Me fondant dans l’espace de la vacuité
Sans limite ni frontière
Tout ce que je vois et entends
Esprit, ciel, tout devient un.
Un jour, alors que je me rendais à Ourguéh, l’un de mes amis du Dharma m’apostropha ainsi : « Tiens ! Je te croyais en retraite dans ta grotte. Tu l’as terminée ? » En guise de réponse, je lui expliquai ma conception de la retraite sous forme de versets humoristiques :
Je me prosterne aux pieds du maître incomparable,
Protecteur des êtres dont l’esprit ne fait qu’un
Avec celui de Samantabhadra.
Bienheureux ami,
Ecoute attentivement.
Pour le yogi de la Grande Perfection secrète
On ne sort pas de retraite,
Pas plus qu’on n’y entre.
Dans la simplicité au-delà des concepts
Il n’y a pas de seuil à franchir.
Si l’on s’en tient à la stricte observance des périodes de retraite,
On ne mérite pas le nom de retraitant.
Voici comment j’effectue une retraite :
Dans l’ermitage de mon propre corps
Doté des six caractéristiques
Et des trois vœux purs,
Je balaie la poussière des fautes des trois portes ;
Dans la rivière des quatre initiations
Je lave les souillures.
Assis sur mon coussin :
La conscience fondamentale,
Base des pensées grossières et subtiles,
Moi, le yogi de la présence éveillée,
Qui est par nature lumineuse et connaissante,
Je demeure dans la retraite
De l’état libre et spontané.
Libéré pensées discursives
Je demeure dans l’enceinte
De la méditation naturelle.
Redoutant les visiteurs : La torpeur et le débridement,
Je délimite ma retraite
Avec les piliers de la stricte vigilance.
J’ai pour seule servante la vacuité
Par laquelle tout ce qui apparaît
Se libère dès son surgissement même.
Voici ma pratique de l’étape de création :
Dans l’incommensurable palais
De la pureté primordiale née d’elle-même,
L’univers et les êtres apparaissent
Comme un déploiement de divinités, visibles et cependant irréelles.
Tous les sons étant la résonance de la vacuité,
La prière n’est jamais interrompue.
Les pensées libérées d’elles- mêmes
Sont l’immensité du Dharmakaya.
J’offre nourriture et boisson,
Véritable festin sacré, assemblée de mérites,
Que je porte aux lèvres de l’absolu.
Quand la contemplation imprègne tous les actes,
Tels que marcher, s’asseoir ou dormir,
C’est là le sceau du Mantrayana.
De même qu’il n’est point d’obscurité dans le soleil,
Pour le yogi, l’univers et les êtres sont des déités ;
Et il est comblé.
De même qu’il n’est point de caillou sur une île d’or,
Pour le yogi, chaque son est la résonance des mantras ;
Et il est comblé.
Tout comme le vol de l’oiseau dans le ciel clair
Ne laisse nul sillage,
Pour le yogi, les pensées sont la nature absolue ;
Et il est comblé.
Dans la vaste conscience claire libérée des pratiques formelles,
La pratique du yogi est détendue et sereine ;
Et il est comblé.
Dans l’état indivisible où, dès l’origine,
Les étapes de création et de perfection sont indissociables,
On peut pratiquer ou laisser les choses telles qu’en elles-mêmes ;
Même si l’on s’astreint à une intense discipline,
En vérité, il n’y a rien à accomplir.
J’ai compris que les phénomènes sont le Dharmakaya
Qui transcende tout labeur mental.
Toi aussi, mon ami, comprends-le.
Défie-toi des discours intellectuels
Et reconnais la vaste nature égale du non-né.
Quant la durée d’une telle retraite :
Lorsque au moment de la mort, la chrysalide du corps enfin se déchire,
Et qu’on est libéré dans la claire lumière du Dharmakaya,
Alors advient la véritable « abolition du seuil de la retraite ».
Consacrer toute sa vie à une solitude
Transcendant les périodes de retraite
Etait la pratique des grands yogis d’antan.
Ha ! Ha !
Je ne faisais que plaisanter,
Car je n‘ai jamais rien fait de tel !
Protecteur des êtres dont l’esprit ne fait qu’un
Avec celui de Samantabhadra.
Bienheureux ami,
Ecoute attentivement.
Pour le yogi de la Grande Perfection secrète
On ne sort pas de retraite,
Pas plus qu’on n’y entre.
Dans la simplicité au-delà des concepts
Il n’y a pas de seuil à franchir.
Si l’on s’en tient à la stricte observance des périodes de retraite,
On ne mérite pas le nom de retraitant.
Voici comment j’effectue une retraite :
Dans l’ermitage de mon propre corps
Doté des six caractéristiques
Et des trois vœux purs,
Je balaie la poussière des fautes des trois portes ;
Dans la rivière des quatre initiations
Je lave les souillures.
Assis sur mon coussin :
La conscience fondamentale,
Base des pensées grossières et subtiles,
Moi, le yogi de la présence éveillée,
Qui est par nature lumineuse et connaissante,
Je demeure dans la retraite
De l’état libre et spontané.
Libéré pensées discursives
Je demeure dans l’enceinte
De la méditation naturelle.
Redoutant les visiteurs : La torpeur et le débridement,
Je délimite ma retraite
Avec les piliers de la stricte vigilance.
J’ai pour seule servante la vacuité
Par laquelle tout ce qui apparaît
Se libère dès son surgissement même.
Voici ma pratique de l’étape de création :
Dans l’incommensurable palais
De la pureté primordiale née d’elle-même,
L’univers et les êtres apparaissent
Comme un déploiement de divinités, visibles et cependant irréelles.
Tous les sons étant la résonance de la vacuité,
La prière n’est jamais interrompue.
Les pensées libérées d’elles- mêmes
Sont l’immensité du Dharmakaya.
J’offre nourriture et boisson,
Véritable festin sacré, assemblée de mérites,
Que je porte aux lèvres de l’absolu.
Quand la contemplation imprègne tous les actes,
Tels que marcher, s’asseoir ou dormir,
C’est là le sceau du Mantrayana.
De même qu’il n’est point d’obscurité dans le soleil,
Pour le yogi, l’univers et les êtres sont des déités ;
Et il est comblé.
De même qu’il n’est point de caillou sur une île d’or,
Pour le yogi, chaque son est la résonance des mantras ;
Et il est comblé.
Tout comme le vol de l’oiseau dans le ciel clair
Ne laisse nul sillage,
Pour le yogi, les pensées sont la nature absolue ;
Et il est comblé.
Dans la vaste conscience claire libérée des pratiques formelles,
La pratique du yogi est détendue et sereine ;
Et il est comblé.
Dans l’état indivisible où, dès l’origine,
Les étapes de création et de perfection sont indissociables,
On peut pratiquer ou laisser les choses telles qu’en elles-mêmes ;
Même si l’on s’astreint à une intense discipline,
En vérité, il n’y a rien à accomplir.
J’ai compris que les phénomènes sont le Dharmakaya
Qui transcende tout labeur mental.
Toi aussi, mon ami, comprends-le.
Défie-toi des discours intellectuels
Et reconnais la vaste nature égale du non-né.
Quant la durée d’une telle retraite :
Lorsque au moment de la mort, la chrysalide du corps enfin se déchire,
Et qu’on est libéré dans la claire lumière du Dharmakaya,
Alors advient la véritable « abolition du seuil de la retraite ».
Consacrer toute sa vie à une solitude
Transcendant les périodes de retraite
Etait la pratique des grands yogis d’antan.
Ha ! Ha !
Je ne faisais que plaisanter,
Car je n‘ai jamais rien fait de tel !
Lorsque j’eus terminé, mon ami me dit : « Vraiment, ta façon d’effectuer une retraite est admirable. Je souhaite que mon esprit, l’ermite, demeure ainsi que tu viens de le décrire,
Dans l’ermitage de mon corps. »
Traduit par Mathieu Ricard et Carisse Busquet : Shabkar, Autobiographie d’un yogi tibétain.
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