Dans ces textes, lus par des dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux et rassemblés ici pour la première fois, Aédàn nous invite à remplacer nos sages aspirations spirituelles par la pratique d’une sincérité ardente et vulnérable.
Chez cet auteur, l’éternité ne se manifeste pas en images surannées, mais en éruptions de vivacité. Le spirituel n’est pas associé à la sainteté pure et diaphane mais, au contraire, au fait d’avoir les mains pleines de terre, au fait d’être maculé de sang et de vie.
Expérience mystique, métaphysique et passion poétique se rencontrent à chaque page. A coup d’affirmations brulantes, la voix de l’auteur se fraie un chemin jusque dans le cœur, voire l’âme de qui le lit.
Refermant le livre, on se souvient qu’être vivant est un miracle, que ce miracle est difficile : que ce miracle est appel, invitation.
Poète, mystique et thérapeute, Aédàn a étudié auprès d’artistes et d’enseignants mondialement reconnus. Dans son travail, il accompagne les groupes et les individus à mettre en dialogue le corporel, le psychologique et l’environnement naturel. Il a enseigné en France, en Californie et à Hawaii. Il traduit de la poésie, et fait de l’interprétariat pour de grands noms de l’art et de la spiritualité. Il anime depuis cinq ans la page Facebook Spiritualité sauvage, où vous pouvez retrouver ses textes.
© Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Aluna :
J’ai souvent observé que les enseignements spirituels sont autant des ressources que des pièges.
Je discutais avec ce jeune homme d’une quarantaine d’année (il était jeune, vraiment, et il avait quarante-deux ans). Il me parlait de ses conceptions bouddhistes dont il était très clair qu’elles étaient un lourd bagage qui servait bien souvent à ne pas voir la grâce qui est là devant soi.
Comme il ne m’avait pas demandé de l’aider spirituellement, respectueusement, je ne touchais pas aux chaînes spirituelles avec lesquelles il dansait avec art. Je l’écoutais parler d’ego et de discernement, pris dans des filets discursifs, mon cœur brillant de compassion. Il y avait là tant de crispations, de souffrance. J’avais envie de le prendre dans mes bras.
Je n’aurais pas voulu le défaire de toute croyance spirituelle, non. J’aurais simplement voulu pouvoir caresser, masser, détendre les mains, les poignets de son âme qui s’agrippaient à ces « vérités » avec tant de force.
Il croyait avoir compris le chemin. Il croyait savoir la voie. Pour son esprit brillant, tout était clair. Pour cet être plein de discipline et de puissance intérieure, le chemin était tracé.
J’aurais simplement voulu l’allonger dans les herbes de ce désert merveilleux du Nouveau-Mexique, son cœur à l’écoute du palpitement du ciel et de la terre. J’aurais simplement voulu le dénuder et le faire méditer son entrée dans l’eau claire de l’étang qui avait été récemment rempli par des pluies de moussons en avance sur la saison.
Se dénuder des certitudes. Se laver des enseignements.
Être vivant,
Peau contre peau d’avec le vent, l’eau et la vie.
Être vivant,
C’est pour moi tout l’Enseignement.
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C’est une vie vécue depuis le silence que je suis, une vie vécue sans repère, une vie traversée et vide, une vie absolument transparente, une vie suspendue dans le néant merveilleux de l’être, expression du sans-raison fondamental de l’univers.
Au final, tout se résume à une attitude. L’écoute sans conclusion de ce qui est.
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La spiritualité, c’est immoral. On ne peut jamais mériter la béatitude absolue que nous sommes. L’infini qui se découvre ne peut être payé par les efforts finis qui sont fournis. La spiritualité, c’est sans bien, sans mal, sans mérite, sans démérite. Qui a mérité d’exister ?
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Une fois abandonnée cette prétention à pouvoir payer Charron pour le dernier voyage, enfin on s’offre à la gratuité de cet instant. C’est cela, le sens du mot grâce : il n’y a rien à faire, rien à donner, rien à mériter, rien à payer.
On s’abandonne, on abandonne, on écoute, on mendie, on s’ouvre, on aime, on doute, on ne sait pas.
Enfin, on ne sait plus.