Ce qui se passa ensuite est bien plus difficile à dire - parce que ce ne fut pas mon opération mais celle de Dieu en moi - plus divin qu’humain.
Il n’y eut, mon Père, ni parole, ni idée exprimée humainement, ni image.
Il n’y eut rien qui puisse être perçu par les sens - ni pensée qui soit l’effet d’un raisonnement quelconque, ni spéculation, ni théorie, rien de ce dont on se sert pour l’exercice naturel des facultés.
Les mots jurent avec ce que je veux essayer d’exprimer parce qu’ils sont restreints et limités (...)
Je ne sais combien de temps cela dura, ni comment il se fit autre chose - ici, je devrais me taire, car ce n’est pas moi qui peux dire cela ne vient pas de moi, mais de Dieu et c’est selon son mode à Lui... et évoquent forcément des pensées, des réalités que l’intelligence ne peut saisir qu’à sa manière humaine.
Comment vous dire, mon Père ?
Je fus comme immergée en Dieu et il me sembla qu’Il m’absorbait en sa Déité - et que, restant moi, je n’opérais cependant plus par moi même mais par Lui - je me trouvais à la fois dans une immobilité et une activité suprême (si vous voulez m’interroger sur ce que je veux signifier par là j’essaierai de répondre aussi clairement que possible). Alors, comment dire et que dire ?
Je connus la Déité de Dieu je connus son Être pas l’idée de Déité ni l’idée d’Être, mais la Déité, l’Être.
Je vis, non parce que le pouvais voir, mais parce qu’il me donnait de voir et il n’y avait pas de distance de moi qui voyais à ce que je voyais. Je crois que c’est plus exact d’exprimer ainsi plutôt que de dire que je voyais en moi et me voyais en lui.
En sa Déité et son Être je vis sa perfection, sa gloire et son ineffable béatitude, je fus plongée, roulée dans cette béatitude je reçus quelque expérience de la vie éternelle.
Je connus et je vis dans la simplicité de son Être - sa majesté - et c’est indicible et inaccessible à l’intelligence humaine.
Je ne sais pas comment je connus - que alors Dieu était en moi ? C’est lui qui opérait en moi - qui m’habilitait à sa connaissance.
Je reçus là la connaissance de la paternité divine, de Dieu et de Dieu Père.
Je vis l’âme humaine : je la vis en Dieu - comment dire ? L’idée que Dieu a de l’âme humaine - idée qui est vie en Dieu et qui est la suprême réalité de âme, réalité par laquelle est l’âme.
Je vis ce qu’est l’âme à Dieu. Je ne vis pas telle âme, la mienne ou une autre, mais l’âme - et cela s’appliquait à toute âme. Je la vis en sa perfection telle qu’elle est en l’idée de Dieu, telle qu’elle a son être en Dieu.
Je vis l’amour de Dieu pour l’âme - et son aptitude à être unie à Dieu : c’est là sa fin.
Je vis l’amour du Père pour l’âme, je l’éprouvai, j’y entrai : pas dans l’amour de l’âme pour Dieu, mais dans l’ineffable, l’inexprimable inconnaissable amour de Dieu pour l’âme.
Tout ce que j’écris là, je l’expérimentais, et c'est en l’expérimentant que je le connaissais et c’était par l’âme, par le centre de moi même, de mon être, et de ce centre cela se répandait et découlait en tout moi même.
Je vis l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, l’ordre naturel à Dieu, l’ordre naturel au créée ordre surnaturel
Je le vis et connu l’âme en sa vie naturelle, je la vis et la connus en sa vie surnaturelle, en ses opérations naturelles et ses opérations surnaturelles Je vis tout ce qui touche à l’âme (…)
Tout je le voyais dans la lumière divine et le connaissais en cette lumière de l’être de Dieu : je voyais bien plus Dieu que ces choses… je ne voyais bien l’âme que parce que je voyais Dieu. Je vis l’âme pour Dieu (…) je vis l’œuvre d’amour de Dieu dans l’âme (…) je vis le péché et ce qu’il est dans l’âme ; ...il faut savoir ce qu’est l’âme de Dieu pour connaître ce qu’est le péché (…) je vis que Dieu se veut à lui-même d’être la béatitude de l’âme, qu’il lui donne en participation sa propre béatitude et j’entrai en cette béatitude qui est la vie éternelle.
Pour goûter à cette béatitude, il faut goûter à Dieu qui est cette béatitude : et je reçus ce don. (...) Je vis le don que Dieu veut faire de Lui-même à l’âme - dès cette terre - et qu’elle est faite pour être unie à Dieu. je gémis et je dis : « Mon Dieu qu’est-ce pour moi de connaître votre béatitude, votre Déité et votre Être si je ne puis avoir part Mon Dieu comment vous unissez-vous vous l’âme ? » je demandai et redemandait...
Ce fut minuit. Mère Saint Jean quitta son prie Dieu et vint me relever car je n’avais pas bougé, j’étais prosternée à terre, en croix.
Je ne voulais pas parler parce que c’était le silence, ni rien demander pour la perfection de l’obéissance.
Je dis : « Mon Dieu si vous voulez vous montrer encore et me répondre, permettez que je reste. »
Je regardai Mère Saint Jean, m’étant mise à genoux elle me dit tout bas : « jusqu’à minuit et demi ! »
je me prosternai de nouveau.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire