jeudi 11 octobre 2007

• Méditer - Lama Guendune Rinpoché

Tranquillement assis
Ne faisant rien
Le printemps arrive

Et l'herbe pousse toute seule


Toyo Eicho (1429-1504)

Pratiquer la méditation, ce n'est pas tenter de voir des couleurs ou des formes, ou essayer de façonner telle ou telle expérience. La méditation du point de vue du Mahãmudrã signifie dégager, libérer l'esprit de toutes formes d'attachement, de saisie, de vouloir, de caractérisation des choses. Plutôt que de faire quelque chose, il s'agit de défaire les liens et chaînes par lesquels l'esprit est emprisonné. En abandonnant l'attachement aux choses comme étant réelles, on abandonnera la saisie mentale de ces choses et la volonté qui leur est attachée, et par là, l'apparence se trouvera libérée d'elle-même.

On croit souvent que méditer, c'est imposer un état vide à l'esprit, un état sans aucune pensée, ni mouvement mental. Cette conception est erronée, car si la méditation était un état sans pensée, cette table devant nous serait en train de méditer ! La méditation n'a rien à voir avec le fait de créer un vide volontaire dans l'esprit ; méditer, ce n'est pas arrêter le mouvement des pensées, mais demeurer sans-saisie quant à ces pensées. S'il n'y avait pas de pensées ou mouvement conceptuel dans l'esprit, qui méditerait ?

La méditation consiste donc simplement à reconnaître ce qui nous lie à l'apparence, à la manifestation extérieure et à desserrer l'étreinte des fixations mentales. C'est opérer une détente par rapport au conditionnement habituel, c'est laisser cette détente créer son propre effet : les objets de la fixation tombent d'eux-mêmes, les nœuds se dénouent à leur tour. Méditer, c'est se défaire de cette cuirasse que l'on s'est forgée, des vêtements superflus que l'on porte ; on abandonne alors les uns après les autres les vêtements conceptuels pour rester dans la nudité primordiale. Dans cette détente, est éprouvé l'état fondamental de l'esprit comme étant clarté, conscience connaissante, lucidité vive. Cette clarté de l'esprit est définie comme la conscience instantanée, immédiate, un état exempt d'élaborations mentales ou de réification. On doit simplement demeurer dans la jouissance de cet état, laissant l'esprit dans sa dimension propre, sans caractériser ou juger quoi que ce soit, sans même concevoir la notion d'une méditation.

Extrait de "Les émotions", Lama Guendune Rinpoché, Éditions Dzambala, 1995, p. 57-58

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