samedi 21 novembre 2009

• La fin de la recherche spirituelle - Barry Long



S’adonner à une recherche spirituelle est une perte de temps. Mais alors, toute l’existence, telle que nous avons à la vivre, est une perte de temps — jusqu’à ce que nous revenions à nos sens.

Plus nous continuons à faire des recherches, moins nous découvrirons la vérité. La vérité est dans le moment présent; et le moment présent est ce qui est. C’est-à-dire tout est dans la sensation, ce moment-ci, maintenant, dans la propre expérience de l’observateur. C’est la voie de l’ignorance que de chercher quelque chose d’autre.

Pendant que vous serez engagé dans la recherche spirituelle, vous serez détourné de ce qui est et vous entrerez dans ce que les maîtres spirituels, les bouddhistes et toutes les autres religions ont apporté. Vous entrerez dans l’espace intérieur et vous commencerez à imaginer ce qu’est Dieu, ce qu’est Jésus, ce qu’est Mahomet, ce dont a parlé Bouddha. Vous entrerez dans toutes sortes de cérémonies, de mantras et choses semblables — qui sont toutes du toc comparées à la vérité. La seule vérité est ce qui est tel que c’est, dans le moment présent : le phénomène tel qu’il est devant vous. Tout le reste vous éloigne de la vérité. Et alors, inévitablement, vous devrez souffrir et connaître la confusion et la contradiction.

Il vous a été donné de vivre pour que vous puissiez souffrir assez et traverser la perte et tous les succès et échecs, les dépressions et les confusions temporaires ; et les moments temporaires dans lesquels vous êtes dans l’état d’esprit de sentir qu’il y a un Dieu ou une vérité. Temporaires, parce que tenir la vérité comme un état ininterrompu exige que vous soyez absolument et complètement dans vos sens, dans le moment présent et à tous les instants. Vous ne pouvez accomplir cela tant que vous n’avez pas vécu et souffert suffisamment ; de sorte que finalement vous vous débarrassez de votre imagination de la vérité et vous percevez sa réalité.

Vous vous attendriez à ce qu’un maître spirituel dise qu’« il n’y a qu’une seule vérité et c’est le moment présent ». Mais je vous dis ceci : la seule vérité est d’être dans le moment présent, dans vos sens ; ce que vous voyez et que vous entendez est la vérité ; et s’il y a quoi que ce soit qui survient dans votre espace intérieur, ce n’est pas la vérité.

L’espace intérieur est le lieu où vous pensez, voulez, imaginez, souhaitez et rêvez ; où vous avez des réalisations spirituelles ; où vous réalisez Dieu, la vérité et l’amour. Tout cela arrive dans l’espace intérieur — de manière démontrable, dans votre propre expérience. Mais tout que vous êtes en train d’imaginer, que vous construisez comme une opinion, une position, n’est pas la vérité. Il n’y a pas de vérité dans l’imagination Et il n’y a pas de vérité dans les réflexions.

A l’intérieur de vous se trouve la clameur de vos émotions et l’embrouillamini de votre mental. S’il se trouvait que vous éliminiez un peu de cette confusion et de cette clameur, alors il est vrai qu’un reflet de la vérité pourrait se faire entrevoir ; et vous seriez exalté dans cet instant et vous penseriez que vous avez réalisé Dieu. Mais ce n’est qu’un reflet de Dieu. Ce n’est là qu’un éclaircissement d’une petite partie de l’intellect, qui est le reflet de Dieu dans l’existence. Un reflet de Dieu est comme un reflet dans le miroir. Est-ce vous dans le miroir ? Non, c’est votre reflet. Ainsi, un reflet de Dieu dans l’intellect n’est pas Dieu… Dieu est maintenant, en ce moment-ci, à chaque moment.

L’intellect est tout barbouillé de tout le toc que la croyance et la religion, et les espoirs et les faussetés que les maîtres ont répandus. Vous ne pouvez pas trouver la vérité tant que vous n’avez expulsé tout cela de l’intérieur de vous. Vous ne trouverez jamais l’absence, qui est l’état de vérité, tant que vous n’êtes pas capable d’être dans le moment présent — sans rien qui survienne à l’intérieur.

Dois-je rappeler aux bouddhistes ce qu’a dit le Bouddha ? « Je n’ai rien qui survienne ». Cela signifie : aucune opinion, aucune croyance, aucun mantra, aucun vouloir, aucune tentative, aucun effort, aucune clameur, aucune confusion — en tant que mode de vie.

Que pouvez-vous faire pour éliminer la clameur et la confusion ? Vous devez cesser de réfléchir à partir de vos émotions, de vos pensées, de votre mémoire. Vous devez cesser de penser, de souhaiter, de rêver alors que vous êtes éveillé. Pendant que je fais tout cela, j’existe. J’existe seulement dans le passé — en tant que réflexion à partir de ma mémoire, mes émotions ou ce que je sais. Lorsqu’il n’y a que la perception, dans le moment présent, dans les sens, je disparais. Alors, il y a l’état d’absence — aucune personne, aucun individu. Seulement ce qui est.

C’est là une négation de tout — sauf du faire. Personne sur terre ne peut cesser de faire. Le problème est seulement que je produis un « Je » pour réfléchir sur ce que je suis en train de faire. Il n’y a rien qui survienne. Mais je suis néanmoins encore en train de « faire »… L’oiseau chante et il y a les arbres, le ciel, les nuages, et tout ce dont m’informent mes sens de l’ouïe et de la vue ; c’est la seule réalité dans le moment présent.

Je ne sais pas à quelle profondeur est cette réalité à l’intérieur des sens. C’est un grand X ou autre chose que je ne puis nommer. Est-ce là tout ce que c’est ? Personne ne peut le dire. Tout ce qui en est dit est une interprétation. C’est ce qui est ici et maintenant. C’est le mystère; c’est le secret.

7 commentaires:

vincent a dit…

Grand merci, Patrice pour ce texte si limpide, si direct, si vrai, le coeur de nous mêmes est ravi!
"l n’y a pas de vérité dans l’imagination Et il n’y a pas de vérité dans les réflexions."
vouloir s'éveiller ou pas n'a aucune importance, cela demeure "une pensée"
Nous ne sommes pas un produit manufacturé. Nous sommes là, en permanence là, à chaque souffle, chaque respiration, il n'y a rien à comprendre, à atteindre, à chercher, soyons là tout entier, habitons le vivant et laisser "Cela" être de lui-même. Simplicité magnifique du cœur.
Encore merci pour ce texte.

Jean-philippe a dit…

Barry Long : " S’adonner à une recherche spirituelle est une perte de temps. Mais alors, toute l’existence, telle que nous avons à la vivre, est une perte de temps — jusqu’à ce que nous revenions à nos sens. "

jp : jusqu'à ce que nous revenions à nos sens ? ou au sens de la vie ?

c'est s'adonner à "la vie" qui est ainsi une perte de temps .. sans but .. c'est simplement "etre" sans pirouette ..

Christalain a dit…

Excellent texte en effet qui résume bien l'essentielsimplement. Merci Patrice.

Frédéric Baylot a dit…

toute la difficulté de parler de l'indicible sans le trahir

merci

chaleureusement

frédéric ॐ

yannick a dit…

L'art de simplifier à l'extrême et de nous renvoyer à nous mêmes. C'est là que tout commence vraiment.

Eric a dit…

Cela fait des années que je lis les textes qui apparaissent sur ce blog. Et je veux aujourd’hui remercier Patrice pour cette « transmission » qui m’a permis de découvrir tant de personnages…Je lui en suis très reconnaissant.
Mais, je ne sais pas vraiment quoi écrire sur ces textes, c’est pourquoi je retourne à mon silence attentif…
Merci mille fois
Eric

fidélis a dit…

Bonjour Patrice,
Je ne connaissais pas ton blog, mais j'ai découvert ce texte. Il est tellement vrai ! Je m'inspire beaucoup d'Eckhart tolle depuis quelques années. Et ce texte aurait pu être écrit par Tolle. Je vais prendre le temps de lire tes autres articles.
Merci.