Souvent, les personnes désireuses de calmer leur esprit tentent d'éviter des situations, de fuir certains phénomènes, créateurs d'agitation et de bruit. Il suffit de réaliser que l'esprit est naturellement paisible, naturellement ouvert, naturellement vide. En cet espace primordiale, aucune accroche n'est possible. Les pensées continuent de s'élever, mais elles ne trouvent plus de points d'ancrage. Elles ne troublent plus l'immensité silencieuse libre du temps.
Il
n’y a pas d’autre chemin que celui du retour vers soi. Dans nos
sociétés du divertissement, du spectacle des ego, l’être humain
a le sentiment que tout devient dérisoire et lui-même,
insignifiant.
Pour
ne pas perdre le sens de la vie, il nous faut revenir vers l’être
authentique qui nous habite, retrouver cette exigence d’essentiel
qui demeure en nous malgré notre existence fragmentée.
Qu’est-ce
qu’il y a en moi que je n’ai pas encore vu ? Pas encore
éclairé, compris, assumé ? Voilà la question que je dois me
poser.
Nous
devons apprendre à nous recueillir, à retourner dans notre propre
fond et à y goûter le silence réparateur. A reconnaître, dans cet
espace, l’être intime qui y est caché et à puiser la force qui
le fera naître à lui-même. C’est un apprentissage, dont
dépendent la qualité de notre conscience, le degré d’intelligence
et de sagesse qui s’expriment dans notre façon d’être.
L’être
intérieur, le vrai moi, immuable quelque soient les évènements de
notre destinée, est notre entière réalité.
Tant
que nous ne savons pas qui nous sommes, nous vivons en exil, non
seulement en ce monde, mais aussi à l’intérieur de nous-mêmes,
coupés de notre être véritable. La connaissance de soi est la
condition du bonheur. Ce sentiment de plénitude qui parfois monte en
nous est le signe de l’émergence de notre être intérieur, et de
notre acquiescement à sa réalité.
C’est
ce Je Suis, ce puissant noyau d’énergies qui vit en nous, qu’il
s’agit de libérer. « Allez au bout de vous-mêmes, jusque
dans les fondements de votre être, sans avoir peur de les
ébranler. »
Nicole
Montineri nous propose un chemin d’accomplissement jusqu’au dieu
en nous.
© Extrait de l'ouvrage publié avec l'aimable autorisation des Éditions Accarias - L'Originel :
Voir
Voir ne peut être
que depuis la source de lumière, à la racine de la liberté du
Désir divin qui fonde ce monde et le déploie dans notre
intériorité. Vides de représentations, nous nous tenons dans la
nudité de ce Désir originel, ouverts, libres de fin, au-delà de
Ses reflets.
Voir est mû par le
Souffle qui émane de la source, de cet œil de l’intérieur qui
regarde tout en lui-même.
Voir ce qui est,
c’est aussi voir ce qui permet l’existence. Voir est conscience.
C’est une perception globale, une connaissance directe, immédiate,
qui saisit ce qui est « tout de connaissance » : la
conscience pure.
L’œil qui voit de
l’intérieur est celui de cette conscience pure : c’est
l’œil du cosmos, qui tire son acuité du Vide originel.
Nous limitons la vie
aux actions de notre corps et de notre pensée, ou à celles des
autres. La vie est aussi au-delà. Elle est partout. Voir cela, c’est
déjà répondre à la question : Qui suis-je ?
Tant que nous ne
savons pas qui nous sommes, nous ne voyons ni le monde, ni les
autres, mais notre seule image.
Qu’est-ce qu’il
y a en moi que je n’ai pas encore vu ? Pas encore éclairé,
compris, assumé ? Voilà la question que je dois me poser. Car
sinon, je ne suis pas seulement en exil dans ce monde, mais aussi à
l’intérieur de moi-même, coupé du potentiel d’énergies à
accomplir qui est scellé dans le noyau de mon être depuis toujours.
Si je suis incapable de déceler en moi ce qui demande à être
transmuté en lumière, à être conscientisé, je reste dans la
confusion, l’égarement et la souffrance. Pris dans mes propres
ténèbres, que je ne reconnais pas, je n’atteins pas à la
totalité de mon être, ce Je Suis, fruit de mon entier
accomplissement. C’est dans la nuit de mon intériorité, et non
dans le poids, que je fais porter aux autres, de ma propre ignorance,
que je vais chercher et découvrir cette lumière-connaissance qui
déploiera mon espace de conscience et me fera naître à moi-même.
Voir ce qui est
obscur à l’intérieur de nous est notre responsabilité, depuis
que le Souffle divin fit de nous une « âme vivante ».
Ce qu’est sortir
de la confusion : voir à l’horizon… la ligne ne sépare pas
la terre et le ciel mais les joint. Ils ne sont pas séparés, ils ne
sont pas confondus non plus.
La connaissance
totale est voir toute chose dans son unité primordiale. Cette vision
est la suprême intelligence. Nous sommes arrivés au centre, l’œil
contemple à l’infini tous les espaces. Le voile est percé, qui
dissimulait la façon dont la vie est informée.
Voir à partir du
centre lumineux de notre être, à égale distance de toutes choses,
est le vrai regard.
Voir est le
« faire » véritable qui caractérise l’action juste,
engendrée dans le silence, en adéquation parfaite à ce qui est,
sans interprétation qui colore la réalité selon la satisfaction de
désirs. Elle vient d’une profondeur que la pensée n’atteint
pas.
Voir est la Réalité
même : pas un sujet qui voit l’objet de sa vision, mais un
seul champ de conscience, une unité dynamique qui centre l’énergie
du vide et éclaire.
Voir, à chaque
instant, que toute conscience d’objet a pour support la Conscience
indifférenciée, absolue. Voir, c’est la pure Connaissance. Elle
vient du cœur, de l’énergie puissante qui y fulgure en lumière.
Celui qui demeure en ce centre incarne dans le monde la Conscience
absolue. Il ne voit pas par lui-même, bien que son attention soit
extrêmement fine, mais est tout entier avec Cela qui voit.
Entre l’Un et le
multiple, entre l’Incréé et le créé, une étendue qui les
relie, le vide d’où émane le Souffle, donné par cette
Mère-matrice qu’est la Conscience.
Ce qui vient du
« voir » est le plus caché de nous, le plus intime de
notre intériorité, mis en lumière par notre descente vers la
source. Ce sont nos profondeurs éclairées qui voient, le féminin
en nous. C’est Marie-Madeleine qui, la première, à l’aube, voit
celui qu’elle croyait mort. Voit, c’est-à-dire entend sa voix,
souffle ressenti, et reconnaît dans cet invisible celui qu’elle
aime. Elle ne l’a pas touché, lui, mais a touché ce qui les
relie, cette étendue comme un fil d’horizon entre le ciel et la
terre, cet entre-deux qui recèle la Présence, ce vide qui lui
transmit alors le mystère de la Vie.
Voir est
intelligence et sagesse, voir est conscience. Voir n’est pas
séparer, c’est englober ce qui est dans une vision unitive de
rigueur et de miséricorde. Voir est amour.
==> Site de Nicole Montinéri ; La Conscience Espace