lundi 16 mai 2022

• Il n'y a nulle part où aller, et pourtant des pas sont faits - Élias Amidon

 L'intention de La voie ouverte est de procurer aux lecteurs l'expérience spontanée de l'éveil à la présence de la conscience qui est notre nature la plus intime et le fondement silencieux de tout être. Le terme "conscience ouverte" est synonyme de nombreux autres termes utilisés dans les traditions mystiques du monde pour désigner le but ultime de toute quête spirituelle : illumination, esprit primordial, amour inconditionnel, unité de l'être, nature de Bouddha, etc.

 Avec une démarche patiente et bienveillante, l'auteur offre à chacun de nombreux chemins d'accès à une conscience non dualiste - notamment à travers des exercices pratiques à la fin de chaque chapitre.

  Néanmoins ce livre ne se résume pas à du développement personnel. Il expose une démarche spirituelle complète, issue du soufisme universel, c'est-à-dire non liée à une religion. En même temps il puise dans plusieurs traditions spirituelles – zen, bouddhisme tibétain, tantrisme, advaita, et aussi des enseignements de plusieurs maîtres occidentaux non dualistes.  


 Dans ce travail, l’invitation est de laisser notre vie se détendre dans la claire ouverture de l’être, sans attachement à des histoires personnelles. Il s’agit d’accueillir la fraîcheur omniprésente de la conscience ouverte, notre état naturel, là, maintenant.


  Ce livre s’adresse à toute personne désireuse de réaliser cet éveil, d’apprendre à le maintenir et à l’exprimer dans les conditions variées de sa vie quotidienne.


Elias Amidon est américain. Il est le directeur spirituel du mouvement "Sufi Way", héritier direct de Hazrat Inayat Khan qui avait introduit le soufisme universel en Occident au début du XXe siècle. Parmi ses nombreux engagements, il a travaillé comme activiste interconfessionnel et maître spirituel. Il s'est aussi engagé dans des mouvements pacifistes ainsi que des activités humanitaires et environnementales dans le monde entier.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel :


L'un des moments les plus joyeux dans la vie du chercheur spirituel est celui où la recherche prend fin, où nous comprenons que le but longuement poursuivi de la quête spirituelle est déjà présent en nous : notre conscience naturelle. Nous réalisons que nous sommes ce que nous cherchons : cette conscience pure, transparente, au cœur de notre être, est une fenêtre lumineuse sur l’unité. Avec cette prise de conscience survient la réalisation qu’il n’y a rien de plus à faire. Rien ne doit changer. Nous n’avons pas à nous améliorer. Chacun de nous est déjà digne de la conscience éclairée, car elle est notre nature innée. Cette prise de conscience nous procure un indescriptible senti- ment de soulagement et de libération de tout jugement de soi. Dans ces moments de réalisation, nous saisissons que nous ne faisons qu’un avec la réalité tout entière et qu’il en a toujours été ainsi; et cet état naturel est complètement sûr, libre, accueillant, rayonnant, d’une beauté suprême. Nous n’avons rien à faire pour qu’il devienne réalité. Cela se fait entièrement tout seul. 

Le but central de la Voie Ouverte est de nous familiariser avec l’ouverture à cette réalisation fondamentale de ce qui est déjà vrai, et d’apprendre à nous laisser aller à cette reconnaissance de notre nature innée, que j’appelle souvent « la conscience ouverte » ou simplement « la conscience », et à la stabiliser. 


QU’EST-CE QUE LA CONSCIENCE OUVERTE?


Cette interrogation est au cœur de notre travail en commun. Nous allons utiliser beaucoup de termes et d’exercices pour nous concentrer sur cette question et, à maintes reprises, examiner directement les points qu’elle soulève. Mais la réponse n’aura rien à voir avec les mots. Chacun de nous doit oublier mots et pensées pour faire place à la réponse qui surviendra. Elle nous apparaîtra intuitivement dans notre for intérieur. En fait, elle « n’apparaîtra » même pas comme une image ou une pensée apparaît à notre conscience, car ici nous demandons à la conscience d’être consciente d’elle-même.

C’est demander l’impossible : tel l’œil qui ne se voit pas lui-même, la conscience ne peut pas être consciente d’elle-même. Pourquoi? Parce que d’abord la conscience n’est pas une chose ni un objet. Elle n’a ni forme ni couleur ; elle est complètement transparente et invisible. De plus, la conscience ne peut être ni sentie ni perçue d’une manière qui nous la révélerait comme quelque chose de connaissable, là devant nous. Et pourtant nous savons que nous sommes conscients ; nous savons que la conscience est. La conscience est le fondement de tout ce que nous avons toujours vécu et que nous vivrons encore. Chaque objet, chaque pensée, chaque émotion, chaque sensation, chaque souvenir ne sont connus que parce qu’ils apparaissent à la conscience. Sinon rien de tout cela ne pourrait être connu. La conscience est l’origine de toute notre sensation d’exister, et pourtant où est-elle? Quelle est-elle ? Comment peut-elle être appréhendée ? Nous savons qu’elle est, mais à chaque fois que nous essayons de regarder directement la conscience, nous ne voyons... rien !

Voilà déjà un indice. La conscience n’est pas une chose. Nous pourrions dire qu’elle n’est rien, mais est- elle simplement rien ? C’est la conscience ! Quelle qu’elle soit, elle ne revêt jamais une forme substantielle. Comme le diraient les bouddhistes, elle est dénuée de toute substantialité. Elle est ouverte. Elle n’a pas de contours. Elle est l’espace même. Elle est illimitée, mais d’une certaine façon totalement présente. De plus, elle est lumineuse : complètement claire et en même temps porteuse de lumière, à savoir « la lumière de la conscience ».

Tout au long de cet ouvrage, nous reviendrons à maintes reprises sur la question de savoir ce qu’est la conscience ouverte. Et nous nous proposerons d’examiner cette question à sa source, pour nous-mêmes, pas dans l’abstrait mais à travers notre expérience directe. En fait, je vous encourage à le faire tout de suite, là, maintenant. Tout en lisant, observez comme vous êtes conscient des mots utilisés, des pensées qu’ils suscitent, de la forme des lettres, du blanc du papier ou de l’écran sur lesquels elles s’inscrivent, des objets dans la périphérie de la pièce où vous lisez ceci, de la sensation de votre corps assis. Des perceptions qui toutes apparaissent à « votre » conscience. Elles peuvent être vues, senties ou perçues.

Mais que dire de la conscience qui est consciente de ces perceptions ? Regardez avec toute la profondeur et la persistance dont vous êtes capable. Familiarisez-vous avec cette façon de voir comme si vous tourniez les yeux à 180 degrés de votre regard extérieur et que maintenant vous regardiez ce qui, en vous, regarde. Que « voyez- vous » ? Explorez cela aussi souvent que vous le pouvez. Un indice : si vous cherchez quelque chose, vous serez déçu. À l’inverse, abandonnez toute idée de « regarder » pour simplement « voir », sans essayer de découvrir quoi que ce soit. Lâchez prise ! Même si la conscience ne peut pas être consciente de la conscience, elle peut être conscience. Elle l’est, naturellement.

Certains disent qu’il est utile, à ce stade, de modifier sa manière de chercher quelque chose avec ses yeux ou son intellect pour permettre à son cœur de s’ouvrir à la question : « Qu’est-ce que la conscience? » Par « cœur », j’entends toute la présence de la conscience dans laquelle apparaissent l’intellect, les sensations et les émotions. C’est ce que les soufis appellent al ‘ayn al qalb, « l’œil du cœur ». C’est la conscience dans son ensemble telle que votre corps en fait l’expérience. Ouvrez-vous à la présence de la conscience avec tout votre cœur.