L'éveil, nous l'avons souligné, est une sorte d'effondrement brutal dans la perception, un gouffre qui s'ouvre sous nos pieds. Et à chaque instant, l'invitation à cet écroulement nous est offert. Alors on m'a demandé comment s'écrouler ? Et comme nous parlions, à la stupeur de certains, de pratique, ou d'assise, je répondais ceci : c'est justement parce qu'il n'y a aucune réponse à cette question, aucun moyen, que cette question est sans objet, que les moines zen, simplement, s'assoient. Pour eux, c'est la seule réponse possible, une réponse non-concluante, non-inclusive et non-exclusive. Shikantaza est en quelque sorte l'actualisation de cet effondrement, au sein duquel personne ne tombe, juste la majesté d'un "sens" de l'effondrement, l'effondrement lumineux, où nous comprenons sans comprendre. Qu'y a-t-il de plus beau, noble, humble, digne en même temps ? Et bien sûr, Shikantaza ne se limite pas du tout à la posture assise, elle est la non-posture de toutes les postures, un sens au-delà des sens, une connaissance au-delà de tous les savoirs...
Rappelons Angélus Silésius : "je ne sais pas ce que je suis, je ne suis pas ce que je sais". Shikantaza...
Vu sur le site de Monko : Propos sur la non-dualité et l'unicité absolue