Ramesh Balsekar nous offre ici l’opportunité de goûter en sa compagnie l’essence même de l’expérience de la non-dualité.
Ses propos, éclairés par l’enseignement de Nisargadatta Maharaj, nous permettent une percée plus précise dans la compréhension même de ce qu’est une approche réellement non-duelle, et de ses implications dans notre vie quotidienne.
Le premier chapitre concerne les concepts de base de cet enseignement : la Conscience est tout ce qui est ; il n’y a aucun acteur personnel, aucun « moi » individuel ; il n’y a pas de libre arbitre et adopter la position de témoin.
Ces concepts sont développés et illustrés dans cette belle collection d’histoires, de blagues, de citations et d'anecdotes qui constituent la matière de ces enseignements inspirés de l'advaita. Ramesh aime les histoires, possède un excellent sens de l'humour, de la spontanéité et un sens du comique qui fait souvent rire les gens de leurs propres difficultés.
Ces illustrations mettent en lumière les concepts parfois difficiles à saisir de l’enseignement.
Ramesh nous le rappelle : « ce qui est » est toujours là, tellement simple, qu’il suffit de cesser de conceptualiser, d’imaginer, pour que cela saute aux yeux. Nous sommes d’ores et déjà ce que nous cherchons, la liberté, la quiétude.
© Extraits publiés avec l'aimable autorisation des Éditions L'Originel :
L’Éveil signifie, en termes simples, comprendre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
Un ami de Mahârâj, qui avait l’habitude de rendre visite à un certain jnânî, insista pour qu’il l’accompagne. Cet ami dit : « Tu dois venir. » Mahârâj raconta qu’il fut pratiquement traîné jusqu’au guru – il n’acheta même pas la traditionnelle guirlande de fleurs, son ami l’acheta pour lui. Mais une fois qu’il fut là, lors de la première causerie, à la toute première chose que dit le guru, il se passa quelque chose de fantastique. Son cœur s’ouvrit.
Le guru avait dit : « Tu n’es pas ce que tu sembles être. Tu es l’essence, laquelle est invisible. Ce qui apparaît être n’est qu’une réflexion, une expression objective de ce Sujet. » Mahârâj dit : « Quand j’entendis cela, tout s’ouvrit. Je n’avais pas de problèmes. Je n’avais pas de doutes. Je n’avais pas de soucis.»
Son guru n’était pas à Bombay, alors il expliqua qu’il avait l’habitude de voir son guru deux, trois ou quatre fois par an. Son guru mourut trois ou quatre ans plus tard. Il ajouta qu’il n’avait plus vraiment besoin de le voir.
La toute première fois – ça l’a saisi. Il dit qu’il pensait que son inclinaison fondamentale était la bhakti. Depuis qu’il était enfant, il avait pour habitude de se rendre au temple et de chanter des chants dévotionnels. Mais il n’avait pas réalisé que ce n’était là qu’une tendance superficielle. La connaissance était sa véritable nature.
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Ramesh raconte sa rencontre avec Maharâj :
Avant de rencontrer Mahârâj, j’ai eu un autre guru pendant vingt ans. Il parlait de non-dualité, mais son niveau d’action dans ce monde s’arrêtait à la compréhension de son propre guru. Pour lui, aussi loin qu’il était concerné, celui-ci dirigeait toutes ses actions. Il était parfaitement
sincère et authentique, et il considérait que son rôle était d’aider ses disciples dans tous les domaines de la vie – matériels et spirituels. Mais de mon point de vue, ce n’était pas ce dont j’avais besoin. Alors comme c’était naturel pour cet organisme [Ramesh], je ne me suis pas séparé de lui. J’ai continué pendant vingt ans, conscient d’avoir besoin d’autre chose.
Lorsque je suis allé voir Mahârâj [Nisargadatta], dès le premier entretien, j’ai su que « c’était là ». Ces vingt années n’ont pas été perdues. Ces vingt années faisaient partie du processus nécessaire. Ces vingt années m’ont fait comprendre ce qui n’était pas nécessaire, et elles m’ont aussi révélé ce qui l’était. Ainsi, lorsque le besoin s’est présenté, je l’ai immédiatement reconnu.
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Une autre fois, Ramesh a parlé plus en détail du moment réel de l’Éveil.
Il y avait de l’impatience. Cette impatience venait du fait que je savais de quoi il s’agissait. Que Mahârâj et moi n’étions pas deux êtres différents. Il y avait un immense sentiment d’unité – non seulement entre Mahârâj et moi, mais aussi dans l’existence de la Totalité. Franchement, les mots semblaient tout à fait superflus. Il y avait une certaine impatience d’en finir. Mais c’était un travail qui s’accomplissait. Le sentiment, c’était : « Tout cela est inutile. » (Je souhaitais à contrecœur que quelqu’un d’autre traduise, pour ne pas avoir à le faire). Il y avait un sentiment d’unité, pas quelque chose à traduire. Un immense sentiment d’unité. Je le répète, unité non seulement entre Mahârâj et moi, mais avec la Totalité.