mercredi 15 juillet 2015

• S’en remettre à l’intelligence ouverte - Candice O’Denver


Nous vous invitons à un voyage merveilleux dans une vaste source de sagesse, d’amour, de compassion et de compétence qui existe en vous. L’enseignement Balanced View vous apporte un ami et un guide tout au long du voyage. Nous offrons des instructions précises, et une communauté mondiale de soutien qui vous aidera à atteindre une assurance totale en l'intelligence ouverte.
Guide pour mettre en pratique l'enseignement proposé par Candice O'Denver, voie qui propose d'aboutir à un monde partagé et coopératif grâce aux vertus de l'intelligence ouverte.
Candice O'Denver a innové dans l'application pratique de la philosophie comme moyen d'éducation pour tous. Candice a inventé une vision équilibrée, une formation normalisée de la nature de l'esprit utilisé dans le monde entier. Sa méthodologie unique applique des algorithmes pour atteindre une véritable émancipation de l'esprit, de la parole, du corps, des qualités et des activités. L'ordre global devient spontanément évident si l'on reconnaît l'intelligence comme inépuisable, disponible dans un vaste espace qui n'est pas limité par le corps.


Extrait de l'ouvrage publié avec l'aimable accord des Éditions Charles Antoni - L'Originel :


Introduction

Quand nous rencontrons des circonstances difficiles dans notre vie, souvent nous ne savons pas quoi faire ni où nous tourner. Nos stratégies habituelles pour faire face à ces situations n’ont souvent pas fonctionné auparavant et continuent de ne pas opérer, et par conséquent nous nous sentons confus et indécis. Il nous est difficile de trouver la meilleure solution, et une fois qu’une solution est envisagée et mise en action, nous devons fréquemment faire face au doute, à l’incertitude et à l’appréhension qui entourent cette décision. Les aléas de notre vie semblent impliquer l’apparition sans fin de problèmes qui ont grand besoin de solutions et la création de nombreuses approches pour traiter ces problèmes.
Cependant, peu importe à quel point ces scénarios ont pu être importants dans notre vie, il y a un autre choix. C’est le simple choix de s’en remettre à l’intelligence ouverte qui est l’essence de toute expérience et de continuer à revenir à cette intelligence ouverte pour de courts instants, répétés de nombreuses fois, jusqu’à ce que l’intelligence ouverte devienne continue. Alors que notre assurance dans l’intelligence ouverte augmente par notre engagement à prendre des courts instants, notre confiance en l’intelligence ouverte s’accroît naturellement aussi, et les expériences qui nous semblaient si difficiles auparavant ne sont plus aussi difficiles.
Ce livre est destiné à être un compagnon de parcours pour acquérir de plus en plus d’assurance en l’intelligence ouverte inhérente à travers les courts instants, répétés de nombreuses fois, jusqu’à ce qu’ils soient continus. L’objectif du livre est très pratique, et l’enseignement qui y est donné est sensé et utile. Que le sujet soit la vie de famille, les relations intimes, l’amour, les enfants, l’argent, la maladie, les états afflictifs ou le fait de trouver la paix en soi et dans le monde, les instructions données dans le livre soulignent maintes et maintes fois que la résolution des données est le résultat naturel du fait de s’en remettre à l’intelligence ouverte pour de courts instants, de nombreuses fois, jusqu’à ce que l’intelligence ouverte soit évidente.
Chaque chapitre aborde un thème principal et est divisé en sous-chapitres traitant de sujets spécifiques qui suivent le thème du chapitre principal. Les sections peuvent être lues séparément ou dans l’ordre, mais n’importe laquelle d’entre elles peut être lue individuellement sans référence aux autres sections. Les lecteurs de ce livre sont invités à passer en revue et rechercher des parties appropriées qui sont utiles et intéressantes pour eux personnellement.
Il est très important de définir les différents mots utilisés dans ce texte. Le terme le plus important est intelligence ouverte, qui est utilisé très souvent tout au long du livre. D’autres termes qui font référence à la même essence désignée par intelligence ouverte incluent la clarté, la conscience, l’état fondamental, la nature fondamentale de notre être, la perfection naturelle, la perfection totale, l’espace intelligent, la super-intelligence, la super-complétude, la réalité perfectionnée d’elle-même et l’intelligence naturelle.
La pratique fondamentale qui est abordée tout au long du livre est celle de s’en remettre à l’intelligence ouverte. Tandis que dans les livres et les textes précédents les expressions «  reposer dans la conscience  » ou «  s’en remettre à la clarté  » étaient souvent utilisées pour cette même pratique, s’en remettre à l’intelligence ouverte est une expression qui s’est révélée être beaucoup plus directe et moins sujette au malentendu. S’en remettre à l’intelligence ouverte est le principe fondamental qui consiste à baser son expérience sur l’intelligence ouverte plutôt que sur les données.
Maintes et maintes fois, la phrase de courts instants, de nombreuses fois, est utilisée pour transmettre le fait que l’on peut s’en remettre à l’intelligence ouverte à chaque instant, et que l’on peut retourner à l’intelligence ouverte pour de courts instants encore et de nouveau jusqu’à ce que la pratique devienne spontanée.
Le terme très important de «  données  » fait référence à toutes pensées, émotions, sensations, expériences et tous phénomènes qui apparaissent dans l’intelligence ouverte. Dans les précédents livres de Balanced View le terme «  point de vue  » était utilisé, mais entre-temps, de nombreux lecteurs en sont venus à trouver que «  données  » est un terme descriptif qui décrit plus précisément leur expérience. La clé pour comprendre les données est de voir qu’elles n’ont pas de nature indépendante et ne sont rien d’autre que l’énergie dynamique réfléchissante de l’intelligence ouverte. Les deux sont inséparables comme la couleurbleue et le ciel.

Première Partie
Les bases de la clarté dans la vie quotidienne

La reconnaissance instinctive de l’intelligence ouverte

De courts instants d’intelligence ouverte

Qu’est-ce qu’un court instant d’intelligence ouverte  ? Pour connaître la réponse à cette question, arrêtez de penser juste un instant. Que reste-t-il  ? Un sentiment de vivacité demeure. Voilà ce qu’est l’intelligence ouverte  ; une vivacité qui est ouverte comme un ciel sans nuage. Un court instant d’intelligence ouverte est la reconnaissance instinctive de l’intelligence ouverte sans fin.
Les pensées, émotions, sensations et autres expériences – les données – apparaissent au sein de l’intelligence ouverte, tout comme un arc-en-ciel apparaît dans l’espace. De la même manière que l’espace et l’arc-en-ciel sont inséparables, les pensées, émotions, sensations et autres expériences sont inséparables de l’intelligence ouverte.
Quand on cesse de penser un instant, on s’introduit à l’intelligence ouverte, et assez vite on commence à remarquer que l’intelligence ouverte qui est présente quand on ne pense pas est aussi présente quand on pense.
Toutes les pensées apparaissent et disparaissent naturellement comme la trajectoire d’un oiseau dans le ciel et l’intelligence ouverte, cette vivacité paisible qui est identifiée quand on cesse de penser, est la base de toutes ces pensées. Elle sature toutes les pensées sans exception de la même façon que l’espace est présent dans tout ce qui apparaît en son sein. En s’en remettant à l’intelligence ouverte pour de courts instants, l’intelligence ouverte devient de plus en plus automatique. Cela peut se produire lentement ou rapidement.
Les courts instants d’intelligence ouverte peuvent être assimilés à la création d’un collier de perles. Chaque perle est ajoutée au collier avec l’entière assurance qu’un collier de perles complet en sera le résultat. Cela est identique avec les courts instants. Tout comme enfiler une perle à la fois conduit à un collier entier, en s’en remettant à l’intelligence ouverte toujours présente pour de courts instants, encore et encore, ces courts instants deviennent continus dans notre propre expérience. Une fois que cela devient continu, il n’est plus nécessaire de prendre de courts instants.
À mesure que l’intelligence ouverte devient de plus en plus constante et ininterrompue, nous trouvons qu’elle a un immense pouvoir que nous n’avions pas imaginé possible. Le pouvoir de résoudre les problèmes et le pouvoir d’agir efficacement dans toutes les situations. Quand il est reconnu que cette intelligence ouverte innée résout nos problèmes personnels, la conviction commence à émerger qu’elle a aussi le pouvoir de résoudre les problèmes du monde. Nous sommes en admiration de voir combien l’intelligence ouverte est évidente, et impressionnés qu’elle ait toujours été présente en nous, bien que nous ne l’ayons peut-être pas reconnue. C’est une chance formidable de la connaître maintenant.

Les bienfaits des courts instants

Une idée très répandue est que l’intelligence ouverte est séparée des pensées, émotions, sensations et autres expériences. Cependant, c’est seulement à partir de la perspective d’une connaissance incomplète qu’il y a une séparation apparente. À partir de la perspective de l’intelligence ouverte il n’y a pas de séparation du tout.
Une illustration excellente de l’intelligence ouverte existant dans toute donnée est celle du beurre existant dans la crème. Quand la crème est battue, le beurre devient évident, même s’il n’était pas évident auparavant. Tout comme en battant la crème on ne peut pas manquer de produire du beurre, les courts instants d’intelligence ouverte dévoilent l’intelligence ouverte sans fin qui est évidente dans les perceptions d’un instant à l’autre.
Au début, il pourrait sembler que rien ne se passe quand la crème est battue, mais avec persistance la crème battue développe la texture du beurre, et puis le beurre lui-même apparaît. La crème est saturée de beurre, et cela devient évident par le fait de la battre. De même, les courts instants d’intelligence ouverte, répétés encore et encore, deviennent spontanément l’intelligence ouverte continue dans toutes les situations, et l’on voit que l’intelligence ouverte irréversible est présente tout le temps.
Au début, on se souvient d’un court instant d’intelligence ouverte, mais il se peut qu’après un temps on puisse parfois oublier, et cela est normal. Cependant nous ne devons jamais abandonner ces brefs instants d’intelligence ouverte. Aussi momentanés qu’ils puissent être au début, ils ont un impact extraordinaire. Les bienfaits ne sont peut-être pas si évidents initialement, mais nous devons continuer à garder notre intérêt pour l’intelligence ouverte. Nous devons avoir ce genre de résolution  : «  Je n’abandonnerai jamais les courts instants d’intelligence ouverte  !  »
Par le pouvoir des courts instants, nous commençons à découvrir de plus en plus un sentiment de clarté qui nous emplit d’une énergie apaisante et puissante. En continuant avec les courts instants, dès que l’on se souvient de le faire, les moments commencent à durer plus longtemps. À mesure que les instants d’intelligence ouverte s’allongent, nous trouvons que notre esprit et notre corps sont beaucoup plus à l’aise. Nous commençons à remarquer dans notre vie quotidienne une qualité apaisante et une énergie de plus en plus bénéfique. Ne sous-estimez jamais le pouvoir de cette simple pratique. C’est la force la plus puissante sur terre.

L’intelligence ouverte infinie

Les courts instants d’intelligence ouverte sont reconnus comme la clarté infinie. Les courts instants initiaux deviennent plus longs, et au fur et à mesure, il devient clair pour nous que ces courts instants révèlent en fait l’intelligence ouverte permanente, infinie. Nous découvrons que l’intelligence ouverte est disponible tout le temps. Cette illumination est similaire à la façon dont le lever du soleil illumine tout le paysage. Avant que le soleil ne se lève, les éléments du paysage sont perdus dans l’obscurité, mais une fois qu’il se lève, tout est vu clairement.
On peut comparer cela au fait d’être perdu dans l’obscurité des pensées, des émotions, des sensations et autres expériences jusqu’à ce que nous soyons introduits à l’intelligence ouverte. Quand le soleil de l’intelligence ouverte se lève, il apporte de plus en plus une vue équilibrée de toutes les pensées, les émotions, les sensations et les autres expériences. On trouve la vue équilibrée de l’intelligence ouverte dans les données. La clarté infinie à chaque instant apporte une stabilité mentale et émotionnelle complète, la perspicacité, une éthique naturelle, l’empathie, l’habileté dans toutes les situations et le pouvoir consistant de réaliser les intentions créatives pour le bienfait de tous.
Les courts instants, répétés encore et encore, deviennent bien permanents. En mettant cela en pratique, nous acquérons une profonde confiance que le pouvoir des courts instants apporte le bienfait dans notre vie. Nous gardons les choses simples  : de courts instants, de nombreuses fois. L’intelligence ouverte infinie devient de plus en plus évidente jusqu’à être évidente tout le temps. Comme notre clarté en toute chose se développe, nous voyons que nous ne sommes pas aussi compliqués que nous pouvions le penser. En fait nous sommes tout à fait simples.
Le pouvoir de l’intelligence ouverte nous montre que les pensées, les émotions, les sensations et les autres expériences sont simplement des données apparaissant au sein de l’intelligence ouverte. Ceci peut être illustré par la manière dont les planètes et les étoiles apparaissent dans la vaste étendue de l’espace  ; de façon similaire, les données apparaissent au sein de l’intelligence ouverte. Tout comme l’espace n’est affecté par aucun évènement qui s’y présente, l’intelligence ouverte n’est affectée par aucune donnée.
Nous nous attribuons le pouvoir avec les courts instants et nous voyons que ce même potentiel pour l’attribution du pouvoir est en tous. En se basant sur notre propre expérience, nous en venons à la conclusion qu’avec l’attribution par tous du pouvoir des courts instants d’intelligence ouverte, les gens du monde entier peuvent s’unir et être la force qui apporte la paix mondiale.

L’introduction à l’intelligence ouverte

Quand nous entendons parler de l’intelligence ouverte nous pouvons nous demander  : «  Eh bien, qu’est-ce donc  ?  ». L’intelligence ouverte est en fait le fondement et l’origine de la question elle-même. Les mots apparaissent dans l’intelligence ouverte, et la question ainsi que le questionneur sont tous deux enracinés de façon égale dans l’intelligence ouverte. Pourtant, initialement, notre capacité à identifier l’intelligence ouverte est assez peu probable, car nous n’avons jamais appris ce qu’elle était dans notre propre expérience. Il doit y avoir une introduction à l’intelligence ouverte et à une certaine idée de ce qu’elle est avant que l’on puisse gagner de l’assurance en elle. Cette introduction à l’intelligence ouverte peut arriver spontanément par le fait d’être en la présence de quelqu’un qui a déjà de l’assurance en l’intelligence ouverte. Mais ce n’est pas la personne qui est en train de nous faire ressentir quoi que ce soit  ; c’est nous-mêmes qui nous percevons, peut-être pour la première fois.
Une autre façon d’être introduit à l’intelligence ouverte est d’arrêter simplement de penser juste un instant. N’importe qui peut arrêter de penser un instant, et quand nous arrêtons de penser un instant, tout ce qui est présent est la vivacité, la connaissance et une vue équilibrée, et c’est ce qu’est l’intelligence ouverte. Quand on regarde cette vivacité, on ne peut pas dire que c’est quoi que ce soit. C’est une intelligence qui voit chaque donnée qui apparaît en elle en tant qu’elle-même. Qu’il y ait une pensée ou pas de pensée, l’intelligence ouverte est de façon égale l’espace des deux. L’intelligence ouverte n’est pas seulement présente quand on n’a pas de pensées  ; elle est aussi présente dans la pensée.
Nous avons besoin de nous en remettre à des moyens pour nous familiariser avec l’intelligence ouverte et en devenir certains, et pour la plupart des gens la manière la plus facile de le faire est à travers les courts instants, répétés de nombreuses fois, jusqu’à ce que les courts instants deviennent continus. Quand on s’en souvient, on prend un court instant pour identifier cette vivacité, cette stabilité et cette vue équilibrée, qui est à la base de toutes les données. On arrête de penser juste un instant – un court instant d’intelligence ouverte – et l’on répète cela de nombreuses fois. «  Répéter cela de nombreuses fois  » signifie que l’on y retourne de façon répétée, encore et encore, de façon non artificielle, non forcée.
En faisant cela, nous nous familiarisons avec la nature inséparable de l’intelligence ouverte et des données. Tout comme sont inséparables la couleur bleue et le ciel ou les rayons du soleil et le soleil, les données et l’intelligence ouverte sont inséparables. À travers les courts instants répétés de nombreuses fois, nous devenons plus certains de l’intelligence ouverte, nous voyons vraiment que cette vivacité est présente tout le temps et que l’on peut y retourner encore et encore.

Voir aussi : 
Un espace cristallin de conscience sans faille

jeudi 9 juillet 2015

• Je suis Cela qui suis - Karl Renz



Découvert par hasard vers 1945 en Haute Égypte le prestigieux Évangile selon Thomas  date du IVe siècle. Cet écrit est composé de 114 logia ou dits de Jésus, qui révèlent que le Royaume est déjà présent en chacun de nous contrairement aux évangiles canoniques. 
Très différent des Évangiles canoniques, ce magnifique texte qui fait de Jésus un gnostique nous invite à une découverte par soi-même de soi-même, le Vivant, qui est notre réalité. Les gnostiques insistent sur la primauté de l'expérience immédiate individuelle.
Émile Gillabert (sa traduction des logions est reprise ici) s'est particulièrement passionné pour L'Évangile selon Thomas. Il disait qu'en Orient il existait une pléthore de textes non dualistes, mais qu'il y avait un manque en Occident. La découverte de ce texte fournissait la preuve que Jésus avait prononcé des paroles non dualistes témoignant du même éveil que les grands sages d’Orient. Il a fondé l'Association Metanoïa dont le but est d'approfondir et de faire connaître L’évangile de Thomas.
Quelques décennies plus tard l'Association Metanoïa eut la bonne inspiration d'inviter Karl Renz à quatre reprises. Ce livre rapporte l'essentiel de ces commentaires. Les paroles spontanées de Karl – telle une toile d'araignée qui se tisse et se resserre – s'emparent de celui qui s'expose pour lui bloquer toute issue. Un écho non duel et non conventionnel de la Gnose véritable. 

 « Il nous faut, comme nous y invite Jésus, nous dépouiller de tout vêtement personnel. La nécessité de cet abandon est soulignée d'un bout à l'autre des 114 logia », souligne Émile Gillabert, rejoignant ainsi Karl : « Cela, c’est la nudité absolue. Et cela, c’est Jésus. »

≈≈≈≈≈

Je suis ce qu'est Jésus

logion 1

Et il a dit :
Celui qui trouvera l'interprétation de ces paroles
ne goûtera pas de la mort.


Il s’agit ici du Jésus intérieur et non du Jésus anecdotique des apparences.

- En fait, on en arrive à dire : « Je suis Jésus ».

 « Je suis ce qu’est Jésus ». C’est différent. Jésus a dit : « Je suis ce qu’est le Père, mais je ne suis pas le Père ». Cela désigne toujours l’essence de ce qui est, sans jamais la nommer. Je dirai donc : « Je suis ce qu’est Jésus » et non : « Je suis Jésus ». 

- Cela ne veut-il pas dire : « Je suis Cela » ?

Lorsque Dieu est descendu des cieux et que Moïse lui a demandé : « Qui es-tu ? », il a dit : « Je suis Cela qui suis ». Il a donc précisé qu’il était l’essence du « Je suis ». Ce qu’est la conscience, mais pas cette conscience.

- Ce qui impliquerait la persistance de ma personne.

Non, non. C’est l’opposé. En fait, ça l'élimine. Ça élimine la définition. Encore une fois, Jésus est un nom, une définition. Alors que tu es vide. Tu es le vide où se trouve la nature du Christ. Dans cette tradition, on dit que la nature du Christ est l’essence. De même que dans le bouddhisme, la nature de Bouddha est l’essence, le Soi. C’est juste un autre nom pour le Soi.

- Il est important de préciser ce qu’on entend par certains mots.

Oui, et c’est pourquoi je dis : « Je suis Cela qui est ». Et non : « Je suis Jésus » ou « je suis Dieu », ni ne le nomme. Il y a un livre de Nisargadatta Maharaj qui s'intitule : Je suis Cela, ce qui laisse Cela totalement ouvert. Cela supprime le monde. Cela indique seulement ce qui est antérieur à ce monde phénoménal, ce qui réfère toujours au noumène. À ce qui ne peut être ni nommé ni défini.

Il n’y a pas différents « Soi ». Même si Cela semble recouvert, en réalité, Cela ne peut pas l'être. Il n’y a pas de couverture, pas de voile. Peut-être que, pendant quelque temps, Cela semble oublié, recouvert par une religion, une tradition, cependant Cela est toujours sous-jacent, Cela est toujours présent et Cela se manifestera à nouveau. Dans toutes les traditions, il y a des mystiques et des métaphysiciens qui sont au sommet de la pyramide et qui, de là, contemplent les religions. Les voies infinies, mais elles conduisent toutes à ce que tu es. Parce qu’elles sont toutes faites par le Soi, pour le Soi. Donc, tu ne peux pas passer à côté du Soi. Quelle est la meilleure voie ? Je ne saurais dire. Quand tu es au sommet, il n’y a jamais eu de voies. Mais ce n'est pas une compétition. Chaque pas avance toujours vers ce que tu es. Il n’y a pas de voie qui soit meilleure qu'une autre. Le Soi sait le mieux, et il n’y a pas rien d'autre que le Soi.

- Quand la religion traverse des périodes de grandes déviations au point de perdre apparemment toute signification, est-ce encore une voie ?

Parfois un détour est une voie directe. Parfois, ce qui semble une voie directe est une voie infinie. Qui décide ? Qui établit les critères ? Ce qui semble si long n’est rien pour ce que tu es. C’est hors du temps, et ce qui est dans le temps ne deviendra jamais ce qui est antérieur au temps.

- Le message de Jésus est un message intérieur, il nous dit que le Soi est à l’intérieur de nous dans la caverne secrète, c’est la vérité. Pourtant, il y a deux mille ans, on s'est emparé de Jésus pour en faire une religion. Paul de Tarse, dit Saint Paul, a inventé une religion aberrante totalement à l’inverse du message de son maître puisqu’il promet le salut de la personne dans un autre monde. C’est Disney World !

Oui, parfait.

- Deux mille ans pendant lesquels des millions d’êtres humains ont été dans une impasse !

Mais si tu parles ainsi, c'est que tu vois toujours quelqu’un qui pourrait entrer dans une impasse. Or pour ce que tu es, ça ne fait aucune différence, car « atteindre ce que tu es » ne veut rien dire. Donc, tout ce que ce pouvoir a fait était exactement ce que la conscience ou Dieu voulait qu’il fasse. On ne peut pas être induit en erreur. Et tant que tu es quelqu’un qui peut être induit en erreur…

- Veux-tu dire que tout ce qui sort du Soi n’a pas d’existence ?

C’est un reflet. Mais ce n’est pas le Soi. Et dans ce reflet, il y a des reflets infinis, des voies qui conduisent et des voies qui fourvoient. Aussi toute idée d’être induit en erreur a besoin de quelqu’un qui pourrait l'être. Et cette pensée première « moi » est déjà une fausseté en soi. Qu'elle dise : « Ceci me conduit » ou : « Ceci me fourvoie », les deux sont faux. Dès que jaillit cette pensée « je », le concept est là, et tout ce qui en sort induit en erreur. Il n’y aura jamais quelqu’un qui pourra être conduit dans le droit chemin. L’idée même de droit chemin crée le mauvais chemin.

- Alors, il n’y a ni bien ni mal. Tout est bien. Saint Paul a donc son rôle dans l’économie du Soi.

Dans le bouddhisme tibétain, ceux qui préservent la religion ou l’enseignement sont appelés les gardiens du Dharma. Et pour ça, on a besoin de techniques, de voies et de tout ce qui peut être accompli afin que ce monde puisse exister. C’est simplement un fonctionnement qui préserve ce monde. Il n’y a rien de vrai ou de faux là-dedans, là n'est pas la question. Pour qui cela devrait-il être vrai ou faux ? 

Tout ce que tu nommes, tu lui donnes vie. Si tu dis : « Illusion », cette illusion est là. Et tout ce que tu en feras la rendra réelle. Le simple fait de prononcer « illusion » la rend réelle. Il faut quelqu’un pour dire qu'une chose est une illusion, or ce quelqu'un est déjà une illusion. Celui qui se définit est une définition. Donc tout ce qui vient de la première définition, tout ce que quelqu’un dit ne fait aucune différence pour ce que tu es. Nommer quoi que ce soit ne peut pas faire de toi ce que tu es. Cette compréhension que le monde est une illusion va et vient, mais pas ce que tu es, et tu ne dépends pas de cette compréhension ou réalisation que tout ceci est un rêve. Quel que soit le nom que tu lui donnes. C’est juste un autre concept.

© Extrait publié avec l'aimable autorisation des Éditions Accarias L'Originel.

mardi 7 juillet 2015

• La suprême méditation - Rupert Spira



Voir d'autres vidéos sur la chaîne YuTube de Rupert Spira.

lundi 6 juillet 2015

• Respirons, simplement, au coeur de l'apparent paradoxe - Suyin Lamour


Il n'y a rien à faire... ou pas ?

Cette question revient souvent chez les chercheurs spirituels:


S’il n’y a pas d’individu aux commandes de l’organisme, si « personne ne fait rien », à quoi cela sert-il de faire des demandes ou des prières, et à quoi bon pratiquer pour s'éveiller ?


Observons ce qui est à l’origine de cette question. 


Y-a-il quelqu’un qui pose la question ? Y a-t-il une personne qui a compris qu’il n’y a personne et qui se demande si elle doit continuer ou pas à tendre vers un but, un idéal ? Cette phrase, par son absurdité, contient la réponse. 
Evidemment non.
Personne ne se pose cette question. 
Cette question est une pensée qui apparaît dans la conscience, produite par une croyance, un mécanisme neuronal. 
La croyance que puisqu’il n’y a personne aux commandes, alors il ne faut rien faire car on ne peut rien faire.
C’est une récupération subtile du mental.
Remontons un peu plus loin.
La pensée de faire une demande ou de pratiquer apparaît.
A sa source, un mouvement d’énergie, une vibration, la saveur de la liberté et de la connaissance qui répand son parfum depuis l’absolu et que l’organisme perçoit.
La pensée, miroir du système de croyance, la transforme en quête si cette vibration est filtrée par la croyance « je suis un individu séparé ».
Et s’il s’y rajoute la croyance « il n’y a personne aux commandes de l’organisme », cela donne : « je veux me libérer, ou améliorer ma vie, mais je ne peux rien faire ». Avec pour conséquence un sentiment d'absurdité ou de désespoir.
Pourtant, il est fréquent qu’une demande soit entendue, qu’une question posée à l’univers reçoive une réponse, qu’une guidance soit offerte au cœur qui prie sincèrement, qu’une pratique permette de franchir des caps ou ouvre des portes.
Alors qu’en est-il de l’utilité de la demande ou de la pratique ?
Qui pose la question de cette utilité ? Personne.
S’il est bien compris qu’il n’y a personne à l’origine de cette question, alors toute demande ou désir de réalisation peuvent être accueillis, s’exprimer librement, et attirer ainsi l’attention vers leur source. La conscience répond à la conscience.
Cela se fait naturellement dès qu’il n’y a aucune résistance à ce qui se manifeste.
Il n’y aucun problème avec les demandes ou avec les pratiques, ce ne sont pas des pensées ou des élans volontaires, personnels.
Il n’y a jamais rien de personnel.
L’idée de lâcher toute pratique ou demande ne l’est pas davantage.
Ce sont seulement des mécanismes à l’œuvre.
A l’origine de tout cela, la croyance « je suis un individu séparé ».
Du point de vue impersonnel, aucun problème avec cette croyance non plus. Personne n’en est responsable. Il n'y a personne en réalité qui croit à cette notion, à ce concept de séparation. C’est juste un programme qui a été installé dans le système neuronal de l’organisme.
Il n’y a rien à faire. C’est profondément vrai.
Mais si cela devient une croyance, cela a pour conséquence un blocage de l’énergie créatrice, et du processus d’éveil. 
Cela n’a pas à être cru. Cela ne peut être qu'une évidence qui découle de la vision impersonnelle. Et dans cette vision, tout ce qui doit se faire se fait sans volonté, et sans résistance à l’action.
En conséquence, tant que cette évidence n'est pas vécue, inutile de rajouter une souffrance à la quête en se croyant piégé dans un paradoxe. Personne n'est piégé. Il n'y a que des mouvements de vie qui s'expriment, des croyances qui créent des pensées et des états de perception. Respirons, simplement, au coeur de l'apparent paradoxe, et suivons le courant de la vie telle qu'elle s'exprime, sans chercher à comprendre ni à savoir ce qu'il faut faire ou pas...
Bienvenue sur le site de Suyin Lamour.
À lire : La joie d'être (Éditions AccariasL'Originel).

vendredi 3 juillet 2015

• La pensée de "l'éveil" est une imposture - Stephen Jourdain

PETIT LEXIQUE SPIRITUEL
à l'usage du chercheur inlassable




ÉVEIL

G. M. : L'éveil est devenu de nos jours le terme qui désigne le centre de toute quête spirituelle. Vous-même, vous ne cessez de tenter une description de cette autre rive de soi-même qu'est l'éveil. Malheureusement pour ceux qui restent du côté de la rive enténébrée, toute description ne fait que stagner la plupart du temps dans les eaux boueuses de la représentation intellectuelle. Ne pourra-t-on jamais définir ce mot ?

S. J. : Non bien sûr, mais on peut essayer d'approcher son sens de la façon la moins tendancieuse et la plus descriptive possible.

G. M. : Pour rester simple dans l'approche de ce mot éveil, ne pourrait-on pas dans un premier temps, parler de nos trois états de conscience : sommeil, veille, éveil en partant de ce que chacun connaît, c'est-à-dire la différence entre le sommeil et la veille pour faire ensuite la distinction entre la veille et l'éveil ?

S. J. : C'est vrai que l'analogie avec le sommeil nocturne et l'éveil matinal est très grande. Dans les deux cas, il y a retour à la conscience. C'est très clair.

Ce qui se produit lorsque l'on dort physiquement et que l'on s'éveille le matin en se dressant tout d'un coup dans son lit ressemble beaucoup à ce qui se passe lorsqu'un homme s'éveille alors qu'il ne dort plus, alors qu'il veille, du moins, croit veiller. Quelqu'un qui se souvient bien de ces éveils en sursaut de l'enfance attache une grande importance à ce moment du retour à la conscience, qui lui apparaît comme l'une des expériences les plus mystérieuses et les plus émouvantes qui soient. Le retour à la conscience de l'éveil matinal a pour base le sommeil et les rêves.

Mais l'éveil matinal n'est que la prémisse balbutiante de la véritable accession à la conscience, de "l'éveil", qui s'effectue à partir d'une toute autre base. Tout se passe comme s'il subsistait un résidu mystérieux de sommeil et de rêve dans la texture même de ce que nous considérons comme l'état vigilant. "L'éveil" dissout de façon fulgurante cette obscurité et cette hallucination résiduelles, il met fin à un sommeil métaphysique. "L'éveil" foudroie sur place un rêve qui s'épanchait dans ce grand sommeil qu'est l'état conscient habituel. L'analogie a des limites, mais il est vrai qu'elle est très grande, et surtout très utile pour se faire comprendre.

G. M. : Si cette analogie fonctionne bien, quelle est l'information préalable qui manque pour qu'elle fasse sens de façon plus décisive ?

S. J. : Il n'y a aucune pré-connaissance de "l'éveil", il n'y a pas d'avant-goût de "l'éveil". Quand "l'éveil"' jaillit, on réalise immédiatement que l'on ne savait préalablement rien sur la nature de "l'éveil". Admettons que quelqu'un cherche une telle chose, soudain il l'atteint : il comprend aussitôt qu'il cherchait une toute autre chose. "L'éveil" se révèle comme l'irruption d'un principe totalement neuf et inédit, dont la notion n'existe simplement pas dans l'état conscient habituel.

G. M. : On ne peut pas faire de description de l'éveil, on ne peut pas non plus s'en faire la moindre idée. Est-ce qu'on ne risque pas de faire un monument inaccessible de ce mot éveil tout comme pendant des siècles on a fait un monument indescriptible et inaccessible du mot Dieu. On dirait qu'avec ce mot à la mode - éveil -, on aurait tout simplement ravalé la vieille peinture du monument Dieu.

S. J. : C'est une très bonne remarque. Le danger majeur qui guette l'homme qui aura entendu parler d'un tel éveil est la conception perverse qu'il va s'en faire, le statut d'objet extérieur, et simplement d'objet, qu'il va lui conférer. "L'éveil"-objet est un néant profond. Le pire est que cet objet va acquérir rapidement un aspect monumental, la naïveté humaine incline vers le monumental. Sans s'en rendre compte, cet homme va glisser de l'erreur spirituelle, excusable, à la trahison spirituelle, et se mettre à adorer une abstraction, une entité. Objectiver "l'éveil", ce n'est pas une bonne façon de frapper à sa porte. Déifier "l'éveil", c'est prendre le risque de s'aliéner à jamais ses bonnes grâces.
"L'éveil" est sujet pur, moi pur. "L'éveil" n'est en aucune façon dissociable de moi. "L'éveil" jaillissant récuse comme hallucinatoire "l'éveil"-objet et "l'éveil"-lui.

G. M. : Qu'entendez-vous plus précisément par "l'éveil"-objet ?

S. J. : "L'éveil"-objet, c'est la pensée de "l'éveil". La pensée de "l'éveil" est une imposture, qui doit être dénoncée farouchement.

ÉVEIL=MOI

G. M. : Si je comprends bien, "l'éveil" reviendrait à dire "l'éveil c'est moi", mais en fait, ce moi n'est pas moi en tant qu'objet, ni même en tant qu'état, ce n'est même pas un événement non plus.

S. J. : La proposition sacrée, première, inscrite en lettres de feu dans ce miracle qu'est "l'éveil", est : Je suis personnellement cette conscience infinie, cette conscience infinie est moi. L'intuition de cette identité absolue de "l'éveil" et de moi est une même chose que "l'éveil".

Très curieusement cette proposition est souvent correctement formulée par des esprits à la fois ouverts et brûlants : "éveil" = moi, conscience infinie = moi. Mais rien ne se passe et on se demande alors : nom de Dieu, pourquoi cela ne marche-t-il pas ? Et la question est empreinte de rage, car "l'éveil" est une potentialité de tout esprit humain, et que le type qu'on a devant soi est à un cheveu de l'actualiser.

Si la proposition magique fait long feu, c'est qu'elle n'est correcte que formellement. Le mot "moi" est là, pas le sens "moi", ce qui est véritablement signifié est "lui" = un objet. Le mot sacré "moi" a été vidé de sa signification personnelle, et ceci n'est pas pieux, ni intelligent, ceci est un sacrilège stupide.

Il faudrait donc ajouter cette précision, "l'éveil" = moi, oui, mais moi c'est... MOI !

(En prononçant ce dernier "moi ", Stephen Jourdain pointe vigoureusement ses deux index en direction de sa poitrine.)


G. M. : En vous écoutant un autre mot me vient à l'esprit, c'est celui de conscience pure. Par rapport à cet "acte d'éveil", est-ce que la conscience pure n'est pas le point central de cet événement ?

S. J. : "L'éveil" est le surgissement de la conscience-moi infiniment consciente d'elle-même. "Eveil" c'est un bon mot, "l'éveil" cela chosifie et généralise dangereusement le sens du mot, mais il faut bien s'exprimer ! Je me console en me disant qu'au moins j'emploie ce substantif dans son sens propre, et non dans un quelconque fumeux sens figuré, où il ne resterait rien de la notion fondamentale de vigilance. "L'éveil" est un événement, la plus colossale et la plus décisive des révolutions que puisse connaître le "dedans" d'un homme, et il est également vrai que l'événement ici est datable... Impossible de ne pas tenir ce langage. Et en même temps, impossible de ne pas le désavouer aussitôt, de ne pas affirmer que "l'éveil" est un non- événement pur. Quand un chien se trouve devant une contradiction, il se gratte, moi je parle d'un non-événement majeur.

Conscience pure. Pure de quoi ? On pourrait se le demander. Mais l'épithète est juste. "Infinie", là c'est strictement descriptif, il y a dans cette conscience un infini qui n'a rien de théorique, un infini, aussi peu discutable que la présence du soleil dans le ciel d'août. "Un infini patent d'active conscience", je me cite. "Absolue" ? Je n'utilise ce terme que rarement, je le trouve lourd.

G. M. : Le mot de vigilance pourrait-il s'associer à celui d'éveil ?

S. J. : Les mots en français qui sont immédiatement adéquats à "l'éveil" sont en nombre extraordinairement restreint. Il y a conscience, vigilance, être, moi, valeur suprême, et puis basta ! Ecrire sur cette chose est une gageure, c'est comme essayer de composer une symphonie pour trois doigts. Vraiment difficile d'accomplir un acte littéraire avec cinq mots - mais on peut s'en sortir !

Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Antoni-L'Originel