vendredi 19 septembre 2008

• La cloche d’un temple - Ryôtan Tokuda

La cloche d’un temple

Ryôtan Tokuda

Ryôtan Tokuda est né en novembre 1938 dans le nord du Japon. Jeune homme, il eut une expérience mystique qui bouleversa toute sa vie. Il se promenait dans la campagne lorsqu’il entendit dans le lointain résonner la cloche d’un temple. Le son était si pur qu’il eut envie de s’approcher pour l’écouter de plus près. Il emprunta une lande de terre courant entre deux rizières. Mais quand il arriva sur l’esplanade du temple, la cloche s’était tue et le lieu semblait désert. Quelques jours plus tard, il décida de revenir et d’attendre le moment où l’on sonnerait la cloche. En fin de journée, un moine fort âgé arriva, quatre-vingts ans ou plus. Il était accompagné d’une petite fille qui le guidait par la main, car il était aveugle. L’enfant et le vieil homme gravirent les marches jusqu’au campanile où était suspendue la cloche de bronze. Et lorsque le moine frappa le premier coup, Ryôtan, qui se nommait alors Kyuji Igarashi (son nom civil), eut la sensation que son corps disparaissait sous l’effet de l’onde sonore, qu’il n’existait plus. Cette expérience inaugurale résonna comme un appel. Il quitta alors l’armée où il s’était engagé et se tourna vers le zen, qu’il approfondissait déjà par des lectures. Il pratiqua d’abord dans l’école rinzai avant de devenir bonze sôtô sous le nom religieux de Ryôtan. À la fin des années soixante, il s’installa au Brésil. Il y vécut près d’une vingtaine d’années avant de séjourner régulièrement puis de s’installer en France. Aujourd’hui, il a cessé d’enseigner et partage son temps entre l’Allemagne et le Japon.

Ryôtan a l’allure douce des humbles. Sensible à la parole mystique, il aime cultiver l’art de la disparition. Toute sa vie durant, il a recherché des échos de sa propre expérience chez les mystiques chrétiens, Maître Eckhart en premier. Dans la plupart de ses leçons, Ryôtan commentait indifféremment Dôgen par une lecture d’Eckhart ou Eckhart par une lecture de Dôgen. “Je découvre certains textes de Maître Eckhart, et j’ai l’impression de lire du zen pur, disait-il. Lorsqu’on croise l’œuvre de Maître Eckhart comme une chaîne verticale et celle de Maître Dôgen comme une trame horizontale, une très belle étoffe apparaît.”


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