En tibétain, le terme "lumineux", terme qui désigne la clarté de l'esprit, est ösel, qui signifie que la nature de l'esprit est primordialement pure, qu'elle est inconditionnée, inconditionnée par nos pensées, nos tendances émotionnelles et nos schémas mentaux.
En fait, elle est intouchée par l'ego, ce qui est extraordinaire – ainsi, la nature de l'esprit est la nature primordiale et organique de l'esprit lui-même, et c'est pourquoi selon de nombreuses traditions, l'éveil n'est pas une question de modifier ou d'illuminer votre esprit et de lui faire atteindre un état supérieur, mais c'est plutôt de retourner à l'état organique et primordial de notre esprit, parce que la nature primordiale de notre esprit est d'ores et déjà pure. C'est quelque chose dont on fait l'expérience quand on pratique la méditation, ou lorsque l'on se plonge dans le silence ; mais dans notre vie quotidienne, nous ne faisons pas l'expérience de cela en permanence, et parfois notre esprit est complètement pris dans une myriade de pensées, de concepts, d'idées, de schémas émotionnels ainsi que de schémas mentaux.
Il y a dans les enseignements bouddhistes cette analogie du miroir et de la poussière qui recouvre le miroir. C'est une ancienne analogie dans laquelle le miroir représente l'esprit lui-même, qui est primordialement pur : il est limpide, il peut refléter tous les objets, mais parfois ce miroir peut être recouvert de poussière, et alors il ne peut plus refléter les images. De la même manière, notre esprit est comme un miroir intrinsèquement parfait, mais il est également recouvert de poussière qui correspond à toutes ces conditions intérieures, telles que les schémas mentaux. Lorsque l'on examine notre esprit, on observe de nombreux schémas mentaux. Certains sont évidents, d'autres plus subtils, et certains sont si profondément ancrés qu'on peut ne pas les voir immédiatement, mais qu'il nous faut pratiquer l'investigation ou faire de puissantes pratiques bouddhistes pour amener sur eux la lumière de la conscience.
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Le nirvāṇa, c’est plutôt la fin ultime de la séparation entre nous et la vérité. C’est la simple reconnaissance de ce qui a toujours été. C’est comme s’éveiller d’un cauchemar. C’est un grand soulagement de découvrir qu’il n’y a rien à faire.
Parfois, j’aime à penser la vérité sous les traits d’un vieux maître bouddhiste courroucé qui nous empoigne, nous secoue et hurle : « Laisse tomber, maintenant ! » La vérité peut être courroucée. Elle finit par détruire toutes nos illusions, peu importe combien nous les chérissons.
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Ici, ne rien faire signifie renoncer à tout effort mental, spécialement l’effort mental que nous faisons pour entretenir l’illusion du « je », la séparation illusoire entre moi et l’autre. Lorsque nous renonçons à cet effort, soudain toutes les illusions s’en vont . Nous n’avons réellement pas à faire quoi que ce soit. Il s’agit uniquement d’arrêter. Nous arrêtons simplement de perpétuer et de maintenir les illusions. Les illusions n’ont pas de force vitale propre. Elles sont prêtes à se dissoudre à chaque instant. C’est juste une question de temps. Lorsque nous décidons de tout cœur de ne pas continuer à entretenir les illusions, elles s’effondrent.
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Je pense que mon maitre, lama Tsurlo, vivait dans une perception éveillée sacrée. Il voyait tout comme faisant partie du mandala dans lequel nous sommes tous connectés, tous inséparables les uns des autres.
Il y a un monde, un corps, une respiration et un cœur battant. Le monde est un corps divin. Il n'y a pas deux corps, ni trois corps, il y a un seul corps divin. Le monde est un unique corps et c'est ce que nous sommes, ce corps divin. Ce corps divin qui respire.