Tu as aussi dit : « J’ai entendu, de la part d’une tradition orale, que si on médite en soutenant la continuité de l’attention (dran pa), vient un moment où se manifeste une sorte d’attention qui est une caractéristique de la pure présence éveillée proprement dite. Je n’ai toutefois pas creusé la question. Qu’en est-il ? »
La concentration ordinaire par laquelle on repose l’esprit a une composante de tranquillité, mais elle est faible puisqu’elle implique un support temporaire. Par contraste, la concentration de la pure présence éveillée reposant en elle-même est une propriété innée de la nature authentique, et elle n’est donc pas séparée du « flot » de la dharmatā. Cela signifie qu’il n’y a pas de rappel délibéré d’un objet d’attention – autrement dit, pas d’« attention conditionnée » – au sein de la pure présence éveillée proprement dite. Plutôt, il y a une attention naturellement présente et dénuée d’effort ; une attention intrinsèque, dirions-nous, et non fabriquée. En d’autres termes, la claire lumière est maintenue et il y a ce qu’on appelle une « attention véritable qui empêche de se perdre dans les expressions de la présence éveillée ». Cette sorte d’attention advient quand la pure présence éveillée est rendue manifeste par la force de la méditation ; elle survient spontanément, comme l’éclat qui accompagne l’or. Tant que tu dois dépendre d’une attention cultivée délibérément, tu n’as pas transcendé la dimension de l’esprit ordinaire. Ça n’empêche toutefois pas de maintenir l’essence de la présence éveillée par le biais d’une forme d’attention conditionnée en vue de susciter l’attention authentique. Comme l’explique Le Précieux trésor des instructions essentielles, « les débutants parviennent à l’absence de distraction par le biais d’une application délibérée ».