lundi 28 juillet 2025

• Qu'est-ce que c'est ?

                     
Kalu Rinpoche et le maître zen coréen, Seung Sahn, ont convenu d’un débat. Le maître coréen est arrivé avec un entourage, et s’est assis à gauche de la scène. Kalu Rinpoché est venu avec une personne, un traducteur, et s’est assis de l’autre côté. 

Après avoir annoncé que le débat avait commencé, le maître zen coréen a pris une orange, et en utilisant l’une des techniques pour lesquelles il était célèbre, a levé l’orange et a dit : « Qu’est-ce que c’est ? »

Kalu Rinpoché n’a pas répondu.

Le maître coréen a levé l’orange plus haut, la pointant vers Rinpoché. « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il à nouveau, cette fois avec plus d’insistance.

Toujours le silence de Rinpoche.

La troisième fois, Seung Sahn a soulevé l’orange et a demandé : « Qu’est-ce que c’est ? » Kalu Rinpoché chuchota à son traducteur, qui dit alors au Maître Zen : « Rinpoché veut savoir s’il n’y a pas des oranges en Corée ? »

Avec cela, le maître zen coréen se leva de son fauteuil, s’inclina devant Rinpoché, fit un signe à son entourage et ils le suivirent tous depuis la pièce.

Kalu Rinpoché avait gagné le débat.

Emaho !

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Un commentaire sur le débat par Lama Michael Gregory :

Le débat entre Kalu Rinpoche et le maître zen coréen, Seung Sahn, se déroule dans un contexte où les deux sont des figures vénérées représentant leurs traditions respectives. Le Maître Zen utilise une méthode classique de présentation d’un objet, dans ce cas, une orange, pour provoquer une réponse qui révèle la compréhension de l’autre de la nature de la réalité.


L’approche du maître zen :


La question de Seung Sahn, « Qu’est-ce que c’est ? » ne concerne pas simplement l’identification de l’orange. C’est une question existentielle probante destinée à tester l’expérience directe de Rinpoché et la réalisation de la nature ultime de la réalité. Dans la tradition zen, de telles questions sont conçues pour couper à travers l’intellectualisation et susciter une réponse qui reflète notre compréhension immédiate et non conceptuelle.

Le silence de Kalu Rinpoché face à la question répétée indique sa compréhension profonde et son incarnation de la sagesse bouddhiste. Sa réponse éventuelle, transmise par son traducteur, « Rinpoche veut savoir s’ils n’ont pas des oranges en Corée ? » redirige subtilement l’enquête vers le domaine de la compréhension commune et de la vie quotidienne.

La réponse de Rinpoche met en évidence plusieurs points clés :

En demandant s’il n’y a pas d’oranges en Corée, Rinpoché ramène l’accent sur la simplicité du moment. Il implique que la question « Qu’est-ce que c’est ? » pourrait compliquer quelque chose de trop simple. Cela fait écho au principe bouddhiste de voir les choses telles qu’elles sont, sans ajouter de couches d’interprétation conceptuelle.

La question de Rinpoché dissout le cadre dualiste du débat. Au lieu de s’engager dans une explication intellectuelle ou métaphysique, il pointe vers l’ordinaire, démontrant ainsi la nature non duelle de la réalité où le sacré et le banal sont inséparables.


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