vendredi 23 novembre 2007

• Cette Compréhension n'avait jamais cessé d'être là - Wayne Liquorman

Cette Compréhension n'a jamais cessé d'être là

Wayne Liquorman

Lorsque survient l'illumination, il n'est personne pour être illuminé. L'illumination est l'évanouissement de celui qui en était en quête.

J'entretenais une relation amoureuse avec deux femmes à la fois, et à mon retour d'Inde où je rendais visite à Ramesh - c'était en 1989, ces deux femmes sont venues me voir dans la même semaine pour me dire qu'elles m'aimaient infiniment mais me quittaient pour céder la place à l'autre. Et lorsque la deuxième vint m'annoncer sa décision, je fus saisi d'une tristesse incommensurable. Lorsque cette femme vint me dire qu'elle allait devoir me quitter malgré l'amour qu'elle éprouvait pour moi, je ressentis un poids terrible, une profonde tristesse m'envahir. Et je commençais à pleurer. Et cette tristesse commença à croître. Elle continua à gonfler. Je sanglotais de plus belle, et cette profonde, très profonde tristesse continua à me submerger par vagues successives comme autant de lames s'abattant sur moi. Et finalement je me retrouvai en train de tomber. J'avais littéralement l'impression de choir dans une fosse, un horrible abysse de souffrance, et le corps secoué de sanglots. Et cela avait cessé d'avoir quoi que ce soit de commun avec quelque chose du domaine fini.

J'étais simplement en chute libre dans ce puits sans fond d'immense douleur... et cela s'assombrissait et devenait plus atrocement douloureux à chaque seconde. J'avais le sentiment de tomber dans cette fosse abyssale de souffrance qui était toute la souffrance ayant jamais existé. Et puis il y eut un lâcher prise. Une dissolution, une fusion, si vous voulez, avec cette souffrance. Apparut alors la certitude que rien ne pouvait me faire du mal parce qu'il n'existait pas de moi à blesser... il n'y avait plus de séparation. L'expérience reflua, je cessai de pleurer et pensai : «Quelqu'un va me poser des questions là-dessus, je ferais bien de consigner ça par écrit. » Et cependant, une partie de cette connaissance est exactement ce que je n'ai cessé de dire tout du long... « littéralement, rien ne s'est produit. » Cette Compréhension n'avait jamais cessé d'être là. Ce qui se dissipa, c'est un voile illusoire, pas quelque chose de substantiel. Il n'y eut rien du tout de changé. Tout était exactement tel que cela avait jamais été et serait jamais. Tout ce qui était, était parfait. Tout, simplement, ÉTAIT. Pendant des années, je restai très discret sur ce qui venait de se produire car je n'avais aucune envie de me voir envahi par une cohorte de malheureux chercheurs en quête de vérité. Je m'en tins simplement à la publication - sur l'insistance de Ramesh - d'un recueil de poèmes sous un pseudonyme et continuais tranquillement à vaquer à mes affaires.

Propos recueillis par Philippe de Henning et publié dans la revue Sources de novembre 2007.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

super blog, un tout grand merci!

bruno