lundi 30 juin 2014

• Retour vers soi - Nicole Montinéri


Souvent, les personnes désireuses de calmer leur esprit tentent d'éviter des situations, de fuir certains phénomènes, créateurs d'agitation et de bruit. Il suffit de réaliser que l'esprit est naturellement paisible, naturellement ouvert, naturellement vide. En cet espace primordiale, aucune accroche n'est possible. Les pensées continuent de s'élever, mais elles ne trouvent plus de points d'ancrage. Elles ne troublent plus l'immensité silencieuse libre du temps.

Il n’y a pas d’autre chemin que celui du retour vers soi. Dans nos sociétés du divertissement, du spectacle des ego, l’être humain a le sentiment que tout devient dérisoire et lui-même, insignifiant.
Pour ne pas perdre le sens de la vie, il nous faut revenir vers l’être authentique qui nous habite, retrouver cette exigence d’essentiel qui demeure en nous malgré notre existence fragmentée.
Qu’est-ce qu’il y a en moi que je n’ai pas encore vu ? Pas encore éclairé, compris, assumé ? Voilà la question que je dois me poser.
Nous devons apprendre à nous recueillir, à retourner dans notre propre fond et à y goûter le silence réparateur. A reconnaître, dans cet espace, l’être intime qui y est caché et à puiser la force qui le fera naître à lui-même. C’est un apprentissage, dont dépendent la qualité de notre conscience, le degré d’intelligence et de sagesse qui s’expriment dans notre façon d’être.

L’être intérieur, le vrai moi, immuable quelque soient les évènements de notre destinée, est notre entière réalité.
Tant que nous ne savons pas qui nous sommes, nous vivons en exil, non seulement en ce monde, mais aussi à l’intérieur de nous-mêmes, coupés de notre être véritable. La connaissance de soi est la condition du bonheur. Ce sentiment de plénitude qui parfois monte en nous est le signe de l’émergence de notre être intérieur, et de notre acquiescement à sa réalité.
C’est ce Je Suis, ce puissant noyau d’énergies qui vit en nous, qu’il s’agit de libérer. « Allez au bout de vous-mêmes, jusque dans les fondements de votre être, sans avoir peur de les ébranler. »
Nicole Montineri nous propose un chemin d’accomplissement jusqu’au dieu en nous.

© Extrait de l'ouvrage publié avec l'aimable autorisation des Éditions Accarias - L'Originel :

Voir

Voir ne peut être que depuis la source de lumière, à la racine de la liberté du Désir divin qui fonde ce monde et le déploie dans notre intériorité. Vides de représentations, nous nous tenons dans la nudité de ce Désir originel, ouverts, libres de fin, au-delà de Ses reflets.
Voir est mû par le Souffle qui émane de la source, de cet œil de l’intérieur qui regarde tout en lui-même.
Voir ce qui est, c’est aussi voir ce qui permet l’existence. Voir est conscience. C’est une perception globale, une connaissance directe, immédiate, qui saisit ce qui est « tout de connaissance » : la conscience pure.
L’œil qui voit de l’intérieur est celui de cette conscience pure : c’est l’œil du cosmos, qui tire son acuité du Vide originel.
Nous limitons la vie aux actions de notre corps et de notre pensée, ou à celles des autres. La vie est aussi au-delà. Elle est partout. Voir cela, c’est déjà répondre à la question : Qui suis-je ?
Tant que nous ne savons pas qui nous sommes, nous ne voyons ni le monde, ni les autres, mais notre seule image.
Qu’est-ce qu’il y a en moi que je n’ai pas encore vu ? Pas encore éclairé, compris, assumé ? Voilà la question que je dois me poser. Car sinon, je ne suis pas seulement en exil dans ce monde, mais aussi à l’intérieur de moi-même, coupé du potentiel d’énergies à accomplir qui est scellé dans le noyau de mon être depuis toujours. Si je suis incapable de déceler en moi ce qui demande à être transmuté en lumière, à être conscientisé, je reste dans la confusion, l’égarement et la souffrance. Pris dans mes propres ténèbres, que je ne reconnais pas, je n’atteins pas à la totalité de mon être, ce Je Suis, fruit de mon entier accomplissement. C’est dans la nuit de mon intériorité, et non dans le poids, que je fais porter aux autres, de ma propre ignorance, que je vais chercher et découvrir cette lumière-connaissance qui déploiera mon espace de conscience et me fera naître à moi-même.
Voir ce qui est obscur à l’intérieur de nous est notre responsabilité, depuis que le Souffle divin fit de nous une « âme vivante ».
Ce qu’est sortir de la confusion : voir à l’horizon… la ligne ne sépare pas la terre et le ciel mais les joint. Ils ne sont pas séparés, ils ne sont pas confondus non plus.
La connaissance totale est voir toute chose dans son unité primordiale. Cette vision est la suprême intelligence. Nous sommes arrivés au centre, l’œil contemple à l’infini tous les espaces. Le voile est percé, qui dissimulait la façon dont la vie est informée.
Voir à partir du centre lumineux de notre être, à égale distance de toutes choses, est le vrai regard.
Voir est le « faire » véritable qui caractérise l’action juste, engendrée dans le silence, en adéquation parfaite à ce qui est, sans interprétation qui colore la réalité selon la satisfaction de désirs. Elle vient d’une profondeur que la pensée n’atteint pas.
Voir est la Réalité même : pas un sujet qui voit l’objet de sa vision, mais un seul champ de conscience, une unité dynamique qui centre l’énergie du vide et éclaire.
Voir, à chaque instant, que toute conscience d’objet a pour support la Conscience indifférenciée, absolue. Voir, c’est la pure Connaissance. Elle vient du cœur, de l’énergie puissante qui y fulgure en lumière. Celui qui demeure en ce centre incarne dans le monde la Conscience absolue. Il ne voit pas par lui-même, bien que son attention soit extrêmement fine, mais est tout entier avec Cela qui voit.
Entre l’Un et le multiple, entre l’Incréé et le créé, une étendue qui les relie, le vide d’où émane le Souffle, donné par cette Mère-matrice qu’est la Conscience.
Ce qui vient du « voir » est le plus caché de nous, le plus intime de notre intériorité, mis en lumière par notre descente vers la source. Ce sont nos profondeurs éclairées qui voient, le féminin en nous. C’est Marie-Madeleine qui, la première, à l’aube, voit celui qu’elle croyait mort. Voit, c’est-à-dire entend sa voix, souffle ressenti, et reconnaît dans cet invisible celui qu’elle aime. Elle ne l’a pas touché, lui, mais a touché ce qui les relie, cette étendue comme un fil d’horizon entre le ciel et la terre, cet entre-deux qui recèle la Présence, ce vide qui lui transmit alors le mystère de la Vie.
Voir est intelligence et sagesse, voir est conscience. Voir n’est pas séparer, c’est englober ce qui est dans une vision unitive de rigueur et de miséricorde. Voir est amour.

==> Site de Nicole Montinéri ; La Conscience Espace