A cet instant, j’ai senti que je prenais un risque immense, mais que je ne pouvais plus ni reculer ni faire demi-tour : le risque de quitter le chemin de la transcendance. Soudain, j’abandonnais mon image de grand yogi capable de faire le silence intérieur. Ce jour-là, je dis à Nadège : « je joue un coup de poker : je renonce à tout ce à quoi j’ai cru pendant toutes ces années. Mais je n’abandonne pas, je renonce seulement à une certaine façon de voir. Je vais peut-être redevenir celui dont je me moquais hier, un homme ordinaire qui regarde la télé, qui mange un steak, qui va au cinéma, qui fonctionne comme tout le monde. » J’ai ajouté : « C’est plus fort que moi, je ne peux pas faire autrement. » Et j’ai pris le risque de la vie, le risque de ne plus chercher au-delà. D’un coup je me suis défait de tout ce avec quoi j’avais fonctionné. Totalement, sans rien préserver, sans rien sauvegarder.
Cela s’est passé en trois jours, pendant lesquels j’ai senti progressivement quelque chose que je n’avais jamais senti depuis ma naissance. J’ai senti la vie. Je suis allé vers ce qui était là et j’ai senti que la vie entrait en moi. Ce sont des expressions toutes simples qui viennent à ce moment-là, mais elles sont absolues. J’ai senti que cette vie m’aimait, comme j’étais, tel que j’étais. C’était comme si elle m’attendait. J’ai alors compris pourquoi les grands mystiques parlent de la Mère divine : parce que ce sentiment d’amour de la vie envers nous, on l’éprouve dans l’amour absolue d’une mère ; on est dans les bras de la Mère divine. Aucune vision, aucune hallucination, c’était quelque chose de très simple, de concret et d’immédiat, qui me prenait à l’intérieur et que je reconnaissais. Je sentais que cette vie m’aimait. Au fur et à mesure que c’était ressenti, éprouvé, montait en moi une confiance impérieuse. Autant je me sentais auparavant en conflit, séparé, avec une peur constante, autant j’éprouvais alors une confiance absolue dans ce qui était, dans la vie. Ce qui m’est apparu immédiatement, c’est que cette confiance était ma nature : à la fois cette confiance et son objet. Cela n’a fait que grandir pendant ces trois jours, jusqu’au moment où s’imposa une confiance absolue dans tout ce qui était sans que ce soit un objet. Alors, tout a disparu : la Mère divine, Yvan Amar… Il n’y avait que Cela : une réalité absolue où n’existait plus ni division ni conflits, où seule existait l’évidence de l’être.
Extrait de L’Effort et la Grâce, d'Yvan Amar, Éditions Albin Michel
5 commentaires:
Je viens juste suivre le feuilleton "Nobody agains the rest of world"... Va-t-il trouver qu'Amar c'est encore de cette foutaise qu'il se sent le devoir mais non-obligation de dénoncer en sirotant son café... Va-t-il trouver que là, oui, Amar est l'un des rares qui dit des choses pas trop fausses... Et Vincent va-t-il riposter et faire monter les enchères... et Patrice va-t-il encore déplorer ou pas la qualité ou pas des échanges nourris des feux de Nobody... Et Philippe va-t-il nous trouver quelque sagesse pour se hisser au-dessus de la mêlée... Feuilleton intéressant...
... pour le texte d'Amar... Que dire ? Sinon en manière de parabole... Personne a vu Amar avant, Personne a vu Amar après, et Amar n'avait pas disparu, Amar disait seulement qu'il avait disparu... Et c'est seulement quand le corps d'Amar est mort, que les lèvres de ce corps ont cessé de proclamer qu'Amar avait disparu... et seulement là il y avait un petit début de bout de sens à cette histoire de disparition... Juste à dire à tous ces gens qui disent leur disparition : disparaissez donc, ça éclaircira ce que vous êtes en train d'assombrir encore et encore.
Oh,je crains Anonyme qu'il n'y ait rien d'autre de croustillant à te mettre sous la dent!:-)...tous ces témoignages d'éveillés aussi spectaculaires soient ils ne sont que des témoignages,rien ne dit que c'est la réalité...je n'ai même aucune idée de ce dont parle Tony Parsons dans sa description de ce qu'est la libération;tout cela est peut être de la foutaise!peut être,peut être pas...la seule chose dont il est difficile de douter est ce sens d'exister;d'une certaine façon je préfère m'en tenir à cela,et continuer à siroter et à pianoter...il est possible qu'il n'y ait rien d'autre que ça,à la fois vide et forme...cela démystifie beaucoup de choses,mais finalement est ce si terrible? déguster un bon café,respirer l'air pur des bois,pester contre son voisin,paniquer devant la chute de la bourse! :-)...fondamentalement y a t'il un problème?qu'est ce qui est vraiment affecté par ce qui arrive? sirotons,sirotons ,il n'y a plus que ça à faire!...:-)))
Tout ce qui est cherché est ce sens d'être,ce sens d'exister...tout apparaît dans cela,y compris les glorieuses histoires d'éveil,de libération...il n'y a que ce moment,et même si ce moment comprend des idées du futur,du passé,un sens aigu de moi et ma vie,tout sera emporté dans le moment suivant...ce je suis n'est accroché à rien;c'est pour cela que je parlais de siroter une tasse de café! :-))
vive le mudra de la tasse a siroter .. :-)
http://eveilimpersonnel.blogspot.com/2009/01/celui-qui-pense-nest-plus-jigme-lingpa.html
Anonyme à dit "Et Philippe va-t-il nous trouver quelque sagesse pour se hisser au-dessus de la mêlée... Feuilleton intéressant... "
Bien vu :)
Effectivement j'aime bien me sentir au dessus de la mêlée, mea culpa...
Je dis cela sans ironie mais avec sourire, car tu as vu juste et cela me fait plaisir.
Ensuite pourquoi j'aime ça, peut être par peur d'être inférieur, peur d'être rejeté etc... je ne sais pas vraiment mais je reconnais que c'est vrai.
Comme quand je m'
amuse à utiliser des balises html pour frimer... :)
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