• Plus commun que la poussière au bord des routes - Wolter A. Keers

Wolter A. Keers (1923-1985)

La connaissance de ce que nous sommes est immédiate, tout entière dans un coup d'oeil, comme un paysage de nuit d'été qu'un éclair illumine brusquement. Néanmoins, après une vision, nous pouvons encore nous imaginer que cette connaissance est apparue à une personne. Il est facile de nous rendre compte que c'est absolument faux. Finalement, ce mot "moi" perd tout contenu, ne signifie plus rien. Si l'on continue à l'utiliser, il indique seulement une présence physique. Evidemment, il serait ennuyeux d'annoncer à ceux qui nous écoutent "ce corps est fatigué", "cet estomac a faim", et ainsi de suite. Attirer l'attention n'a aucun intérêt, bien au contraire.
En fait, un "être illuminé" n'a découvert que ce qu'il est, et c'est encore plus commun que la poussière au bord des routes.
Après une grande reconnaissance (se reconnaître) il se peut qu'il y ait une époque dans laquelle l'ego doive être démasqué ici et là. C'est seulement après avoir fouillé dans tous les coins, lorsque tout sentiment, toute idée de moi, de mien, a disparu, que la paix ininterrompue s'installe en nous. Mon maître disait: « Tu vas continuer à regarder jusqu'à ce que tu arrives à la certitude qu'il n'y a plus aucune trace de changement. C'est cela l'expérience que tu es Dieu. » Alors, plus rien n'est nécessaire.

Extrait de la Revue Être, Approche de la non-dualité, n°1 (1984).

Vu sur le n° 90 du magazine 3e Millénaire