mardi 16 février 2010

• Y a-t-il un seul instant où le Soi ne soit pas réalisé ? - Karl Renz


Maximes de Karl Renz
vu sur le site des Éditions Anaad

Tout est exactement tel que c'est parce que l'Être s'est manifesté de cette manière et pas autrement.

En étant ce que tu es, ou plutôt comme tu es : absolu, antérieur à tout et à rien, tous les concepts sont détruits. Ceci désigne ce qui ne requiert ni cognition ni illumination pour être ce qui est. Et c'est ce que tu es : l'Être absolu dans une imperturbable harmonie.

Ta vraie nature est éternelle, antérieure à l'apparition du temps et de l'espace et à tout ce qui se manifeste en elle. Éternellement imperturbable, cette conscience pure et absolue se perçoit en elle-même comme elle-même.

Reconnaître que l'ego n'est qu'une ombre éphémère dans le Présent éternel invalide son apparente réalité.

Y a-t-il un seul instant où le Soi ne soit pas réalisé ? Ce que tu penses être ne sera jamais réalisé. Comment une idée ou un objet pourraient-ils être réalisés ? La réalisation signifie que la conscience, identifiée à un objet à un moment donné, devient infinie ; elle prend conscience d'être la conscience.

Le Soi n'est jamais illuminé ni non illuminé. Il est toujours antérieur à toute idée d'illumination ou non illumination ; quoi que tu en dises, ce sera toujours un concept.

La seule chose qui ne soit pas conceptuelle est le Soi. Avec des concepts, tu peux regarder les objets sous des angles infinis et, au cours de ce processus, créer de nouveaux concepts. Pour voir, il n'est besoin d'aucune explication ! Il faut simplement désigner le Cœur même et voir que seul le Soi est la réalité, antérieure à toute idée d'existence ou non-existence. Toute idée qui surgit est une fiction. Ce qui est antérieur à la fiction, aux idées, c'est ce que tu es.

Remplacer un concept par un autre afin de créer un concept « clair » ne présente absolument aucun avantage. Cela ne fait pas partie de la compréhension. Nous parlons de ce que tu es, qui ne requiert aucune compréhension ni connaissance de la manière dont cela fonctionne.

« Personne » n'a jamais rien réalisé, pas même Karl, qui fait partie de la réalisation. Bien que tu sois empli du désir d'améliorer ou de changer, vois qu'en réalité il n'y a et il n'y aura jamais d'échappatoire à ce que tu es. Tu ne peux jamais devenir ce que tu es déjà !

L'éveil n'est pas quelque chose qui se « produit » ; c'est juste un « Ha, ha ! » lorsque tu vois que ce que tu es est ce que tu as toujours été et seras toujours. Ce que tu es est en dehors du temps. Le temps existe à cause de toi ; c'est simplement un reflet partiel de toi-même.

Il n'y a jamais eu d'ego qui ait respiré. Il n'y a pas de « dernière » expiration parce qu'il n'y a pas eu de « première » inspiration. Ne crée pas de processus là où il n'y en a aucun. Vois simplement que ce que tu es est la seule chose réelle, et que cela n'a jamais été affecté par quoi que ce soit de sensoriel. Ce n'est pas nouveau ; c'est ancien et infini. Juste ce «  Ha, ha ! Oh, l'infini ! », Et tout ce qui existe est l'infini et non une expérience ou un évènement.

De l'idée d'un « possesseur » découle celle de posséder la conscience. Cela se produit à cause de la sensation de séparation. Il en résulte l'impression d'être une personne séparée, ce qui est également faux. La conscience joue le rôle d'une personne, mais il n'y a pas de personne « possédant » la conscience. Si possession il y a, quelle qu'elle soit, elle est du côté de la conscience qui « possède » la personne, étant donné qu'elle joue le rôle de cette personne.

La seule mort possible est celle de l'ego (l'idée de séparation). Et la question est : « Comment ce qui n'existe pas pourrait-il mourir ? Comment pourrait mourir ce qui est une apparence se présentant dans la perception comme simplement une sensation ? Par quel moyen le mensonge prétendant à l'existence d'un être séparé peut-il disparaître ? Pour quoi ou pour qui le mensonge de la séparation disparaît-il ? »

Il n'y a ni Créateur ni Création. Il n'y a que le seul et unique Soi et son déploiement, qui est infini. Comme il n'y a rien en dehors du Soi, il ne peut pas y avoir de Créateur séparé ni de Création. Par ce déploiement, le « Je » en tant que conscience pure devient la pensée « Je suis » ; de la pensée « Je suis » vient la sensation, « je suis un objet dans le temps ». Et tout cela fait partie intégrante du déploiement du Soi.

Ramana Maharshi a dit que de même que tu utilises une épine pour en déloger une autre, de même tu utilises un concept pour en enlever un autre ; après quoi, les deux sont abandonnés. De la même manière, toute cette investigation t'aide à réaliser que tu n'es rien de conceptuel. Tu vois cette expérience absolue lorsque tu es dans le vide total et qu'il n'y a pas de second.

Lorsqu'il n'y a rien à percevoir, tu demeures tel que tu es. Dans ce vide total, nous ne pouvons pas dire si tu es ou si tu n'es pas. Ainsi, tu existes sans idée ni perception de quoi que ce soit. Tu restes ce que tu es, même lorsque la sensation d'être « toi » n'existe plus.

Lorsque tu vois qu'il ne s'est jamais rien passé, il n'y a plus d'étapes. Tu es ce que tu as toujours été et toujours sera ; le reste est simplement le lila, un jeu théâtral.

Le Soi ne dépend de rien ni n'est le gardien de ce qui se déploie. Le Soi, étant ce qu'il est, est parfait en lui-même. L'absence de toute idée de ce qu'est le Soi ou de ce qu'il n'est pas confère le bonheur parfait et le contentement.

Revient toujours à ce point : soit antérieur à ce qui existe dans le temps. Vois que ce que tu es ne peut être perçu par aucun des sens.

Le Soi se révèle uniquement à lui-même, dans son omniprésence, dans le Présent éternel. Un disciple apparaît en même temps qu'un enseignant comme une question apparaît avec sa réponse. De l'absence de désirs surgit un désir dans le temps, qui se dissout lorsqu'il est comblé, exactement comme chaque question trouve sa délivrance à travers la réponse. C'est la loi karmique de la conscience. Il n'y a ni enseignant ni étudiant, seulement des questions et des réponses.

Le déploiement de l'Absolu est aussi absolu que ce qui se déploie. Même cette image nommée « moi », qui surgit le matin et retombe le soir, n'a aucun besoin de réalisation. Tant que tu crois être cette image et que cette pensée « je » est ta réalité, le Soi reste une idée. C'est la conscience qui cherche le Soi.

Seul le Soi regarde, peu importe comment : dans le temps, en dehors du temps ou antérieurement au temps. Le Soi perçoit, et ce qu'il perçoit est toujours le Soi, puisque le Soi est tout ce qui est.

Tu peux appeler le Soi la source du « Je suis », qui est la source de « je suis Karl », mais tu ne peux vraiment te reposer que lorsque tu vois que tout ce que tu définis ne peut pas être ce que tu es. De même que l'œil ne peut pas se voir lui-même, ainsi ce qui définit absolument ne peut pas définir ce qu'il est. Ce que tu es ne peut pas faire autrement que de se reposer dans « ce qui est » ; il ne peut se reposer nulle part ailleurs, puisque le Soi est tout ce qui est.

Tu ne peux pas t'échapper, car tout ce qui existe est le Soi. Où que tu ailles, tu y es déjà. Que tu restes tranquille ou que tu bouges de-ci de-là, personne ne bouge et personne ne reste tranquille. Vois simplement la totalité de ce que tu es, même dans le monde spatio-temporel. La totalité est tout ce qui existe.
La conscience pure est le premier déploiement ; c'est la sensation d'un soi conscient de l'existence. Ainsi y a-t-il un soi conscient de sa séparation. De cette manière, la conscience pure fait déjà partie de la séparation.

Le temps vient de l'idée d’un « moi ». Toutes ces idées ne sont que des aspects du déploiement de la totalité, le Soi. Même si tu peux percevoir ce qui paraît être le temps limité, qui semble apparaître et disparaître, ça ne veut pas dire que cela existe d'une manière limitée.

Aucun travail ni développement ne sont requis pour être ce que tu es. Tout concept de « voie », qui implique évolution et même cognition, apparaît avec la première pensée « je ». Cette première pensée crée le temps, l'espace et par conséquent l'univers entier.

Tant que cette pensée « je » semble réelle - ce qui signifie séparation, dualité et souffrance -, le désir d'unité apparaît ainsi que celui d'une échappatoire, d'une fin de la souffrance.

Cherche le début de la souffrance. Quand tu pourras le trouver, alors peut-être trouveras-tu également la fin. La souffrance a-t-elle jamais commencé ? Pour que souffrance il y ait, il doit y avoir une personne qui souffre, aussi commence par chercher cette personne. Tant que tu chercheras la « fin » de la souffrance, il y aura une personne en souffrance.

Le sentiment « Je suis » amène avec elle une personne en souffrance – même si elle ne souffre pas -, car n'importe quel moment d'inattention peut la projeter de nouveau dans la souffrance. Lorsque tu éradiques l'idée d'une personne en souffrance, où est la souffrance ?

L'annihilation totale de la personne qui souffre ne se produit que lorsque tu vois réellement ce que tu es - quand tu te perçois sans commencement ni fin. Lorsque tu vois cette manifestation comme le Soi et rien que le Soi, la sensation d'être séparé, d'exister comme un soi séparé, est absolument anéantie.

N'écoute personne, pas même toi-même. Tout ce que tu perçois ne peut pas être ce que tu es. Tout ce que tu as compris, tu peux l'oublier. Ce qui peut disparaître peut assurément réapparaître.

L'ego qui s'en va peut revenir tôt ou tard. D'abord, vois ce qui en fait apparaît, et aussi si cette apparition est réelle. Ensuite, qui se soucie d'une apparence ? C'est la vraie question à poser plutôt que de demander ce qui apparaît et disparaît. Se soucier d'une apparence, quelle stupidité ! L'ignorance du Soi, la croyance en un soi séparé, prend une apparence pour la réalité !

Le plus souvent, la spiritualité revient à « garder le dharma ». Elle garde le dharma vivant ; elle garde le lilâ vivant.

Reconnais que tout est mensonge, surtout celui qui reconnaît que tout est mensonge.

Les idées « je suis sans forme » ou « je ne suis pas » font encore partie du domaine de la séparation. « Qui » n’a pas de forme et mais a encore besoin d'en avoir une ? Vois simplement que ce qui existe dans la « non forme » existe également dans la forme. Je suis le même avec ou sans forme. Sans la sensation de différence, sans la sensation de séparation, tout est complet.

Tu n'as besoin d'aucune circonstance particulière. Ce que tu es existe dans n'importe quelle circonstance, quelle qu'elle soit. Les circonstances que nous nommons naissance et mort ne peuvent jamais te toucher. Tu es antérieur à la sensation de naissance et de mort. Ce que tu es existait avant que ce corps ne soit né.

Vois que tu es totale compassion, que rien ne t'arrive, que tout ce qui surgit, surgit parce que tu es. Il n'y a pas de différence entre cet œil qui regarde quelque chose ou un autre œil ; tu es l'œil infini qui regarde en ce qu'il est sous des angles infinis. Tu es la perception infinie, qui ne perçoit que des informations du Soi.

L'essentiel est de voir qu'il n'y a pas besoin d'échappatoire. Et dans cette résignation – la réalisation que tu es l'essence ou le substrat de ce qui est -, il n'y a pas d'échappatoire, car tu es la source même de ce qui est. Alors seulement y a-t-il la paix.

Un concept contre un autre, vois-tu ce jeu stérile de ping-pong ? Le seul problème est qu'il y a des concepts. Cette conceptualisation cache la vérité.

Voir le vide des concepts est voir leur essence, qui est la liberté. Et dans cette vision, même celui qui voit disparaît.

Pour aborder la réalité, les mots sont inutiles. Seul le silence profond (l'immobilité) permet à tous les objets du monde (y compris toi et moi) de disparaître dans la conscience pure d'une potentialité totale, dans tout, dans « Je suis celui qui suis ».

Le vide, l'absence de « toi », est comme le poison d'un serpent : s'il est pris correctement, il peut guérir ; sinon, il peut tuer.

L'absence de toute sensation d'un « toi » et d'un « moi » séparés est la médecine ultime. Si cela est compris à travers le filtre du mental qui est le maître de tous les concepts, le monde est empli de souffrance et de mort. Lorsque cela est compris par le Cœur, il n'y a pas de séparation. Tu es « un » avec toutes les souffrances, y compris celle de l'enfant en Éthiopie, mais avec cette différence : l'absence d'une personne en souffrance.

Dans l'absence de « toi », il n'y a plus aucun jugement. Ainsi, en venir à aider les « autres » n'est pas entre « tes » mains.

Il n'y a pas de « toi » pour atteindre un objectif, étant donné qu'il ne peut pas y avoir d'individu dans cette Absence. Là où toute action ou non-action est absolue, il n'y a pas la sensation d'être l'auteur de l'action. Tout se produit spontanément et tout à fait naturellement.

Lorsque le Cœur est recouvert par le sens de ta propre individualité, le monde est comme un enfer séparé. Lorsque ce sens de séparation a disparu et que le Cœur est découvert, le vide, notre vraie demeure, est comme le paradis. C'est la signification de para (antérieur et postérieur à toute apparence). Ce sera toujours et seulement l'absolu.

Vois, tout simplement ! Le Soi est tout, et tout ce qui se passe se passe dans le Soi et fait partie du Soi.

Lorsque le vide est, il n'y a plus rien à dire. 

Traduction : Anasuya

À paraître prochainement : Tao te Karl, de Karl Renz - Éditions Anaad 

À lire :
Pour en finir avec l'éveil et autres erreurs conceptuelles, Éditions les Deux Océans.

Pour en savoir plus : www.karlrenz.com

2 commentaires:

Jean-philippe a dit…

c'est tres rafraichissant ..

merci beaucoup patrice

Jp

vincent a dit…

"Ce processus " de la conscience individuelle à la conscience cosmique ", du personnel à l'impersonnel, que l'on appelle illumination, est toujours unique et ne peut jamais être reproduit ni imité." Karl
Tout ce qui est dit est fort bien dit.
Mais quoiqu'il en soit, tant que ce sentiment d'être un individu séparé persiste, chacun devra y aller selon ce qui lui semble juste pour lui! Donc pas de chercheur certes, mais la recherche se cherche et devra s'éteindre d'elle-même. Donc qu'il y ait un chercheur ou pas c'est un faux problème car chacun selon son parcours continuera de chercher à se trouver......Faisons ce que nous avons à faire, aimons cela, soyons total dans cette plongée en nous mêmes, quand au reste cela n'appartient à personne, mais personne ne fera l'écononmie de tout faire quelque soit sa façon toute personnelle pour que l'impersonnel soit!