Silencieusement, Cela apparaît...
Quand on le réalise, c'est vaste et sans limite ;
Dans son Essence, c'est la pure conscience,
Tout émerveillée devant ce reflet pur...
L'émerveillement infini permet cette sérénité ;
Dans cette illumination,
tout effort intentionnel disparaît.
Le silence est le mot de la fin.
Le reflet est la réponse à toute manifestation.
Dépourvue de quelque effort que ce soit,
Cette réponse est naturelle et spontanée...
La vérité de l'illumination silencieuse est parfaite et complète.
Hung Chih
L'auteure s'attache à faire la lumière sur l'intime relation qui existe entre mourir, la pratique de la contemplation, et l'épanouissement spirituel. Ce livre offre une vision significative des dimensions subtiles et des transformations profondes que nous traversons quand nous sommes proches de la mort.
Quand nous regardons dans ce « miroir » que nous offre le processus de fin de vie, nous obtenons une image plus claire de nous-mêmes et de toutes les possibilités inhérentes à la conscience humaine.
En nous révélant les niveaux de conscience qui transcendent la conscience personnelle, cet ouvrage permet de comprendre que l'approche de la mort est un processus naturel d'éveil à notre nature véritable. Il nous indique comment nous nous reconnectons à l'Êtreté d'où nous sommes issus.
Après avoir côtoyé des centaines de mourants, l'auteure observe que la fin de vie a pour effet de modifier notre perception en la faisant passer du drame à l'expérience de la grâce. Dans la dissolution qui a lieu à ce moment-là, nous dépassons le sens personnel du Moi, et les illusions d'un mental ordinaire. En soi, l'opportunité de l'imminence de la mort semble posséder les potentialités d'une démarche spirituelle.
En approfondissant notre connaissance du voyage humain dans sa globalité - de la naissance à la mort -, nous renforçons notre capacité à vivre plus pleinement, plus librement. Grâce à cette expansion de notre horizon, nous entrons dans des dimensions qui permettent à notre être de s'ouvrir à ce qui est avec moins d'artifices et plus de simplicité d'être, avec moins de frivolité et plus de joie, avec moins de souffrance et plus de gratitude.
« Un livre profond et émouvant - dont nous avons tant besoin. » Ken Wilber.
© Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel :
La conscience une
Les oiseaux ont disparu dans le ciel,
Et maintenant, le dernier nuage se dissout.
Nous nous asseyons, la montagne et moi,
Jusqu’à ce que seule la montagne demeure.
LiPo
Peu à peu, nous comprenons qu’il ne s’agit pas d’une vitre,
mais d’un miroir, que le divin que nous contemplons est notre
moi. Dans notre nature individualisée, nous voyons notre
nature essentielle. C’est l’émergence de la conscience une. Isaac
l’aveugle, l’un des tout premiers mystiques juifs, appelait ce
niveau, situé bien au-delà de la compréhension rationnelle, deus
absconditus, Dieu caché dans le soi, dans les profondeurs du
néant, « ce que la raison est impuissante à concevoir ».Dans notre conscience, dans notre identité, dans notre connaissance, nous étions déjà devenus celui qui voit, le témoin transpersonnel. Maintenant, à travers cette présence silencieuse, nous pressentons qu’il n’y a aucune différence entre « celui qui voit », le scénariste, et la scène. Nous découvrons qu’il n’y a jamais l’un sans l’autre. Seule subsiste la conscience. C’est elle qui est derrière tout, en tant que rayonnement naturel de l’êtreté. Et nous reconnaissons qu’il en a toujours été ainsi. La conscience est une réalité ancienne, non née, et qui jamais ne mourra. Notre sens séparé du moi finit par totalement détendre ses contractions. Nous effaçons la parenthèse que nous avions dessinée au cœur de l’infinitude à jamais présente de l’esprit.
Dans la tradition de l’islam, on fait référence à la conscience en tant qu’identité suprême. c’est la même conscience qui a marché sur Terre dans chacun des ancêtres dont nous sommes le fruit, et la même identité qui marchera sur Terre dans chacun des descendants à qui notre graine donnera vie. Elle n’est jamais née et ne mourra jamais, elle est vacuité et plénitude, un et multitude. L’âme est alors remplacée par l’esprit.
Une fois atteint ce niveau de conscience, la tradition nous dit que notre sens de l’identité se répand dans tout. La réalité est reçue, ou nous pénètre, de la manière la plus pure et directe qui soit. Quand le sens du moi se dissout complètement, le premier dualisme en fait autant. Avec la conscience qu’il n’y a aucune dif- férence, aucune limite, entre l’expérience et l’experiencer (celui qui fait l’expérience), commence l’étape de réalisation la plus élevée, l’actualisation intégrale dans l’êtreté – la conscience une. Avec la dissolution de la première limite, notre sens de l’identité englobe tout. À ce niveau d’unité ultime, nous ne sommes plus un moi face à la réalité, mais, comme le dit Wilber, « nous devenons la réalité ». La contemplation de cet état de conscience rarissime, loin de l’état dans lequel la majorité d’entre nous traversent la grande partie de notre existence, est stupéfiante.
Notre esprit s’ouvre sur l’extraordinaire et vaste nature de l’êtreté, vide et pleine, complètement inimaginable et inexpressible. Dans cette dimension plus subtile, toutes nos conceptualisations, à propos de notre identité et de la réalité, se dissolvent, comme un nuage de fumée balayé par le vent. En fait, le mot sanskrit nirvana veut dire « extinction ». C’est l’état inconditionnel où ignorance et désir s’éteignent tous les deux.
Notre nature même n’est en aucun cas autre que l’état d’être appelé : bouddhéité, Tao, Brahman, Dieu, la nature même de la réalité. Elle est non duelle : ni un, ni deux, simultanément interpénétrés.
Ici, ce qui nous est révélé, ce qui est connu, ce qu’en vérité nous sommes devenus, c’est, comme Sogyal Rinpoché le dit : "La nature de notre esprit est semblable au ciel. Complètement ouvert, libre, sans limite ; il est fondamentalement si simple et si naturel qu’il ne peut jamais être compliqué, corrompu ni maculé... C’est simplement l’immaculé qui se regarde."
Voilà l’expérience que je suis portée à croire que chacun fait quand nous entrons dans la mort : l’immaculé se regarde, tout simplement.
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En fait, quand tout se dissout, nous revenons à notre état originel. tout est dénoué : le corps et l’esprit, les liens entre un niveau de manifestation et un autre, incluant les liens entre le champ énergétique et le système nerveux, et les liens qui ancrent la force vitale au plan physique. Quand tout cela meurt, les émotions, les désirs, les dualismes, toutes les structures précédentes de l’identité meurent également. Cela crée une ouverture. Le sens de solidité corporelle se dissout. Les Tibétains appellent cet intervalle particulier le « bardo de la fin de vie » et le reconnaissent en tant que moment le plus profond dans la vie d’un être humain, le moment où l’opportunité spirituelle est la plus importante. Cet intervalle est comme une fenêtre ouvrant sur la révélation de la nature immaculée de la réalité qui est pure, rayonnante, simple, entière. C’est dans cette ouverture que notre véritable nature nous est révélée.