mercredi 23 décembre 2009

• Exploration de la nature de l'expérience - Rupert Spira







































Je rencontre tant de personnes qui ne sont pas heureuses, et à qui on a dit qu'il n'y avait absolument rien à faire. Donc, en plus de leur mal-être, une couche de résignation et de frustration a été ajoutée. Ce mal-être est d'autant plus intense chez ceux qui comme vous, ont connu des moments ou des périodes d'éveil.

Il est vrai que du point de vue de l'absolu, il n'y a rien à faire, et personne pour le faire. Toutefois une personne malheureuse ne parle pas du point de vue de l'absolu. Elle parle du point de vue, où l'apparente entité séparée, son mal-être et la recherche qui obligatoirement s'ensuit, sont vécues comme tout à fait réelles. Il n'y a là aucun jugement.

Il est important de comprendre qu'en tant qu'entité séparée, faire ou ne pas faire n'est pas un choix. Faire (dans ce cas, rechercher le bonheur) est inévitable et inéluctable, si l'on ressent que l'on est une entité séparée, c'est-à-dire si l'on se sent malheureux.
Il n'est pas juste de dire: "Je sens que je suis une personne, une entité séparée, je suis malheureux et pourtant je sais qu'il n'y a rien à faire". L'entité séparée est celui qui fait, qui cherche, qui pense etc. Ce qui s' est passé dans de tels cas, c'est qu'un mince vernis d'Advaita a été répandu sur nos croyances et sentiment de séparation.

Si nous sommes malheureux, nous rejetons par définition la situation actuelle. Nous voulons que les choses soient différentes. Ce rejet de la situation courante est en soi synonyme de recherche d'une situation différente, c'est-à-dire la recherche du bonheur dans le futur. En d'autres termes, mal-être et recherche du bonheur sont inséparables.

Si nous disons que nous sommes malheureux et qu'en même temps nous comprenons qu'il n'y a rien à faire, qu'il n'y a pas de recherche, alors nous n'avons simplement pas examiné suffisamment notre condition présente.

Dans un tel cas, un regard clair sur nous-même, révèlera une entité apparente, qui est véritablement en recherche, c'est-à-dire, une entité qui fait quelque chose. Ainsi rechercher le bonheur n'est pour celui ou celle qui croit être une entité, pas un choix. C'est donné. La personne séparée est la recherche du bonheur.

Cette aspiration profonde de votre coeur est un mélange de la joie même que vous recherchez plus la croyance et le sentiment qu'elle n'est pas présente. Si nous ajoutons la croyance qu'il n'y a rien à faire pour dévoiler cette joie, nous nous condamnons à la résignation, frustration et désespoir, soulagés par quelques moments fugaces de bonheur. Il est vrai que l'aspiration du coeur ne peut être comblée, mais elle peut être dissoute.

La joie est la simple reconnaissance de notre propre être - c'est la chose la plus naturelle. Ce qui reconnaît cet Etre et ce qui est reconnu sont une seule et même chose.

Si nous pensons que nous sommes une personne (et que nous nous sentons malheureux de ce fait) il y a deux choses que l'on peut faire. L'une est de rechercher la source de cette personne apparente. En tournant notre attention vers notre propre Etre, cette apparente entité qui semblait tourner son attention, se révèle n'être rien d'autre que la Présence elle-même.

Et la deuxième : en prenant la position de cette conscience-présence, nous pouvons coopérer avec le réalignement du mental et du corps, et en fait du monde, avec cette nouvelle position. Cela demande simplement de la patience, de la clarté et du courage.

La Présence s'est, semble-t-il, voilée en prenant la forme de la pensée dualiste, mais étant la substance même de toute expérience, elle a aussi permis le chemin du retour à elle, un fil d'or... le chemin de l'investigation et de la contemplation.

Du point de vue de la personne, ces deux possibilités seront ressenties comme un faire - qu'il en soit ainsi. Elles sont le cadeau (la grâce) de la Présence à elle-même.

Vu sur le site Perles de Bonheur

3 commentaires:

brigitte a dit…

quel beau cadeau de Noël que ce texte plein de compassion et d'amour.
Oui ne baissons pas les bras sous prétexte qu'il n'y aurait rien à faire pour être libre, car dit R Spira, cela est valable du point de vue de la conscience ultime, et donc pour l'instant "agissons" là où nous en sommes, et non dans un imaginaire idéal spirituel. Avec courage et perseverance,sans attente définie ..
Youpee !

vincent a dit…

yes "I am" donc j'agis de là où "je suis" et au diable les mots biscornus! Youpee!

Jérôme a dit…

Tous les chemins mènent à Rome,y compris l'absence de chemin,n'est pas merveilleux?:-)