samedi 30 avril 2022
• Ce que nous sommes est en amont du mental et de tout le perçu - Marion
vendredi 29 avril 2022
• Je suis et je demeure "ce qui est" - Siddharameshwar Maharaj
La conscience et l'absolu ne sont qu'Un.
Tous les doutes doivent se consumer par la compréhension que l’on est le Soi.
mercredi 27 avril 2022
• La neige s’amoncelle sur le plateau d’argent - Françoise Lesage
Ce livre répond à la question suivante : quand les temps sont durs, et que les ressources deviennent rares, comment rester concentré sur la dimension spirituelle de notre vie ? Comment maintenir l’harmonie avec les autres ?
Se concentrer sur l’essentiel, partager avec les autres les précieux aliments, voici en peu de mots le cœur de l’enseignement de Fuyo Dokai. Ce moine zen de la Chine médiévale, pour avoir refusé les honneurs de l’Empereur, fut obligé de se cacher dans les montagnes arides. Bientôt entouré par une communauté grandissante de disciples, il résolut de garantir l’autonomie et l’harmonie au sein de cette microsociété. Ce maître charismatique écrivit alors le Gion Shogi, les règles authentiques de la transmission, traité où se lit l’évocation d’une sagesse sauvage.
Les propos de Françoise Lesage actualisent ce texte dans le contexte de notre société. Enseignante zen de longue date, elle fait émerger la profondeur du Gion Shogi, tout en ajoutant une note complémentaire. Face au moine sauvage de la Chine médiévale, se tient une nonne qui pratique le Zen depuis 43 ans.
Extrait publié avec l'aimable accord des Édtions L'Originel - Charles Antoni :
Obscurité et lumière
Je cache la clarté quand approche l’obscurité, et l’obscurité quand approche la clarté, et quand elle vient des quatre coins et des huit directions de l’espace je l’attaque comme un vent furieux, et quand elle quitte le ciel vide je la chasse avec un balai : ding, ding, ding...
Lumière et obscurité ! Une expression des plus commune de la dualité : lumière, on pense illumination, et obscurité, celle de notre ignorance. Oui mais voilà, assis en zazen nous sommes entrés dans la chambre du maître, dans la non-séparation. Et il existe d’autres compréhensions de cette dualité. La lumière, c’est aussi ce qui permet les discriminations, ce qui fait voir toutes les différences. Dans la lumière-vigilance, on voit tous les détails, et alors comment ne rien distinguer, opposer !
L’obscurité, elle, efface toutes les différences, efface nos certitudes, on ne reconnaît plus rien. Tout est unifié dans l’obscurité. Lumière, obscurité, les deux faces de l’unité, non opposées.
Un autre moine a écrit ce poème (Sekito dans le Sandokai) :
Obscurité et lumière se renvoient l’une à l’autre. Elles ne sont pas identiques mais se complètent. Dans l’obscurité, dans l’indifférenciation des choses, nous pouvons percevoir la lumière, l’unité. Finalement c’est discerner avec un autre sens que celui de la vue, développer une intuition profonde de ce qui nous entoure, là où il n’est pas utile de séparer, de juger, de classer. Dans la lumière ne regardons pas avec une vision lumineuse et là où les différences apparaissent ne créons pas de séparation. Dans l’obscurité, ne nous égarons pas dans une vision obscure et gardons le cap, celui qui nous a fait mettre en chemin, ne laissons pas la peur nous enfermer dans ses apparences. Osons frapper à la porte du maître.
La neige s’amoncelle sur le plateau d’argent, dans la lumière de la lune (Hokyozanmai de Tozan).
C’est un autre poème d’un grand maître : tous ces blancs paraissent semblables mais ils ne sont pas identiques. Toutes ces différences se marient harmonieusement. C’est cela ne pas regarder avec une vision lumineuse, voir ensemble et ne pas séparer, entrer dans le paysage, entrer dans le tableau !
Quand la clarté vient des quatre coins et des huit directions, je l’attaque comme un vent furieux, et quand elle quitte le ciel vide je la chasse avec un balai : ding, ding, ding.
Ce vent qui habite Fuyo Dokai dissipe toute classification, éparpille tous nos jugements, comme un grand coup de balai, dissipe toutes nos illusions, nos discriminations. Alors on peut entendre résonner le son clair de la connaissance dans cette apparente fureur.
Entrer dans la chambre du maître, c’est cela, renverser nos certitudes sans se déjuger, parce qu’il n’y a pas de jugement. Avancer dans l’inconnu obscur vers cette unité insaisissable, qui nous échappe comme le vent furieux. Perdre toute idée de maîtrise pour entrer simplement dans l’unité de soi et du monde. Là est la source de la Voie.
Chez le même Éditeur :
La réalité est un concept à géométrie variable, de Gilles Farcet :
Quand l’exercice de la rétrospective s’ancre dans le moment présent... Voici le témoignage du cheminement d’un être-heureux qui voit en quoi il ne sera jamais complet. Face à la vie, il ne reste que l’humilité devant l’inconnu.
Une question centrale de ce livre est la quête du bonheur. L’auteur se considère heureux, malgré les souffrances qu’il traverse en tant qu’être humain. Est-ce vraiment le bonheur ? Pas exactement, car le bonheur est un sentiment éphémère. Être heureux signifie se sentir vivre, respirer – sentir que la vie est plus grande que l’ego.
Le libre arbitre est une deuxième interrogation essentielle. Faut-il suivre les circonstances de la vie ou faut-il frayer son chemin à contre-courant ? L’auteur décide de suivre les circonstances et retrouve dans ce champ une capacité à orienter sa vie. «Une force le rappelle à l’intimité de son être – il habitait avec lui-même et en était positivement ravi. »
À l’issue de cette maturation spirituelle, l’auteur vit aujourd’hui à la campagne, entouré de gens qui l’écoutent et suivent ses conseils. Est-ce qu’il est éveillé ? Oui, au fait que l’être-heureux n’est pas un abri contre la morsure du monde. Quel conseil peut-il donner ? Se lever tous les matins, faire de son mieux, être soi-même, être naturel.
≈≈≈
Permaculteur et moine zen, Raimund Olbrich répond dans ces entretiens aux grandes questions de notre temps.
Face aux périls environnementaux, il propose une voie de simplicité et d’action, pour retrouver la maîtrise de nos activités et les rendre enfin porteuses de sens. Il s’agit de vivre proche de la nature en assumant la responsabilité actuelle de l’homme : régénérer le vivant. Sa longue expérience de la méditation donne à ses réflexions une originalité et une profondeur d’une rare justesse. Parce que le monde extérieur est un reflet de notre monde intérieur, l’auteur propose un retour à la terre qui ne se limite pas à la seule dimension matérielle. Ces paroles expriment qu’en dépit des apparences, la crise n’est pas inéluctable mais l’occasion pour chacun de mettre en œuvre ici et maintenant des changements libérateurs.
vendredi 22 avril 2022
- Ignorez l’ombre qui vous prolonge - Jean-Marc Mantel
Nous vivons le monde comme une réalité indéniable, et ne mettons que rarement en cause nos systèmes de croyances. La souffrance et l’insatisfaction, à condition qu’elles ne soient pas projetées sur "les autres", sont un bon moteur de remise en cause.
Lorsque nous sortons d’un rêve, nous savons avoir rêvé, et ne donnons que peu de prise au contenu du rêve. Par contre, dans notre quotidien, cette distanciation est difficile, voire impossible. Consacrer un ouvrage au "Mirage du moi", c’est questionner la réalité de notre identité, telle qu’elle nous a été dictée par nos parents et notre éducation. La conscience d’un univers mental projeté peut alors s’éveiller, et la question du spectateur aussi. Qui donc en est le connaisseur ?
C’est à une telle investigation qu’amène Jean-Marc Mantel dans les nombreux échanges qui constituent ce livre. En partant de la périphérie, on a toujours la possibilité de revenir au centre, là où le vent n’est pas, le vent des pensées, des croyances et des opinions.
Une liberté se révèle alors, liberté par rapport à notre propre mental, aux émotions qu’il suscite, et aux traces laissées dans le corps.
Soyons donc audacieux dans un questionnement ouvert et intuitif, qui ramène l’attention à son point de départ, avant même que le monde ne naisse.
À propos de l'auteur :
Jean-Marc Mantel a une formation de médecin psychiatre. Il a tout d’abord rencontré les enseignements de sagesse, sous la forme des écrits de Krishnamurti et Ramana Maharshi, avant de suivre l’enseignement de Jean Klein. Il a organisé de nombreux congrès sur des thèmes reliant la médecine et la spiritualité. Il s’est ensuite consacré à la sagesse non-duelle, au sujet de laquelle il a écrit de nombreux textes et ouvrages. Il anime des partages réguliers.
Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel :
L’absence de croyance, l’absence du personnage : le vide
Pour le mental, la perspective de la source, vide d’objet, est insupportable.
Insupportable pour qui ?
J’ai une perte de sens de tout. Plus de motivation, plus d’intuition. Je suis vide. L’ego a pris conscience de son impuissance, mais cela ne se révèle pas... Est-ce une étape que vous avez connue dans votre parcours ?
Non, je n’ai pas vraiment expérimenté cela. J’ai eu une confiance immédiate et totale dans ces enseignements. Et cette confiance ne m’a jamais quitté. Quand le vide est complètement accepté, il n’est nullement problématique.
*
Des actions se passent ou des pensées, mais rien ne se passe non plus. Un peu comme ce que tu dis quand tu parles d’un bol d’air dans de l’air.
Oui, le changement se déroule en toi. Mais le « toi » en est libre.
La Présence observe le corps qui va et vient, se meut dans ses activités. La Conscience ne bouge pas. Elle n’est pas véhiculée par la tête ou le cœur. C’est le contraire. Les yeux et le cœur sont une fenêtre à utiliser de l’extérieur par l’intérieur. Autrement dit, je ne regarde pas depuis les fenêtres des yeux ou du cœur. Les yeux et le cœur sont des portes d’entrée dans la vision, dans ce qui est, dans l’immuable présence.
Oui.
Une expérience commence par l’identification au corps. Je pense décider me lever et ranger une tasse. Lors du mouvement, il est constaté que JE n’a pas bougé. JE est resté à sa place, sans place, sans forme, sans limite. Et puis, l’expérience recommence avec la survenue du mental : « Tu as bougé (ton corps) et tu en as été inconsciente. » N’est-ce pas là tout le piège lors de ce dénuement de soi-même ? Le mental revenant, et voulant objectiver le Soi et le rendant acteur de ce dont il est en fait spectateur. Seule défense : comprendre et assimiler que ce qui est observé ne peut pas être Soi. Et que cette compréhension commence dans le mental et va s’éteindre dans l’indicible. Est-ce correct?
Oui, c’est correct ainsi.
Il est vu que l’espoir, le rêve d’obtenir un « éveil » est tout à fait contraire à la réalité. LA réalité est la nudité, la perte, le vide, et tant que cela est perçu comme vide et perte, le processus ne peut s’accomplir. Car reste encore le jugement que « je perds » quelque chose. Cependant, la douleur engendrée ne bloque pas le moins du monde ce qui est déjà. Simplement l’écran devient glissant. Une fois que l’écran transparent glisse, rien ne tient bien longtemps. Voilà l’analyse faite de ce vécu, et l’analyse reste encore une bouée qui permet de calmer les résistances qui sont de plus en plus visibles... Que diriez-vous, que corrigeriez-vous de tout cela ?
La perspective décrite est correcte. La neige de l’avalanche glisse, sans que la montagne elle-même n’en soit affectée. Il en est de même avec les projections mentales, qui n’engendrent nul changement dans la lumière qu’elles prolongent. Elles ne peuvent que s’effacer et se résorber en elle, substratum inchangé et inchangeable de toute manifestation.
En pareil cas, pourquoi le vide reste-t-il vide? Il est vide, absolument vide, et cela ressemble à la mort. C’est effrayant et c’est peu hospitalier. Dans le vide et ce qui EST, aucune perception de l’Amour. Le seul amour ressenti qui reste est celui habituel, individuel, dans les relations aux êtres vivants : animaux, humains.
Il n’y a de vide que par rapport au plein qui le perçoit. Si vous n’étiez pas le plein, comment pourriez-vous objectiver le vide ? Ne restez donc pas fixée sur ce qui est perçu. Tournez le regard vers ce qui regarde. La présence qui regarde est la source de tout amour. L’amour est, avant qu’il ne soit objectivé. Ne vous confondez pas avec l’objet. Vous en êtes l’éternel connaisseur.
Toujours revenir en amont, cet insaisissable Je, dont tout part. Serait-ce une sorte de porte ?
Une porte verticale, qui transcende l’espace-temps.
*
J’ai beau me poser mille questions, monologuer sur les explications de ceci ou de cela, invariablement me voici ramené à ce « Qui se pose des questions? », « Qui expérimente ceci ou cela ? »
C’est en effet la seule question qui ait le pouvoir de ramener l’attention vers cela qui est attentif.
Et quand on ne croit plus au chemin qu’a suivi notre personnage...
Voyez qu’il n’y a pas de chemin pour être ce que vous êtes déjà. Un chemin peut vous amener quelque part. Mais il ne peut vous amener à la non-localisation de ce que vous êtes.
Et quand on ne croit plus non plus à la volonté ?
Le non-vouloir est l’unique vouloir.
Chaque fois que je poursuis une idée, cela s’en va et cela me laisse avec rien.
Rien d’objectif. Vous êtes ce qui témoigne de cette absence d’objet.
Quel est donc le chemin? la voix de la confiance au sein de l’incertitude?
L’acceptation totale de l’incertitude est certitude.
Il n’y a que ce qui émerge, mais rien ne reste !
Rien d’objectif. Le sujet connaisseur est pourtant toujours là, identique à lui-même.
Je ne suis que passion pour résoudre l’énigme. Tout le reste est bien pâle à côté.
Laissez la passion s’éteindre, ainsi que l’idée qu’il y a quelque chose à chercher. Le chercheur est le cherché. Tout ce que vous n’êtes pas, n’est là que pour vous quitter : sensations, émotions, pensées, expériences, idées, concepts, opinions, croyances et jugements. Et l’absence de tout cela n’est là que pour vous quitter aussi, ne laissant que la réalité elle-même, qui ne peut se quitter.
*
D’après ce que j’ai pu comprendre, il n’y a pas d’un côté moi et de l’autre côté Dieu. Il n’y a pas de séparation dans la Conscience, puisqu’elle englobe tout. Peut-on s’adresser à Dieu, si tant est qu’il soit différent de ce que l’on est ?
Lorsqu’aucune réponse n’apparaît à une question, c’est qu’elle n’est pas correctement formulée, qu’elle répond à une peur et à un besoin de sécurité, et non à la confiance en l’essence de ce que nous sommes. À l’instant où vous renoncez au savoir, votre personnalité tout entière est soumise, abandonnée, vacante. C’est cette vacuité qui permet à la conscience de se révéler, dans sa pleine beauté. Une coupe pleine ne peut être remplie. En la vidant, une créativité nouvelle s’installe. L’acceptation du non-savoir est la réponse. L’action juste a besoin de votre absence pour se révéler. Comment pourrait-elle s’exprimer, si votre demande lui obstrue le chemin ? Lorsque votre demande est non-demande, la voie est alors libérée. La justesse s’affirme dans l’ouverture de l’être.
Comme dirait Maître Eckhart dans le sermon De la pauvreté : « L’homme pauvre ne veut rien. » Lorsqu’il n’y a plus d’attente, il n’y a plus de séparation avec la conscience. Et dans cette vacuité, tout est possible.
Oui, tout à fait. Face à une situation qui semble insoluble, c’est la clarté de la vacuité qui permet à la réponse de se manifester. Si le mental s’agite, la confusion se maintient, et la réponse déjà présente ne peut s’actualiser. Comment voulez-vous que la sculpture présente dans le bloc de granit puisse se révéler si tremble le ciseau du sculpteur ?
*
Le témoin, qui voit sans saisie, est-il un rêve ?
Le témoin du rêve est en dehors du rêve.
Si rien ne peut être saisi, le non-attachement est-il réel ou bien est-ce que je rêve encore ?
Le non-attachement signifie la non-saisie des phénomènes. L’écoute naturelle est ainsi. Elle contient, sans s’approprier.
Vous parliez de fascination pour le vide d’objet. Est-ce le senti- ment : « Ah, là, je suis bien, sans effort, autonome, libre », et le besoin d’être cela à chaque instant. Est-ce cela la fascination pour le vide d’objet ?
On parle ici d’une concentration résiduelle sur l’absence de pensée, d’un attachement subtil au vide laissé par l’absence d’objet, qui maintiennent une relation duelle entre un sujet qui perçoit et une absence objectivée. L’identification à un état est alors maintenue, donnant une impression d’aisance et de liberté, mais cette impression témoigne toujours d’une identification à un état localisé.
Est-ce la dernière fascination ?
Oui, car par-delà l’absence d’objet, ne règne que la présence pure, sans référence à l’objet ou à son absence.
Comment effacer cette manifestation ?
En détournant le regard du vide-objet et en le laissant se dis- soudre dans cela qui transcende l’absence.
Cette fascination est donc une peur. La peur de se retrouver sans localisation aucune.
On peut le dire ainsi.
Revenir à cela qui est conscient de cette peur la fait-elle se dis- soudre ? Ou voir cette peur comme un objet dans la conscience la fait-elle se dissoudre ?
Ce qui est conscient de la peur est en dehors de la peur. L’accent n’étant plus mis sur l’objet-peur, ne reste que la conscience-sujet.
*
« En l’absence du moi, il y a seulement la vie », dit Jean Klein. La non-dualité, avec Jean Klein, est une ouverture à la beauté. Pouvez-vous nous aider à comprendre cette formulation ?
Dans l’absence de vous-même, il y a présence, justesse, beauté. La beauté perçue n’est que le reflet de la beauté d’être. La beauté exprimée n’est que l’expression de la beauté d’être. Être est la source de toute beauté. Vous êtes beauté, avant d’être quelqu’un. Le quelqu’un prolonge la beauté, mais ne l’exprime qu’imparfaitement, tout comme le reflet du soleil n’exprime qu’imparfaite- ment la chaleur et la lumière du soleil.
J’ai du mal à comprendre votre formulation « laisser les choses vous regarder. »
Face à un tableau, le regard analytique est comme une extrusion de vous-même. Les yeux sortent de la tête pour pénétrer l’objet. Il y a une demande sous-jacente, une saisie. Lorsque le tableau vous regarde, ses formes, couleurs et vibrations vous pénètrent. Elles émergent dans votre regard et sont un avec lui. Il n’y a pas de distance. Dans cette absence de distance, il y a compréhension, illumination.
Enfin, je crois avoir « pris conscience » de n’être « rien » mais je ne ressens pas le sentiment de « plénitude », qui semble être le pendant de cette révélation.
N’être rien signifie n’être rien d’objectif. Cela pointe vers l’absence d’objet. Pour qu’il y ait reconnaissance de l’absence d’objet, il doit nécessairement y avoir une présence qui l’objective. Cette présence est vous-même, dans votre nature non- objective. Elle ne peut être vue, en tant qu’objet, mais seulement expérimentée, en tant qu’être, unité. Elle est plénitude. Le rien est l’ombre du plein. Si l’arbre observe l’ombre qui le prolonge, il s’identifie à elle et se coupe de sa plénitude naturelle. Lorsque le soleil est au zénith, dans l’absence d’ombre, il est en unité avec ce qu’il est. Rappelez-vous de ce que vous êtes, et ignorez l’ombre qui vous prolonge.