samedi 23 août 2025

• L'éveil laisse apparaître que cette plénitude est immuable - Frédéric Samnidhi

 
𝗟𝗲 𝘀𝗼𝗺𝗺𝗲𝗶𝗹 𝗽𝗿𝗼𝗳𝗼𝗻𝗱

Concernant le sommeil profond, je peux me souvenir m'être couché le soir et m'être réveillé le matin. Je peux me souvenir éventuellement du glissement dans un état de parfaite quiétude. Je peux dire au petit matin avoir apprécié une bonne nuit de sommeil, bien qu'au coeur de celui-ci ne soit jamais apparu la pensée : "Quel bon sommeil !". Mais je ne peux affirmer qu'il y'ait entre l'assoupissement et le réveil une rupture, un manque de continuité : Lors du coucher je peux sentir mes sens se taire progressivement, plongeant doucement dans un état de félicité alors que le monde des apparences s'éloigne. Puis lors du réveil, le monde réapparait graduellement, neuf et éblouissant.
J'ajouterais qu'au moment de m'endormir, je ne ressens aucune altération. Je n'ai ni la sensation d'un manque qui se crée, ni celle que ma réalité soit amputée de quoi que ce soit de fondamental. Je n'ai pas le sentiment que cette nuit si familière dans laquelle je sombre sans crainte soit fragmentaire, bien au contraire : A ce moment précis, rien n'est à accomplir. Je ne suis ni beau ni laid, ni grand ni petit, ni homme ni femme, ni laïque ni religieux, ni pauvre ni riche... Seul se dévoile une parfaite complétude.
L'éveil laisse apparaître que cette plénitude est immuable, sous-jacente tant à l'état de sommeil profond qu'à l'état de veille. Ce corps grossier et vieillissant que je peux ressentir en ce moment même et qui se dissipe lorsque je m'endors, n'est pas ma réalité la plus constitutive. Ce qui m'est le plus intime, c'est cette intemporalité où ce corps fluctuant apparaît et disparait ; c'est cette absolue vacuité, cette totale disponibilité à l'évanescence du monde.
𝘑𝘶𝘪𝘯 𝟤𝟢𝟢𝟩