Correspondances avec Jean
Cher M.,
C'est toujours un moment de bonheur que de croiser sur le chemin un être qui sincèrement prend connaissance de son fonctionnement pour s'ouvrir au "non-état" qui ne peut plus être enfermé dans un concept.
Je vous encourage vivement à rester dans cet état d'esprit. Tout lâcher. Absolument tout. Ne plus rien attendre, surtout l'éveil. Lorsque l'ouverture se produit, les forces mentales réagissent immédiatement avec leurs cortèges d'émotions gratifiantes. La vigilance bien comprise constitue l'attitude la plus juste pour ne pas entraver le jaillissement de l'esprit, pour ne pas bloquer l'ouverture totale qui conduit à l'éveil.
Dans les prochains jours, vous allez spécialement observer ce qui se lève dans le mental, c'est à dire voir ce mouvement sans l'alimenter, sans devenir la proie d'un enfermement. Il s'agit en fait de libérer à la racine les pensées et les émotions qui apparaissent. Ne plus s'y fixer, ne plus se donner à ces limitations que notre ego nous présente à chaque instant. Il convient d'aborder ce travail avec une totale confiance, avec ce parfum de l'arrière -plan dont parle si bien Jean Klein. Cela demandera un peu de temps, bien sûr, mais vous êtes parfaitement en capacité d'entreprendre cela, toujours sans attendre de résultat. Juste regard ! Pas de jugement !
L'aperception instantanée dissout tous les thèmes producteurs de sensations mentales et laisse apparaître le non-état sans motif, existant par soi et en soi? Ce qui est ainsi vécu est au-delà de toute représentation. Dépouillement vécu comme parfait équilibre, sans attente, sans tension, juste la joie sans objet ...
Bien à vous,
Jean
------------
Cher M.,
Avec Jean Klein, nous avons souvent abordé cette question essentielle de l’attention et de la vigilance. Il y a effectivement deux niveaux d’attention et il convient de bien distinguer par l’expérience, ce qui résulte de l’attention volitive, nous dirons l’attention ordinaire, et ce qui relève de l’attention silencieuse que Jean Klein appelait également l’attention de l’attention.
L’attention ordinaire est en sorte celle qui permet de faire démarrer le moteur de notre vigilance. Il faut une certaine concentration pour sortir des automatismes qui nous animent. En même temps, lorsque les tensions organiques et psychologiques s’apaisent, la contemplation, juste regard sans que personne ne regarde, devient un accueil libre de toute projection ou attente. A ce moment précis, le monde révèle son ouverture et nous avons la possibilité de nous accorder à cette vastitude, à condition de plus être animé par les mécanismes de saisie de l’ego.
L’état de non-désir nous place dans un instant sans anticipation et l’énergie disponible (qui n’est plus mobilisée par notre saisie habituelle) alimente l’attention de l’attention qui se déploie naturellement ..
Je cite les paroles de Jean Klein :
“L’attention silencieuse est une contemplation des choses sans réflexion et sans limitation. L’attention multidimensionnelle non dirigée ne s’épuise jamais. Cette attention de l’attention est une attention pure dégagée de toute conception, siège de la conscience et axe de gravité de l’être. Cette vigilance accueillante apparaît spontanément lorsque l’idée de toute référence est absente. Une autre forme d’intelligence entre en jeu dans cette attention inconditionnelle. On peut dire aussi que cette spontanéité jaillit de l’intégration la plus haute, art suprême de l’abandon.”
Tant que nous restons dans la dualité, nous naviguons entre ces différents niveaux de conscience et d’attention. Pour conclure, encore Jean Klein :
“La conscience-attention supérieure est présence vécue dans l’absence de toutes choses. L’ultime équilibre est vide de perceptions. Il n’est ni une pensée ni une sensation. Tout apparaît et disparaît dans l’ouverture de ce qui EST. La disponibilité totale résulte de la position de non-choix, lorsque l’action naît de l’harmonie implicite de l’unité de la vie libre de toute mémoire...“
Très bonne soirée,
Jean
Avec Jean Klein, nous avons souvent abordé cette question essentielle de l’attention et de la vigilance. Il y a effectivement deux niveaux d’attention et il convient de bien distinguer par l’expérience, ce qui résulte de l’attention volitive, nous dirons l’attention ordinaire, et ce qui relève de l’attention silencieuse que Jean Klein appelait également l’attention de l’attention.
L’attention ordinaire est en sorte celle qui permet de faire démarrer le moteur de notre vigilance. Il faut une certaine concentration pour sortir des automatismes qui nous animent. En même temps, lorsque les tensions organiques et psychologiques s’apaisent, la contemplation, juste regard sans que personne ne regarde, devient un accueil libre de toute projection ou attente. A ce moment précis, le monde révèle son ouverture et nous avons la possibilité de nous accorder à cette vastitude, à condition de plus être animé par les mécanismes de saisie de l’ego.
L’état de non-désir nous place dans un instant sans anticipation et l’énergie disponible (qui n’est plus mobilisée par notre saisie habituelle) alimente l’attention de l’attention qui se déploie naturellement ..
Je cite les paroles de Jean Klein :
“L’attention silencieuse est une contemplation des choses sans réflexion et sans limitation. L’attention multidimensionnelle non dirigée ne s’épuise jamais. Cette attention de l’attention est une attention pure dégagée de toute conception, siège de la conscience et axe de gravité de l’être. Cette vigilance accueillante apparaît spontanément lorsque l’idée de toute référence est absente. Une autre forme d’intelligence entre en jeu dans cette attention inconditionnelle. On peut dire aussi que cette spontanéité jaillit de l’intégration la plus haute, art suprême de l’abandon.”
Tant que nous restons dans la dualité, nous naviguons entre ces différents niveaux de conscience et d’attention. Pour conclure, encore Jean Klein :
“La conscience-attention supérieure est présence vécue dans l’absence de toutes choses. L’ultime équilibre est vide de perceptions. Il n’est ni une pensée ni une sensation. Tout apparaît et disparaît dans l’ouverture de ce qui EST. La disponibilité totale résulte de la position de non-choix, lorsque l’action naît de l’harmonie implicite de l’unité de la vie libre de toute mémoire...“
Très bonne soirée,
Jean
------------
Cher M,
Lorsque l'expérience de l'éveil se révèle, ce qui est vécu baigne dans le silence, je devrais dire dans un silence qui n'est pas l'opposé du bruit. Rien ne peut recouvrir cela. On peut se trouver dans un environnement sonore des plus délirants, sans être gêné par cette agression. Lorsque l'épine et la pince se retirent ensemble, il ne reste rien d'un sujet qui pourrait encore en être incommodé. Ce silence de l'être est inexplicable.
En symbiose avec ce silence, il y a ce rayonnement du monde et cette présence non localisable portée par l'espace. Votre description est d'une totale justesse. Vous avez raison de souligner qu'à un certain moment, il faut abandonner la vigilance. Cela se fait dès que l'attention de l'attention n'est plus dépendante d'un ego mobilisé. Ce que vous appelez "voir clair" est pur regard, sans acteur portant ce regard. C'est une expérience fondamentale au niveau de l'ouverture de l'être.
Jean Klein nous mettait souvent en garde par rapport aux mécanismes toujours agissants, à la porte de l'éveil... :
"Au seuil de l'être, l'ouverture est encore une perception. Là réside le piège. Si nous ne sommes pas dans un total abandon, nous empêchons le mouvement de la grâce, le mouvement à la plénitude. Le non-état ultime ne peut se révéler qu'à partir d'une disponibilité non orientée dans la présence. On peut dire alors que l'intellect enraciné dans la conscience globale n'est plus en mesure de particulariser le monde extérieur, ni ce qui nous anime intérieurement. Ce changement d'accentuation se traduit par un relâchement soudain de la localisation dans le cerveau de la sensation globale au-delà des sens."
Autre constat, et non des moindres ! C'est la dissolution de l'attention comme percept, qui ouvre sur le non-état, la pure conscience.
Cette connaissance vivante n'est plus connaissable en terme de perception. En quelque sorte, les noms disparaissent en laissant le percept se dissoudre dans une attention sans pensée. S'agit-il encore d'une attention véritablement ? Ce qui s'épanouit dans l'hospitalité de l'être entier correspond certainement à ce que Maître Eckhart a pu en dire : "Ultimement, la puissance de l'âme est saisie dans la simplicité de son essence".
Bien cordialement,
Jean
Lorsque l'expérience de l'éveil se révèle, ce qui est vécu baigne dans le silence, je devrais dire dans un silence qui n'est pas l'opposé du bruit. Rien ne peut recouvrir cela. On peut se trouver dans un environnement sonore des plus délirants, sans être gêné par cette agression. Lorsque l'épine et la pince se retirent ensemble, il ne reste rien d'un sujet qui pourrait encore en être incommodé. Ce silence de l'être est inexplicable.
En symbiose avec ce silence, il y a ce rayonnement du monde et cette présence non localisable portée par l'espace. Votre description est d'une totale justesse. Vous avez raison de souligner qu'à un certain moment, il faut abandonner la vigilance. Cela se fait dès que l'attention de l'attention n'est plus dépendante d'un ego mobilisé. Ce que vous appelez "voir clair" est pur regard, sans acteur portant ce regard. C'est une expérience fondamentale au niveau de l'ouverture de l'être.
Jean Klein nous mettait souvent en garde par rapport aux mécanismes toujours agissants, à la porte de l'éveil... :
"Au seuil de l'être, l'ouverture est encore une perception. Là réside le piège. Si nous ne sommes pas dans un total abandon, nous empêchons le mouvement de la grâce, le mouvement à la plénitude. Le non-état ultime ne peut se révéler qu'à partir d'une disponibilité non orientée dans la présence. On peut dire alors que l'intellect enraciné dans la conscience globale n'est plus en mesure de particulariser le monde extérieur, ni ce qui nous anime intérieurement. Ce changement d'accentuation se traduit par un relâchement soudain de la localisation dans le cerveau de la sensation globale au-delà des sens."
Autre constat, et non des moindres ! C'est la dissolution de l'attention comme percept, qui ouvre sur le non-état, la pure conscience.
Cette connaissance vivante n'est plus connaissable en terme de perception. En quelque sorte, les noms disparaissent en laissant le percept se dissoudre dans une attention sans pensée. S'agit-il encore d'une attention véritablement ? Ce qui s'épanouit dans l'hospitalité de l'être entier correspond certainement à ce que Maître Eckhart a pu en dire : "Ultimement, la puissance de l'âme est saisie dans la simplicité de son essence".
Bien cordialement,
Jean
Un grand merci à Jean pour la confidence, et le partage, de ses échanges, dont quelques extraits sont offerts aux lecteurs d'ÉVEIL IMPERSONNEL.
1 commentaire:
Merci. Les paroles de Jean Klein sont de toute beauté.
Enregistrer un commentaire