jeudi 20 avril 2023

• Dans le silence de la pensée, le "fruit" merveilleux peut être goûté - Jean Bousquet

 

La Terre est malade, à cause de l’humanité ; l’humanité est malade, à cause d’elle-même, de ses choix, de son fonctionnement, de son inconscience. La crise écologique et les inégalités sociales croissantes sont des symptômes de cette maladie fondamentale qu’il est de plus en plus difficile d’ignorer. Ce constat appelle une guérison urgente, par des moyens importants et efficaces. Il existe une voie de conscience largement ouverte, un chemin vers une conscience vraiment vivante, pleinement humaine, active d’instant en instant.


Puisse ce livre constituer pour nous un rappel de cette sainte inquiétude qui nous pousse encore et encore à l’interrogation, à la recherche ; un écho de cette « autre vie » – insondable , indéfinissable mais toujours présente et parfois perceptible – qui palpite et murmure au plus profond de notre être ; un signe de plus qu’il est temps de nous (re)mettre en marche, en état d’exploration, à la découverte de notre identité profonde, qui à la fois dépasse, englobe et se tient au cœur de tous nos rôles superficiels : enfant ou parent, homme ou femme, jeune ou vieux, croyant ou athée…


Ce livre est un appel et un témoignage de ce qui, dans l’être humain, est plus vaste que l’être humain lui-même, et demande à s’éveiller, à s’épanouir, à se libérer. L’enjeu en est d’alimenter et de vivifier par notre attention quotidienne une conscience vivante, autre, neuve, c’est-à-dire libre des habitudes de pensée, de ressenti et de réaction ; de sortir consciemment du programme mortifère de la condition humaine pour participer de nouveau à la Vie universelle, inconditionnée.


Vivre consciemment est sans doute le plus grand défi qui puisse se présenter à un être humain.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias L'Originel :


La noix 


Quand vous mangez une noix, vous rejetez la coque, n’est-ce pas ? Il en est de même avec un enseignement spirituel : si vous souhaitez le pénétrer, en assimiler le cœur, l’intention profonde, la substance même, alors vous devez rompre radicalement avec la forme sous laquelle il vous est présenté. Celle-ci a permis d’attirer votre attention, de vous donner envie de goûter le « fruit », de l’identifier. Mais si vous ne brisez pas la coque, si vous ne vous détachez pas totalement de la forme, de l’apparence (le vocabulaire, les rites, les personnes...), vous n’allez que vous esquinter les dents sur elle à la manière d’un chien qui ronge un os, sans jamais goûter le contenu, le fruit délicieux et nourrissant, la « substantifique moelle » qui est le cœur vibrant d’amour et de sagesse de tout enseignement authentique. Ce cœur ne s’adresse pas à votre intellect – dont l’utilité éventuelle n’est que d’aider à reconnaître la forme adéquate –, mais à votre propre cœur, dans un phénomène de résonance qui est l’amour lui-même et la sagesse dans leur essence. Ce cœur ouvert, généreux, de l’enseignement n’aspire qu’à ouvrir à son tour le vôtre, à l’enrichir, à l’épanouir, à le libérer de ses chaînes mentales-émotionnelles. Pour cela l’intellect, si utile au début en tant qu’indicateur, doit s’effacer une fois son rôle assumé ; il doit apprendre à se taire. Dans le silence de la pen- sée, le « fruit » merveilleux peut être goûté, assimilé; son effet transformateur peut se diffuser dans tout votre être redevenu ouvert, débarrassé de sa coquille de préjugés, de doutes apeurés, d’analyses, de comparaisons et d’interprétations.


≈≈≈


Qu’est-ce que la réalité? C’est ce qui demeure lorsque les nombreux voiles qui nous entourent de toutes parts (opnions, croyances, affects, manies et phobies...) nous sont arrachés par les événements et circonstances de la vie. La réalité, c’est cette lumière paisible qui nous attend derrière les voiles. Nous sommes alors seul(e) et nu(e), sans artifice, sans masque, sans objectif à atteindre, sans personne à qui plaire ou déplaire. La réalité, c’est s’observer ainsi, tel que l’on est, sans crainte et sans attente, sans se sur- ou sous-estimer, sans se condamner ni se justifier. C’est indescriptible et pourtant très simple : c’est comme c’est ; une évidence indiscutable à laquelle on se rend enfin. Il n’y a rien à en dire, rien à en penser; on ne peut ni l’aimer ni la détester, tant elle emplit tout; ce serait encore s’en éloigner, l’envelopper de chimères, la cacher de nouveau. La réalité, c’est ce qu’il reste quand il n’y a plus rien.