vendredi 24 octobre 2025
mardi 7 octobre 2025
• La pureté primordiale - Tulku Urgyen
La pureté primordiale (kadag) signifie que la nature fondamentale de la conscience n’appartient ni au samsara ni au nirvana, et donc son identité est d’une pureté primordiale. Aucun type de cause et effet karmique vertueux n’améliore cette pureté primordiale, ni aucun type de cause et effet karmique non vertueux ne l’aggrave.
En bref, cette éveil de la connaissance auto-existante n’est pas amélioré — même pas un soupçon — par une quelconque vertu relative ou conceptuelle appartenant à la vue, à la méditation et à la conduite des neuf véhicules progressifs.
Aussi, il n’est pas le moins du monde lésé, même si l’on accumule une quantité énorme de méfaits négatifs relatifs ou superficiels, y compris les dix actions sans vertu et les cinq actions avec des conséquences immédiates.
Cette identité de conscience primordialement pure ne peut être ni améliorée ni endommagée par quoi que ce soit. Tous les types de causes et d’effets provenant d’actions saines et malsaines apparaissent comme ses expressions — tout comme les apparitions évoquées par un magicien. Réalisez qu’ils sont tous irréels et vides, une exposition magique, et vous transcenderez les pratiques de cause à effet, qui exigent un effort.
lundi 6 octobre 2025
• Des ondulations dans l’unité du Divin - Sraddhalu Ranade
Alors, pour en revenir à votre question, lorsque nous disons immerger dans le Divin : nous immergeons de cette façon, en incluant tout de notre âme et de notre nature au Divin, dans son essence et dans sa forme. L’être humain est comme un microcosme issu de ce macrocosme. Donc nos corps, nos esprits s’immergent dans la perfection Divine, comme notre âme s’immerge dans l’identité avec la conscience divine. Nous avons ensuite des manifestations divines et nous sommes véhicules du Divin pour qu’il se manifeste de lui-même.
Cela nous amène à la question du pourquoi. Pourquoi l’univers est-il né, et comment et pourquoi sommes-nous ainsi. Voyons ceci des deux niveaux par lesquels nous pouvons observer ; du niveau plus élevé, l’univers ne subit jamais de naissance séparée. Dans l’unité de la conscience divine est liberté infinie, potentiel infini de toutes les possibilités qui peuvent être conçues. Cela est décrit comme brahman. Et toutes ces possibilités existent sans limitation de temps, d’espace ou de forme ; tout existe dans l’unité de brahman. Le monde est déjà là, mais non manifesté. Lorsque la conscience divine se concentre sur ces possibilités et en met certaines en avant, les souligne, et les met en relation les unes avec les autres, alors apparaît dans l’unité de la conscience divine la formation des relations, de l’espace, du temps et de la forme, et de ces possibles infinis.
Et lorsque qu’il se concentre sur ces relations, les objectifie dans sa propre conscience, nous voyons l’émergence de l’univers.
Où est-ce que l’univers prend forme ? Dans le Divin. Parce qu’il n’y a rien d’autre que lui. De quoi est-t-il fait ? Du Divin lui-même. Qu’est-ce qu’il exprime ? La volonté divine, l’intention divine, la joie divine de l’auto-découverte. Tout cela, ce monde magnifique, ces galaxies magnifiques et ces planètes, forêts, montagnes, animaux et être humains sont des ondulations dans l’unité du Divin, qui rêve de ces choses et joue avec les possibilités comme un moyen d’exprimer sa joie dans l’auto-exploration. C’est la vision du plus élevé. Bien sûr, lorsqu’on entre dans le phénomène, on expérimente la différenciation, la séparation. Où est le Divin ? Je ne vois pas le Divin ! Vous ne réalisez pas que toute substance est faite en essence de la substance divine, car il n’y a rien d’autre que le Divin. Et vous êtes entrés dans une expérience où vous avez fait le choix d’oublier votre unité, afin de faire l’expérience de ce monde objectifié. Chacun d’entre nous, en son âme, est le Dieu unique, le même Divin qui est arrivé dans cette pièce, cette dramaturgie, afin d’expérimenter chacune de ces parties dans ses extrêmes, jusqu’au point même de la perte de soi, d’oublier qui on est, afin de pouvoir profiter du jeu pleinement. Imaginez une pièce de théâtre, une tragédie où le metteur en scène, le créateur de l’histoire y pénètre, s’identifie aux parties, oubliant qu’il est en réalité libre de modifier l’histoire.
Dès lors, vous ressentez la vie d’une part, qui est la “victime” de l’histoire, assujettie aux circonstances. Vous vous retrouvez à combattre l’univers. Derrière se trouve la connaissance secrète que nous sommes ceux qui ont créé cela, qui ont choisi cela, et nous y sommes entrés pour vivre l’expérience. C’est pourquoi instinctivement réside en nous cette aspiration à maîtriser nos circonstances, d’être libres des choses, d’être capable de créer des choses qui n’existent pas. Tous ces instincts proviennent de nos profondeurs, de cette source qui sait en secret que nous sommes « Dieu ». En réalité, toutes les distorsions de la nature humaine sont le reflet d’une vérité profonde.
vendredi 3 octobre 2025
• Un espace infiniment ouvert qui permet à tout d’apparaître - Tsoknyi Rinpoche
Quand les bouddhistes parlent de la vacuité comme base de notre être, nous ne voulons pas dire que qui ou ce que nous sommes n’est rien, un zéro, un point de vue qui peut céder la place à une sorte de cynisme. Les enseignements actuels sur la vacuité impliquent un espace infiniment ouvert qui permet à tout d’apparaître, de changer, de disparaître et de réapparaître. La signification fondamentale de la vacuité, en d’autres termes, est l’ouverture ou le potentiel. Au niveau de base de notre être, nous sommes 'vides' de caractéristiques définissables. Nous ne sommes pas définis par notre passé, notre présent ou nos pensées et sentiments concernant l’avenir. Nous avons le potentiel de vivre n’importe quoi. Et tout peut se référer à des pensées, sentiments et sensations physiques.
samedi 20 septembre 2025
• Je suis du même argile que le tout - Géronda Païssios l’Athonite
Quel est le secret de ta joie, Géronda ?
Je suis toi, sans mélange ni séparation et je me vois en toi comme en un miroir.
Je suis Lui, comme le charbon embrasé devient entièrement feu. Que cesse une minute la grâce du Partout Présent et je redeviens charbon.
Je suis du même argile que le tout et il n'est rien qui ne me dise, en silence, un mot de Sagesse.
lundi 15 septembre 2025
• Il y avait un immense sentiment d’unité - Ramesh Balsekar
Ramesh Balsekar nous offre ici l’opportunité de goûter en sa compagnie l’essence même de l’expérience de la non-dualité.
Ses propos, éclairés par l’enseignement de Nisargadatta Maharaj, nous permettent une percée plus précise dans la compréhension même de ce qu’est une approche réellement non-duelle, et de ses implications dans notre vie quotidienne.
Le premier chapitre concerne les concepts de base de cet enseignement : la Conscience est tout ce qui est ; il n’y a aucun acteur personnel, aucun « moi » individuel ; il n’y a pas de libre arbitre et adopter la position de témoin.
Ces concepts sont développés et illustrés dans cette belle collection d’histoires, de blagues, de citations et d'anecdotes qui constituent la matière de ces enseignements inspirés de l'advaita. Ramesh aime les histoires, possède un excellent sens de l'humour, de la spontanéité et un sens du comique qui fait souvent rire les gens de leurs propres difficultés.
Ces illustrations mettent en lumière les concepts parfois difficiles à saisir de l’enseignement.
Ramesh nous le rappelle : « ce qui est » est toujours là, tellement simple, qu’il suffit de cesser de conceptualiser, d’imaginer, pour que cela saute aux yeux. Nous sommes d’ores et déjà ce que nous cherchons, la liberté, la quiétude.
© Extraits publiés avec l'aimable autorisation des Éditions L'Originel :
L’Éveil signifie, en termes simples, comprendre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
Un ami de Mahârâj, qui avait l’habitude de rendre visite à un certain jnânî, insista pour qu’il l’accompagne. Cet ami dit : « Tu dois venir. » Mahârâj raconta qu’il fut pratiquement traîné jusqu’au guru – il n’acheta même pas la traditionnelle guirlande de fleurs, son ami l’acheta pour lui. Mais une fois qu’il fut là, lors de la première causerie, à la toute première chose que dit le guru, il se passa quelque chose de fantastique. Son cœur s’ouvrit.
Le guru avait dit : « Tu n’es pas ce que tu sembles être. Tu es l’essence, laquelle est invisible. Ce qui apparaît être n’est qu’une réflexion, une expression objective de ce Sujet. » Mahârâj dit : « Quand j’entendis cela, tout s’ouvrit. Je n’avais pas de problèmes. Je n’avais pas de doutes. Je n’avais pas de soucis.»
Son guru n’était pas à Bombay, alors il expliqua qu’il avait l’habitude de voir son guru deux, trois ou quatre fois par an. Son guru mourut trois ou quatre ans plus tard. Il ajouta qu’il n’avait plus vraiment besoin de le voir.
La toute première fois – ça l’a saisi. Il dit qu’il pensait que son inclinaison fondamentale était la bhakti. Depuis qu’il était enfant, il avait pour habitude de se rendre au temple et de chanter des chants dévotionnels. Mais il n’avait pas réalisé que ce n’était là qu’une tendance superficielle. La connaissance était sa véritable nature.
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Ramesh raconte sa rencontre avec Maharâj :
Avant de rencontrer Mahârâj, j’ai eu un autre guru pendant vingt ans. Il parlait de non-dualité, mais son niveau d’action dans ce monde s’arrêtait à la compréhension de son propre guru. Pour lui, aussi loin qu’il était concerné, celui-ci dirigeait toutes ses actions. Il était parfaitement
sincère et authentique, et il considérait que son rôle était d’aider ses disciples dans tous les domaines de la vie – matériels et spirituels. Mais de mon point de vue, ce n’était pas ce dont j’avais besoin. Alors comme c’était naturel pour cet organisme [Ramesh], je ne me suis pas séparé de lui. J’ai continué pendant vingt ans, conscient d’avoir besoin d’autre chose.
Lorsque je suis allé voir Mahârâj [Nisargadatta], dès le premier entretien, j’ai su que « c’était là ». Ces vingt années n’ont pas été perdues. Ces vingt années faisaient partie du processus nécessaire. Ces vingt années m’ont fait comprendre ce qui n’était pas nécessaire, et elles m’ont aussi révélé ce qui l’était. Ainsi, lorsque le besoin s’est présenté, je l’ai immédiatement reconnu.
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Une autre fois, Ramesh a parlé plus en détail du moment réel de l’Éveil.
Il y avait de l’impatience. Cette impatience venait du fait que je savais de quoi il s’agissait. Que Mahârâj et moi n’étions pas deux êtres différents. Il y avait un immense sentiment d’unité – non seulement entre Mahârâj et moi, mais aussi dans l’existence de la Totalité. Franchement, les mots semblaient tout à fait superflus. Il y avait une certaine impatience d’en finir. Mais c’était un travail qui s’accomplissait. Le sentiment, c’était : « Tout cela est inutile. » (Je souhaitais à contrecœur que quelqu’un d’autre traduise, pour ne pas avoir à le faire). Il y avait un sentiment d’unité, pas quelque chose à traduire. Un immense sentiment d’unité. Je le répète, unité non seulement entre Mahârâj et moi, mais avec la Totalité.
jeudi 11 septembre 2025
• Nous pensons que la dualité est réelle, mais c’est une illusion - Garchen Rinpoché
Lorsque nous comprenons l’essence vide de la réalité, la nature semblable à l’espace de l'esprit, dans la pratique de Trekchö (Couper à travers la solidité), c’est le dharmakaya qui est le même pour tous les Bouddhas.
La nature de cela est lumineuse. Cette nature lumineuse est consciente de son essence vide. Ainsi, il y a une union inséparable de la vacuité et de la luminosité. C’est le sambhogakaya, ou corps illuminé de jouissance.
Cette réalisation non duelle de la luminosité et du vide est une grande félicité. Quand nous réalisons cela, nous voyons que tous les êtres sensibles ordinaires manquent de cette grande félicité ultime et souffrent continuellement dans l’existence cyclique. L’énergie de compassion provenant de cela se manifeste sous forme de nirmanakayas, ou corps d’émanation éclairés, pour libérer les êtres sensibles de leurs délires et souffrances. Ces émanations apparaissent naturellement, sans aucun effort conceptuel. Elles naissent de l’énergie compatissante innée qui naît de l’illumination.
En fin de compte, les fruits du dzogchen et du mahamudra sont complètement les mêmes. En particulier, l’un des signes de la pleine réalisation de Trekchö (Couper à travers) est que le corps humain ordinaire se dissout en particules quantiques et disparaît. Cela se produit chez des praticiens rares hautement réalisés. Pour d’autres, bien que leurs corps ne se dissolvent pas, ils sont libérés dès qu’ils atteignent le premier bardo, ou entre les états, après la mort. Ils réalisent le dharmakaya tel qu’il se présente au moment de la mort. Comme en se réveillant du sommeil, ils s’éveillent dans la nature spatiale de l’esprit de tous les bouddhas. Ainsi, ils deviennent un avec tous les bouddhas. Cela atteint la bouddhéité à travers le dharmakaya du premier bardo au moment de la mort.
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Il n’y a pas de dualité, il n’y a rien d’autre à voir en dehors de cette réalisation. Il n’y a pas d’enquêteur séparé ou de chose séparée à percevoir. L’attachement dualiste est consommé et terminé. Lorsque la dualité est terminée, il n’y a plus personne avec qui penser et rien sur lequel penser. Par exemple, il pourrait sembler que nous avons des corps séparés. Cependant, la nature de nos esprits qui perçoivent cette réalité est exactement la même. En nous accrochant à l’illusion que nous sommes différents, nous ne voyons pas la nature non duelle de l’esprit. Nous pensons que la dualité est réelle, mais c’est une illusion. Lorsque nous réalisons pleinement cela, toutes les pensées sont consumées et terminées. En fin de compte, nous arrivons à demeurer naturellement, tels que nous sommes vraiment, dans l’unique esprit non duel de tous les Bouddhas.
mardi 9 septembre 2025
vendredi 5 septembre 2025
samedi 23 août 2025
• L'éveil laisse apparaître que cette plénitude est immuable - Frédéric Samnidhi
lundi 18 août 2025
• C'est simplement la reconnaissance de la nature de votre être - Ruppert Spira
dimanche 17 août 2025
• N'effectuez aucune séparation entre ce qui est regardé et celui qui regarde - Tsoultrim Zangpo
Peut-être vous demandez-vous alors quelle est la méthode pour se déposer dans la nature de l’esprit ?
Même l’état d’esprit dans lequel vous vous trouvez à l’instant – cet état dans lequel les pensées se succèdent, avec leur lot de fixation et de références conceptuelles – a pour essence la Présence éveillée, qui n’est pas entachée par la saisie dualiste et ne s’écarte jamais d’un état omnipénétrant. C’est ce qu’il vous faut actualiser, et c’est ce dans quoi vous devez vous établir. L’essence de cette expérience comporte une composante de « vide » (c’est l’absence de pensées), de même qu’une composante de quiétude (c’est l’absence de mouvement). L’expérience implique aussi un élément de félicité, de même qu’un aspect de clarté ou d’intelligence qui discerne. Ces diverses qualités sont présentes spontanément, et elles ont toujours été parfaites, depuis l’origine. Cela signifie que quand on actualise la pure Présence éveillée, il est impossible que ces qualités ne se manifestent pas automatiquement, en même temps. Quelque qualité qui se produise – félicité, clarté ou autre –, n’y faites pas délibérément converger votre attention, et n’essayez pas de préserver l’expérience. Plutôt, déposez-vous naturellement, sans forcer quoi que ce soit, en veillant simplement à ne pas oublier ou perdre l’expérience de la soi-disant « qualité de Présence éveillée », c’est-à-dire l’aspect de la sagesse qui n’est que pure présence, libre des pensées. Préserver de cette façon la continuité de l’expérience, en maintenant simplement la reconnaissance (ou en ne l’oubliant pas), c’est la méditation originale, naturelle, qui n’est pas entachée par quelque autre méditation délibérée. Reposer continuellement dans cette expérience, sans se laisser distraire, mais sans forcer la concentration, c’est « l’authentique attention intrinsèque ». Il s’agit, sans distraction, de ne pas perdre la simple Présence éveillée (autrement dit, de n’être « pas oublieux »), et quand on est distrait, de relâcher la distraction en reconnaissant simplement sa nature essentielle.
Ces formes de pure Présence éveillée s’intégreront inséparablement et deviendront indivisibles. Il est dit que cette intégration marque le point où pensées et perceptions commencent à se transformer en sagesse. Alors, n’effectuez aucune séparation entre ce qui est regardé et celui qui regarde, entre le maintien et celui qui demeure, entre ce qui est préservé et celui qui préserve.
samedi 16 août 2025
• La dualité ne peut jamais être illuminée ! - Chogyal Rimpoché
vendredi 15 août 2025
• Laissez tout ce qui doit être se refléter dans la conscience - Chogyal Rinpoché
jeudi 14 août 2025
• La Conscience et le Présent - Rencontre entre Ramesh Balsekar et Eckhart Tolle
Une fois assis, Ramesh a demandé à Eckhart d'expliquer la toute première phrase du Pouvoir du moment présent : « Vous êtes ici pour permettre au dessein divin de l'univers de se réaliser. C'est dire votre importance ! »
Ramesh regarda Eckhart droit dans les yeux et souleva l'idée que le « vous » n'était rien d'autre qu'un objet tridimensionnel à travers lequel la Conscience fonctionnait. Alors, comment un objet tridimensionnel pouvait-il être « important » ? Dans ses satsangs, lorsqu'on lui posait une question du genre « Quel est le but de la vie ? », Ramesh répondait : « Qui veut le savoir ? Un objet tridimensionnel ? Un objet ne peut jamais connaître la volonté du Créateur-Sujet. » Ramesh poursuivit en expliquant à Eckhart que si, au contraire, Eckhart s'adressait à la Conscience, alors il n'était pas nécessaire de lui expliquer son importance.
Ce qui se passait était clair. Afin de bien faire valoir son point de vue, Ramesh avait repris les paroles d'Eckhart et les avait replacées dans le contexte de son propre enseignement. Au début, Eckhart tenta d'expliquer son point de vue, mais Ramesh ne lui en laissa pas l'occasion. Le défenseur inconditionnel de la conscience refusait toute explication, car il était intransigeant sur ses conceptions de la philosophie de l'Advaita. Ce qui se produisit à ce moment précis fut un privilège d'être témoin du début du plus grand spectacle du monde.
Eckhart comprit très vite que cette conversation ne mènerait à rien et qu'il était inutile de tenter quoi que ce soit à ce stade. Il abandonna toute tentative d'expliquer son point de vue et se tut. Certains visiteurs dans la salle tentaient de défendre Eckhart, estimant que Ramesh n'était pas « juste ». Mais Ramesh vit qu'Eckhart avait abandonné toute résistance à ses propos ; il se demanda même à voix haute pourquoi les autres s'agitaient alors qu'Eckhart ne l'était pas ! À cet instant, voyant Eckhart le regarder sans bouger, Ramesh sembla saisir le signal. Regardant Eckhart, il se lança dans ce qui allait être l'un des enseignement les plus lucides de son existence. En une demi-heure, et sans la moindre interruption, Ramesh, dans un monologue ininterrompu, exposa tous ses concepts de l'Advaita. Il était clair que Ramesh avait lancé ce monologue, car il voyait Eckhart assis en face de lui, tel un vase vide, totalement présent dans l'instant. Assis sur le canapé en face d'eux, j'ai été témoin de ce que Ramesh disait : « La conscience parlant à travers un instrument et écoutant à travers un autre. » Je me souviens aussi avoir pensé que je n'avais pas vu Eckhart regarder à gauche ou à droite, ni être distrait – comme lorsqu'on écoute quelqu'un pour le plaisir d'écouter alors qu'en réalité, notre esprit danse la gigue ailleurs. Il était totalement « là », les yeux rivés sur Ramesh, jusqu'à la fin de ce satsang en tête-à-tête. Il était clair qu'il y avait bien plus de choses entre Ramesh et Eckhart dans cet échange que ce dont nous étions témoins. Cela ressemblait à une communication à plusieurs niveaux. Je me souviens aussi avoir pensé que si quelqu'un d'autre avait été à la place d'Eckhart, cela ne serait peut-être jamais arrivé, car il aurait défendu sa position sans relâche et se serait lancé dans un débat conceptuel. J'avais déjà vu cela se produire à plusieurs reprises lors des satsangs de Ramesh.
Ce qui m'a le plus marqué, c'est qu'ils étaient tous deux des exemples brillants, des incarnations vivantes de leur enseignement respectif. Ramesh était lui-même, lui-même. Il se fichait de ce que les autres personnes présentes pensaient de sa première attitude, qui aurait pu être perçue comme une agression. Par la suite, lorsque le robot divin de la Conscience vit qu'il y avait quelqu'un en face de lui prêt à l'écouter, l'enseignement tout entier le traversa comme le Gange en crue. Et Eckhart se glissa confortablement dans le « Maintenant » afin de laisser les événements se dérouler. Ou bien le « Maintenant » s'insinua-t-il en lui ?
Pour moi, c'était vraiment le plus grand spectacle du monde. C'était le spectacle de deux personnes simplement elles-mêmes ; quelque chose d'aussi simple que cela. Je suis récemment tombé sur un chapitre intitulé « Quand deux maîtres se rencontrent » dans le livre de Mooji, Before I Am . Mooji est un enseignant occidental de non-dualité (Advaita). Dans ce chapitre, lorsqu'on lui demande ce qui se passe lorsque deux maîtres se rencontrent, il répond : « Nous entretenons toutes sortes d'idées fantaisistes selon lesquelles un changement cosmique devrait se produire, comme la rencontre de deux aimants, et c'est absurde. Il n'y a pas de rencontre entre deux maîtres. Quelle est la différence entre l'espace de cette pièce et celui de la cuisine ? Aucune. »
C'est tellement vrai. Une fois que Ramesh eut dit ce qu'il avait à dire, certains d'entre nous (moi y compris !) poussèrent un soupir de soulagement lorsque le thé et les amuse-gueules furent apportés. Pendant que nous prenions notre thé, des voix se firent entendre murmurer : « Comment Ramesh a-t-il pu être comme ça ? Quel ego il a ! » D'autres demandaient : « Pourquoi Eckhart ne l'a-t-il pas rendu à Ramesh ? » … et ainsi de suite. La plaisanterie, c'est que tous ces jugements ne concernaient que nous, à part Ramesh et Eckhart. C'est nous qui gardions cet « événement » en tête une fois terminé – eux deux semblaient les moins gênés. Bien sûr, cette réaction était naturelle, car notre quotidien est fait de séparation – « moi » et « l'autre » – et de tous les jugements qui en découlent. Après le thé, nous avons passé un agréable moment à prendre des photos ensemble, à échanger des accolades et à rire, puis je suis parti avec Eckhart et le groupe. Je me souviens que pendant que nous attendions la voiture en bas, Eckhart a ri et a simplement dit : « Les gourous indiens parlent beaucoup ! »
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