vendredi 15 novembre 2024

 

Soudain Maharaj demanda : Quelle est la différence entre "Conscience-Présence" (Awareness en Anglais) et "conscience individuelle" ( consciousness en Anglais), s'il y en a une ?

Il fit observer que la Conscience-Présence est du domaine de l'Absolu, et donc au-delà des trois Guna, ou principe de manifestation (Gunatita) ; alors que la conscience individuelle, identifiée, est quelque chose qui est nourri et limité par le corps de nourriture, le corps physique. 

Lorsque ce corps de nourriture est détruit, cette conscience disparaît également.

Attention ! Personne ne meurt cependant - le corps, fait des cinq éléments retournent aux éléments lorsqu'ils sont sans vie, et la conscience, qui était soumise  (aux caractéristiques et limitations) des trois Guna, s'en retrouve libérée.

La Conscience-Présence est l'état originel primordial, antérieur au concept d'espace-temps, n'ayant besoin d'aucune cause, d'aucun support.

Elle est tout simplement. 

Cependant, dès que le concept d'être conscient se manifeste dans cet état originel d'unicité, le sens du "Je suis" apparaît, provoquant une condition de dualité. 

La conscience "Je suis" est une forme, un reflet de la Conscience-Présence à la surface de la matière. Il n'est pas possible d'évoquer "Je suis", conscience d'être, en dehors de la Conscience-présence ; il ne peut pas y avoir de reflet du soleil sans le soleil. Par contre, la Conscience-Présence, absolue est aussi sans la conscience "Je suis". 

Dans le sommeil profond, par exemple, il n'y a pas de conscience (elle se repose), mais la Conscience-Présence est  là, car au réveil, nous sommes conscient d'avoir dormi ; mais seulement au réveil.

Maharaj ne nous permet jamais d'oublier que c'est la conscience " Je suis"  est notre constante et que c'est l'attention continue portée à son  flux qui nous amène à la Conscience Absolue - la Source de toute existence, Celle qui est la joie de l'amour de la vie.

Selon Maharaj, la conscience d'être conscient est déjà un mouvement vers la Conscience-Présence absolue. 

Le mental de par sa nature même, est extraverti et a toujours tendance à chercher la source des choses dans le monde des choses. Lorsqu'il est dirigé vers la Source intérieure, c'est presque comme le début d'une nouvelle vie. La Conscience-Présence remplace la conscience identifiée. Le "Je suis", qui est une pensée dans la conscience, cesse. Dans la Conscience-Présence, il n'y a pas de pensée. La Conscience-Présence absolue est la Source de la conscience. 

Maharaj suggère que c'est un excellent exercice spirituel que de s'asseoir tranquillement et observer ce qui vient à la surface du mental. Ce que nous appelons les pensées sont comme des ondulations à la surface de l'eau. Les pensées conduisent toujours à l'identification ou à la condamnation ; elles sont le produit d'idées préconçues et font obstacle à la compréhension réelle. Tout comme l'eau est sereine lorsqu'elle est exempte d'ondulations, l'esprit est serein lorsqu'il est exempt de pensées, lorsqu'il est passif et pleinement réceptif.

Dans le miroir de votre mental, dit Maharaj, toutes sortes d'images vont apparaître, rester un certain temps et disparaître. Regardez-les aller et venir en silence. Soyez vigilant, sans attirance, ni rejet. Il est important de ne pas être impliqué. Cette attitude de témoin silencieux aura pour effet, progressivement, de chasser toutes les pensées inutiles, comme des invités indésirables que l'on ignore. En étant ainsi en vous-même, c'est-à-dire dans le "Je suis", en observant le flux de l'esprit, sans interférer ni juger, en tant que témoin impartial, l'inconnu "profond" sera encouragé à remonter à la surface de la conscience et à libérer ses énergies inutilisées pour vous permettre d'accéder au mystère de l'origine de la vie.


Conseils de Sri Nisargadatta Maharaj, recueillis par Ramesh Balsekar.


Vu sur la page FB :

https://www.facebook.com/nisargadattamaharajfrancophone


mercredi 13 novembre 2024

• Pour le libéré il n’y a « personne d’autre » - Ramana Maharshi

 

Ce livre est un résumé magistral de la voie rapide et non duelle, de la pratique, des questionnements, de l’investigation et de l’arme redoutable qu’est le «Qui suis-je ?» et que le Sage manie ici en maître incontesté.

«Vous êtes le mental ou pensez que vous l’êtes. Le mental n’est rien d’autre que pensées… Ce qui se passe quand on fait une quête sérieuse du Soi, c’est que la pensée-je en tant que “pensée” disparaît, quelque chose d’autre venu des profondeurs vous envahi et cela n’est pas le “je” qui commence cette recherche.»

La voie de la connaissance c’est quand on se dépouille de l’ego et que l’on s’installe naturellement dans une conscience éveillée et suprême du Soi – notre véritable nature.

La quête du Soi dont parle Ramana est, selon ses propres mots, «une méthode directe et rapide car, au moment où vous entrez dans un processus de quête de soi et d’aller de plus en plus profond, le vrai Soi attend là pour vous mener jusqu’à Lui… Dans ce processus, tous les doutes et toutes les discussions sont automatiquement abandonnés, tout comme les soucis sont oubliés quand on s’endort.»

Dans l’ego et dans l’identification, le «je» demeure – l’identification aux choses, aux objets, la vision est limitée, conflictuelle. Dans le Soi, «Je», toute identification a disparue, ne demeure que le pur «Je suis», «Être, Conscience, Félicité».



≈≈≈≈≈≈≈


Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Acccarias-L'Originel :

Svâmi Madhavatirtha : Quels livres devrais-je lire pour l’étude, et pour la réflexion sur les Écritures sacrées [svadhyâya] ?


Râmana : Le Soi est le vrai livre. Vous pouvez le lire où vous voulez. Personne ne peut vous enlever ce livre. À chaque fois que vous pensez à lui, tournez-vous vers le Soi. Par la suite, vous pouvez lire ce que vous voulez.


S. M. : Lorsque nous sommes assis près de vous, dans quelle condition notre mental doit-il être afin de recueillir tout le bénéfice de votre présence ?


R. M. : Gardez votre mental en paix. C’est assez. Vous obtiendrez une aide spirituelle assis dans cette pièce, si vous restez tranquille. Sachez que le but de toute sâdhanâ, de toute pratique spirituelle est, en finalité, d’abandonner toute pratique. Quand le mental est calme, le pouvoir du Soi sera expérimenté. Le Soi est omniprésent, si le mental reste tranquille, vous commencerez alors à en avoir l’expérience.


S. M. : Qu’est-ce qui est mieux pour moi : regarder vos yeux et votre bouche, ou m’asseoir en fermant les yeux et me concentrer sur une chose, une pensée en particulier ?


R. M. : Concentrez-vous sur votre propre vraie nature. Que les yeux soient ouverts ou fermés, peu importe. Le Soi est partout présent où que vous tourniez votre regard. Si vous voulez méditer, faites-le sur le « Je » qui est en vous. C’est le Soi. Comme Il est sans yeux, il est inutile d’ouvrir ou de fermer vos yeux. Quand vous atteignez la réalisation du Soi, toutes les idées préconçues sur le monde disparaissent. Quand vous êtes assis dans une pièce, n’êtes-vous pas la même personne que les fenêtres soient ouvertes ou fermées ? Peu importe vraiment que l’activité sensorielle et mondaine se poursuivre ou non.


S. M. : La pratique spirituelle de la recherche du Soi peut-elle se poursuivre que l’on soit dans la maison ou en dehors ?


R. M. : Dites-moi, êtes-vous dans la maison ou la maison est-elle en vous ? Soyez là où vous êtes ; Be as you are.


S. M. : Alors je peux rester dans la maison ?


R. M. : Non. Je veux dire que vous devez être dans votre propre vraie nature [sva-bhâva]. Vous n’êtes pas dans la maison. La maison ainsi que le monde entier sont en vous.


S. M. : Les fruits du karma accomplis lors d’une naissance, doivent-ils être subis lors de la naissance suivante ?


R. M. : Êtes-vous jamais né maintenant ? Si vraiment vous ne l’avez pas été, alors pourquoi penser à la prochaine naissance ? En vérité, les fruits de nos actions ne nous perturbent pas [pour un libéré], seul le sentiment de croire que l’on est l’auteur de l’action crée la souffrance et la servitude. L’idée de croire que nous accomplissons ou n’accomplissons pas l’action est fausse.

Pensez : qui est l’agissant du karma ?


S. M. : Si les sâdhus, les grandes âmes, enseignent l’humanité, ce serait une très bonne chose.


R. M. : Pour le libéré il n’y a «personne d’autre», donc rien de tel que de se mêler aux autres.


S. M. : Que signifie « Âtman svayam prakâshsa » [le Soi resplendit par sa propre Lumière.] ?


R. M. : Comme le soleil n’a jamais vu l’obscurité, de même le Soi n’a jamais vu l’ignorance. Le Soi est inconnaissable, mais on peut en avoir l’expérience par l’aparoksha anubhâva [l’expérience par la perception directe].

Cela est appelé svayam prakasatva, [être illuminé].


S. M. : Si l’individu devient la « forme » de l’Absolu, alors « qui » goûtera au bonheur de cet Absolu ? Pour y goûter, il doit demeurer une petite partie de séparation [viyoga], comme l’abeille qui goûte et savoure le miel.


R. M. : Le bonheur de l’Absolu est celui de notre propre vraie nature [sva-rûpa]. Celle-ci n’est pas née ou créée par quoi que ce soit. Le plaisir, lequel est créé, sera sûrement détruit. Le sucre étant insensible, ne peut pas donner son propre goût, aussi l’abeille doit-elle garder une petite distance afin de le savourer. Mais l’Absolu est Connaissance et Conscience. Il ne peut donner sa propre Félicité, comme sa nature ne peut être comprise sans avoir atteint cet état [de réalisation du Soi].


S. M. : Qu’en est-il d’amener sur terre une nouvelle race, toute d’intelligence et de sagesse ?


R. M. : Tout ce qui doit arriver dans le futur doit être compris comme impermanent. Apprenez plutôt à bien comprendre ce que vous êtes maintenant afin de ne plus avoir besoin de penser à l’avenir, à une nouvelle race, etc.


mardi 12 novembre 2024

samedi 9 novembre 2024

• L'illumination n'est pas un paradis - Chögyal Namkhai Norbu

 

Quand tous nos obstacles ont été surmontés, et que nous nous retrouvons dans un état de présence totale, la sagesse de l'illumination se manifeste spontanément sans limites, tout comme les rayons infinis du soleil.
Les nuages se sont dissous, et le soleil est enfin libre de briller à nouveau.
L'illumination n'est rien d'autre que l'état au-delà de tous les obstacles, de la même façon que du sommet d'une très haute montagne on voit toujours le soleil.
L'illumination n'est pas un paradis ou un lieu spécial de bonheur, mais c'est en fait la condition au-delà de tous les concepts dualistes, y compris ceux du bonheur et de la souffrance.

mercredi 6 novembre 2024

• Regarder de ce coté-ci vers l'esprit - Tsoknyi Rinpoché

Laissez-vous devenir cet espace qui accueille toute expérience sans jugement.

Il vous faut retourner vers l'intérieur votre attention qui est dirigée vers l'extérieur et il vous faut regarder de ce coté-ci vers l'esprit.

Cette manière de regarder de ce coté-ci vers l'esprit signifie se reposer dans la clarté installée en elle-même et sans obstacle.
Après avoir détaché tous les liens de la passion, de l'agression, de l'orgueil etc, demeurez dans l'état de rigpa qui se produit de lui-même et qui est une clarté non-interrompue, clarté cristalline, comme le soleil brillant dans le ciel.
Ne pas être piégé par ceci ou cela, mais demeurer dans la clarté ininterrompue de tout ce qui se produit est appelé l'état de rigpa qui se produit de soi-même.
La manière de faire ça consiste simplement à tourner doucement votre attention vers l'intérieur, sans regarder profondément à l'intérieur, mais juste tourner votre attention de l'extérieur vers l'intérieur d'une façon très légère.
Le moment où vous reconnaissez cet état est la bénédiction de toute la lignée.

mardi 15 octobre 2024

• Une non expérience s'est produite - Fabrizio Bajec

Une non-expérience s’est produite, dans la mesure où est apparu un déjà là, sans intervention de ma part.

Le côté merveilleux réside dans la vérification que la nature de bouddha est présente depuis longtemps et nous suit 24h sur 24, même derrière les pensées, les discours, les mouvements du corps et le sommeil.

Je parle au pluriel, car n’étant plus là, tout le monde y était !

Alors j’ai vraiment compris ce qu’est le « non-effort » et la facilité d’accès de cet éveil subit.

J’appelle merveille cette présence de la conscience infinie, sans limite spatiale ni temporelle. Une reconnaissance.

À cet instant, j’ai également compris la verticalité comme une lumière intérieure, une énergie capable d’étirer mon corps sans intention, pendant une heure.

Depuis, une brèche s’est ouverte, une fontaine a jailli, et la lumière est toujours là quelques heures plus tard, dans la rue, quand je marche vers mon lieu de travail. C’est le bruit de l’océan dans l’oreille, après avoir entendu le son du silence.

Le matin du 8 décembre, j’ai quitté mon zafu en larmes, avec une envie de crier sur les toits de Paris, comme lorsqu’on est amoureux de quelqu’un et qu’on a envie de le dire à tout le monde.

Réveiller ma femme ? Pourquoi ? Je n’avais pas de mots pour décrire CELA. Une image ? Toujours la même : comme si on m’avait tendu une photo me révélant pour la première fois ce que j’étais.

J’ai vite compris qu’il valait mieux se taire. Qui y serait arrivé ? me demandai-je. Arrivé à quoi, au juste ?

Sans plus de centre, j’ai été littéralement aspiré et placé entre l’espace intérieur et l’extérieur, ni dedans, ni dehors, en équilibre, non replié sur moi, ni enfermé, pas non plus dans l’attente d’un phénomène.


Extrait du livre "Le point zéro - Un zen radical", de Fabrizio Bajec, paru aux Éditions Accarias-l'Originel : 


Ce livre regroupe de courts essais autobiographiques sur une expérience particulière du Zen Sôto, tout en puisant dans le Ch'an et la non-dualité. Il se peut d’ailleurs qu’Advaïta et Zen des origines soient deux vieux amis. Ainsi, l’auteur se tourne vers l’âge d’or de cette voie spirituelle, et moins vers la version qui est souvent présentée en France.

Le caractère de témoignage et à la fois de réflexion sur différents aspects de la pratique, entre modernité et tradition, font de ce recueil un ensemble cohérent, avec une idée de progression, tout en penchant pour l'expérience de l'éveil subit.

Le point zéro c’est l’avant tout. Avant la pensée, l’intention, le nom, la parole. Finalement, la personne voit qu’elle « n’était pas ce qu’elle croyait être ». Le sujet se vide de soi en trouvant le point de bascule à partir duquel tout est possible et où l’on entre dans la vraie liberté.

Au fil des chapitres, se déploie une description de cette présence, en commençant par imaginer la fin des illusions et la naissance d'une félicité sans cause. Suivent des considérations sur la mort, la mystique et la religion… mais surtout le quotidien, le trivial et ses petits miracles, sans taire cette non-expérience qu'est l'aperception de l'esprit originel.

Le grand souhait de l'auteur est que pratiquants et non pratiquants puissent découvrir en eux-mêmes une dimension plus vaste et lumineuse, comparée au personnage étriqué que nous interprétons tous les jours.


mardi 24 septembre 2024

samedi 14 septembre 2024

• Nous sommes ici maintenant en tant que conscience - David Manners

 « Vous êtes déjà votre Soi parfait. Ce n’est qu’une question de reconnaissance.

Il n’y a jamais eu, il n’y a jamais et il n’y aura jamais plus de perfection

que celle que vous êtes en ce moment parfait. »

David MannersDavid Manners était un acteur et écrivain, auteur de plusieurs livres et articles, dont Look Through: An Evidence of Self Discovery et Awakening from the Dream of Me . David était une star montante du cinéma hollywoodien des années 1930 lorsqu'il partit passer plus de 30 ans dans le désert de Mojave en Californie. C'est au cours de ce séjour dans le désert que David commença à s'interroger en profondeur sur sa véritable nature et à se demander : « Qui suis-je ? » C'est à cette époque qu'il s'éveilla à la vie au sens le plus vrai du terme.

J’ai rendu visite à David en 1996, après l’avoir découvert grâce à son ami proche, Frank Cassirer. Au moment de cette interview, David avait 96 ans et passait son temps dans les contreforts des montagnes de Santa Barbara. Bien qu’il soit physiquement confiné dans un fauteuil roulant, son esprit en plein essor vagabondait librement. Silencieux et sans prétention, il partageait ouvertement son expérience de la Conscience avec des chercheurs sérieux de vérité.

Dans ce cadre magnifique, David a été bien accueilli par une femme aimante qui a ouvert sa maison pour prendre soin de plusieurs personnes âgées. Elle a veillé sur chacune d'elles avec beaucoup d'attention et d'amour, une pratique spirituelle en soi.
—Matthew Greenblatt

IDJ : Dans vos écrits, vous faites souvent référence au terme « éveil ». En fait, le titre de votre dernier livre est « L’éveil du rêve de moi » . De quoi devons-nous nous éveiller ?
David Manners : L’ego, le « je » personnel. Il n’existe pas, et plus vite vous vous en réveillerez, mieux ce sera.

IDJ : Comment se fait-il que nous soyons tous dupes en pensant que l’ego est nous-mêmes ?
DM : Regardez l’état dans lequel se trouve le monde. N’est-ce pas à cause de cette croyance (erronée) ? Laissez-la simplement tomber, bon sang. Ce serait formidable s’il n’y avait pas de barrières entre nous et si nous pouvions tous voir que nous ne faisons qu’un. Nous sommes entraînés à construire ces barrières, d’abord par nos parents, plus tard par nos écoles, et ainsi de suite. Nous nous retrouvons donc emprisonnés. Eh bien, je crois qu’il faut sortir de cette prison et mettre un terme à cette soi-disant personne appelée « David ».

IDJ : Comment en êtes-vous arrivé à la conclusion que le « je » ou le « moi » est une idée transitoire et non notre véritable existence ?
DM : Eh bien, j’ai vécu plus de 90 ans, ce qui me laisse largement le temps d’y parvenir. Si vous n’y parvenez pas à 90 ans, vous n’y parviendrez peut-être jamais.

IDJ : Mais ce n'est pas une question de temps, n'est-ce pas ?
DM : Non, le temps n'existe pas. C'est vraiment quelque chose que nous avons inventé, c'est aussi simple que ça.

IDJ : Pour quelqu'un comme moi, quel serait le moyen de réaliser qu'il n'existe pas de « je » ou de « moi ». Quel serait le moyen le plus simple ?
DM : Vous êtes captif, emprisonné par l'idée du temps. Je dirais de vous en libérer, car il vous retient. Soyez libre, laissez-le aller.

IDJ : Y a-t-il une façon particulière de s'en sortir ?
DM : Eh bien, je pense que la meilleure façon est simplement d'être soi-même. Nous avons peur d'être nous-mêmes, vous savez. On nous a appris à être différents. Laissons tomber. Je me fiche de ce que les gens pensent de moi maintenant, et je suis heureux. J'ai un nom pour cet endroit, c'est le « pré ». Vous allez dans le « pré » et vous jouez à des jeux et faites tout ce que vous voulez. C'est merveilleux.

IDJ : Vous avez écrit dans Awakening from the Dream of Me : « Quand nous découvrons la vérité au cœur du Soi, là où elle a toujours été, nous pouvons alors nous libérer… » Quel est ce Soi auquel vous faites référence ?
DM : Eh bien, la vie est pleine de mystères. Je pense que nous avons inventé des noms pour des choses dont nous ne savons rien. Qu'en pensez-vous, Frank ?
Frank Cassirer : Je ne sais rien.
DM : Eh bien, c'est vraiment bien.

IDJ : La libération existe-t-elle ? Vous évoquez les termes libération et liberté. Pouvez-vous nous parler un peu de ce qu'est la véritable liberté ?
DM : Vous savez, si j'avais su que vous m'apporteriez un jour ce livre et que vous me poseriez ces questions, je ne l'aurais pas écrit. Vous comprenez ? Je veux dire que vous créez ces choses et qu'elles disparaissent ensuite. Je ne revendique rien de ce qui est écrit dans ce livre. Vous pensez que je suis fou, n'est-ce pas ?

IDJ : Non, je ne le pense pas.
DM : Peut-être que oui.

IDJ : C’est peut-être moi qui suis fou. Ramana Maharshi parle du Soi comme du siège de la conscience. Vous faites référence au Soi dans votre livre, Awakening from the Dream of Me. Est-ce la même chose ?
DM : Oui, parce que ce « moi » dénote une séparation, et cela n’existe pas vraiment.

IDJ : Avez-vous subi une forme de discipline ou d’effort pour parvenir à cette Conscience ?
DM : Au contraire, j’ai balayé tout cela et j’ai laissé la vie être elle-même. Je ne me mets pas en travers de votre chemin. Dès le début, vos parents vous disent de tracer des limites autour de vous-même ; vous pouvez aller dans cette direction, vous ne pouvez pas aller dans cette direction, et vous vous retrouvez enfermé. Maintenant, vous arrivez à un point où soit vous allez rester dans cette direction toute votre vie (et ne jamais en sortir), soit vous allez sortir de cette boîte. Vous devez sortir de cette boîte pour vivre, vraiment vivre. C’est une boîte mentale. Nous sommes tous passés par là.

Comment s'en sortir, voilà la question. Déchirons-la, ici et maintenant. As-tu emporté ta hache avec toi ?

IDJ : Oui.
DM : Bon, ouvrons le débat ! Ciel (à Frank), je pense que tu es arrivé à un point formidable quand tu dis que tu ne sais rien, c'est merveilleux. C'est un point à envier, quand tu peux réaliser que tu ne sais rien. C'est un sentiment agréable de ne rien savoir et d'en être heureux. Je connais tellement de gens qui savent tellement de choses et cela ne les a pas du tout changés. Tout ce savoir ! Un grand fardeau.

Tu sais, Matthew, il y a eu un professeur ici. Et le professeur est là (montrant une image du désert) ; le désert et les fleurs qui s'épanouissent dans le désert, sans effort... juste un peu de pluie.
Frank : Et cela se produit si naturellement et sans effort. C'est ce que j'ai appris de David. Eh bien, (à David) tu as vécu dans le désert pendant 30 ans.
DM : Très près du désert. À une époque, je connaissais le nom de toutes les plantes.

IDJ : Qu'est-ce qui vous a poussé à aller dans le désert ?
DM : Eh bien, certains de mes amis ont un endroit qu'ils appellent Yucca Loma (la mesa où poussent les yuccas). C'était un endroit où aller pour se détendre, se taire et ne rien faire. Il y avait plusieurs petites maisons tout autour. On avait sa propre petite maison et on allait dans la maison principale pour les repas. C'était une idée charmante et j'ai adoré, alors j'y suis resté. En fait, j'ai décidé de construire ma propre petite maison. Je l'ai construite en adobe, avec des matériaux provenant directement de l'endroit.

J’ai beaucoup aimé les gens qui y vivaient. Il y avait une femme qui a découvert la vérité profonde et merveilleuse, et j’ai beaucoup appris d’elle. Pas tellement par la parole, mais plutôt en étant avec elle et en la comprenant.

IDJ : Comment avez-vous passé votre temps dans le désert ?
DM : Nous n’avons rien fait de spécial. Certains ont joué au tennis et ont nagé dans la piscine pour se divertir. Je pense que l’idée selon laquelle il y a une personne vers laquelle nous devons « nous tourner » est incorrecte, car tout est présent en chacun de nous, il suffit de se tourner vers elle. N’êtes-vous pas d’accord ? Tout est là, il suffit de creuser et de le trouver. Il y a beaucoup de choses derrière vous que vous avez oubliées. Toutes les choses que vous avez accumulées doivent être éliminées. Et s’en débarrasser vous donne une chance de « voir », non pas de penser, mais de « voir ». Penser est une affaire mécanique, « voir » en est une autre.

IDJ : Est-ce que cette « vision » se fait avec l’esprit ou sans l’esprit ?
DM : C’est un sentiment intérieur. Je pense que penser est une sorte de désordre. Lorsque nous agissons à partir de la « vision », nos actions sont alors plus spontanées et réelles. La pensée est conditionnée et structurée. C’est bien plus que ce que nous avons jamais rêvé d’être. Personne ne m’a jamais vraiment expliqué ce qu’est cette chose appelée la vie, comment elle a commencé et comment elle a commencé. J’ai décidé qu’on ne peut pas penser en termes de début et de fin, c’est simplement au-delà de cela. Nous sommes élevés dans un monde de commencements et de fins, de bien et de mal, de ceci et de cela. Toute cette division transforme les choses en plusieurs au lieu de les voir comme une seule.

Le sentiment est tout. Si vous ressentiez « cela », vous éclateriez probablement de rire parce que cela rend tout le reste ridicule. Toute cette histoire de pensée est ridicule et je me mets à rire. Je pense que c'est pour cela qu'on parle tant de la vie d'un petit enfant.

IDJ : Jouer dans la « prairie » ?
DM : Et les enfants jouent dans la « prairie ». C’est là que nous sommes tous les plus heureux, dans cette prairie. C’est une vie agréable, n’est-ce pas ? À quoi sert la vie si on ne s’en moque pas et si on n’apprécie pas la vie. Nous prenons tout trop au sérieux, beaucoup trop sombre.
Frank : Pourriez-vous nous parler de la femme qui venait vous rendre visite dans le désert ?
DM : Elle s’appelait Kathryn Boynton. Elle était médecin et c’était la personne la plus heureuse et la plus merveilleuse avec qui passer du temps. Quand on la voyait arriver en voiture, on ressentait une grande joie. On se disait : « Dieu merci, maman Kathryn est à la maison. » Elle avait un cabinet à Los Angeles et un flot de gens venait la voir là-bas. De temps en temps, elle partait et revenait dans le désert – c’étaient des jours merveilleux. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir connu des gens aussi formidables. Dieu, sans aucun effort de ma part, les a fait entrer dans ma vie et m’a aidé à me montrer la route.

Il y avait plus de 130 kilomètres de notre mesa en regardant vers l'ouest. Quand le soleil se couchait, il ruisselait jusqu'au bord de l'horizon. Quand je vivais à New York, je connaissais quelqu'un qui m'emmenait sur le toit de son appartement et me montrait les lumières et le magnifique coucher de soleil. Pour lui, cela valait tout ; c'était son désert.

IDJ : Pourquoi avoir déménagé de New York à Los Angeles ?
DM : Le cinéma. J’étais monté sur scène à New York et j’adorais le théâtre, mais le cinéma, c’est très différent. Beaucoup de gens me demandent comment j’ai pu abandonner une carrière comme celle que j’avais. J’ai tout simplement tourné le dos à cette carrière et je suis parti. J’étais heureux, heureux de m’en sortir ; l’attention était centrée sur l’égo, les apparences, et tout.

IDJ : Écrivez-vous encore aujourd’hui ?
DM : J’écris moi-même beaucoup de petits mots, mais je n’ai pas de machine à écrire. J’ai donné tout ça. Si une certaine pensée me vient, je l’écris. Elle reste longtemps sur ma table, puis elle est finalement jetée ou perdue, parce qu’elle n’est pas spéciale. Tout le monde l’a en soi. Toi, Frank, nous l’avons tous, tout est là, honnêtement. Parfois, lire un petit bout de quelque chose peut vous ouvrir la porte. Je ne sais même pas à quoi servent ces notes. Celle-ci dit : « Portez votre attention sur ce qui est et voyez sa plénitude à chaque instant. La présence de Dieu est partout, il vous suffit de l’accueillir consciemment avec attention. »

Quand Frank vient me rendre visite, je pense à tout ce que je vais lui dire. Quand il arrive, tout est vide, tout a disparu. C’est génial. Souvent, les paroles gâchent complètement ce qui est au-delà des paroles. J’aime penser à cela en termes de « pré », parce que là, on redevient un enfant ; on court et on joue à des jeux et c’est tout ce qu’il y a. On fait, on est « en train d’être » dans le « pré ». J’aime ce « pré », mais il ne sert à rien de le regarder, il faut y être.

Nous rêvons
que nos vies sont enveloppées dans des cocons, que nous les modelons sur le passé, que nous répétons de vieilles erreurs. Ce n’est que lorsque nous nous éveillons du rêve mortel que nous découvrons la réalité de notre être.
Lorsque nous sommes libérés de tous les concepts de Dieu, de Jésus et de Bouddha et que nous nous tenons nus, sans rien à quoi nous accrocher, alors nous sommes ouverts et vulnérables, prêts à comprendre. C’est alors que voir la vérité est possible.
Maintenant je suis libre, vivant et éveillé ! J’écoute la voix du Soi et je la trouve partout – dans le gazouillis des rouges-gorges, le cri perçant d’un geai.
Je vois son reflet dans le visage d’un jeune enfant, dans les pétales d’une fleur au bord de la route et dans le silence des arbres de la forêt.
La question « Que dois-je faire pour la réalisation du Soi ? » présuppose qu’il y ait quelqu’un pour faire quelque chose à ce sujet. Cette question vient d’un sentiment de dualité, qui en soi rend toute réponse incongrue.
Il n’y a rien à atteindre ou à acquérir dans cette sérénité. Je vois un univers illimité et ouvert.
La croyance commune à propos de la libération est qu'il s'agit d'une chose difficile à atteindre. Mais c'est tellement simple et heureux au-delà du bonheur, libre au-delà de la liberté, puissant au-delà du pouvoir. C'est la merveille des merveilles, le moi même, je suis.
Que peut-on faire de la Conscience, sinon l' être, connaître la joie et la lumière de celle-ci ici et maintenant dans le moment présent et éternel ?


Sans un cœur ouvert, sans donner et recevoir de l’amour, je vis une mort bien pire que n’importe quelle capitulation de cette personne limitée connue sous le nom de David. Combien
d’entre nous osent déposer le fardeau du sens du moi pour entrer dans la merveille infinie où il n’y a pas de mots ? Combien d’entre nous osent voir ce qu’est vraiment le moi
? Libéré du sens du moi, j’ai un aperçu de l’immensité de la Conscience. Mort à la personne-moi, je suis ce principe qui est la Vie elle-même.

L'intellect
Laissez tomber l'attirail d'un esprit préoccupé. Devenez libre ! Nettoyez l'esprit de tous ses déchets. L'esprit n'est jamais vide. Il déborde de la lumière de l'amour non objectivé.
L'esprit est un tissage d'idées basé sur la façon dont nous avons été conditionnés à penser, à réagir et à désirer. Reconnaître qu'il cache notre véritable identité est la première étape pour revenir à la merveille divine de notre existence.
Nous ne pouvons pas utiliser la logique pour définir Dieu. Plus tôt l'esprit raisonné cède la place à la vérité du cœur, plus tôt nous voyons la simplicité de la réalité présente dans l'éternel maintenant. Elle n'est jamais absente .
Aucun livre ni aucun gourou ne peut nous éveiller. Ce ne sont que des panneaux indicateurs. Si nous étudions les panneaux indicateurs, nous allons seulement dans la direction indiquée. Nous ne devons pas, bien sûr, ignorer les livres, les enseignants et les gourous ; ils nous montrent la voie. Pourtant, peu importe combien nous lisons, méditons ou étudions avec des enseignants, nous devons nous-mêmes faire l'expérience de ce qui est au-delà des mots.
Toute connaissance est déjà connue de nous. Les livres nous aident simplement à reconnaître ce qui nous appartient déjà.
Personne ne peut apprendre à la place de quelqu'un d'autre. Personne ne peut enseigner à quelqu'un d'autre. C'est seulement par la découverte personnelle du Soi transcendant que l'on peut expérimenter la tranquillité parfaite.

Écoutez
Écoutez votre cœur. Ressentez depuis votre centre et sachez la vérité. Elle est toujours là. « Soyez tranquille et sachez. » L’amour divin est tout autour de vous.
Lorsque le cœur s’ouvre grand à l’amour non objectifié et non possessif, il apporte la paix aux autres, proches ou lointains.

Réflexions
Le fardeau fastidieux des jugements quotidiens, une fois reconnu, devient un fardeau que l'on met de côté avec gratitude. Quel soulagement d'en avoir fini avec le sens du moi. Cette découverte à elle seule donne un sentiment de jeunesse, une révélation d'une énergie, d'un temps et d'une liberté retrouvés.

Nous luttons pour conquérir la nature. C'est ridicule ! En réalité, nous luttons contre nous-mêmes, contre notre univers et contre tout ce qui nous appartient. Nous sommes la nature. Nous ne sommes pas séparés. Nous sommes ici maintenant en tant que conscience.

Rien ne meurt ni ne disparaît. Tout est présent comme il l’a toujours été. Comme la vie peut se déplacer dans une direction que les yeux ne peuvent pas voir, il n’y a aucune raison de croire que quelque chose a disparu. Rien n’a disparu. Tout est là. Il n’y a pas d’autre endroit où être.

Awakening from the Dream of Me est actuellement épuisé et non traduit en français.

Source : innerdirections.org