« Ce
qui est communiqué ici est simple et immédiat. Il s’agit de qui -
ou de ce que - vous êtes véritablement en cet instant même. »
Paradoxalement il s’agit aussi d’un mystère subtil. Nous pouvons
donner à cette subtilité des noms tels que Pure Conscience,
Essence, Tao, Dieu ou simplement CELA.
CELA,
Ce Sujet Ultime est l’Identité Vraie, « votre » Visage
Originel ou Pure Conscience. CELA est ce que vous êtes, et non ce
que vous pensez être.
Le
problème à la racine de tous les problèmes est le sentiment d’être
une entité séparée et l’identification en tant que corps-mental.
Avec l’éveil survient la reconnaissance qu’il n’est pas de
personnage séparé à éveiller.
Nous
sommes loin ici du « développement personnel » : Ce
dont il est question est voir à
travers
la personne, de la démasquer en tant qu’illusion, et non de lui
fournir des méthodes.
« Détendez-vous
dans le voir » conseille l’auteur car « Il n’y a
aucune chance que la pensée puisse vous emmener au-delà de la
pensée. »
Tous
ceux qui résonnent profondément au message de la non dualité se
retrouveront dans ces pages qui répondent sans concession à nombres
de leurs interrogations les plus intimes. Par sa simplicité et sa
cohérence il passionnera aussi les nouveaux venus à cette
aperception particulière de la nature des choses.
Avec
une infinie patience il démonte de façon irréfutable les
constructions mentales qui entravent l’advenue de la paix en ceux
qui, habité par une recherche d’absolu, s’égarent encore
parfois dans les méandres des mots.
La
vision qui habite Leo Hartong entraîne doucement mais
irrévocablement le lecteur vers un lâcher prise définitif.
Extrait de l'ouvrage, publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias L'Originel :
1. La migraine de
Dieu
Question : Prétendez-vous
que savoir que toute douleur et toute souffrance sont universelles
nous en libère ? Douleur et souffrance n’en continuent-elles
pas moins à exister, qu’elles soient considérées à partir du
microcosme ou du macrocosme ? Est-ce une migraine de Dieu ?
Réponse :
Au niveau relatif
du jeu, l’expérience de la vie a lieu à travers des polarités
opposées telles que plaisir/souffrance, bien/mal, haut/bas,
allumé/éteint et ainsi de suite. Ces polarités contraires sont
connues à partir de — et générées par — la perspective d’un
apparent individu séparé. Tout l’apparent pouvoir de choix et
d’action de ce personnage illusoire vise à s’éloigner du pôle
négatif et à se rapprocher du pôle positif ou pôle de plaisir.
La
fin de la souffrance ne se trouve pas dans l’éradication de l’un
des pôles au profit de l’autre, mais la véritable nature de la
souffrance pourrait devenir claire en se demandant : qui est ce
qui souffre ?
La
libération peut advenir à travers la réalisation qu’il n’est
en fait aucune séparation nulle part et pas d’individu pour
endurer la souffrance. Dans cette reconnaissance, le feu continue à
brûler, le vent à souffler, la pluie à tomber et le soleil à
briller, pour tous…et pour personne.
Ce
n’est pas tant qu’il y a libération de la souffrance mais plutôt
réalisation qu’il n’est personne pour être libéré. Cette
perspective est mise en exergue dans la citation suivante attribuée
au Bouddha :
Il
y a agissement, mais sans pour autant entraîner l’existence d’un
agissant individuel, autonome et séparé.
La
souffrance existe, mais sans personne pour souffrir.
La souffrance est « contenu ».
La Conscience est « contenant ».
La Conscience est ce en quoi tout se lève et se dissout. Elle
demeure non affectée, exactement comme le miroir demeure vide,
indépendamment de ce qui semble apparaître en lui. Reconnaissez que
vous êtes la Conscience témoin non affectée pour laquelle la
personne et ses expériences — bonnes et mauvaises — sont
des objets constatés. ici
le centre de gravité
passe du contenu au
contenant.
Ce contenant
est vide et merveilleux et il ne souffre pas. C’est la paix
antérieure aux divisions bon/mauvais, souffrance/plaisir, yin/yang
générées par l’esprit. Vous êtes cette Paix.
Vous êtes la Conscience immuable en laquelle toute activité a lieu.
Demeurez toujours en paix. Vous êtes Être éternel, illimité et sans partage.
Restez simplement tranquille. Tout est bien. Tenez-vous coi, ici, en cet instant.
Vous êtes Joie, vous êtes Paix, vous êtes Liberté.
N’entretenez pas la notion que vous êtes en difficulté.
Soyez bienveillant envers vous.
Ouvrez-vous à votre Cœur et simplement Soyez.
Papaji
2. Comment aborder
les approches opposées ?
Question :
Certains
enseignants advaïtins affirment : « Reconnaissez qui vous
êtes réellement, exercez-vous à cette reconnaissance et
stabilisez-vous en elle ». D’autres disent qu’il n’y a
rien à gagner, qu’il n’est point de vous ; qu’il y a
simplement ceci !
La
première approche m’offre une méthode pour gérer mes émotions,
mes frustrations et ma croyance erronée d’être une personne ;
bien que j’apprécie la deuxième proposition, elle ne m’offre
aucune méthode pour atteindre une stabilisation en Ce que je suis
réellement.
Avez-vous
des suggestions sur la manière de traiter ces approches opposées ?
Réponse :
Les
méthodes ayant trait à la gestion des émotions sont une bonne
chose mais relèvent du domaine de la psychologie et n’ont rien à
voir, ou si peu, avec la vision claire. Elles tendent à réconforter
et à ajuster la personne. Ce dont il est question ici est de voir à
travers
la personne, de la démasquer en tant qu’illusion, pas de lui
fournir des méthodes. La personne travaillant sur elle-même a
autant de chances de réussir
à
voir au travers d’elle-même qu’un piège réglé pour s’attraper
lui-même.
Le
problème avec la tentative d’y
parvenir est que cela implique automatiquement de ne
pas
y être. Cela conforte la notion d’un « vous » séparé
devant arriver quelque part plus tard. Et ce faisant, cela conserve
en vie et bonne santé l’illusion de la séparation et du temps. En
vérité, il n’est aucun personnage séparé pour atteindre un
futur état intemporel.
Ce
dont il s’agit ici, c’est la reconnaissance de ce qu’est
véritablement ce qui vit, pense, voit et respire, à travers et en
tant que
la personne apparente. C’est la Substance Une, telle qu’en
elle-même, simplement CECI… Présence Conscience. Le « petit
vous » ne peut s’y stabiliser mais VOUS êtes Cela.
Réponse
de l’intervenant : C’est
tellement fascinant — tout est écran de fumée et jeu de miroirs !
Ashtavakra affirme : « Le monde est un spectacle de
magie » — et c’est bien vrai. Pour en revenir au sujet :
la réponse de l’auteur affirme que les émotions n’ont rien ou
si peu à voir avec la vision claire — mais y a-t-il quoique ce
soit qui ait à voir avec la vision claire ? Il est clair que
non. Car qu’y a-t-il à voir ? Et qui est là pour « le »
voir ??
Nos
mots nous font trébucher à tous coups, neti,
neti, neti.
Des questions ? Peut-être, mais de réponses ? Point.
Dattatreya
(Avadhut
Gita)
dit que tout cela n’est que bavardage. Mais comme nous aimons nos
bavardages !
Réponse :
Oui,
toutes nos questions, réponses et commentaires sont faits de mots
par nature. Personne ne tentera
de boire le mot « eau », mais lorsqu’il s’agit
d’évoquer CECI il est parfois oublié que les mots ne sont que de
simples symboles. En tant que tels ils pointent EN DIRECTION DE, mais
ne peuvent jamais contenir CELA qui contient les mots. Ceci dit,
j’aime beaucoup les paroles d’Ashtavakra et de Dattatreya.
Alors
des mots encore :
Ce
que j’ai dit n’est pas tant que les émotions n’ont rien à
voir avec ce vers quoi nous pointons ici, mais que des méthodes pour
travailler sur
les émotions ont très peu ou rien du tout à voir avec ; que
ces méthodes reviennent à à travailler sur la personne au lieu de
voir à travers la personne.
En
fin de compte, il n’est que CECI qui ne peut être saisi en mots ;
Cela simplement est/n’est pas — incluant personnages apparents et
émotions. Si les mots n’ont aucun sens, on peut toujours remarquer
l’espace entre
eux, ou l’arrière-plan sur lequel ils s’inscrivent.
Réponse
de l’intervenant : Eh
bien,
Il
y a peut-être des réponses après tout — la vôtre était
excellente et je vous en remercie. En fait, elles sont et ne sont pas
— tout est au mieux dans le meilleur des mondes !
J’aime
cette idée de voir « à travers » cette personne que
généralement je pense que je suis — en fait que je pense
« toujours » que je suis dès que je pense. Il semble que
je ne puisse voir « au travers » que lorsque que je cesse
de penser. CESSER
DE PENSER !
C’est comme l’espace entre deux mots ou l’espace entre
inhalation et expiration.
« Je
suis le support de l’univers, le père, la mère et le grand-père.
Je suis l’objet du savoir, la syllabe sacrée OM et les Védas. Je
suis le but, le support, le Seigneur, le témoin, la demeure, le
refuge, l’ami, l’origine, la dissolution, la fondation, le
substrat et l’ immuable semence ».