Ce livre est un résumé magistral de la voie rapide et non duelle, de la pratique, des questionnements, de l’investigation et de l’arme redoutable qu’est le «Qui suis-je ?» et que le Sage manie ici en maître incontesté.
«Vous êtes le mental ou pensez que vous l’êtes. Le mental n’est rien d’autre que pensées… Ce qui se passe quand on fait une quête sérieuse du Soi, c’est que la pensée-je en tant que “pensée” disparaît, quelque chose d’autre venu des profondeurs vous envahi et cela n’est pas le “je” qui commence cette recherche.»
La voie de la connaissance c’est quand on se dépouille de l’ego et que l’on s’installe naturellement dans une conscience éveillée et suprême du Soi – notre véritable nature.
La quête du Soi dont parle Ramana est, selon ses propres mots, «une méthode directe et rapide car, au moment où vous entrez dans un processus de quête de soi et d’aller de plus en plus profond, le vrai Soi attend là pour vous mener jusqu’à Lui… Dans ce processus, tous les doutes et toutes les discussions sont automatiquement abandonnés, tout comme les soucis sont oubliés quand on s’endort.»
Dans l’ego et dans l’identification, le «je» demeure – l’identification aux choses, aux objets, la vision est limitée, conflictuelle. Dans le Soi, «Je», toute identification a disparue, ne demeure que le pur «Je suis», «Être, Conscience, Félicité».
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Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Acccarias-L'Originel :
Svâmi Madhavatirtha : Quels livres devrais-je lire pour l’étude, et pour la réflexion sur les Écritures sacrées [svadhyâya] ?
Râmana : Le Soi est le vrai livre. Vous pouvez le lire où vous voulez. Personne ne peut vous enlever ce livre. À chaque fois que vous pensez à lui, tournez-vous vers le Soi. Par la suite, vous pouvez lire ce que vous voulez.
S. M. : Lorsque nous sommes assis près de vous, dans quelle condition notre mental doit-il être afin de recueillir tout le bénéfice de votre présence ?
R. M. : Gardez votre mental en paix. C’est assez. Vous obtiendrez une aide spirituelle assis dans cette pièce, si vous restez tranquille. Sachez que le but de toute sâdhanâ, de toute pratique spirituelle est, en finalité, d’abandonner toute pratique. Quand le mental est calme, le pouvoir du Soi sera expérimenté. Le Soi est omniprésent, si le mental reste tranquille, vous commencerez alors à en avoir l’expérience.
S. M. : Qu’est-ce qui est mieux pour moi : regarder vos yeux et votre bouche, ou m’asseoir en fermant les yeux et me concentrer sur une chose, une pensée en particulier ?
R. M. : Concentrez-vous sur votre propre vraie nature. Que les yeux soient ouverts ou fermés, peu importe. Le Soi est partout présent où que vous tourniez votre regard. Si vous voulez méditer, faites-le sur le « Je » qui est en vous. C’est le Soi. Comme Il est sans yeux, il est inutile d’ouvrir ou de fermer vos yeux. Quand vous atteignez la réalisation du Soi, toutes les idées préconçues sur le monde disparaissent. Quand vous êtes assis dans une pièce, n’êtes-vous pas la même personne que les fenêtres soient ouvertes ou fermées ? Peu importe vraiment que l’activité sensorielle et mondaine se poursuivre ou non.
S. M. : La pratique spirituelle de la recherche du Soi peut-elle se poursuivre que l’on soit dans la maison ou en dehors ?
R. M. : Dites-moi, êtes-vous dans la maison ou la maison est-elle en vous ? Soyez là où vous êtes ; Be as you are.
S. M. : Alors je peux rester dans la maison ?
R. M. : Non. Je veux dire que vous devez être dans votre propre vraie nature [sva-bhâva]. Vous n’êtes pas dans la maison. La maison ainsi que le monde entier sont en vous.
S. M. : Les fruits du karma accomplis lors d’une naissance, doivent-ils être subis lors de la naissance suivante ?
R. M. : Êtes-vous jamais né maintenant ? Si vraiment vous ne l’avez pas été, alors pourquoi penser à la prochaine naissance ? En vérité, les fruits de nos actions ne nous perturbent pas [pour un libéré], seul le sentiment de croire que l’on est l’auteur de l’action crée la souffrance et la servitude. L’idée de croire que nous accomplissons ou n’accomplissons pas l’action est fausse.
Pensez : qui est l’agissant du karma ?
S. M. : Si les sâdhus, les grandes âmes, enseignent l’humanité, ce serait une très bonne chose.
R. M. : Pour le libéré il n’y a «personne d’autre», donc rien de tel que de se mêler aux autres.
S. M. : Que signifie « Âtman svayam prakâshsa » [le Soi resplendit par sa propre Lumière.] ?
R. M. : Comme le soleil n’a jamais vu l’obscurité, de même le Soi n’a jamais vu l’ignorance. Le Soi est inconnaissable, mais on peut en avoir l’expérience par l’aparoksha anubhâva [l’expérience par la perception directe].
Cela est appelé svayam prakasatva, [être illuminé].
S. M. : Si l’individu devient la « forme » de l’Absolu, alors « qui » goûtera au bonheur de cet Absolu ? Pour y goûter, il doit demeurer une petite partie de séparation [viyoga], comme l’abeille qui goûte et savoure le miel.
R. M. : Le bonheur de l’Absolu est celui de notre propre vraie nature [sva-rûpa]. Celle-ci n’est pas née ou créée par quoi que ce soit. Le plaisir, lequel est créé, sera sûrement détruit. Le sucre étant insensible, ne peut pas donner son propre goût, aussi l’abeille doit-elle garder une petite distance afin de le savourer. Mais l’Absolu est Connaissance et Conscience. Il ne peut donner sa propre Félicité, comme sa nature ne peut être comprise sans avoir atteint cet état [de réalisation du Soi].
S. M. : Qu’en est-il d’amener sur terre une nouvelle race, toute d’intelligence et de sagesse ?
R. M. : Tout ce qui doit arriver dans le futur doit être compris comme impermanent. Apprenez plutôt à bien comprendre ce que vous êtes maintenant afin de ne plus avoir besoin de penser à l’avenir, à une nouvelle race, etc.