Il y a une chose que je sais en toute vérité et certitude, c'est que mon coeur aime infiniment plus que mon intelligence ne peut comprendre.
Padre Pio
Ce blog est né de l'envie de partager la dimension de l'Éveil, sous toutes ses formes, et n'est rattaché à aucune tradition spirituelle ou religieuse spécifique. Il est toutefois fortement inspiré par les approches non-duelles reconnues comme l'advaïta, le mahamudra, le dzogchen, le ch'an, le zen, la voie soufie, etc., aussi bien que toutes les expériences authentiques d'éveil appartenant à l'humanité... Bienvenue !
Il y a une chose que je sais en toute vérité et certitude, c'est que mon coeur aime infiniment plus que mon intelligence ne peut comprendre.
Padre Pio
Une exploration approfondie du basculement de la conscience que constitue l'éveil au regard de notre vraie nature, de l'âme, du coeur, du mental et du moi
L’essence, le rasa, « saveur », des enseignements de Râmana Mahârshi sont réunis ici sous la forme particulièrement concise de dix-huit chapitres, selon le modèle du grand texte classique et universel qu’est la Bhagavad-Gîtâ.
Ces conversations et instructions spirituelles ont été revues et éventuellement corrigées par Râmana Mahârshi lui-même. Elles offrent donc une grande garantie d’authenticité.
La Râmana Gîtâ est un ouvrage particulier, dans le sens où Râmana expose ses enseignements – dont le fil conducteur est la recherche du Soi – d’une manière particulièrement succincte et ordonnée. Aussi chaque verset, shloka, est-il un thème précieux de méditation, de contemplation, de recueillement.
Les satsang et propres compositions écrites de Râmana Mahârshi, sont agrémentés ici, en fin de chaque chapitre, d’un « bonus » : le Sage explique lui-même le ou les mots clés (particulièrement sanskrits) de chacun des 18 chapitres. Cela apportera au lecteur, à la lectrice un éclairage nouveau, ou un approfondissement de ses connaissances, tant du sanskrit que de l’Advaïta.
L’essence des enseignements de Râmana Mahârshi présentés ici exposent non seulement les fondements de la non-dualité, mais aussi du Râja-yoga, Jnâna-yoga, mantra- yoga et bhakti-yoga.
Votre devoir – nous dit Ramana – est tout simplement d’Être et non pas d’« Être ceci ou cela ». En deux mots : « Reste tranquille ».
Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias L'Originel :
De l’importance de la méditation
(upâsanâ)
29/212/1913
Srî Kâvya Kantha Ganapathi Muni : La libération peut-elle survenir par la simple discrimination entre le réel et l’irréel ou y a-t-il d’autres moyens pour obtenir la fin de la servitude ?
Râmana Mahârshi : Seul demeurer dans le Soi libère de tous les liens. La discrimination entre le réel et l’irréel conduit à l’absence des désirs et au non-attachement.
Le jnânî est inconcevable ; il est établi dans le Soi. Il ne considère pas le monde comme irréel ou comme différent de lui-même.
G. M. : Une étude des écritures suffit-elle à elle seule pour libérer ceux qui désirent la connaissance, ou une pratique spirituelle selon les instructions du guru est-elle également nécessaire ?
Râmana : Le chercheur de la connaissance n’atteint pas son but par la seule étude des écritures. Sans méditation, il ne peut y avoir de réalisation pour lui ; c’est certain.
peut y avoir de réalisation pour lui ; c’est certain.
L’expérience de l’état naturel [sahaja], durant la pratique spirituelle, est appelée upâsanâ et quand cet état devient ferme et permanent, cela même est appelé jnâna.
En rejetant les objets sensoriels, on demeure dans sa vraie nature comme une flamme de jnâna, de connaissance. Cet état d’être est appelé état permanent (sahaja-sthiti).
G. M. : Comment celui qui est établi dans la connaissance inébranlable (sthita-prâjna) se reconnaît-il comme tel ? Est-ce en connaissant la plénitude de son illumination ou est-ce par la cessation de la conscience objective ?
Râmana : Dans l’état stable, naturel, à travers ce Silence suprême exempt de toutes impressions mentales subconscientes (vâsanâs), le jnânî se connaît comme tel, sans aucun doute.
G. M. : Par quelle indication les érudits sont-ils capables de reconnaître le jnânî ?
Râmana : Son accomplissement du jnâna se révèle à travers son équanimité envers tous les êtres [et toutes les créatures].
G. M. : Le samâdhi mène-t-il uniquement à la connaissance ou confère-t-il également le fruit [matériel] désiré ?
Râmana : Lorsque la pratique du samâdhi est commencée avec un désir, ce désir portera sûrement son fruit.
G. M. : Si l’on pratique le yoga pour une fin désirée et devient aussi un sthita-prâjna, est-ce que ce désir est également réalisé ou non?
Râmana : En pratiquant un yoga avec un désir, et [même] si l’on devient un sthita-prâjna, la félicité ne le pénètre pas — bien que le désir ait été satisfait.
≈≈≈
Du sens des mots selon Râmana
[Upâsanâ : Litt. « Se tenir (âsanâ) auprès de (upa) » ; pratique, instruction spirituelle, méditation.]
(318) Râmana : C’est l’approche la plus avancée de la Vérité, laquelle s’achève dans la réalisation du Soi.
[Il définit jnâna et upâsanâ ainsi :]
« Qu’est-ce que jnâna et upâsanâ ? Jnâna est toujours présent. Il est également le but final. Quand un effort [hatha] est nécessaire, cet effort a pour nom upâsanâ. Quand l’effort n’est plus nécessaire, il s’agit de jnâna, qui veut dire la même chose que mukti, libération...
[Il ajoute toutefois :]
Les exercices spirituels tels que upâsanâ, dhyâna, etc., sont possibles aussi longtemps que le mental est en activité. Ils disparaissent d’eux-mêmes lorsque le mental disparaît [manonâ- sha, manolaya, disparition, érosion du mental]. Ce sont des étapes préliminaires à l’éradication finale de tout le processus de la pensée et à la pacification parfaite du mental.
Quand l'illusion d'être 'quelqu'un' est reconnue,
se révèle la simple évidence d’Être.
Conscience, seulement conscience.
Absolument conscience.
Apologie de l’Étant, "je suis",
Genèse et Apocalypse.
Aucune raison pour que je sois,
et pourtant au delà de toute raison,
indéniablement, étant,
Je Suis.
Charle Coutarel
Merci Didier de partager avec nous cette dynamique de l'Éveil à travers ce(s) témoignage(s).
Site Web de Didier Weiss : Explorations non-duelles
Puisqu'ils sont comme un rêve de la veille,
sachez que devenir et extinction
n'apparaissent ni ne disparaissent,
ne vont ni ne viennent.
Ce qui est réalisé n'est ni obtenu ni perdu,
ni saisi ni lâché.
Celui qui a réalisé l’Éveil ne fait rien,
n'arrête rien, ne suit rien, n'anéantit rien.
Car au sein de cette réalisation,
il n'y a ni sujet, ni objet et finalement
ni réalisation, ni personne ayant réalisé ;
l'essence de toutes choses est alors
égalité et inaltérabilité.
Extrait tiré du Sûtra de l’Éveil parfait
C'est là depuis toujours,
et ça ne peut jamais être accompli,
amélioré ou cultivé.
C'est simplement ici pour être contemplé.
Cette paix est notre véritable nature,
ce n'est pas quelque chose que nous rencontrons.
C'est là où nous sommes,
plus près que quoi que ce soit d'autre.
Nous ne venons pas à elle, nous venons d'elle.
Pour la trouver nous devons nous permettre
de revenir à l'endroit que nous n'avons jamais quitté.
Vu sur la page FB de Charles Coutarel
© Extrait publié avec l'aimable accord des éditions Accarias L'Orignel :
Cela s’est produit il y a une vingtaine d’an- nées. La date précise, le mois, le jour et l’heure m’échappent mais le souvenir vivace d’un instant précis m’habite.
Lausanne. Je traversais la place de la Riponne venant assurément de la rue du Valentin et me dirigeant vers la place de la Palud. Quelqu’un marchait devant moi, un jeune homme, un inconnu. Je l’observais un peu distraitement se déplaçant et soudain je perçus, j’eus cette compréhension, ce déclic : si mon attention se portait uniquement sur l’événement en cours, ma conscience pouvait devenir la conscience de l’événement lui-même et non plus celle d’un individu percevant un événement.
Cela signifiait que ma conscience devenait égale- ment celle de la personne marchant devant moi. Il n’y avait plus de séparation mais bien un seul être mouvant. Le fait que nous marchions d’un même pas amplifiait la sensation. Il y avait un mouvement. Tout participait d’un seul événement. J’étais conscient de ce mouvement et non conscient d’un individu percevant un autre individu.
Il y eut le net sentiment d’une apesanteur. Cette attention à l’instant suspendait la temporalité. Sans passé et sans futur, un allégement se produit. On se retrouve comme aspiré par l’œil du cyclone. La métaphore est peut-être extrême mais il y eut comme un flottement ou un déroutement.
La sensation fut forte et elle s’accompagna instantanément d’une conviction : je découvrais ce que j’avais longtemps cherché (du haut de mes trente-deux ou trente-trois ans). Je percevais clairement ce qu’auparavant j’avais trouvé évoqué dans des textes d’auteurs divers. Appréhension d’une unité des phénomènes et du caractère atemporel de l’instant présent. Il y avait de la joie, de la réjouissance et de l’allégresse. Oui, c’était ça, bien sûr, évidemment ! Je comprenais comment, en se concentrant sur l’instant présent, une conscience peut sortir de l’individualité pour s’ouvrir à ce qui se produit et devenir conscience de l’événement lui- même. Je découvrais la possibilité d’une libre circulation, sans entrave aucune, entre l’individu et le monde.
Cette vision a duré peut-être deux ou trois secondes puis le sentiment usuel d’être Alain qui traverse la place de la Riponne en regardant un inconnu est revenu. Ensuite, il a fallu de nombreuses années pour approfondir cette perception, l’éprouver à nouveau, en divers endroits, dans diverses circonstances, de plus en plus facilement, avant qu’elle ne finisse par devenir une simple évidence, la banalité du quotidien si j’ose dire. À chaque instant, il est possible d’observer des individus et de percevoir dans un même mouvement leur unité. C’est un seul et unique événement dont deux lectures sont proposées. Cette subtilité d’un jeu entre deux manières d’appréhender le réel me fascine. Je l’expérimente. Je tente de comprendre les tenants et les aboutissants, de saisir les rouages, ce que cela implique.
Pourtant, parallèlement, un malaise s’est développé, croissant au fur et à mesure que les années s’écoulaient. Quelque chose ne joue pas, dysfonctionne. Si cette double vision me paraît aussi simple, évidente et tellement importante, fondamentale, pourquoi n’est- elle pas partagée par autrui ? Par la société entière ? Pourquoi n’est-elle pas un truisme reconnu par tous ? Mon humble expérience me montrait que cette pénétration consciente de ce qui se produit dans l’instant présent est relativement aisée et ses conséquences bouleversantes. Le décalage n’en est que plus grand entre cette possibilité offerte à tous et l’indifférence que tous manifestent pour cette expérience.
Ainsi étrangement la question s’est métamorphosée. Elle est passée de comment atteindre ces contrées désertées où errent quelques mystiques solitaires à pourquoi jamais personne n’accomplit un acte à la portée de tous, aussi simple et nécessaire que de boire un verre d’eau ?
C’est là quelque chose de fascinant : tout se met en place pour que ce dévoilement du réel ne soit pas rendu possible. La position de chacun, quelle qu’elle soit, vient renforcer les barricades. D’un extrême où cette question semble inintéressante et ne se pose même pas, à l’autre extrême où elle sera estimée au- delà des capacités humaines, rien ne permet d’aborder simplement une question simple.
Depuis des millénaires, différents textes évoquent cette double perception mais ils n’ont jamais été à même de conduire une communauté humaine à cette vision. Ainsi, au lieu d’indiquer une possibilité offerte à tout un chacun de partager une expérience, ils sont au contraire devenus les révélateurs d’une impossibilité, d’un obstacle infranchissable. Qu’elle ne le puisse, qu’elle ne le veuille ou qu’elle ne le choisisse, jamais la communauté humaine ne connaîtra cette expérience.
La chose serait anecdotique, insignifiante, si elle ne portait en elle les germes d’un chaos infini dont nous sommes les grands ordonnateurs.
L’équation est simple : ne pas effectuer cette distinction entre deux dimensions témoigne d’une confusion et cette dernière génère le chaos. Et c’est bien en rai- son de cet enjeu que la question revêt une importance cruciale. Autrement, elle relèverait du bon droit et du libre arbitre de chacun de penser n’importe quoi et de voir ce qu’il veut, ce dont d’ailleurs nous ne nous privons pas.
Il semble que tous les discours, les plus incongrus, irrationnels, délirants soient-ils, parviennent à se faire une place au soleil. Il semblerait même que plus ils sont insensés, plus leur audience croît. Tous les dis- cours sont entendus, tous sauf un. Celui qui garantirait cette cohérence qui nous fait défaut. Cela ne manque pas de piquant. Nous pouvons discourir sur absolument tout et n’importe quoi mais jamais personne pour revendiquer ce b.a.-ba du discernement : il existe une double dimension et il est impératif d’en tenir compte.
C’est étrange. Cela laisse songeur et amer. Cela attriste. Quelle est cette malédiction sur nous jetée ? Pourquoi un tel prix à payer pour le génie humain ? Mais la question n’est pas à l’ordre du jour. Le délire entraîne le délire ; nous n’en sortirons jamais. Et pour- tant ! Il suffirait que chacun fasse cette misérable expérience d’observer deux secondes un inconnu marchant devant lui et comprenne ce qui est en train de se pro- duire pour changer la face du monde.
Reprenons. Je traverse la place de la Riponne et mon regard se porte sur quelqu’un marchant devant moi. Faisons un arrêt sur image. Figeons les deux protagonistes. Il y a un événement, quelque chose se produit. Ou encore plus simplement : il y a de l’être. Quelque chose existe. Si nous nous bornons à cet événement, c’est tout ce que nous pouvons dire et ce n’est pas grand-chose, quasiment rien. Mais c’est également ce que nous pouvons éprouver, ressentir. Et là, c’est énorme, gigantesque. Nous saisissons que nous sommes cet événement et nous en sommes sa conscience. Nous sommes la conscience de l’être.
Le silence est l'ultime guérison puisqu'il guérit de l'idée d'être une personne.
JE SUIS vivante comme jamais et je suis morte, en même temps.
C'est une absence étonnamment présente.
A tout vivre dans la paix, je suis tombée dans un étonnement profond et je me suis laissée faire, de plus en plus, de plus en plus profondément.
Ce silence t’empêche de te recréer à chaque instant, d’interférer, de penser, de projeter, de sécréter ce filtre du mental.
Tu sens plus que tu ne penses.
L’agitation reste à l’extérieur. A l’intérieur, tout demeure tranquille.
Aucune déperdition d' énergie. Le fait de percevoir les choses depuis un autre point de vue, non pas depuis moi mais depuis le silence, engendre une grande tranquillité, une grande présence que rien ne peut troubler. Donc une grande efficacité.
Le vieux réflexe de s’identifier à ses pensées est aussitôt balayé.
Cette déperdition d’énergie qu’il y avait avant vient de ce qu’on s’identifie à cette agitation. On croit à ses pensées. On est partie prenante, d’accord, pas d’accord, anxieux, réactif. On veut, on veut pas, on prévoit, on suppute.
On est acteur du film.
Là, on est spectateur. On voit le déroulement : celui du dehors : les gens, les événements qui passent et celui du dedans : les pensées, les émotions qui passent aussi, de la même façon.
Il n’y a pas un « je » pour dire je suis cette pensée, je suis cette émotion.
Il n’y a pas d’enjeu.
Et puis, il y a cette saveur du silence… Une douceur qui est là, en continu.
Il n’y a plus cette voix qui te juge, te condamne, te soumet, te fatigue.
Il n’y a plus cette souffrance, ces pensées qui te somment d’exister.
Et même si, de temps à autre, une pensée apparaît, elle est si douce…
elle te rend légère.
Il n’y a pas de séparation.
Tout est en fusion avec tout le reste. Mon corps, mon senti, est ce qu’il y a de plus proche, mais c’est fusionné avec tout le reste. C’est au second plan.
Cette présence constante t’empêche de tomber dans le piège de la complicité avec tes propres pensées… alors encore moins avec celles des autres.
Ce qui va se faire, se dire dans l’instant, se fera, se dira, mais ce ne sera pas le résultat d’un savoir, d’une compréhension.
C’est ce silence qui sait.
C’est lui qui fait.
Tu laisses cette fluidité agir.
Il a toujours été là, même quand tu ne le percevais pas.
Il est là avant tout ce qui peut apparaître à chaque instant.
C’est lui qui permet de vivre ce qui est.
Pas besoin de penser ta vie.
C’est cette présence qui permet qu’apparaisse le monde.
Tout ce qui apparaît, tout ce qui existe n’est là que parce que ce silence est là.