mardi 30 septembre 2014

• Voir cela, c'est la libération - Armelle


L'invitation est toujours la même — regarder ensemble à notre expérience directe et découvrir que ce que nous sommes est à jamais libre, sans limite ni définition aucune. Il n'y a rien à rechercher, juste reconnaître ce qui est, avant l'émergence des pensées ou des perceptions. En regardant ensemble à tout ce qui émerge dans la conscience, et rediriger l'attention sur ce qui est toujours ici,  nous en venons à voir que nous sommes toujours ici — avant l'apparition de l'univers, avant l'émergence d'un "je"séparé. Nous sommes à jamais libre et intouché. Au travers de cette observation, toutes les croyances concernant ce que nous pensions être tombent et notre véritable nature — la pure conscience — est évidente et remplace l'idée d'être une personne dans le temps et l'espace. Voir cela, c'est la libération.

Ceci est une opportunité de poser des questions sincères et d'explorer toutes les croyances ou idées qui semblent nous rendre inconscientde ce que nous sommes.



Le site d'Armelle : Rencontre en Présence
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mercredi 17 septembre 2014

• Le chaos et l'ivresse - Alain Brunache


Dans cette publication composée de textes courts à caractère méditatif, les mots au-delà des mots font résonner la profondeur du lecteur.
Omniprésente, l’âme de la non-dualité jaillit, tant dans son expression contemporaine que dans l’esprit traditionnel de l’Advaïta Vedanta.

La première image que je garde d’Alain est celle d’un percussionniste littéralement habité, en communion avec ses tambours que son jeu transmuait en véhicule de transe. Puis, en visitant une maison qu’il avait magnifiquement refaite de ses mains, j’ai été touché de ses qualités d’artisan, de son goût, de sa patience et de son courage au labeur.
Et voilà qu’il utilise maintenant les mots pour exprimer cet essentiel qu’il appelle depuis longtemps. Ses mots sont simples, ils témoignent d’une profondeur qui ne lui appartient pas et peuvent, à ce titre, faire frémir la profondeur en chacun. Et surtout – le plus important à mes yeux - ils sont tolérants. Ni rigidité dans la tradition ni exaltation d’une approche ou d’une autre, pas de crispation sur une posture présentée comme finale et obligatoire sous peine d’”erreur”. Ce sont des paroles d’honnête homme capable d’une rafraichissante innocence.

Gilles Farcet
  
© Extrait de l’ouvrage publié avec l'aimable accord des Éditions A.L.T.E.S.S.


Options

Maintenant, l’une ou l’autre des deux options suivantes opère en moi :
Soit l'inquiétude se hisse sur le trône, élaborant dans l’agitation un scénario sombre ou rose, tout aussi imaginaires l'un que l'autre. 
Soit je tombe dans « ce qui est » et ivre de Dieu, je jouis d'une infinie insouciance.

Maintenant

Quand l'objectif se dissipe, la disponibilité apparaît...

Polémique

Expérience immédiate, voie progressive,
Dieu extérieur, unité intérieure,
Intérêt ou pas pour la dimension psychologique,
Maître, pas de maître,
Pratique, non-pratique,
Faire, non-faire,
Approche intellectuelle ou expérientielle,
Voie de connaissance, d’action, dévotionnelle…

Les polémiques et guerres d'écoles ont toujours lieu au niveau des systèmes de représentations (façon personnelle de concevoir et ressentir les choses).
Chacun est investi d'un système de représentations unique.
Ce dernier est précieux. Il fait résonner la profondeur, donne une structure et participe à l’ouverture sur l'infini.
Cependant, la plupart du temps, j'ai tendance à faire une vérité de la forme spécifique de mes représentations et une confusion, une association non pertinente opère entre ma vision singulière du monde et le sentiment d'unité qui m'habite.
Quand l'unité que je vois en l'autre est première à ma perception de ses représentations, toute polémique tombe.
Je peux alors pleinement jouir de la fraternité, la bienveillance et l'amour qui emplissent mon cœur...


Absolue perfection

Vous êtes un pur joyau.
Vous êtes un pur joyau et vous en doutez.

C’est normal.
Ne vous a-t-on pas dit que vous deviez vous surpasser
pour mériter votre valeur ?

Réfléchissons…
Un diamant a-t-il un quelconque effort à faire
pour valoir ce qu'il vaut ?

Il en est de même pour vous.
Accordez-vous le droit d'être simplement ce que vous êtes,
et derrière vos apparentes disgrâces,
dans un grand soulagement,
vous constaterez votre absolue perfection.


Empathie

Quand il vous est donné de tolérer la présence de votre souffrance, celle-ci vous enseigne l'empathie et la compassion.


Deux mondes

Deux mondes coexistent en moi, cohabitent…

Dans le premier,
les événements sont les effets de causes,
Ils se déroulent dans le temps dont l'existence est une évidence.
Dans le second,
Il n’est qu’un événement, celui qui se donne à goûter maintenant,
Et ne reste du temps qu'un point immédiat, éternel...

Dans le premier,
La réalité de la distance qui sépare les choses ne fait aucun doute.
Dans le second,
Il n'est nul ailleurs que l'endroit du sujet qui perçoit.

Dans le premier,
L'existence de l'autre, distinct, est certitude.
Dans le second,
Rien n'est autre que "je suis".

Dans le premier,
Le danger est une menace réelle, concrète, dont je dois me protéger.
Dans le second,
La confiance "est".


Le doigt de Dieu

Le mental est le doigt de Dieu qui m’écarte de la source pour parfaire ma soif.


Jeu (à faire ou à ne pas faire)
« Ce qui voit »

Dans un état d'esprit ou vous tentez d'oublier tout ce que vous savez, prenez un temps pour vous poser et laisser choir vos préoccupations du moment…

Puis, posez votre attention sur un objet à proximité de vous.
Soyez transparent à sa présence, c’est-à-dire, laissez le venir à vous sans lui attribuer son nom connu ni poser un jugement à son égard.

Accordez-lui le droit d'être ce qu'il est comme si vous ne saviez rien à son sujet et étiez doté d'une totale bienveillance face à l'inconnu qu'il représente.
Laissez-vous toucher...

Expérimentez maintenant avec un autre objet cette même disponibilité de cœur qui n'attribue aucune représentation.
Laissez-vous toucher...

Enfin, tournez votre attention vers ce, qui en vous, perçoit ces objet et laissez-vous ressentir...


Vertige

Et si, tout de suite, je désinvestissais mes attentes et me laissais tomber en vertige et en confiance...


Amoureuse


Ne vous inquiétez pas.
Au-delà d'apparences souvent trompeuses, tout, absolument tout ce qui vous arrive est sous-tendu par une bienveillance amoureuse, vous invitant, jusque dans ses moindres frémissements, à vous retrouver chez vous.


Le temps

Mon cœur en est le maître…

Quand la crainte me prend,
Passé et futur apparaissent,
Avec une saisissante réalité.

Quand je tombe en confiance,
Le temps disparait,
Et j'habite une gratitude,
Sans commencement ni fin.


Tendresse


Quand la tendresse se lève à l'égard de ce que je suis. Quand je ne résiste plus à mes imperfections, à mes insuffisances, mon cœur devient léger et un insoupçonnable élan d'accueil laisse l'autre me pénétrer. Débordant d'amour, je disparais alors dans la volupté d'une infinie perméabilité.


Visiter le site L'Aventure Non-Duelle d'Alain Brunache, ainsi que son blog.

mardi 16 septembre 2014

• Petits cailloux sur le chemin - François Malespine



Qu’est-ce qu’un chemin spirituel ? C’est ce qui transforme le caillou dans la chaussure en caillou du Petit Poucet. Encore faut-il voir, et reconnaître que nous nous sommes perdus. Encore faut-il découvrir que le caillou dans la chaussure et le caillou du Petit Poucet sont un unique et même caillou.
Question de regard.De ce changement de regard radical dépend que notre vie devienne d’instant en instant, telle qu’elle est, la grâce par laquelle nous pouvons sortir de l’addiction à la sensation moi, origine de tant de souffrances, pour nous-mêmes et le monde. Ce chemin n’est pas un chemin de frustration, pas plus qu’il n’est une recherche effrénée de sensations nouvelles et de bonheurs consommables. C’est un regard toujours plus profond sur l’intériorité, une connaissance qui nous fait perdre une à une toutes les images que nous avons de nous-mêmes, toutes nos croyances et nos savoirs, pour nous faire toucher à ce que nous sommes vraiment.Ce livre parle du cheminement spirituel, des pas sur la route, de certains paysages rencontrés. Il n’est pas le témoignage d’un sage ou d’un éveillé, mais celui d’un pèlerin en chemin, comme tout être en ce monde, vers l’Origine qu’il Est.
François Malespine grandit dans une famille d’artistes-peintres. Après les Beaux-Arts il se forme au tissage artisanal. Il effectue ensuite deux voyages en Inde. Puis il enseigne les arts en collège et en lycée, et expose en France et aux Etats-Unis. Actuellement il exerce son métier de peintre dans le Sud-Ouest.
Voici le 4e livre de François Malespine aux Editions L’Originel, après Mal d’égo, Bonheur d’êtrePratique de l’éveil ordinaire, et Voir.


Avant-Propos et extrait de l'ouvrage publié avec l'aimable accord des Éditions Charles Antoni - L'Originel


Avant-propos


Plus les années passent, plus je trouve que la vie est belle et heureuse - ce qui ne fut pas toujours le cas. Belle et heureuse selon qui, en nous, la vit, il serait même plus juste de dire selon quoi, en nous, la vit.

Je n’ai pas trouvé de baguette magique, sinon au cœur de mon cœur. Et ce changement de vision rend au monde, ici et maintenant, d’instant en instant, son vrai visage, sa vraie lumière.

Aujourd’hui, à quelques exceptions remarquables près, les chansons, le cinéma, l’art en général, aiment à exprimer le morbide ou le sadique, et plus généralement la culture du moi dans l’excrétion d’un psychisme douloureux. Si c’est regrettable, c’est surtout le signe d’une perte de transmission d’une connaissance qui a traversé toutes les cultures à un moment ou à un autre, avec dans toutes, des témoins qui font naître en nous la nostalgie de ce que nous sommes et dont nous nous sommes coupés.

Aussi, dans ce livre comme dans les autres, je veux affirmer que c’est vrai : le chemin spirituel n’a rien d’une croyance, il est vérification instant après instant, au cœur d’une vision claire, sans rêve, les deux pieds dans l’ici et maintenant. Il fut un temps où je rêvais sur l’éveil, aujourd’hui je veux partager la beauté de la route. Je ne rêve plus. Quand cela se produira-t-il ? Cela ne m’intéresse absolument pas. Être présent au réel, à la vie telle qu’elle m’est donnée, la laisser dissoudre cette curieuse sensation moi, close sur elle-même, voilà ce que je veux partager avec vous. Car cette sensation, nous l’avons tous en commun, quelle que soit notre race, notre âge, notre situation sociale, nos centres d’intérêt. Enquêter sur elle c’est découvrir le chemin, le but, et voir la cause de la souffrance du monde depuis son commencement. Aucune inquiétude, cela ne remet pas en cause cette vie que nous aimons. Simplement cela la rend à elle-même dans sa résonance divine.

Ici pas de rêves, pas de demain, plus tard, tout se joue dans l’instant, tel qu’il apparaît.



Le chemin

  
Qu’est-ce qu’un chemin spirituel ?

C’est ce qui transforme le caillou dans la chaussure en cailloux du Petit Poucet. Encore faut-il voir et reconnaître que nous nous sommes perdus. Encore faut-il découvrir que le caillou dans la chaussure et celui du Petit Poucet sont un unique et même caillou.
Question de regard.

L’Amour et le chemin

Mon cœur est devenu capable d’accueillir toute forme.

Il est pâturage pour gazelles
Et abbaye pour moines !

Il est un temple pour idoles
Et la Ka’ba pour qui en fait le tour,
Il est les tables de la Thora
Et aussi les feuillets du Coran !

La religion que je professe
Est celle de l’Amour.
Partout où ses montures se tournent
L’amour est ma religion et ma foi.

Ibn Arabi

Un chemin authentique comporte en son centre immobile une qualité : l’Amour. 

Ce mot est souvent un vrai fourre-tout. Il va du : « j’aime le jambon et la saucisse, j’aime le jambon quand il est bon, mais je préfère le lait de ma nourrice … » de la chanson, au je t’aime transi des relations amoureuses, jusqu’au :

« A travers l’amour, J’ai atteint un lieu
Où nulle trace d’amour ne subsiste,
Où Je et Nous et le tableau de l’existence
Ont été oubliés et mis de côté. »

Dont témoigne  Soufi Javad Nurbakhsh 1926-2008.

Ainsi soufi Javad Nurbakhsh comme Ibn Arabi nous parlent d’un Amour que nous ne connaissons pas, un Amour au cœur duquel moi a totalement disparu, où « je et nous et le tableau de l’existence ont été oubliés et mis de côté » afin qu’il ne reste qu’une seule chose : l’état d’Amour. Et lorsque cet état est atteint, « nulle trace d’amour ne subsiste ». Car pour qu’une trace d’Amour subsiste il faut qu’il y ait quelqu’un pour dire : «  j’aime ».

L’amour tel que nous le connaissons est toujours amour d’un objet, que ce soit une magnifique voiture, un collier de perle, une œuvre, un homme ou une femme. Comment cela se fait-il ? Simplement parce que cet amour prend sa source dans le j’aime, je n’aime pas de chacun. Ce j’aime, je n’aime pas, est le fruit de toutes sortes d’influences et d’une certaine façon d’avoir pris chaque événement survenu depuis notre  naissance.

Comment passer de cet amour égocentré à l’état d’Amour ? Quel outil avons-nous à notre disposition ?

Celui-là-même qui nous en sépare : notre amour égocentré.

Si nous le voulons il peut devenir un chemin, car il est un miroir dans lequel nous pouvons nous voir, apprendre à nous connaître, et voyant ce que nous sommes, apprendre à voir, à comprendre, et à aimer l’autre tel qu’il est. Nous ne sommes pas victime de ce fonctionnement égocentré, nous en sommes l’auteur, la cause. C’est nous qui fermons les yeux. Il n’y a là aucune malédiction. Mais à force d’avancer en aveugle, de nous cogner, de tout renverser sur notre passage, de nous blesser et de blesser, un jour nous ouvrons un peu les yeux et découvrons ce que nous sommes. Nous voyons que ce n’est pas en rêvant d’aimer que nous aimons, mais en voyant la nature et la source de ce que nous appelons aujourd’hui aimer, qu’un chemin vers aimer prend forme.

Lorsqu’on écoute ou lit des sages, nous comprenons que l’Amour dont ils parlent est à l’antipode du nôtre. Pour nous, aimer est une acquisition, un avoir, même s’il s’agit d’un être humain. L’Amour dont les sages témoignent est simplement la manifestation de la disparition en eux de ce qui, en nous, dit : moi.

Certains maîtres hésitent même à utiliser le mot Amour. Ainsi maître Eckhart, que nous retrouverons souvent dans ce livre, nous dit ; 

« [...] je loue le détachement plus que l’amour parce que l’amour me force à souffrir toutes choses pour Dieu,       alors que le détachement me porte à n’être accessible qu’à Dieu. Or que le détachement ne soit accessible qu’à Dieu, je le prouve ainsi : ce qui doit être accueilli doit être                accueilli dans quelque chose. Or le détachement est si proche du néant que rien n’est assez subtil pour trouver place dans le détachement, sinon Dieu seul. »

Et Amma, dont la renommée aujourd’hui n’est plus à faire, tout en utilisant le mot Amour, en donne une telle définition que notre façon d’aimer a bien du mal à s’y reconnaître !

« Quand l’amour devient l’Amour Divin, la compassion emplit elle aussi le cœur. L’amour est un sentiment intérieur et la compassion est la manifestation de votre intérêt sincère, venant du coeur, envers quelqu’un, un être humain qui souffre. Il y a amour et Amour. Vous aimez votre famille mais n’aimez pas votre voisin. Vous aimez votre fils ou votre fille, mais vous n’aimez pas tous les enfants. Vous aimez votre père et votre mère, mais n’aimez pas les autres de la même façon. Vous aimez votre religion, mais n’aimez pas toutes les religions. Il se peut même que vous éprouviez de l’aversion envers les adeptes d’autres croyances. De même, vous aimez votre pays mais pas tous les pays et peut-être avez-vous de l’animosité envers d’autres peuples. Il ne s’agit donc pas d’un amour véritable. Ce n’est qu’un amour limité. La transformation de cet amour limité en Amour Divin est le but de la spiritualité. C’est dans la plénitude de l’Amour que s’épanouit la fleur merveilleuse et parfumée de la compassion.

Quand les entraves disparaissent - l’ego, la peur, le sentiment de la différence - vous ne pouvez qu’aimer et cet amour-là n’attend rien en retour. Vous ne vous préoccupez pas de recevoir quoi que ce soit, vous allez simplement avec le flot. Quiconque entre dans le fleuve d’Amour est baigné par ses eaux, qu’il s’agisse d’une personne en bonne santé ou d’un malade, d’un homme ou d’une femme, d’un riche ou d’un pauvre. Chacun peut y plonger autant de fois qu’il le désire. Que quelqu’un se baigne dans ses eaux ou non ne fait pour le fleuve d’Amour aucune différence. Qu’on le critique ou le maltraite, il n’y prête aucune attention, il se contente de couler. Quand cet Amour déborde et s’exprime à travers chaque parole et chaque acte, il est appelé compassion. C’est le but de la religion. Un être plein d’amour et de compassion a réalisé les véritables principes religieux.

Une personne compatissante ne voit pas les défauts d’autrui. Elle ne voit pas les faiblesses des gens. Elle ne fait pas de distinction entre bons et mauvais. Un être plein d’amour et de compassion ne peut pas tracer une frontière entre deux pays, deux croyances ou deux religions. Il n’a pas d’ego, donc pas de peur, de convoitise ou de passion ; il pardonne et oublie, c’est tout. La compassion est comme un passage. Tout le traverse. Rien ne peut y rester, car là où existent l’amour et la compassion véritables, il ne peut y avoir d’attachement. La compassion est l’Amour exprimé dans toute sa plénitude.  Voir et sentir la vie en toute chose, c’est cela l’Amour. Quand l’Amour remplit le coeur, on voit la vie vibrer dans et à travers l’ensemble de la création.

« La vie est Amour »  - c’est la leçon qu’enseigne la religion. La vie est ici. La vie est partout. Il n’y a que la vie. Donc, l’Amour, lui aussi, est partout. Là où il y a la vie, il y a l’Amour et vice-versa. La vie et l’Amour ne sont pas deux, ils sont un. Mais on continue d’ignorer leur unité jusqu’à ce qu’on parvienne à la réalisation.    

D’ici là, la séparation entre le cœur et l’intellect persiste. L’intellect seul ne suffit pas. Pour atteindre la perfection, la plénitude de la vie, il faut un coeur empli d’amour et de compassion. La connaissance de cette vérité est le seul but de la religion et des pratiques religieuses. Nous vivons une époque dominée par l’intellect et la raison, une époque scientifique. Nous avons oublié les sentiments fragiles du cœur. L’expression usuelle, commune au monde entier est : « Je suis tombé amoureux. » Oui, nous sommes « tombés » dans un amour enraciné dans l’égoïsme et le matérialisme. Nous sommes incapables de nous élever et de nous éveiller dans l’amour. Si nous devons tomber, que ce soit de la tête vers le cœur. La religion nous propose de nous élever dans l’Amour. »

Amma

Maître Eckhart nous dit :

« Or le détachement est si proche du néant que rien n’est assez subtil pour trouver place dans le détachement, sinon Dieu seul. »

Et Amma :

« Quand l’amour devient l’Amour Divin [...] Rien ne peut y rester, car là où existent l’Amour et la compassion véritables, il ne peut y avoir d’attachement »

Si nous sommes honnêtes, nous reconnaissons que nous avons toutes sortes de bonnes raisons de ne pas aimer. Certains êtres ne sont pas, à nos yeux, aimables. Certains êtres ne sont même pas dignes d’être entendus. Donnez un texte de droite à un homme de gauche, et vice versa, bien peu le liront jusqu’au bout. Observez l’assemblée nationale et vous comprendrez le bourbier duquel nous devons chacun, chacune, sortir, si nous voulons un monde fondé sur l’Amour

Si nous n’aimons pas, c’est toujours la faute de l’autre. Certaines situations sont particulièrement propices à cette prise de conscience. La vie en couple est un merveilleux creuset pour le découvrir. Pourtant certains êtres basculent un jour, souvent dans des conditions tragiques, dans un tout autre vécu. Ainsi Etty Hillesum écrit  en camp de déportation :

« […] Mais pour ma part, je ne cesse de faire cette expérience intérieure : il n’existe aucun lien de causalité entre le comportement des gens et l’amour qu’on éprouve pour eux. »

Comment nous situons-nous en recevant un tel message : nous laissons-nous une nouvelle fois baigner dans un éblouissement facile : « Quelle merveille !!! »
Ou cette phrase nous met-elle dans la vision de ce que nous sommes et simultanément dans l’espérance inouïe qu’elle peut devenir notre vécu ?

Se grave-t-elle en nous de façon indélébile, nous mettant dans l’incapacité de nous faire prendre à nouveau par un mental qui adore s’éblouir afin de ne pas se voir quand c’est à son tour de tenter de vivre cela.

Chacun trouve que l’autre ne l’aime pas et en souffre, très peu souffrent véritablement de ne pas être capables d’aimer.
La recherche spirituelle se situe hors de la notion de cause et d’effet, en démasquant l’irréalité de ce qui ne peut exister que par la notion de cause et d’effet. Et cette mise en question de la notion de cause et d’effet survient en grande partie à partir du désir de voir la souffrance cesser, pour soi d’abord, et un jour, pour l’autre aussi. La recherche spirituelle met en question de façon radicale, non la vie sous ses différentes formes et expressions, mais la vie vécue à partir de la sensation moi.

L’Amour, lui aussi, se situe hors de la notion de cause et d’effet car le véritable Amour participe de la nature de l’Être, Je suis. Il est sans relation. Simple fleuve comme dit Amma, dans lequel nous pouvons ou non entrer. Encore faut-il voir de quoi il s’agit. Voir est la nature de la Conscience, du fait d’être. Voir c’est entrer en Conscience.

Ainsi l’Amour est-t-il bien loin du « je t’aime » de la femme ou de l’homme amoureux. En avoir ne serait-ce que l’intuition est le résultat d’un vrai chemin. Or un vrai chemin est fondé sur la sincérité.

Auprès d’Amma nous disons tous avec ferveur :

« Om LoKah Samastah Sukhino Bhavantu »

Ce qui signifie :

« Puissent tous les êtres être heureux »

Mais lorsque nous disons cela, sommes-nous sincères ?