vendredi 4 septembre 2009

• Simplement être là et observer ce qui est - Sébastien Fargue

Interview avec Sébastien Fargue

Vous êtes l’auteur d’un livre intitulé La Présence Intégrale et vous animez régulièrement des ateliers de « présence » (notamment dans le sud de la France).
Qu’est-ce que « la présence » ?

S.F : La présence c’est la vie consciente d’elle-même.

Pratiquer la présence, c’est avant tout apprendre à « être présent » à soi et au monde, en « se purifiant » de toutes les représentations mentales que nous projetons très souvent comme autant d’écrans entre nous et la Réalité. Quelles sont les techniques psycho-corporelles sur lesquelles s’appuie votre pratique pour parvenir à cet état de purification mentale ? La posture du corps a-t-elle ici une importance fondamentale, comme c’est le cas dans certaines écoles de Yoga, ou dans la méditation zen, ou bien est-elle secondaire, la plus grande importance étant accordée au ressenti intérieur ?

S.F. : La pratique est simple : il s’agit d’être présent à ce qui est ici et maintenant.

La posture du corps n’a pas d’importance fondamentale, nous devrions pouvoir être consciemment présent dans n’importe quelle posture. La plus grande importance est accordée à la perception de ce qui est dans le présent aussi bien à l’ « intérieur » qu’à l’ « extérieur ».

A quelles expériences, spirituelles ou autres, la pratique de la présence conduit-elle généralement ? Concrètement, quels bienfaits cette pratique apporte-t-elle à l’esprit du pratiquant ?

La pratique de la présence peut nous conduire à avoir des expériences spirituelles ou mystiques d’unité, de paix, d’amour universel, etc. Néanmoins ce n’est pas ce que vise cette pratique ultimement. Ces expériences sont des options qui peuvent faire partie du processus, nous regarderons notre éventuel attachement ou refus de leurs occurrences.

Nous observons également plusieurs bienfaits ou fruits dus à cette pratique ; notamment la capacité à se recentrer et à se calmer plus facilement. D’une manière générale on observe une ouverture grandissante de l’esprit, ainsi qu’une détente grandissante du corps. Nous sommes plus attentifs et nous libérons de l’hypnose de notre propre mental. Ce qui a également pour conséquence de ne plus nous faire « avoir » par nos propres jeux ou ceux des autres. Notre capacité à juger en bien ou en mal soi-même, les autres et le monde, disparaît petit à petit selon chacun.

Cependant, comme dans la plupart des voies non-duelle, cette approche à pour objet de nous faciliter l’expérience de l’éveil de la conscience. C’est-à-dire de prendre conscience de ce que nous sommes au-delà de toutes ces choses changeantes, tels les pensées, les émotions, les sensations, les relations, le monde, etc. Nous baser sur ce qui change et disparaît inéluctablement, ou croire que nous serons en paix grâce à l’évolution de ces formes est une espèce d’illusion dénuée de simple bon sens.

Même s’il ne s’explique pas conceptuellement, mais se vit, pourriez-vous nous décrire l’état subjectif de celui qui fait l’expérience de la « présence intégrale » ? Qu’expérimente-t-on lorsque l’on entre dans cet état ou plus exactement lorsque l’on est cet état ?

S.F. : Vous ne ressentez plus de séparation entre vous et tous ce qui vous entoure. Vous sentez que vous êtes le vide qui perçoit toutes les formes. Vous sentez que vous êtes à la fois au-delà et dans toutes les formes, vous êtes à la fois l’esprit et le corps du monde, à la fois maître et disciple de vous-même.

Eventuellement, vous ressentez et percevez clairement que l’amour est l’essence de toute chose.

En quoi pratique de la présence intégrale et expérience de la non-dualité sont-elles liées ?

L’expérience non-duelle et l’expérience de la présence intégrale sont une seule et même chose.

Vous prenez conscience du monde au-delà de toute conception de la réalité. Vous ne divisez ou ne fragmentez plus la vie en plusieurs morceaux. Vous êtes l’expérience de vie, qui se perçoit, sans pour autant pouvoir s’expliquer.

Pouvez-vous nous dire comment se déroule concrètement un stage ou un séminaire de « présence » ?

Dans les ateliers l’axe principal proposé est de simplement être là et d’observer ce qui est. Nous sommes ensemble à observer le flux intérieur et extérieur de la vie, en apprenant à ne plus nous laisser prendre par nos impulsions égotique de vouloir modifier l’expérience présente ou comprendre ce qui se passe, ou contrôler les événements.

Nous alternons donc entre silences, partages et éventuellement quelques astuces qui permettent de revenir consciemment dans le présent si besoin était. Nous développons notre espace intérieur et notre réceptivité. Nous ne pouvons avancer sur le chemin de la connaissance de soi sans faire l’expérience de ce qui se passe en nous d’instant en instant. Dans notre approche, se connaître et se retrouver passe par cette présence à nous-mêmes.

Nous observons en général beaucoup de prises de conscience, d’ouvertures, de réalisations et d’effondrements de croyances limitantes.

Pourriez-vous nous parler de votre parcours personnel et nous raconter comment vous avez été amené à enseigner la présence ? Avez-vous vous-mêmes suivi les enseignements d’une ou plusieurs Traditions spécifiques et si oui, lesquels ?

Dès l’âge de 16 ans, je me suis intéressé aux voies de libération. Et plus sérieusement vers 19 ans, d’abord avec l’enseignement de C.G. Jung, puis avec le bouddhisme, et enfin avec découverte de la non-dualité dans les livres de Krishnamurti. J’ai ensuite étudié et pratiqué cette voie de la non-dualité que l’on retrouve chez de nombreux enseignants et mystiques de toutes parts et de toutes époques de la terre. Un parcours de développement et de guérisons personnelles m’ont amené à faire l’expérience d’ouvertures spirituelles, transformant ma perception de la vie et de la réalité.

Des années d’étude, de préparation et d’intégration m’ont conduit à ma fonction d’enseignant. Une intuition venue vers 20 ans, s’incarnant vers 30. J’ai suivi l’enseignement de Peter Fenner, étape décisive dans cette évolution. A côté de cela j’ai suivi une formation de psychothérapeute multi-référentiel. J’ai également une certaine expérience de travail avec les énergies subtiles. Transmettre est pour moi une évidence, c’est simplement la forme que je prends.

Dans votre livre, la Présence est présentée comme une « pratique laïque de la méditation non-duelle, adaptée à notre époque et à notre culture ». En même temps, les références au caractère sacré de la Vie (que vous écrivez avec un « V » minuscule) abondent.

La définition de la laïcité est le fait de n’appartenir à aucune institution religieuse.

Le sacré de la vie ne dépend d’aucune église en particulier, bien qu’elles en parlent à peu près toutes. Une des choses que j’ai voulu proposer dans cet ouvrage est le caractère impersonnel et universel de la vie, quelle que soit la forme que l’on peut employer pour l’exprimer. Bref, ne pas associer le sacré à autre chose qu’à la vie elle-même, avec un petit ou un grand « v ».

Qu’entendez-vous par « laïc » ? La « laïcité » à laquelle vous faîtes référence se définit-elle comme une « absence de tout sens du sacré » ou bien comme une invitation à une autre forme de spiritualité ? Dès lors, que faut-il entendre par « spiritualité laïque » ?

La spiritualité laïque, selon moi, est une spiritualité qui cesse de se prendre pour une élite spirituelle, dans le sens où nous n’avons plus besoin d’être ceci ou cela, de faire ceci ou cela, ou d’appartenir à ceci ou cela pour faire l’expérience de l’unité. Cette expérience est naturelle et n’appartient à personne d’autre qu’à vous-même. Il s’agit d’une invitation à une spiritualité libre et démocratisée, telle que Krishnamurti en a parlé. D’autres parleront d’ère du verseau. Oui à la laïcité, à la libre appartenance religieuse et à l’œcuménisme. C’est aussi cela la disparition de la notion de séparation.

Extraits audios d'une rencontre
(Aix-en-Provence, février 2009)

Un accueil inconditionnel...



3 commentaires:

Pause Café a dit…

Oui,il s'agit d'un accueil inconditionnel...il n'est nul besoin d'accepter,d'aimer,d'arrêter de juger,de maugréer,d'observer les pensées,de pratiquer ou de ne pas pratiquer pour cela,cet espace de pur accueil est toujours là...nul besoin de renoncer à l'égo,de bannir les devrait et devrait pas,de n'être personne,cet espace est OK avec tout ce qui se présente...tout est autorisé à être;comme une mère qui aurait un amour inconditionnel pour son enfant quoiqu'il fasse,quoi qu'il soit...l'enfant est aimé...quel liberté,je n'ai pas à prendre en charge tout cela!:-)

agate à eau a dit…

C'est vrai, Pause Café. Quel soulagement,quel apaisement,quand on voit qu'on ne peut rien faire pour l'atteindre; quand on voit (parfois après bien des efforts,comme dit Sébastien)que tout ce qu'on fait, tout ce qu'on pense et tout ce qu'on perçoit apparait à l'intérieur de cet espace!

vincent a dit…

S.F:La présence c’est la vie consciente d’elle-même.
S.F. : La pratique est simple : il s’agit d’être présent à ce qui est ici et maintenant.
- oui, Être tout simplement, sans chercher à en faire quoi que ce soit, gratuité de la Présence, vivre la Vie en conscience, c'est tout!