jeudi 3 janvier 2008

• Il n'y a que la source apparaissant - Tony Parsons

Il n'y a que la source apparaissant

Tony Parsons

- Je suis en train de lire le livre de Suzanne Segal. Ce qui est étonnant pour moi est qu'elle n'est pas su ce qui lui arrivait pendant si longtemps. Comment cela s'est-il passé pour vous?

Tony Parsons : Quand cela s'est produit et qu'il y eut la vision : « Je suis ceci », cela a été, en fait, tout à fait naturel. Pour certains, c'est lié à une profonde souffrance ou un sentiment de perte - pour moi, c'est allé d'une grande joie à une joie plus grande encore.
Lorsque j'étais enfant, et n'oubliez pas que c'était pendant la guerre, j'étais persuadé que la seule chose qui valait la peine était de trouver Dieu. J'ai grandi dans un milieu chrétien et à mes yeux la seule chose valable à faire était de trouver Dieu. Pourquoi faire autre chose ?
J'étais absolument sûr que Dieu était partout et que tout renfermait un secret. Tout ce que je regardais renfermait quelque chose qui était Dieu me confiant le secret. Ce qui est drôle, c'est que j'ai toujours su que je finirais par découvrir le secret. Alors, lorsque j'ai traversé le parc, ce fut, en quelque sorte: « Oh !... Oui... Bien sûr... » C'était étonnant, cette incroyable tranquillité... Mais il y avait aussi cette reconnaissance: « Oh, oui! C'est ainsi que nous sommes de façon naturelle. Nous le recouvrons avec l'idée d'un « moi » - quelqu'un là voulant quelque chose. »
Il n'y avait aucune crainte de devenir fou. Quand c'est arrivé, c'est arrivé également accompagné d'une grande clarté, d'une vision élargie. Et une chose qui ne faisait aucun doute est que nous sommes constamment dans cette invitation.

- Je vous ai entendu dire que lorsque quelqu'un s'éveille, c'est d'une grande aide pour le monde entier; que cela apporte de la lumière. Cela m'a beaucoup touché.

Tony Parsons : Tant qu'il y a au monde des gens apparents en recherche, et qu'apparemment ils rencontrent quelqu'un d'autre qui réellement n'est rien, ils en éprouvent une expansion. D'une façon générale, dans la perspective élargie au tout, il n'est pas de différence. Mais pendant tout le temps où il y a un chercheur en demande, être auprès de quelqu'un qui n'est rien peut être une manière de générer relâchement et sentiment d'expansion. Parce que ce qu'ils y voient est leur nature originelle. Ce qu'ils voient est ce qu'ils sont. Et un lâcher prise, un effondrement de toute cette étroitesse, peut intervenir.
Il peut y avoir une échappatoire dans le fait de se plonger dans l'aide aux autres. Ce peut être simplement une autre façon d'esquiver la découverte que vous n'êtes rien. Lorsque l'unicité est embrassée ou intégrée, il n'est plus question d'aider qui que ce soit - il n'est personne ayant besoin d'aide.

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Il n'y a que la source apparaissant...

Au coeur du projecteur, il y a la lumière, une lumière constante. Et le film - que ce soit votre vie, le film Tony Parsons ou un autre - défile dans le projecteur. Il se dévide avec tous les personnages qui en font partie et à la fin, il n'y a plus rien. Seule demeure la lumière.
Ce que vous êtes est la lumière, lumière éternelle. La lumière est la non chose d'où tout émerge. Et ce qui également émerge est ce personnage assis ici. Vous êtes la présence, l'absolu, le rien ou la lumière qui permet à ce personnage d'être là.

- La lumière a-t-elle un savoir de ce qui se passe?

La lumière est le savoir.

- La lumière crée-t-elle l'histoire ?

Il n'est pas de création et pas d'histoire - seulement un semblant. Voyez-vous, ceci est difficile, car dans un sens l'histoire émane de la lumière, mais la lumière est intemporelle, totalement impersonnelle et immobile. Par conséquent, il n'y a pas quelque chose dans la lumière en train d'inventer et de fabriquer l'histoire. L'histoire, simplement, se manifeste. Ce n'est pas quelque chose qui peut être compris... C'est le divin mystère.
Et ce qui est encore plus dur à admettre, c'est qu'il n'est ni but, ni intention, ni dessein, ni sens, ni raison, ni orientation, ni direction, ni parcours ou progression - rien que ceci. Il n'y eut jamais de commencement et il n'y aura jamais de fin. Il n'y eut jamais un moment où, disons, la source se reposait et ne se connaissait pas elle-même et ensuite voulut se connaître et créa ceci. Cela ne s'est jamais produit - rien ne s'est jamais produit. Il n'est que l'éternel ceci.
Il y a apparemment une histoire - ici Tony Parsons et là-bas, le monde - mais il s'agit simplement d'une image. Et d'une seule - il n'y en a qu'une seule. L'esprit en fait une série d'images et nomme cela une histoire. Mais en réalité, il ne s'agit toujours que d'une image. Lumière... Unicité.
C'est au delà de la compréhension. C'est un mystère - l'esprit ne peut jamais concevoir cela. Je ne peux que confirmer (et vous me le confirmerez quand il n'y aura plus de chercheur) que la lumière se sait elle-même. Il y a un savoir. Et ce savoir se sait lui-même en tant que tout et rien.
Il n'y a pas quelque chose qui est au repos, et puis qui crée quelque chose. En l'éternelle manifestation, il y a le repos, l'immobilité, et le mouvement, le vide et le plein - tout et tout à la fois. Et jusqu'à ce que cela soit vu, il y a toujours cette subtile séparation du "moi voyant la conscience se manifester."
Il y a une difficulté avec les mots. Plusieurs mots peuvent être utilisés pour ce que je nomme la source - lumière, présence, absolu, vacuité, conscience, le rien qui est tout, le bien-aimé...
J'emploie souvent le bien-aimé. Ces mots signifient tous le un.
Lorsque je vous dis que vous êtes la source, strictement parlant, ce n'est pas exact. Il n'est que la source. Il n'est personne là qui soit la source. Il n'est que source, il n'est que présence, il n'est que conscience (conscience pour moi est un autre mot pour source)... Tout cela, ce sont des mots, ils ne peuvent exprimer ce que vous êtes. C'est impossible.
De la source émane l'amour inconditionnel. L'immobilité est la nature de la source ; tout dans le monde, ou dans l'apparence, possède cette nature d'amour inconditionnel, de tranquillité, d'impersonnalité.
Encore une fois, il s'agit de mots. Il n'y a aucun moyen pour qu'ils expriment réellement ce qui est. Il faudra donc que vous me pardonniez les mots. Et puis aussi, vraiment, il faudrait que j'emploie "apparent" devant tout ce dont je parle - l'apparent "vous", l'apparent mur, et cetera... Tout cela n'est qu'apparent - une métaphore, une parabole, une suggestion, le reflet d'une possibilité autre.
L'éveil introduit une perception totalement différente. Ce n'est pas "vous" qui avez cette perception. La perception a lieu, point. Il n'est personne là pour s'en emparer. L'éveil est la réalisation qu'il n'est personne là. Et lorsqu'il n'y a personne, tout ce qui a été dit est vu par personne, y compris le personnage de Pierre, Paul, Jacques ou Marie, qui ne fait lui aussi que surgir en cela.

- Et tout le temps il n'y a qu'une seule image ?

Il n'y a que la seule image ou rien du tout. Il n'y a que le bien-aimé. Il n'y a que l'absolu apparaissant en tant que particulier ou pas.

- Tout le temps ?

C'est intemporel. Ce n'est pas "tout le temps" - c'est au delà du temps. C'est tout ce qui est. Où que vous alliez dans le monde, quoi que vous voyiez, est source apparaissant... Tout ce que vous voyez est le bien-aimé, apparemment en mouvement, apparemment au sein de quelque chose appelé temps. Il embrasse toutes ces choses qui semblent s'agencer en une histoire.


Extraits de Tout ce qui est
Éditions Accarias L'originel

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