Frère François
1 Présentation de Père François
Oui... Ermite je suis... Je ne demeure pas dans le désert de la Thébaide comme Antoine ou Barsanuphe... Je ne vis pas sur une colonne comme un "stylite" des Météores... ...ni même dans un couvent comme ceux du mont Athos... ...mais je suis quelque part en milieu urbain... à la périphérie d'une grande ville... ...je suis un "ermite urbain"...
Ma "Guha" (mon lieu de fixation) est une petite pièce (F1) qui me sert aussi d'oratoire et que je partage avec une colonie d'oiseaux....
Ma vie était "normale" jusqu'au jour où... tout alors s'est écroulé dans la fulgurance de l'Éveil... et de Son appel...
J'ai réalisé alors que je n'étais pas de "ce" monde tout en étant "du" monde...
"Le monde est mon navire et non pas ma demeure" (Thérèse de Lisieux)
...j'ai donc mis le monde à ma porte... et j'ai décidé de Lui faire confiance... et d'essayer de cheminer sur LE Chemin...
Depuis je vis en Paix... Heureux et Comblé dans la Joie simple d'Être et d'avoir reçu ce don merveilleux qu'est la Vie... et de l'Éveil à l'Être
Je consacre mon temps à LE louer, à LE vivre, à LE prier comme ça, pour rien... ou peut-être parce que malgré Sa logique "déroutante" , malgré le Mystère qu'IL est pour nous... celle d'un Tout Autre Il EST Celui qui répond à Sa manière... et qui parsème la vie d'une multitude de "signes"...
Peut-être aussi pour que les" autres" reçoivent et découvrent aussi ce que j'ai moi même reçu...
Ma vocation spirituelle suit celle de grands ancêtres Saint Benoît pour la liturgie et l'équilibre de vie (on trouvera dans ce site la Liturgie des Psaumes, ainsi que la Règle de Saint Benoit mais le mieux est d'aller faire un séjour de quelques jours dans une Abbaye Bénédictine pour prétendre goûter un peu de cet équilibre).
Elle suit Saint François pour l'humilité et le contact avec le créé, son amitié fraternelle avec la Nature et nos frères animaux.
Mais aussi l'expérience d'ermite de l'Absolu que sut si bien incarner et décrire le Père Le Saux eu parlant de son cheminement "vers l'autre Rive" et la rencontre "du Soi en soi" dans la prise de conscience de l'Advaïta (non dualité).
Ce cheminement après bien des détours m'a amené sur le Web...
Là... je me compare un peu à une petite lampe qui éclaire, bien faiblement la nuit d'une société matérialiste, sans Espérance... mon huile est ce que je vois, entends, ressent du dehors... LUI c'est l'oxygène... IL me permet peut-être de transmettre un peu de Sa Lumière... De moi-même je ne suis rien,... c'est Lui qui donne la Vie, la Vraie Lumière et l'Espoir au monde !...
"Personne après avoir allumé une lampe ne la recouvre d'un vase ou ne la met sous un lit : on la met au contraire sur un lampadaire, pour que ceux qui pénètrent voient La Lumière" (Luc 8,16)...
SEUL LE SILENCE. Dans l'inconnu du Réel, du Mystère il n'y a ni Dieu ni créature... dit le bouddhiste... seul le silence... Un silence qui n'est pas lié à la création et donc pas celui que nous connaissons... aussi aucun concept ne peut s'y appliquer... (notre vocabulaire occidental tout imprégné de positivité n'a pas de termes à sa disposition).
Cela explique sans doute pourquoi en Orient on favorise toujours l'absence... ce qui est en sans substance, relatif, dépourvu de consistance ontologique c'est à dire ce qui ne possède même pas pour essence cette absence de consistance... (l'essence étant l'esse, la nature "réelle" "véritable" d'un être indépendamment de son existence "matérielle" et concrète...).
Et dépourvus d'essence les êtres ne sont ils pas inexistants dans l'Absolu ? Car exister c'est toujours être ceci ou cela, être une chose ou une autre être... c'est être quelque chose... et toute chose a de l'être... toute chose existe par présence sensible une présence qui n'est rien d'autre que son essence "matérialisée" acte concret de sa présence au monde...
Ainsi l'existence se manifeste-t-elle grâce à l'essence et si l'essence vient à manquer l'existence disparaît il n'y a pas d'être abstrait l'être est toujours l'être de quelque chose...
Alors nier l'essence ne veut pas dire que les choses n'existent pas, mais qu'elles sont vide de nature propre, ce sont des apparences dénuées de toute consistance réelle et seul demeure ce qui ne demeure pas...
Curieux pressentiment de ce que la science découvrira plus de 20 siècles après ces formulations d'un penseur bouddhiste nommé Nagarjuna en scrutant la matière où chaque chose se montre formé de quelques particules navigant dans un vide omniprésent que ce soit dans l'infiniment petit... ou dans l'espace le plus grand...
Particules d'ailleurs impalpables puisque convertibles elles aussi en énergie ou en lumière... Forces, potentiels, puissances, énergies... plutôt que matérialité (sensu stricto)... ou plutôt autre façon de concevoir la matière... autre façon que notre cerveau a de l'appréhender... ou de classer... de conceptualiser...
2 Mais le Bouddhiste poursuit ainsi son raisonnement : Tout ce qui existe est le résultat d'une action qui lui donne naissance... C'est la loi de la dépendance de toute chose, mais à ce qui n'est que relatif, dépendant, causé. Et n'est-ce point le cas de tout ce qui existe ?...
Peut-il être encore permis de conférer une essence ? Une existence propre ?
Seul est important l'interaction de toute chose... et c'est elle qui Est... Du moins en une première approche... Et toute chose n'EST et ne doit son existence qu'à cette interaction, à cause de cette Dépendance.
Évidement qui naît d'une cause n'est pas réellement existant... Ce n'est pas naître vraiment...
Aussi peut-on dire que rien n'existe vraiment, rien n'a d'essence car tout relève d'une dépendance. Et de ce simple fait , il ne peut y avoir d'attribution d'essence à nulle chose... à nul être...
Dès lors même un dieu peut-il être "existant"... ? Et l'existence d'un Réel a-t-il encore un sens ?
Tout cela illustre bien la célèbre formule d'Eckhart : "toutes les créatures sont un pur néant, je ne dis pas qu'elle sont peu de chose, c'est à dire quelque chose, non je dis qu'elles sont un pur néant !"
Ce qui n'a pas d'être est néant et aucune créature n'a d'être en vérité !
3 Ainsi au sein d' un vide de nature propre, l'inconsistance de toute chose et de tout être, inconsistance sans production ni disparition est attributive de rien !
Voilà un fameux moyen de déblayer la voie à l'expérience mystique !
Par ailleurs on peut considérer en suivant le raisonnement des bouddhistes que l'Absolu tel que nous l'établissons n'est pas le vide, mais il est vide en tout cas de dualité (c'est-à-dire du dilemme est/n'est pas).
C'est à dire que l'Absolu est inexistant des constructions mentales que nous surimposons à la réalité. Et seul celui qui se libère de ces dichotomies et de ces limites conceptuelles peut espérer percevoir les choses telles qu'elles sont véritablement... par le dedans... et cela est le travail de la méditation... car c'est toujours notre "cervelle" qui crée ces catégories pour s'y retrouver... et il convient d'orienter son fonctionnement dans d'autres directions ou façon de percevoir et de comprendre... ce qu'elle sait faire...
Mais si les phénomènes sont vides de substance propre car eux aussi causés, ils sont par conséquent vides de toute essence eux aussi et leur essence n'est pas de ne pas posséder de soi... on ne substantialise pas le vide.
La vacuité n'est pas une base à partir de laquelle on peut faire subsister une nature et l'absence de nature propre est absence absolue de toute nature. Ainsi le vide ne peut posséder une nature. Le vide n'est rien, ne possède rien, ne se spécifie par rien, ne se réduit ni à l'absence ni à la présence, ni à l'être ni au non-être ; autant de concepts dualistes et modes limités de compréhension de l'ontologie substantialiste, cette ontologie qui réifie, qui chosifie à loisir ce qui nous entoure et nous même.
Et c'est ainsi que l'on peut estimer que pousse et semence n'ont pas de naissance réelles, elles ne sont que transformations d'états antérieurs. Elles ne connaissent pas de disparition non plus : car leur disparition concorde avec l'apparition d'autres semences pas d'éternité... : elles sont en perpétuel devenir pas de devenir réel... elles tournent dans le même cycle pas d'unité... : elles qui ne cessent de se subdiviser en graines et en pousses nouvelles pas de pluralité non plus... puisque la même espèce originelle les englobe... dont elles sont issues.
N'existe donc et ne subsiste dans l'être que la relation de dépendance (un phénomène qui n'a pas par ailleurs de substance propre et qui donc est vide lui aussi dans l'absolu ou la réalité ultime) permanente suite de productions, corruptions, disparitions, cycle sans origine ni fin de mouvements et de cessations ni vie, ni mort, ni essence, ni existence tout est depuis toujours et jusqu'à jamais une suite éternelle de transformations mais dans l'Absolu tout cela n'est que vide au sein de la vacuité.
Car comme tout cela est vide il n'y a "dans l'Absolu" ni productions, ni destructions... et les choses perdent toute consistance à quoi on eût pu encore se raccrocher... en fait d'être il n'y a que le vide en fait d'essence que l'absence ceux ci n'existant bien évidement pas..."réellement".
Un texte proposé au Net-Journal Essence par Luc Lalande et publié avec l'autorisation de l'auteur (1er mars 2004).
Visiter le site de Frère François.
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