jeudi 1 mars 2012

• Un est encore de trop - Karl Renz



Tout ce que tu dis est une phrase de trop.
Mais comme de toute façon elle est de trop, rien ne t'empêche de la dire

Qu'est l'homme dans son essence ? Quelle est la raison d'être de toute cette existence ? Y a-t-il un sens profond au-delà des apparences ? Depuis des millénaires, ces questions demeurent les interrogations primordiales de l'humanité. Dans la religion comme dans la philosophie, la science ou l'art, elles ont empreint notre culture.

Au-delà du temps et de l'espace, voici une rencontre significative de la sagesse chinoise et de la mystique moderne sous forme de 81 formulations de l'Indicible.
Dans ce livre, nous rencontrons Lao Tseu, sage chinois qui vécut il y a 2500 ans, et Karl Renz, artiste allemand et mystique de notre temps. Ils se croisent là où temps et espace n'ont aucune signification.
Karl parle précisément de cette dimension du Tao qui n'est ni tangible ni applicable. Le refus de l'homme à fonctionner dans un monde structuré et ambitieux se retrouve comme thème principal dans le Tao Te King et, ici, où sont repris les aphorismes de Lao-Tseu, l’auteur nous parle de sa propre expérience jusqu'à ce que l'« éternel Maintenant », l'intemporalité, soit réalisée dans toutes les cellules de son corps de conscience.
Comme dit Karl Renz, même s'il n'y a rien à comprendre, « il y a toujours quelque chose qui comprend ! »

Dans cet ouvrage, à l'aide de jeux de mots étonnants, Karl pousse la pensée au bout de ses limites jusqu'à ce que l'esprit abdique. Le Tao Te King trouve ainsi une nouvelle expression dynamique et contemporaine.

Karl Renz est né en Allemagne, en 1953. Vers 1980, il connut une première expérience de mort – ou « expérience de vie », comme il la nomme – durant laquelle il prit conscience de l'immortalité de l'Être. Il a publié, en France un premier livre « Pour en finir avec l’éveil ». Karl Renz donne des entretiens dans plusieurs pays européens, en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Inde.

Extrait (publié avec l'accord des Éditions Accarias-L'Originel) :

Le Tao qui peut être prononcé n'est pas le Tao éternel

Un est encore de trop

Le Tao que l'on peut prononcer n'est pas le Tao éternel.
Le Non-être est la racine du ciel et de la terre.
L'Être est la mère de tous les êtres.
Tous deux sont Un dans leur origine
et ne diffèrent que par le nom.

Le Tao qui peut être prononcé n'est pas le Tao éternel. Ce qu'on peut dire du Tao ne peut pas être ce qu'est le Tao. Quelle que soit ta définition : fini, infini, présent, absent, Je, sans Je, l'Être, CELA, elle n'est jamais adéquate.

Tu pourrais aussi bien dire « sous-vêtement ». Pour moi, « sous-vêtement » est le mot le plus approprié. Ce qui est ici, c'est le manteau et, dessous, il y a toujours le sous-vêtement. Il y a ce qui n'existe pas ; l'existence qui ne doit pas exister pour exister. Ce paradoxe qui existe même quand il n'existe pas.
Ce ne sont que des mots pour indiquer une chose qui n'a besoin d'aucune indication. Tous les paradoxes que tu échafaudes le sont en vain, Dieu merci.

Tout ce que tu dis est une phrase de trop. Mais comme de toute façon elle est de trop, rien ne t'empêche de la dire. Car tout est mensonge, même si tu dis : « Je sais seulement que je ne sais rien ». Ce n'est jamais juste. Et de fait, ça l'est toujours. Ce serait fatal si pour une fois c'était juste, si ça pouvait se trouver, si ça pouvait se rectifier, si la paix que tu es pouvait se trouver dans la vérité d'une phrase ou d'une réalisation.

Question : J'ai déjà fait l'expérience que je n'existais plus. Qu'il n'y avait plus personne. Plus de « Je suis ». Il n'y avait plus personne que j'aurais pu appeler « moi ». Tout avait disparu.

Karl : C'est magnifique ! Et malgré tout, ce n'était qu'une circonstance. Tu peux la décrire. Ce n'est pas ce dont je parle. Je parle de ce qui ne connaît aucune circonstance.

Tu préférerais cette circonstance de non-existence à l'existence, n'est-ce pas ? Ça t'a plu. C'était vraiment agréable, non ? Toutefois, dans cette absence du « je », il restait encore quelqu'un pour l'exprimer. Peu importe si c'était vague ou distant. Ce quelqu'un est encore de trop. Le non-défini est encore une chose définie.

Quand je parle de ce qu'est ta nature, la nature de l'Être, je parle de ce qui, en toute circonstance, est ce que c'est. C'est ce qu'est la conscience pure. Alors quand il y a « je suis », c'est « je suis ». Et quand il y a le monde, c'est le monde. Quand je suis assis ici, je peux dire que c'est ce que je suis. Je suis toujours ce qui est. Il n'y a personne qui se vit comme quelque chose de spécial en l'absence d'un « je ».

Ce qui peut être décrit, investigué, vécu, expérimenté ne peut pas être Cela. Un point, c'est tout.

Devons-nous en faire un livre ? Absolument pas. Mais, en même temps, pourquoi pas !