lundi 31 janvier 2011

• Inattentif à notre véritable nature - Adyashanti


Merci Isa pour la traduction !
Vu sur le nouveau blog Communification.

dimanche 30 janvier 2011

• Mon conseil du coeur - Longchen Rabjam

Quelles que soient les pensées qui surviennent, il est important de les fixer du regard. 

Lorsqu'on arrive ainsi à une claire compréhension de l'esprit, il est important d'y demeurer. 

Bien qu'il n'y ait rien à méditer, il est important de méditer de la sorte. 

Etre toujours attentif est mon conseil du coeur.

Longchen Rabjam

samedi 29 janvier 2011

• Aucun mot ne peut exprimer la joie de ce moment - Bassui Tokusho


N’essayez pas d'empêcher les pensées de surgir, et ne vous attachez pas à celles qui ont surgi. Laissez-les apparaître et disparaître comme elles veulent, ne les combattez pas.
Il suffit que vous vous demandiez de tout cœur et sans relâche : « Qu'est-ce que mon propre Esprit ? »
J'insiste là-dessus parce que je veux vous mener à la réalisation du Soi. Si vous persistez à essayer de comprendre avec l’intellect ce qui est au-delà du domaine de l’intellect, vous êtes condamné à atteindre une impasse totalement décevante. Mais allez plus loin. Assis, debout, au travail ou en dormant, sondez sans répit les profondeurs de votre « moi » avec la question « Qu'est-ce que mon propre Esprit ? » 
Ne craignez rien d'autre que de rater l’expérience de votre vraie nature. C'est ça la pratique zen.
Quand l'intensive interrogation enveloppera chaque millimètre de votre être et pénétrera au fin fond du fond, la question explosera soudain et la substance de l’esprit de Bouddha vous sera révélée exactement comme un miroir au fond d'une boîte offre son reflet une fois que la boîte est ouverte. La luminosité de cet esprit éclairera chaque coin d'un univers libre de toute imperfection... Aucun mot ne peut exprimer la joie de ce moment.

Bassui Tokusho (1327 - 1386)

vendredi 28 janvier 2011

• Un éveil soudain et un éveil graduel - Tosan Ryokan

Aujourd’hui existent

Un éveil soudain et un éveil graduel.

Des systèmes religieux apparaissent,

Et, pour cette raison, se divisent.

Aussitôt, ils en font des normes.

Que les religions qui suivent les normes,

L’appréhendent ou non,

La réalité, elle, poursuit son cours.


Extrait du Hôkyôzanmai
Le Recueillement accompli dit « Miroir précieux »




≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈≈

Poème de Ryokan
Demain ?
Le jour suivant ?
Qui sait ?
Nous sommes ivres
De ce jour même !


jeudi 27 janvier 2011

• Ma conscience se retira du paysage - François Malespine

Un jour, j'ai vu un paysage au travers d'une fenêtre ouverte comme je ne l'avais jamais vu. Tout à coup, ma conscience se retira du paysage et devint le vide de la fenêtre. Je n'étais plus conscient « de » mais simple conscience. Je n'étais plus « moi » mais simple « Je Suis ». Le paysage apparaissait sans rien qui puisse murmurer : « c'est moi qui regarde, c'est à moi que ceci apparaît ». En devenant le vide de la fenêtre, je devins intense présence à ce qui était perçu, sans qu'il y ait trace de jugement. A la place une intense conscience du niveau qualitatif de ce qui était observé. Dans ce type d'expérience, le «JE » qui regarde est sans localisation, sans histoire personnelle, sans sensation de commencement, de fin, ou de « temps ». Il est espace, vacuité, luminosité. Dans le livre « Sois » de Nisargadatta Maharaj, une expérience similaire est rapportée :
Visiteur: « Je perçois ici même une chose qui n'a ni forme ni couleur - l'espace de cette pièce - et en moi, je distingue un espace similaire et ce n'est pas l'oeil qui le voit. Cela ne relève pas du "corps-intellect».
Maharaj : « Exact. Fixez-vous à ce niveau, trouvez-y votre véritable identité. Cet espace est libre comme la lumière, comme l'air. Il n'a aucune forme, mais il est beaucoup plus subtil et réel que l'air et la lumière. Ne quittez pas ce niveau. Aucun effort n'est nécessaire pour parvenir à cette union avec la conscience qui se fait spontanément, mais un effort est nécessaire pour atteindre le niveau où l'on comprend véritablement que cela se produit sans effort ».

A partir de cet espace le monde (intérieur ou extérieur) est simplement vu. Cette conscience est non connectée mais intensément présente au « nom et à la forme ». Elle est vécue comme « source-mère » de toutes les formes manifestées, et de ce fait fondamentalement aimante. Pur « Je Suis », elle est présence numineuse, énergie à partir de laquelle, comme le dit Ramesh Balsekar « La Vie EST ». Tout apparaît et disparaît en son sein.

≈≈≈≈

Après cet éveil ordinaire, même si cet état n'est pas stabilisé, nous nous ressentons comme « espace » en lequel se déploie le manifesté sous la forme de l'individu que nous sommes, et sous la forme du monde. Nous assistons à l'apparition et à la disparition constante du vu, perçu, conceptualisé, de nos identifications (apparition et disparition du spectateur scotché au film et identifié au premier rôle). Nous commençons à devenir une personne, dans les deux sens de ce terme : être sans moi (je ne suis personne) et per sonare (sonner à travers). Il est alors clairement perçu que la réalisation de cette conscience impersonnelle totalement accomplie laissera l'incarnation vide de moi et libre de résonner du Divin.

Extraits choisis pour Éveil Impersonnel, tirés du livre Mal d'ego, Bonheur d'être, de François Malespine, publié aux Éditions Charles Antoni - l'Originel.

mercredi 26 janvier 2011

• Les stances sur la Reconnaissance

Vous trouverez sur ce second site de David Dubois, Le śivaïsme du Cachemire (en complément de La Vache Cosmique que beaucoup parmi vous consultent) quelques textes traduits du sanskrit. Comme il le précise lui-même, même si ce genre de lecture est difficile, voire laborieuse au début, elle offre un accès plus direct que les études ou essais "sur" le śivaïsme du Cachemire. Bien sûr, ces traductions ne sont que des essais. Outre les erreurs toujours possibles, elles incarnent une certaine interprétation, susceptible d'évoluer. Malgré tous ces défauts, il n'y a rien de plus précieux à offrir, sauf peut-être à écrire des livres plus personnels qui s'inspirent du śivaïsme du Cachemire

En voici un court extrait, tiré du Devîkâlottara Tantra : 


On dit que la conscience accompagnée du sens du "je suis" (asmitā)
Est une conscience partielle (sakala).
On dit que l'esprit dépourvu du sens du "je suis"
Est la conscience omnisciente et omnipotente.

L'univers est éclairé par cette lumière,
Comme dans la visualisation de la Puissance.
Elle est la connaissance intégrale,
Dépourvue de tout point de référence (sarva-ālamba-vinirmukta).

Elle est vide de l'aspect "je",
Elle est un regard non duel, de pure conscience,
Racine de la délivrance,
Mise en pratique (pravartaka) du yoga suprême.

On ne doit jamais rien visualiser
Que ce soient les roues, les canaux,
Les maṇḍalas avec leur syllabes-germes, leurs divinités et leurs lotus,
Tout ce qui à une couleurs comme le feu, etc.

En outre, l'ensemble des mantras, des concentrations,
Des contrôles du souffle, etc. ne sont que duperies.
On ne doit rien pratiquer de tout cela,
Si l'on aspire à la délivrance irrévocable.

Ici, il n'y a ni cérémonie d'adoration, ni prosternation (namaskāra),
Ni récitation ni visualisation.
L'objet connu est (ici) absolu.
Il n'y a donc rien à connaître (objectivement).

Pour ceux dont l'esprit se désintéresse de l'extérieur,
Les liens peuvent être défaits.
Si l'esprit extraverti est retourné,
Saches qu'il n'il n'habite plus dans le monde.

Ici, il n'y a ni intérieur ni extérieur,
Ni centre, ni périphérie (adhaḥ).
Délectes-toi dans ce qui assumes tous les aspects (ākāra)
Qui est sans aspects, qui ne peut être connu (que) par soi-même. 

mardi 25 janvier 2011

• L'amant de l’Absolu - Francis Lucille


QuestionBonjour Francis,

Certains enseignants affirment que l'illumination est une transition énergétique et que l'enquête sur le soi ou la méditation n’ont pas le pouvoir de libérer cette tension qui accompagne la croyance d’être une personne séparée. Ils disent que ce sont des voies qui vont jusqu’à renforcer le sentiment de séparation.
Qu’en pensez-vous ?

Francis LucilleIl y a en fait plusieurs voies.
L'une d'entre elles est l’Advaïta, c’est la voie classique des Rishis, d’Ashtavakra, Janaka, Gaudapada, Shankara, Ramana Maharshi, Atmananda Krishna Menon, Ramakrishna, Jean Klein, Robert Adams, Robert Linssen, Wolter Keers, parmi tant d’autres : elle consiste en l’écoute de la Vérité dans la présence physique du gourou, en l’enquête du Soi, utilisant la raison haute et la discrimination entre le réel et l’irréel, entre le Percevant et le perçu, et débouche ensuite sur la méditation qui culmine dans l’expérience du Soi.
C'est durant et à l’issue de cette étape que les résidus d'ignorance accumulés dans le corps sous la forme d'attitudes et de schémas dynamiques sont libérés. L'investigation conduit à des aperçus de la Vérité ; nous sommes laissés à chaque instant dans un état d'ouverture qui permet le relâchement des tensions chroniques et semi-conscientes qui perpétuent l'illusion d'être une entité séparée.
Une autre voie est celle du Bouddha, la voie directe, celle de l'Ecole de l'Eveil Soudain, la voie de Bodhidhama, Hui Neng, Huang Po, Hui Hai, Lin Tsi, Wei Wu Wei parmi d’autres : écoute du Dharma de la bouche même du maître, méditation en sa présence jusqu'au premier éveil à « notre visage originel », samadhi qui est suivi de beaucoup d'autres, en nombre aussi grand « qu'il y a de grains de sable sur les rives du Gange » (Huei Neng).
Chacune de ces reconnaissances instantanées de notre nature de Bouddha laisse le disciple dans un état d'ouverture qui permet le relâchement des tensions physiques liées à l'ignorance, jusqu'à ce que toute distinction entre le soi et le non-soi soit abolie.
Une autre voie encore est la voie christique : « je suis » est la voie, la Vérité et la Vie. Personne n’accède au Père (l'Absolu) sauf si ce n’est par le « je suis ». C'est la version chrétienne de la quête du soi qui mène à la « paix qui dépasse l’entendement », une paix dans laquelle on est « tranquille et l'on connaît celui qui " est " ». Dans cette paix, toutes les tensions du corps sont relâchées, le corps devient un « corps glorieux », un corps baptisé ou « christique » (c'est-à-dire oint, en grec ancien) par la lumière de la Présence.
Une autre voie est la voie du Soufi, la voie d'Hallaj, de Rûmî, Hafiz, Ibn Arabi, Sheikh Abd el Kader et beaucoup d'autres : il n’est rien si ce n’est Dieu.
Permettant au corps de se dissoudre dans Sa Présence, l’amant de l’Absolu s'abandonne au parfum de sa propre absence.
Il y a encore bien d'autres voies.
La clé qui les ouvre est l'Amour.

Francis

Traduit de l'anglais par Stéphane Badach et Francis Lucille.







samedi 22 janvier 2011

• Ce que vous avez cherché est déjà là - Nirmala


Andrea Young : Qu'est-ce que tu aurais d'important à leur dire à ceux qui nous écoutent et qui savent que cet entretien à quelque chose à voir avec la spiritualité ?  

Nirmala : Le message est très simple en réalité. La paix, l'amour et le bonheur que nous cherchons tous est déjà présent, constamment. C'est toujours là, en cet instant même, avant, pendant, et après toute recherche que vous entreprenez. Et c'est une merveilleuse nouvelle parce que vous n'avez qu'à vous reposer, vous pouvez simplement arrêter, être juste dans cette Vérité. En même temps, pour un chercheur spirituel, c'est une très mauvaise nouvelle, parce que lorsque vous comprenez que ce que vous avez cherché est déjà là, vous vous retrouvez sans emploi.

La "fiche de poste" de l'ego, c'est de ne rien faire, et ce n'est pas quelque chose que l'ego aime entendre. L'ego aime ce poste de chercheur spirituel. Ca lui donne une fonction. Ca amène tant de beauté, d'intensité et de drame dans la vie de chercher la Vérité. Alors se rendre compte que c'est déjà là, que c'est présent à chaque instant, ça peut être un choc. Mais en même temps c'est vraiment merveilleux parce que vous allez enfin vous reposer, enfin vous êtes dans la Vérité, que vous êtes, qui est amour.

Il serait plus juste de dire que la source de la paix, de l'amour et du bonheur est toujours présente parce que parfois elle se s'exprime avec une qualité de paix, parfois avec une qualité d'amour. C'est étrange, la source qui est la source de la paix, de l'amour, de la sagesse et du bonheur est en fait la source de toute chose. C'est ce qui rend le travail du chercheur encore plus dérisoire, puisque vous n'avez pas besoin "d'arracher" la paix de toutes les choses qui se présentent. Tout vient de la même source, pas besoin de se débarrasser de quoi que ce soit afin que cette source de paix soit reconnue.

Adrea : Alors dirais-tu que ton message ne s'adresse qu'aux chercheurs spirituels ?

Nirmala : Non, en réalité, ce message est pour tout le monde, en fait c'est une une grande bénédiction d'avoir la chance de ne pas passer par la case "chercheur spirituel". Vous n'avez pas à vivre toute cette identification et cette lutte. Si vous avez la chance d'entendre cette Vérité avant de vous mettre à sa recherche, ça vous épargne bien des problèmes. 

Andrea : Est-ce que cette Vérité n'est pas simplement Etre, juste l'état d'Etre ? Est-ce que ce n'est pas une sorte de plaisanterie ?

Nirmala : Oui c'est une plaisanterie merveilleuse, parce que cet état d'Etre est toujours présent, avant même que vous le cherchiez. La plaisanterie c'est que l'état d'Etre est très ordinaire ; la blague c'est que c'est la chose la plus naturelle chez nous tous, et dans toute expérience. La source de toute chose ne possède aucune qualité et cependant ces qualités de paix, de calme, de tranquillité et d'amour embrassent tout ce qui en émane. La blague c'est que c'est également présent dans les moments ordinaires. C'est aussi ce qui écoute les infos chaque soir à la TV. C'est aussi ce qui se brosse les dents chaque matin. Et c'est aussi ce qui s'énerve après les voisins parfois. C'est aussi ce qui sort le chien. C'est présent dans toutes ces expériences multiples, ces émotions variées, toutes ces pensées. Tout se produit et vient de cette Présence, cette Présence vide qui est la source de toute chose.

Andrea : Est-ce que tu considères, comme d'autres enseignants, que cette époque est extraordinaire, parce que des personnes très ordinaires s'éveillent ? 

Nirmala : Oui, il semblerait qu'il y ait aujourd'hui une possibilité accrue de reconnaître cette Vérité. Reconnaître cette Présence à la fois très ordinaire et extraordinaire est plus facile aujourd'hui, et je ne sais pas du tout pourquoi ; c'est juste ce que j'observe. Cela arrive à des chercheurs spirituels de longue date, et aussi à des personnes qui n'ont jamais eu la moindre parcelle de  spiritualité en eux.

Traduction Française : Éveil Impersonnel
Site de Nirmala :  Endless Satsang

jeudi 20 janvier 2011

• Nous sommes intrinsèquement illuminés - Dilgo Khyentse Rimpotché

La pratique du Dzogchen dans la vie quotidienne

par Sa Sainteté Dilgo Khyentse Rimpotché

La pratique journalière du dzogchen doit simplement développer une complète acceptation insouciante, une ouverture sans limite à toutes les situations. 

Nous devons réaliser l’ouverture comme terrain de jeu de nos émotions et nous relier aux gens sans artificialité, manipulation ou stratégie. 

Nous devrions tout expérimenter totalement, ne jamais nous retirer en nous-mêmes comme une marmotte se cache dans son trou. Cette pratique libère une immense énergie qui est habituellement resserrée par le processus de maintien des points de référence fixes. Le renfermement est le processus par lequel nous nous soustrayons à l'expérience directe de la vie quotidienne. 

Être présent dans le moment peut, au commencement, déclencher la crainte. Mais en faisant bon accueil à la sensation de crainte avec une complète ouverture, nous coupons à travers les barrières créées par les modèles émotionnels habituels. 

Quand nous nous engageons dans la pratique de la découverte de l'espace, nous devrions développer le sentiment de nous ouvrir nous-même complètement à l'univers entier. Nous devrions nous ouvrir avec la simplicité et la nudité absolues de l'esprit. C'est la pratique puissante et ordinaire de laisser tomber le masque de l'auto-protection. 

Nous ne devrions pas faire de division dans notre méditation entre la perception et le champ de la perception. Nous ne devrions pas devenir comme un chat observant une souris. Nous devrions réaliser que le but de la méditation n'est pas d’entrer "profondément en nous-mêmes" ou de se retirer du monde. La pratique devrait être libre et non-conceptuelle, non contrainte par l’introspection et la concentration. 

Vaste non-né l'espace de sagesse auto-lumineux est la base d’être - le commencement et la fin de la confusion. La présence de la conscience dans l'état primordial n'a aucun parti pris pour l’illumination ou la non-illumination. Cette base d'être qui est connue comme esprit pur ou originel, est la source dont tous les phénomènes résultent. On la connaît en tant que grande mère, comme la matrice de la potentialité en laquelle toutes choses surgissent et se dissolvent dans l'auto-perfection naturelle et la spontanéité absolue. 

Tous les aspects des phénomènes sont complètement clairs et libres d’obscurcissements. L'univers entier est ouvert et non-obstrué - tout s’interpénètre. 

Voyant toutes choses comme nues, claires et libres d’obscurcissements, il n'y a rien à atteindre ou réaliser. La nature des phénomènes apparaît naturellement et est naturellement présente dans la conscience transcendant le temps. Tout est naturellement parfait juste comme c’est. Tous les phénomènes apparaissent dans leur unicité faisant partie du caractère continuellement changeant. Ces modèles sont vibrants du sens et de la signification à chaque moment ; pourtant il n'y a aucune signification à attacher à de tels sens au delà du moment où ils se présentent. 

C'est la danse des cinq éléments dans lesquels la matière est un symbole d'énergie et l'énergie un symbole du vide. Nous sommes un symbole de notre propre illumination. Sans effort ou une quelconque pratique, la libération ou l'illumination est déjà ici. 

La pratique quotidienne du dzogchen est juste la vie quotidienne elle-même. Puisque l'état non développé n'existe pas, il n'y a aucun besoin de se comporter d’une manière spéciale ou d'essayer d'atteindre n'importe quoi au-dessus de et au delà de ce que vous êtes réellement. Il ne devrait y avoir aucun sentiment d’effort pour atteindre un quelconque "but incroyable" ou "un état avancé". 

Essayer d'obtenir un tel état est une névrose qui nous conditionne seulement et sert à obstruer le flux libre de l'esprit. Nous devrions également éviter de penser à nous-mêmes en tant que personnes sans valeur - nous sommes naturellement libres et non-conditionnés. Nous sommes intrinsèquement illuminés et rien ne manque. 

En s'engageant dans la pratique de la méditation, nous devrions la ressentir comme étant aussi normale que de manger, respirer et déféquer. Ce ne devrait pas devenir un événement spécial ou formel, gonflé de sérieux et de solennité. Nous devrions nous rendre compte que la méditation dépasse l'effort, la pratique, les objectifs, les buts et la dualité de la libération et de la non-libération. La méditation est toujours idéale ; il n'y a aucun besoin de corriger quoi que ce soit. Puisque tout ce qui surgit est simplement le jeu de l'esprit, en tant que tel il n'y a aucune méditation insuffisante et aucun besoin de juger des pensées comme bonnes ou mauvaises. 

Par conséquent nous devrions simplement nous asseoir. Demeurez simplement à votre propre endroit, dans votre propre condition juste comme elle est. Oubliez les sentiments de conscience de soi, nous ne devons pas penser "je médite". Notre pratique devrait être sans effort, sans contrainte, sans tentatives de contrôler ou forcer et sans essayer de devenir "paisible". 

Si nous constatons que nous nous dérangeons d'une de ces manières, nous cessons de méditer et restons simplement au repos ou nous détendons pendant un moment. Alors nous reprenons notre méditation. Si nous avons "des expériences intéressantes" pendant ou après la méditation, nous devrions éviter d’en faire quelque chose de spécial. Passer du temps à penser aux expériences est simplement de la distraction et une tentative de les faire devenir artificielles. Ces expériences sont simplement des signes de la pratique et devraient être considérées comme des événements passagers. Nous ne devrions pas essayer de les ré-expérimenter, parce que faire ainsi ne sert qu’à distordre la spontanéité naturelle de l'esprit. 

Tous les phénomènes sont complètement nouveaux et frais, absolument uniques et entièrement exempts de tous concepts de passé, présent et futur. Ils sont expérimentés au-delà du temps (Ndt : dans ce cas cette notion est autre que celle d’éternité). 

Le courant continuel de la nouvelle découverte, la révélation et l'inspiration qui surgit à chaque moment est la manifestation de notre clarté. Nous devrions apprendre à voir la vie quotidienne comme un mandala - les franges lumineuses de l'expérience qui rayonnent spontanément de la nature vide de notre être. Les aspects de notre mandala sont les objets quotidiens de notre expérience de la vie se déplaçant en une danse ou le jeu de l'univers. Par ce symbolisme le maître intérieur indique la signification profonde et ultime d'être. Par conséquent nous devrions être normaux et spontanés, accepter et apprendre de tout. Ceci nous permet de voir le côté ironique et amusant des événements qui habituellement nous irritent. 

Dans la méditation nous pouvons voir à travers l'illusion du passé, du présent et du futur - notre expérience devient la continuité d’être ici et maintenant. Le passé est seulement une mémoire incertaine maintenue dans le présent. Le futur est seulement une projection de nos conceptions actuelles. Le présent lui-même disparaît dès que nous essayons de le saisir. Ainsi pourquoi s’embêter à essayer d'établir une illusion ou un terrain solide ? 

Nous devrions nous libérer de nos mémoires passées et de nos préconceptions sur la méditation. Chaque moment de méditation est complètement unique et plein de potentialité. 

Dans de tels moments, nous serons incapables de juger notre méditation en termes d'expérience antérieure, de théorie sèche ou de rhétorique creuse. 

Simplement plonger directement dans la méditation dans le moment, maintenant, avec notre être entier, libéré de l'hésitation, de l’ennui ou de l’excitation, est l'illumination.

Vu sur le site déjà cité Sangha Rimé

mercredi 19 janvier 2011

• La nature de l'esprit est libérée depuis des temps sans commencement - Chepa Dorje Rinpoché


La nature de l'esprit est libérée depuis des temps sans commencement. Cela veut dire que depuis des temps sans commencement, c’est libéré, donc qu’il n’y a rien à libérer. Si depuis des temps sans commencement, c’est libéré, qu’est-ce-que nous voulons méditer ? En fait, il n’y a pas à méditer. Il n’y a pas quelqu’un qui va libérer quelque chose puisque l’esprit se libère de lui-même, il n’y a pas à utiliser d’autres méthodes, il se libère de lui-même.
Puisque nous disons que tout est parfaitement libéré, il n’y a rien que nous devions libérer, tout est libéré. Si tout est parfaitement libéré, pourquoi faire toutes sortes d’activités ou s’entraîner à quelque chose ?

Mais quand nous avons un certain bien-être dans notre esprit, ce n’est pas cela la méditation. Parce que là, il pourrait y avoir une saisie.
L’esprit n’a pas de matérialité, alors que voulons-nous saisir, puisque l’esprit est vide ? L’esprit est vacuité donc il n’y a rien à saisir, il n’y a rien à libérer.
C’est cela la Vue. De cette manière, en fait, il n’y a pas à méditer et cela veut dire qu’il n’y a même pas quelqu’un qui pense à méditer ou à ne pas méditer. Nous ne savons pas comment ne pas méditer. Si nous savions, bien sûr cela serait simple. Il faut comprendre cette « non-méditation ». Si nous comprenons cette non-méditation, c’est cela la méditation et c’est la meilleure méditation.

Lire la suite de l'article sur le site du Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa, que nous remercions.

Originaire de la région de l’Amdo au nord-est du Tibet, Chépa Dorjé Rinpoché est un descendant du traducteur Marpa. Dès son plus jeune âge, Rinpoché reçut de son père, Terteun Péma Tsulkrim, les enseignements du bouddha Shakyamuni. Mais c’est son maître Rongta Kentchen Rinpoché qui lui transmit les enseignements et les initiations aux sutras et aux tantras.

Chépa Dorjé est installé à Paris depuis l’an 2000. Il transmet les enseignements du bouddha sous forme de conférences et d’enseignements ainsi qu’à l’occasion de retraites. Rinpoché enseigne en France et à Taïwan.

mardi 18 janvier 2011

• Le point de vue de notre ego - Sekkei Harada Roshi


Dans le bouddhisme, nous disons que la vie et la mort sont l’apparition d’une pensée et la disparition de cette pensée. Apparaître et disparaître ; des pensées viennent et vont… Voilà ce que l’on appelle « la vie et la mort ».

Une pensée apparaît, c’est ce que nous appelons «la vie». Une pensée disparaît, c’est ce que nous appelons «la mort». Cela signifie que nous naissons à chaque instant et que notre vie est sans cesse renouvelée.

Malheureusement, entre la vie et la mort, entre deux pensées, nous interposons notre ego. De cette manière, nous percevons à la fois la vie et la mort. Le point de vue de notre ego intervient pour que nous soyons contents de la vie et que nous haïssions la mort. C’est cela qui nous bouleverse.

Ce n’est rien d’autre que le point de vue de notre ego.

Sekkei Harada - L’Essence du Zen, entretiens sur le Dharma à l’attention des Occidentaux - Editions de l’Eveil 

Vu sur le sympathique blog Découverte et Cheminement

lundi 17 janvier 2011

• La fleur non-duelle n'a ni tige ni pétale - Michaël Szyper


« Les phrases de ce livre sont tombées 
comme des flocons de neige, 
d'un ciel de silence et sans limite. 
Elles invitent à tourner le regard 
vers la vraie nature du soi, 
de la vie et de la réalité. 
Ces phrases d'éveil sont des bulles de vide. 
J’espère qu’elles seront assez transparentes 
pour que vous puissiez voir à travers. »


L'éveil n'est pas une fuite devant la condition humaine. Au contraire, il s'agit de vivre l'expérience humaine pleinement, mais à partir d'une perspective plus détendue.

On n'a plus besoin d'atteindre, de devenir ni de vouloir que l'expérience soit différente de ce qu'elle est.
Quel soulagement.

L'éveil n'est pas différent de ce qui est ici et maintenant. Il n'y a rien de plus et rien de moins.

S'éveiller au vrai Soi est aisé. Cela ne devient difficile que si vous pensez que ça l'est.

Vos croyances quant à une autre réalité à atteindre, sont les seuls obstacles qui vous empêchent de réaliser que VOUS ÊTES, peu importe ce que vous expérimentez.

Votre vraie nature est CELA qui perçoit, pas ce qui est perçu.
Cependant, il n'y a pas de séparation.

Au lieu de diriger la conscience vers l'extérieur ou l'intérieur, tournez-la vers elle-même et découvrez que vous êtes la Conscience même.

Vous êtes conscient d'être un corps, un soi, une vibration ou une âme. Vous n'êtes pas le corps, le soi la vibration ou l'âme puisque vous êtes conscient de ceux-ci. Vous êtes la conscience de ceux-ci. Vous êtes la conscience. La Conscience.

La Conscience est illimitée et non séparée de ce qui est.

La Conscience est la substance dans forme de toutes les formes.

La Conscience est Tout ce qui est.

La Conscience EST.

La Conscience est qui vous ÊTES.

Vous n'avez pas de forme et toutes les formes sont faites de vous, se meuvent en vous.

Vous n'êtes pas "celui" qui expérimente l'Espace sans limites ou la transparente Clarté de la Conscience. Vous êtes la Conscience dans laquelle "celui-ci" est expérimenté.

Extrait de PÉTALES D'ÉVEIL, de Michaël Szyper, publié chez Nobody Tree Publications.