembre 2023

• Si je m'assois à ma place de patience - Rûmi

Quand je cours après ce que je pense vouloir,

mes journées sont une fournaise de stress et d'anxiété ;

Si je m'assois à ma place de patience,

Ce dont j'ai besoin coule vers moi,

et sans douleur.

vendredi 10 novembre 2023

jeudi 2 novembre 2023

• C'est juste une connaissance vide qui est présente dans toutes expériences - Jackson Peterson


      Traduction Française possible en activant le sous-titrage.

 

lundi 30 octobre 2023

• La manifestation est l’absolu mis en forme - Jean-Marc Mantel


   Dans la perspective ordinaire, l’être humain fonde le sens de son identité sur sa mémoire, son activité mentale, son corps : « Je suis ce personnage pensant avec tous ces souvenirs. Je suis ce corps avec son histoire. Voilà qui je suis. » Ceci mérite d'être questionné. 

   Avec l’écoute des dimensions corporelle et mentale de notre existence manifestée, nous disposons de deux accès immédiats pour nous ouvrir à ce continuum de présence sous-jacent au monde perçu. 

   L’écoute du corps nous permet de nous trouver en tant que conscience spacieuse et de nous désidentifier du corps physique. L’écoute de l’activité mentale nous permet de nous trouver en tant conscience lumineuse d’arrière-plan. La méditation nous apprend à nous désimpliquer du perçu et à nous aligner sur ce qui perçoit, c’est-à-dire nous-même.

   Reste un troisième et dernier volet de cet enseignement : celui de la conscience elle-même.  Les mots de Jean-Marc Mantel nous renvoient sans distance et sans attente à notre identité sans forme. Cette réalisation d’être conscience ne se produit pas pour un esprit identifié au corps et aux pensées. Elle se produit justement avec l’évidence de ne pas être le corps-mental. 

   Comme le réitère Jean-Marc à maintes reprises, « tout est conscience ». La manifestation du monde n’a d’existence que par la conscience immédiate qui la constate. Elle en est sa trame. Tout arrive maintenant. Même le passé n’est que mémoires qui émergent maintenant. Tout est maintenant, et maintenant est conscience.

     Dans cette quête actuelle effrénée vers le bien-être, ce livre ramène le lecteur vers une idée bien plus fondamentale : la vérité sur ce que nous sommes.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions ACCARIAS L'ORIGINEL


Tant que le mental est tourné

vers le mouvement des vagues,

le silence de la profondeur

est ignoré.


La non-dualité 

J’aimerais avoir votre aide pour mettre en ordre ce que j’ai appris sur la non-dualité. Ainsi, il n’y a que la conscience qui existe. 

Oui, tout est conscience, et la conscience est le tout. 

La manifestation est, par essence, duelle, structurée en paires d’opposés : le jour et la nuit, le froid et le chaud, la lumière et l’ombre, etc. Alors que l’absolu, qui englobe tout, ne peut être duel. 

En réalité, la manifestation n’est pas non plus duelle, car elle est l’absolu mis en forme. Du point de vue de l’absolu, il n’y a pas de dualité. Chacune des manifestations n’est que l’expression de lui-même, et n’est donc pas différente de ce qu’il est. La dualité des paires d’opposés n’est qu’une apparence, tout comme vos deux mains qui, à un regard non averti, peuvent sembler séparées. 

En tant que petit moi, on semble avoir une existence réelle, autonome, et c’est ainsi qu’on croit qu’il y a quelqu’un qui souffre ou qui a du plaisir. 

Oui, on peut le dire ainsi. 

Sachant que l’on est l’objet d’une illusion, qu’attendons-nous pour nous éveiller ? 

Vous, en tant qu’essence princeps, ne dormez pas. Le sommeil n’est qu’un état du mental. Il est transitoire. Il ne concerne pas ce que vous êtes. 

Serait-ce totalement inutile, voire nuisible, d’avoir une compréhension uniquement intellectuelle de la situation ? 

La compréhension intellectuelle donne un tableau de la situation, et des personnages qui la composent. Elle postule l’existence d’un Soi, intelligence suprême, qui organise le monde. Elle vous maintient sous l’apparence d’un moi, qui connaît le Soi en tant qu’objet, idéal conceptuel. Tant que per- dure une distance, aussi ténue soit-elle, entre le connaisseur et l’objet de connaissance, la souffrance se maintient, celle de l’exil et de la séparation. 

Il semble pourtant bien y avoir une relation sujet-objet : la conscience sujet qui observe les objets qui apparaissent et disparaissent en elle (pensées, émotions, sensations, perceptions...). Est-il encore question de distance dans ce cas ? 

Vous êtes cet arrière-plan immuable dans lequel la pensée apparaît et disparaît. Vous ne pouvez l’observer, car vous l’êtes. Vous êtes l’éternel sujet dans lequel le monde se réfléchit. Tout ce qui apparaît et disparaît en vous est indissociable de vous-même. Vous êtes à la fois le monde et le connaisseur du monde. Votre unité est inaliénable. Vous n’êtes jamais divisé. La division n’est qu’une idée. Sans cette idée, il n’y a qu’unité. Présence, être, absolu, ne sont que des concepts. La réalité de ce que vous êtes n’est pas un concept. Dans l’absence de tout concept, vous êtes. 

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Conscience, regard d’arrière-plan, vision, lumière

Comment définiriez-vous la conscience ?

La conscience est ce qui est conscient. C’est à partir d’elle que vous connaissez votre corps, votre mental, vos émotions, et l’ensemble des perceptions. Elle est cela qui perçoit. Sa particularité est son omniprésence. Contrairement au contenu des perceptions, qui change d’instant en instant, elle est une permanence, dans laquelle s’actualise l’impermanence. Vous pouvez réaliser que vous êtes cela. Vous ne pourrez, toutefois, jamais vous saisir. Vous ne pouvez qu’être saisie. Vous ne pouvez jamais vous trouver. Vous ne pouvez qu’être trouvée. C’est cela le miracle de la conscience, que d’être toujours là, sans pour autant être quelque chose qui puisse être objectivé. Elle est quelque peu similaire au trou noir cosmique, qu’on ne connaît que par son influence sur les astres environnants, mais qu’on ne peut appréhender directement. C’est pour cela que c’est par l’élimination de ce que vous n’êtes pas, pensée, idée, projection, que se révèle ce que vous êtes.

Sommes-nous guidés par la conscience de telle sorte que rien n’est sous notre contrôle ?

Il n’y a pas de moi individualisé. La conscience est l’unique moi, l’unique contrôleur. L’attention ne pouvant être orientée sur deux objets à la fois, lorsque la conscience est engloutie dans la pensée, il n’existe rien d’autre que la pensée. Ce n’est que lorsque la pensée s’éteint que la conscience revient à elle- même, dans sa globalité indéfectible. Les moments de distraction sont ces périodes dans lesquelles l’écoute n’est pas habitée, et la pensée est investie. Le monde environnant est alors absent. Il réapparaît lorsque les sens sont à nouveau conscientisés. Le monde est une perception. La conscience en est le connaisseur.

Accepteriez-vous d’éclairer la nature du lien qu’entretiennent « états sans pensée » et « présence » ?

Nous connaissons la pensée, car elle est objet dans la conscience observante. Il y a ainsi conscience de la pensée. Nous connaissons l’absence de pensée, car elle est aussi objet dans la conscience observante. Il y a ainsi conscience de l’absence de pensée. Dans les deux cas, qu’il y ait objet ou absence d’objet, ce constat est fait à partir d’une conscience, qui ne peut être perçue, étant cela qui perçoit. Cette évidence de la conscience en tant que permanente présence, à partir de laquelle se fait toute objectivation, est illumination, identité à la lumière qui éclaire le spectacle, sans pouvoir s’éclairer elle-même. C’est l’aperception de la conscience, le « je suis conscience », qui dissout le sujet et l’objet dans sa propre unité.

Pouvons-nous dire que la conscience est à la fois individuelle, collective et universelle ?

La conscience est une. Qu’elle repose en elle-même, ou qu’elle se réfléchisse dans le mental collectif ou individuel, elle reste toujours identique à elle-même, libre, immuable et détachée.

La conscience prononce « Je suis ». S’ensuit un big-bang d’une myriade de formes animées de ce souffle, dont chaque être humain est aussi l’expression. Être imprégné de l’identité « Je suis avant toute pensée » devrait, tôt ou tard, permettre de débloquer le nœud de notre principale dépendance, à savoir l’habitude se s’identifier à une des ces expressions : le corps, la pensée « moi ». Au fond, Jean-Marc, tout n’est-il pas affaire seulement d’ identification ?

Oui. C’est la nature de la conscience de créer à chaque ins- tant des formes, qui naissent et meurent en elle. Lorsque la conscience s’identifie à la forme qui jaillit en elle, elle perd, ne serait-ce que l’espace d’un instant, la conscience de son unité et de sa globalité. De là, naît le sentiment de séparation, d’exil et de solitude. Ce même sentiment s’éteint lorsque la forme réintègre le sans-forme. C’est ce que vous vivez lorsque la non- pensée est pleinement habitée. Vivre la pensée à partir de la non-pensée signifie que la conscience ne se perd plus dans la forme qui jaillit en elle, qui ne remet plus alors en cause son vécu originel. Elle se sait être, sans que ce vécu d’être soit remis en cause par les naissances et morts qui se déroulent sans cesse en elle. 

Je cite quelques phrases que vous avez dites et que j’ai relevées dans un de vos enregistrements vidéo : « Vous ne pouvez pas être conscient de la conscience. Si vous étiez conscient de la conscience, cela voudrait dire qu’il y a deux consciences qui se regardent l’une l’autre. Mais, en réalité, il n’y a qu’une conscience. L’un ne peut se voir lui-même. Il faut être deux pour pouvoir se voir. La conscience ne peut pas se voir, sinon il faudrait qu’elle se divise. » Donc, d’après ma compréhension, pour voir, il faut être deux : 1, ce qui voit, et 2, ce qui est vu. Cela fait bien deux !

Oui, deux concepts, le concept de celui qui voit, et le concept de ce qui est vu, qui sont tous deux objets de vision. Et la vision est ce qui est, dans l’absence du concept de vision.

Finalement, qui s’identifie? Car le ciel ne s’identifie pas aux nuages, pas plus que la mer aux bateaux...

Personne ne s’identifie. Tout est conscience. Il y a conscience au repos, le Soi immuable, et conscience en mouvement, le monde et le moi. 

samedi 7 octobre 2023

jeudi 28 septembre 2023

• Nous partageons notre 'être' avec tout le monde - Rupert Spira



Vous pouvez retrouver la suite (et bien d'autres vidéos encore) sur "Connaissances sans frontières".

 

jeudi 21 septembre 2023

• Où que vous soyez, vous êtes toujours au centre de l'infini - Daniel Morin

Le sens commun de la séparation fausse toutes les recherches même les plus intéressantes, qu’elles soient d’ordre scientifiques ou religieuses. L’Absolu et le relatif sont inséparables, et sont toujours coexistant.

Ce livre insiste sur l’évidence de la non-séparation. On comprend mieux que l’homme n’est pas une entité séparée autonome lorsqu’il est vu qu’aucune chose, grossière ou subtile, n’est séparée de son environnement - et cela à l’infini - et qu’elle est en échange d’équilibre constant avec son environnement.

Cette loi fondamentale d’équilibre, unificatrice, gouverne l’univers entier tel que nous le percevons. Elle peut être une aide réelle pour appréhender la vie d’une façon nouvelle.

Tant que nos connaissances ne coexisteront pas avec le Grand Je ne sais pas ou « Je, ne sait pas », toutes nos théories les plus avancées seront fausses car basées sur l’identification du moi. Quand on admet notre limite, on est en relation avec le « je ne sais pas ». Je ne sais pas est impersonnel, on ne peut ni le saisir, ni le maitriser.

Ce livre n’est pas une méthode de mieux-être ni un enseignement d’une amélioration à venir. En-dehors de tout dogme, il s’adresse à ceux qui ont le goût de la recherche de vérité, c’est-à-dire voir le faux comme étant faux. Il peut cependant permettre à certains de vivre le monde relatif d’une façon tout à fait différente. Non pas sur la conviction que nous sommes une partie autonome toujours en attente d’un jour meilleur, mais sur l’évidence indiscutable que nous sommes un élément relié et inséparable du Cosmos.

Décapant, ce livre invite le lecteur à une remise en cause de ce qu'il croit savoir.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel :


La frontière, les limites, la non-séparation

Existe-t-il une seule chose, sans son environnement ?

La limite n’existe que dans le monde relatif. Pour beaucoup de chercheurs, ce qui domine c’est un senti- ment de séparation. La limite est vécue comme quelque chose qui isole. Or, contrairement à ce que l’on croit, une limite ne sépare pas. C’est au contraire le lieu privilégié des mouvements de recherche d’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur de la limite. C’est le lieu du vivant.

Une limite ne définit pas seulement la chose, mais elle définit en même temps ce que n’est pas la chose : elle est toujours mitoyenne. La limite n’appartient ni à l’un ni à l’autre, elle est la preuve de l’inséparabilité. Si on des- sine un cercle sur une feuille, on a deux choses simultanément : l’intérieur et l’extérieur du cercle, et il n’y a pas d’espace entre l’intérieur et l’extérieur.

Donc la limite n’est qu’un moyen de nommer les choses. Elle ne sépare pas, elle distingue. Quand on décrit quelque chose, on fixe arbitrairement cette chose en dévaluant le reste, ce qui provient du fonctionnement de notre cerveau qui a besoin de fixer des points pour appréhender le mouvement. Cette fixation arbitraire, pratique pour fonctionner dans notre monde, sera toujours inexacte. Elle peut avoir pour conséquence de se croire séparé ou autonome.

Quand on se ratatine par l’imaginaire pour essayer de se protéger, de se sécuriser, de survivre, on s’isole artificiel- lement dans « ses » limites. On joue alors le jeu fictif de la séparation, en imaginant que la limite perméable devient imperméable.

Mais la limite n’est jamais exacte, c’est un monde de l’à-peu-près, car aucune limite ne reste statique, toute forme est en mouvement, et si on change d’échelle, on ne voit plus les mêmes choses. Par exemple un morceau de peau qui semble lisse à l’œil nu est vu plein de creux et de bosses au microscope électronique. Un nuage semble avoir un contour net dans le ciel, mais en s’approchant, sa limite n’est pas mesurable et devient floue.

Où est le contour de l’arbre qui bouge dans le vent ? De la goutte d’encre qui se dilue dans un verre d’eau ? Où est la limite de votre corps quand vous fermez les yeux? Où est la limite de votre émotion ?

Si on regarde un corps humain, c’est un vrai empilement de poupées russes : il y a la limite de son contour bien sûr, mais à l’intérieur, il y a une multitude d’autres limites, celles des organes, des cellules, des molécules, jusqu’à la limite de notre entendement. 

La limite du corps est le lieu de l’intrication des éléments qui permettent la continuité de cet organisme ou sa disparition : manque d’oxygène, excès de glucose, etc. Nous sommes inséparables de notre environnement. Il n’y a aucune exception.

La distinction n’est en aucun cas une étanchéité ni une séparation, elle ne coupe pas la relation des jeux de force qui s’équilibrent naturellement, ceux que l’on connaît et ceux que l’on ne connaît pas. Elle unit.

Le nœud central de l’humain, c’est de croire en la réalité d’une limite « moi » qui n’est pas la limite du corps.

Quelle est la limite de l’illimité ?

.../...

Q : J’ai une question sur le libre arbitre et le déterminisme. Tantôt j’ai l’impression d’être absolument libre, tantôt je me sens prédéterminé.

D : D’un point de vue absolu, personne n’a le moindre libre arbitre. Personne ne peut décider un acte à partir de lui-même en oubliant ce qui permet que cela soit. Dans le monde de tous les jours, ce n’est pas pathologique de penser par moments que c’est moi qui agit, de faire comme si nous avions un pouvoir, à la condition de ne pas être dupé par le mot « moi ». De toute façon, que l’on croie avoir le choix ou non ne change absolument rien au fait que l’on n’en a pas. C’est simplement une apparence.

Si quelqu’un se croit séparé et à l’origine de ses décisions, ça ne changera rien à la réalité. Ce n’est pas un problème s’il ne cherche rien au niveau spirituel. Il sera tou- jours en état de manque, conscient ou pas, qu’il tentera de combler, quitte à imaginer une vie future meilleure. Ceci est exactement ce qui apparaît.

Mais pour le chercheur spirituel, c’est un obstacle de croire que ce corps est à l’origine de l’acte. Car alors vous ne pourrez jamais vous désidentifier du faux moi-séparé, et vivre la vraie liberté, celle qui est sans intention de gain et sans crainte de perdre, celle qui rend esclave parfait de l’instant. Se croire séparé est une négation absolue de ce qui permet que nous soyons. C’est le refus de l’évidence qui nous emprisonne.

Je vois deux façons d’envisager la prédétermination. Certains disent « tout est écrit », mais de mon expérience cette phrase est dangereuse, car elle entretient le doute : « Qui a écrit et pourquoi ? »

Je le formulerai autrement même si le résultat est le même : ce qui va arriver va arriver. Cela, personne ne peut le nier.