« Parler de la vraie nature, c’est tenter de décrire l’indescriptible en utilisant des mots qui ne nous servent à expliquer les choses qu’à l’intérieur du contexte restreint de la raison.
Les limites du langage ne doivent toutefois pas nous inciter à imaginer quelque chose de phénoménal ou d’inaccessible ; notre vraie nature est plus proche de nous que notre respiration. D’une simplicité immédiate et d’une grande subtilité, elle se soustrait aisément à notre perception grossière et confinée dans ses vieilles frontières.
La vraie nature est une présence énergétique sur laquelle nous ne pouvons pas mettre de mots ni de sentiments. Elle est l’inexplicable vérité qui ne se laisse réduire à aucune définition, la profondeur vivante derrière le « je » superficiel que nous prenons pour nous-mêmes. Rien de ce que nous avons accumulé au cours de notre vie n’a le pouvoir de nous révéler ce que nous sommes. Bien au contraire, il faut nous dépouiller du superflu, abandonner toutes les idées que nous avons façonnées à notre sujet et exorciser notre château hanté de ses vieilles peines et de ses terreurs.
Notre état naturel a souvent été esquissé par ce qu’il n’est pas… Nous pouvons aisément décrire le silence comme l’absence de bruit, mais il nous est impossible de préciser ce qu’il est réellement. L’évocation de la vraie nature s’inscrit dans cette contradiction : l’essentiel échappe aux mots, car c’est avant tout la réalisation d’une vérité qu’aucun livre ni aucune personne ne peut décrire et que chacun se doit de découvrir dans sa propre expérience. » …
… « Nous ne pénétrons pas dans cette dimension en accumulant du savoir mais en nous dépouillant de l’inutile et du superflu, avec, à la clé, le choc de notre vie en découvrant qu’ils englobent pratiquement l’ensemble de ce que nous croyons être ! On ne s’acquitte pas d’une telle tâche en quelques jours. Il faut souvent des années pour amener notre intelligence à se séparer de la personne et à accueillir la puissance vivante de notre vraie nature.
Notre vérité essentielle est ce qui demeure quand tout ce que nous pensons être s’est effondré et lorsque le sentiment du moi est anéanti, entraînant dans sa chute l’ensemble des repères qui nous définissent. C’est la conscience de ce qui est toujours présent une fois que le moule de la personne est brisé.
Notre vraie nature est l’espace entre nos pensées, c’est la réalité fondamentale dans laquelle prennent naissance la raison, l’émotion et le corps. Elle est un « rien » empli de notre complétude, une présence vivante, une énergie impersonnelle consciente d’elle-même. Nous sommes plus proches d’elle durant notre prime enfance, en restant silencieux, ou lorsque nous cessons de nous servir de notre énergie pour préserver notre image et nos peines. »
Extrait du livre « L’Aventure intérieure »
Éditions du nouvel Homme