lundi 19 juin 2023

• Né de nulle part - Ramana Maharshi

Ce livre s'intéresse à une filiation spirituelle, à travers les écrits et paroles de ces deux «Grands» que sont Râmana Mahârshi (1879-1950) et son «Père spirituel» Shankarâchârya (vers 700/788 - vers 732/820).

Tous deux sont les grands exposants de l'Advaïta-Vedânta. On s'accorde à dire que Râmana suit les grandes lignes tracées par Shankara et sa doctrine non-duelle de l'Advaïta-Vedânta, la voie de la Connaissance du jnâna-yoga. Laquelle tend vers l'expérience de la non-dualité : du Soi - la révélation de la Pure Conscience.

Les « correspondances » qui existent entre eux et leurs doctrines sont nombreuses : le pouvoir d'illusion de Mâyâ, le monde et son impermanence, la servitude, la réalisation de l'Absolu, l'égalité Brahman-Âtman, la connaissance du Soi, etc., sont les grands thèmes de l'un comme de l'autre.

On s'accorde à dire que leurs enseignements sont, non pas similaires, mais très proches l'un de l'autre et complémentaires.

La réalisation de l'Absolu passe pour Shankara par la reconnaissance intellectuelle de fait : « Je suis Brahman », et que, selon les Upanishads, l'Âtman, l'âme individuelle, est identique au Brahman, l'Absolu.

Sur ces mêmes principes de base, Ramana insiste sur la recherche en profondeur de l'investigation (la question « Qui suis-je ? »).

Les deux méthodes ne s'opposent pas mais Râmana insiste particulièrement sur la pratique - non intellectuelle - et sur l'expérience personnelle et directe de cette Réalité ultime.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias l'Originel :


« Je suis Brahman. Je suis Tout.

Je suis pur. Éveillé.

Né de nulle part.

L’éternel Principe de conscience.

Dépourvu d’attributs.

L’Un-sans-un-second.

Je ne suis ni existant ni non-existant,

ni les deux à la fois.

Celui qui est parvenu à cette Connaissance suprême

est un Parfait : un vrai yogî. » 


La Connaissance Suprême du Soi

Âtma-Vidyâ six versets

Un jour, un disciple écrivit sur un bout de papier que la Connaissance du Soi est la chose la plus facile, puisque l’on est déjà le Soi, et il le tendit à Bhagavân, lui demandant d’écrire un poème sur le sujet. Le Sage répondit avec le poème suivant :

 

Voyez ! Chose facile est la Connaissance du Soi, [et donc de soi]
Voyez ! La plus facile qui soit. 


1. Même pour l’homme le plus ordinaire,

Si réel est le Soi,
Que, par comparaison, on pourrait dire

Qu’une baie d’âmlakî 

Tenue au creux de la main est une simple illusion.

 

2. Réel, Tout-pénétrant, pur à jamais,

Se tient le Soi. 

En vérité, de là jaillit
Le corps fantôme et le monde fantôme.

Quand cette illusion est détruite
Et que pas une tâche ne subsiste
Le Soleil du Soi brille de mille feux
Dans le vaste espace qu’est la Réalité du Cœur. 

Les ténèbres se dispersent et les afflictions cessent

Et seule demeure la Béatitude. 


3. La pensée « Je suis le corps » est le fil conducteur
Sur lequel sont enfilées diverses pensées comme des perles.

Ainsi, cherchant à l’intérieur, dans la quête du « Qui suis-je ? »
Et du « où viens-je ? »
Toutes les autres pensées disparaissent
Et alors, seule la conscience du Soi
Resplendit en tant que « Je-Je »,
Au-dedans de la cavité du Cœur.
Et ceci est le Ciel,
Et ceci est le Silence – La demeure de la Béatitude. 


4. À quoi bon tout ce savoir des choses

Autre que le Soi ?
Et Celui-ci étant connu,
Qu’y a-t-il d’autre à connaître ? 

Ce Soi qui resplendit en une infinité de sois,
Comme la fulgurance de la Conscience en dedans du Cœur ;
Certes, ceci est le jeu
[lîlâ] de la Grâce ;
La mort de l’ego ;
Le déploiement de la Suprême Béatitude.

 

5. Afin de dénouer les liens asservissants du karma-yoga

Et mettre fin aux naissances et aux morts,
Cette noble voie rapide est plus facile que toute autre.

Donc gardez le silence, sans agitation aucune 

De la langue, du corps et de l’esprit –
Le Soi resplendira au-dedans.
Ceci est l’expérience suprême de l’Éternité,

L’absence de toute peur ;
Ceci est l’infini océan de la parfaite Félicité !


6. Annamalai, le Transcendant,

Le Soi, l’Œil, 

Derrière l’œil du mental,
L’Œil de tous les autres sens,
Qui connaît le ciel et les autres éléments,

L’Être qui contient, révèle, perçoit
Le ciel intérieur qui brille dans le Cœur.

Quand l’esprit libre de toute pensée-je

Se tourne vers l’intérieur ;
Annamalai
[le Soi], le Tout-lumineux,

Apparaît comme mon propre Soi.

Certes, la Grâce est nécessaire ;
L’amour est ajouté –
Le bonheur jaillit.