Le but est en vous ; vous êtes le but, la cible. Il n'y donc nulle part où aller, un chemin n'est pas nécessaire. En fait, il suffit de laissez tomber tous les chemins, de laisser tomber la recherche et d'être simplement vous-mêmes. Comme vous en êtes incapables, il faut vous montrer quelques chemins pour vous faire marcher, pour vous fatiguer. C'est simplement pour vous épuiser.
Chercher n'est pas la façon d'y arriver, mais la recherche est nécessaire parce que vous êtes très actifs.
J’ai ri, d’un vrai rire sonore, en voyant toute l’absurdité d’essayer de s'illuminer. Toute l’histoire est ridicule, car nous naissons illuminés, et s'efforcer d'atteindre quelque chose qui est déjà là, c'est la chose la plus absurde qui soit. Si c'est déjà là, vous ne pouvez pas l’atteindre ; vous ne pouvez atteindre que ce que vous n’avez pas, que ce qui n'est pas une partie intrinsèque de votre être. Mais l’illumination est votre nature même.
Je ne faisais rien ! Désormais, cela me dépassait ; cela arrivait. J’avais fait quelque chose ; sans le savoir j’avais frappé à la porte, et la porte s’était ouverte. J’avais médité pendant des années, assis en silence, sans rien faire, et peu à peu j’arrivais dans cet espace où vous êtes, et vous ne faites rien ; vous êtes simplement là, une présence, un observateur. Vous n’êtes même pas un observateur parce que vous n’observez pas – vous êtes juste une présence. Les mots sont inadéquats, car quel que soit le mot employé, il semble que l’on fasse quelque chose. […]
C’est arrivé dans un état de totale relaxation – c’est toujours ainsi que cela arrive. J’avais tout essayé. Puis voyant la futilité de tout effort, j’ai abandonné ce projet. Je l’ai complètement oublié. […]
Juste avant le 21 mars 1953, j’ai arrêté de travailler sur moi. Il arrive un moment où vous voyez toute la futilité de l’effort. Vous avez fait tout ce que vous pouviez faire et rien ne s’est passé. Vous avez fait tout ce qui est humainement possible. Que pouvez-vous faire d’autre ? Par pure impuissance, on laisse tomber toute recherche. Et le jour où la recherche s’arrêta, le jour où je n’ai plus rien cherché, où je ne me suis attendu à rien, cela commença à se produire. Une nouvelle énergie se manifesta – venant de nulle part. Elle ne venait d’aucune source. Elle venait de nulle part et de partout. […]
Cette nuit-là, je devins vide et je devins plein. Je devins non-existentiel et je devins l’existence. Cette nuit-là, je mourus et naquis à nouveau. Mais celui qui vécut cette nouvelle naissance n’a rien à voir avec celui qui mourut, c’est quelque chose de discontinu. En surface cela a l’air continu, mais c’est discontinu. Celui qui mourut, mourut totalement ; il ne resta rien de lui. J’ai connu bien d’autres morts, mais elles n’étaient rien comparées à celle-ci, elles étaient des morts partielles. Parfois le corps meurt, parfois une partie du mental meurt, parfois une partie de l’ego meurt, mais en ce qui concerne la personne, elle subsiste. Plusieurs fois rénovée, redécorée, un peu modifiée ici et là, mais elle subsiste, la continuité demeure. Cette nuit-là, la mort fut totale. Ce fut un rendez-vous avec la mort et avec Dieu simultanément.
Vu sur Troisième Millénaire
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