La
dissolution
Je sais maintenant ce qui devait mourir, être dissout. Non pas le
personnage-moi, puisqu’il n’existe pas. Mais la croyance en
l’existence de ce personnage.
L’individu
est en réalité un repliement, une densification de conscience. La
conscience se déplie, et c'est toujours de la conscience. C'est la
même chose. Il n’y a pas de séparation entre l’ego et la
conscience. L’ego est de la conscience qui se prend pour quelqu’un.
Lors
de la première révélation, j'étais La conscience cosmique.
C'était une forme d'identité. Je ne cessais de répéter,
émerveillée : « Je Suis ! »
L’univers,
que j’étais, était une entité intelligente. Un être infini,
mais un être.
Là,
le "je" n'a plus de consistance. Il n'y a pas quelqu'un ou
quelque chose qui est, il y a seulement le fait d'être.
Et
là, pas de coeur qui s'ouvre, pas d’état extatique.
Je
m’étonne de ma neutralité.
Pas
même la joie d'avoir trouvé, car personne n'a rien trouvé. Ni
celle d’être libérée, car il n’y avait personne qui était en
prison.
Tout
ce qui pouvait me définir s’effondre.
La
notion d’individualité se dissout, puis j’entends une petit voix
inquiète en moi dire « pourtant j’existe bien, quand
même ! » Je souris. Comme si pour exister, je devais me
définir. Comme si ne plus être quelqu’un ou quelque chose,
c’était ne plus être.
Je
la rassure. Oui, il y a bien existence. Il y a bien le fait d’être.
Il n’y a rien d’autre que cela.
La
nécessité d’écrire est là.
Ces premiers mots jaillissent sur la feuille :
Il n’y a personne pour être une personne.
Il n’y a personne qui voit, il y a le fait de voir.
Il n’y a personne qui pense, il y a le fait de penser.
Il n’y a personne qui est, il y a le fait d’être.
Celui qui croit voir, penser, être, n’existe pas.
Est-ce qu’il y a quelqu’un qui perçoit tout cela ?
Non, il y a le fait de percevoir.
Est-ce qu’il y a une entité qui est une conscience ?
Non, il y a de la conscience.
Je pose le cahier et observe ce qui se vit en moi. L’énergie est
surtout dans la tête. Des pensées en forme d’Eureka fusent toutes
les secondes. C’est pour cela qu’il me faut écrire. Je ne peux
les contenir.
La
crainte de ne plus pouvoir dire "je" me traverse. J’écris,
et en écrivant, le « je » survient tout naturellement.
Mais ce mot ne sonne plus que comme un simple outil de communication,
d’expression. Il a perdu son sens.
Le
monde tel que je le perçois n'existe que pour ce personnage que la
conscience joue à être. Ce personnage n'a aucune réalité
objective, et donc aucun pouvoir réel.
Il
ne possède rien ni ne décide rien.
Il
n'y a rien qui appartienne à quelqu'un. "Mes" émotions,
"mes" pensées, "mes" réactions, sont des
phénomènes énergétiques qui se produisent dans le réceptacle que
je suis, et auxquelles le mécanisme de mon psychisme donne une forme
déterminée. Il se les approprie alors qu'il ne joue qu'un rôle de
récepteur. Mais même quand je dis "mon psychisme", cela
sonne faut. Il n'y a personne a qui appartienne ce psychisme ! Il est
juste une manifestation de la vie.
Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel
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Et une fois n'est pas coutume, j'ai l'immense joie de vous annoncer la nouvelle parution de mon tout premier livre, L'art et la pratique spirituelle du Reiki, qui vient d'être re-publié en format papier aux Éditions Grancher.
La mise en page a été particulièrement réussie. Le texte a été revu, corrigé et augmenté (notamment, l'aspect historique a été entièrement ré-écrit pour l'occasion).