vendredi 28 novembre 2014

• La Présence est un présent - Quentin Disneur


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mercredi 26 novembre 2014

• Retourner au centre de soi-même - Patrick Vigneau


Aujourd’hui, tous les milieux de la planète subissent l’impact de l’Homme. Certains écosystèmes sont complètement détruits par la pollution humaine.
Mais à l'heure où les forêts disparaissent, où les espèces disparaissent, où les nouvelles technologies envahissent la planète et où les problèmes environnementaux sont de plus en plus dramatiques, il existe encore en Inde, au Rajasthan, une communauté d’hommes et de femmes dont le mode de vie témoigne d’un amour et d’un respect absolus pour le monde dans lequel ils vivent. Cette communauté donne au monde une incomparable leçon d’existence en complète harmonie avec la nature. Les « Bishnoïs » ou Vishnoï sont les membres d’une communauté créée par Jambheshwar Bhagavan (1451 – 1536).

Les préceptes régissant la vie des Bishnoïs en Inde : Harmonie, compassion et dévotion sont les maîtres-mots de cette communauté écologiste régie par 29 principes fondamentaux édictés par le gourou en 1485 dans la ville de Mukam, principes auxquels ils ne dérogent pas.

Patrick Vigneau, d’abord professeur de math, vécut en Inde, fut initié au Kriya yoga puis devint sophrologue et thérapeute. Il créa l’Institut de Sophrologie transpersonnelle et le réseau de Maisons de Paix.
A  déjà publié aux éditions l'Originel Charles Antoni : Découvrir Krishnamurti, La joie d'être soi, Méditation du coeur, Le pouvoir des décisions.

© Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Charles Antoni-L'Originel :

Préface

De la bienveillance à la compassion, un chemin de vie.

À partir de la description de l’existence animiste et profondément simple des Bishnoïs, hindous du Rajasthan, état du nord de l’Inde, Patrick nous invite à traverser la frontière ténue qui sépare la bienveillance de la compassion. Toutes deux exemptes de profit, elles naissent et se nourrissent d’une disposition naturelle que nous avons tous et dont les Bishnoïs ont fait la règle de leur existence : l’ouverture du coeur. 29 règles régissent le quotidien des Bishnoïs.
Certaines concernent le côté matériel de la vie et d’autres le côté spirituel. Parmi ces dernières, même si une seule évoque explicitement la méditation, toutes revêtent un aspect méditatif.
Et c’est bien de méditation qu’il s’agit tout au long de ce livre, en particulier de méditation « Heartfulness » dont la traduction française pourrait s’approcher de plénitude du coeur. « Méditer signifie retourner au centre de soi-même, dans l’espace de paix qui existe au-delà des pensées. En cet espace, la compassion et la bienveillance vivent naturellement. »
La méditation et la compassion ont une valeur commune qui est la bienveillance naturelle envers l’autre et plus généralement envers tout ce qui vit autour de nous. De tout âge et de toute région, les différentes traditions ont enseigné et pratiqué la méditation. Quelles que soient les techniques ou postures enseignées, toutes visent à pacifier l’être dans une liaison pure et directe avec ce qui se trouve ici dans l’instant. Or ce qui se trouve ici dans l’instant se situe en amont et au-delà de toutes pensées, émotions et sensations corporelles dont nous sommes témoin à chaque instant.
Aujourd’hui, nous partons en quête de ces peuples heureux, tels les Bishnoïs, qui ont intégré la méditation et la bienveillance dans leur vie quotidienne, et dont les individus vivent plus longtemps que leurs frères humains des civilisations occidentales. Nous organisons des rassemblements oecuméniques de méditants de toute confession, et en vérifions in-situ les conséquences positives sur l’environnement et les populations voisines. Nous envisageons les bienfaits de la méditation dans les hôpitaux et de la bienveillance dans les entreprises.
Il s’est même récemment ouvert à Strasbourg un diplôme universitaire de « médecine, méditation et neurosciences ».
Il est aussi auspicieux de constater l’opiniâtreté de certains penseurs qui inlassablement témoignent de leur existence simple et qui placent les bienfaits de la bienveillance, par et avec la méditation, au-dessus de toute autre pratique. Patrick est l’un d’entre eux et ce livre simple d’accès pourra constituer une méthode de guérison réellement transposable dans notre quotidien.
Denis Capdeville

Les Bishnoïs

Selon de nombreux scientifiques, nous serions en train de vivre une nouvelle extinction de masse provoquée cette fois par l’activité humaine. Le taux actuel de disparition des espèces est le plus élevé jamais enregistré (plus de 17 000 espèces disparaissent chaque année, chiffre du CNRS). Une espèce de plantes sur huit est menacée d’extinction, un cinquième de toutes les espèces vivantes pourrait disparaître dans les 30 ans. Certains estiment que l’Homme va être à l’origine d’une crise biologique majeure.
Aujourd’hui, tous les milieux de la planète subissent l’impact de l’Homme. Certains écosystèmes sont complètement détruits par la pollution humaine.
Mais à l’heure où les forêts disparaissent, où les espèces disparaissent, où les nouvelles technologies envahissent la planète et où les problèmes environnementaux sont de plus en plus dramatiques, il existe encore en Inde, au Rajasthan, une communauté d’hommes et de femmes dont le mode de vie témoigne d’un amour et d’un respect absolus pour le monde dans lequel ils vivent. Cette communauté donne au monde une incomparable leçon d’existence en complète harmonie avec la nature. Les « Bishnoïs » ou Vishnoï sont les membres d’une communauté créée par Jambheshwar Bhagavan (1451 – 1536).
Il y a plus de cinq siècles, Djambo, un jeune paysan, refusait le saccage de son pays par les plus puissants. Il assistait aux déboisements des forêts, à la sécheresse, et aux chasses royales détruisant la faune. Le fossé se creusant entre les riches et les pauvres, il n’acceptait pas la situation qui se déroulait sous ses propres yeux. En 1485, il eut une vision apocalyptique, où l’Homme méprisant l’environnement creusait sa propre tombe. Il crée alors une communauté avec quelques vagabonds. Rapidement de nombreux individus, issus de plusieurs castes, adhèrent à ce mouvement spirituel.
La communauté dont la survie tient à 29 principes simples s’accroît. La ligne directrice étant le respect total de tous les hommes et de la nature. Ces principes, ou plutôt règles de conduite, ont été édictées pour la survie des humains et des animaux et des végétaux dans un milieu désertique, mais aussi pour la libération ou le salut de l’âme. Depuis le 15ème siècle, ce peuple aspire à vivre une vie en parfaite harmonie avec le monde animal et végétal, à promouvoir la défense des valeurs environnementales, la protection des animaux et des arbres, le rejet de toute forme de violence ainsi que la compassion pour tout ce qui vit.

« Aimez les animaux. N’abattez pas les arbres. Et vous ne connaîtrez pas l’adversité dans la vie. »
Jambheshwar

Considérant les animaux et les arbres comme les membres de leur famille, les Bishnoïs leur apportent soins et affection depuis plusieurs siècles.
Chaque famille plante régulièrement des arbres, n’utilise que le bois mort pour ses besoins, construit un réservoir pour conserver l’eau de pluie et dédie une part de sa récolte aux animaux qu’elle considère comme leurs enfants (antilopes, pigeons, gazelles…). Cette dernière action est très simple : il s’agit de réserver 1/10ème de la récolte céréalière pour l’alimentation de la faune locale. En effet, « protéger et nourrir » les animaux sauvages constitue une des principales règles de conduite de cette communauté. Les femmes Bishnoïs sont connues pour leur habitude d’allaiter les faons orphelins, tandis que beaucoup d’hommes sont morts pour avoir tenté de sauver les animaux des braconniers. Outre ces principes concernant l’environnement, les Bishnoïs réprouvent la violence et le mensonge,recommandent la probité et l’humilité en société ainsi que la pratique de la méditation. Ainsi les journées et les nuits sont placées sous le signe du respect de la vie et du silence. Cela peut laisser pensif : entre paradis sur terre et vie tribale, on se prend facilement à rêver d’un monde parfait, un monde où le lion vient boire avec la gazelle, où les hommes, animaux et végétaux vivent ensemble.
En effet, chaque jour les animaux viennent chercher nourriture et eau dans les villages, ils entrent librement dans les maisons de terre et de paille. En ce monde, hommes et femmes tendent au respect mutuel, il n’y a pas de castes et la non-violence s’applique dans tous les domaines de la vie.
Car les Bishnoïs considèrent les arbres verts et les animaux comme leurs égaux et ne peuvent attenter à leur vie. Un de leurs pèlerinages annuels à Khejarli a d’ailleurs pour objectif de ne jamais leur faire oublier que 363 membres de leur communauté, essentiellement des femmes, ont péri massacrées pour avoir tenté d’empêcher l’abattage d’arbres. L’histoire remonte à l’année 1730. Le maharadjah avait alors demandé à ses soldats d’abattre les plus beaux arbres de la région pour la construction de sa future forteresse. Ses hommes se rendirent sur les terres des Bishnoïs pour abattre des arbres : les Bishnoïs sortirent de leur village, et leur demandèrent de ne pas couper les arbres, expliquant que c’était contraire à leurs préceptes religieux. Le maharadjah confirma son ordre et les soldats se mirent à couper. Alors, une femme, Amrita Dévi, ainsi que ses filles et d’autres femmes, s’interposèrent pour leur interdire cet abattage, entourant chacune un arbre de leurs bras suivies aussitôt par hommes, vieillards, jeunes. Tous prirent un arbre à bras le corps ; et les soldats coupèrent, mutilèrent, sans distinction, les arbres et les Bishnoïs avec. 363 personnes furent massacrées sans sommation. Le maharadjah, ému, leur octroya alors un territoire réservé pour qu’ils puissent vivre selon leurs principes. Depuis, ce décret a été inclus dans la législation indienne. Il n’existe pas d’autre exemples dans l’histoire humaine où des êtres humains ont offert leur vie pour sauver celle d’arbres.
Les Bishnoïs, champions de l’autarcie, fabriquaient eux-mêmes quasiment tout le nécessaire. Comme les autres habitants du désert, ils ont appris à utiliser les végétaux à bon escient et avec parcimonie. Leur connaissance en botanique, associée à leur maîtrise de l’agriculture en zone aride, leur ont permis d’atteindre des niveaux de vie plus hauts que la moyenne, et jouir ainsi d’une belle prospérité que leur envient nombre de citadins. Il est clair que la préservation de l’environnement est la stratégie qui paye ! Voilà plus de cinq siècles que les Bishnoïs ne tuent plus d’animaux sur leurs terres. Leur rendre visite, c’est à peu près à coup sûr observer de près des cerfs, des biches, des antilopes, de nombreux oiseaux dépourvus de méfiance.

mercredi 19 novembre 2014

• Au plus profond de nous est une vigilance consciente de la Source - Shunyata


Emmanuel Sorensen, « Shûnyatâ » – nom initiatique qui lui fut donné par Râmana Mahârshi en 1940 –, est un homme libre,« l’un des rare né mystique » selon l’expression du Maharshi.
Avec fraîcheur et spontanéité, Shûnyatâ nous conte l’aventure que fut sa vie, depuis celle d’un enfant Viking contemplatif, d’un bienheureux jardinier, à enfin celle d’un ermite, dans une cabane himalayenne d’Almora durant quatre décennies. Vie de silence et de rencontres, dans la plénitude et la joie qui demeure. Vous allez lire ici la plus belle ode à la vraie vie et à la nature qui soit.
C’est l’histoire d’un homme libre de tout conditionnement mental, d’un homme hors du temps. Avec Shûnyatâ, nous sommes à la source de l’Être.
« Dès l’instant où le monde est connu pour n’être qu’un rêve, l’effort pour “devenir” fait place à l’éveil. Quand nous faisons l’expérience du Divin et réalisons notre Soi vivant, notre bavardage cesse et nous vivons tranquillement. » écrit-il.
Shûnyatâ… un être rare qui manifesta naturellement les fondements et préceptes mêmes de la non-dualité, et du tao, mais libres de toute théorie et de tout dogme, si justes soient-ils.
          Sa prose joyeuse et créatrice ne ressemble à nul autre pareil.
Au fil des pages, au fil des souvenirs qui montent tels des bulles, il se dégage quelque chose de lumineux, une « jubilation » mystique ; une sorte d’allégresse qu’il manifesta tout au long de son cheminement.


© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-l'Originel :

"Comment connaître autrui spirituellement et même psychiquement, au-delà du nom et de la forme ? Les ego se révèlent ou se trahissent eux-mêmes à travers leurs efforts, et leurs bouffonneries cessent alors de contenter. Quoi qu’il en soit, les ego ne peuvent partager dans une conscience unifiée. Effort et verbosité appartiennent à la conscience individualiste. Au mieux, les livres ne sont plus les coquilles vides de la sagesse, mais ne sont le plus souvent que l’étalage des sépultures de la conscience égotique. Ceci dit, ce peut être d’intéressants récits de « balbutiements » sur le chemin, mais rarement des révélateurs d’une expérience plus profonde de la simple, vivante Lucidité dans laquelle l’âme est silencieuse dans la nudité de la solitude. Parmi les livres, le plus satisfaisant est le livre mystique de la Nature qui nous enveloppe, et à chacun d’entre nous est présenté à la naissance un exemplaire unique de ce volume sacré relié d’un tissu vital [flesh-bound volume].
Si l’on est conscient de la véritable communion de l’interdépendance des harmonies jouant sans cesse au-dedans comme au-dehors de nous, alors le besoin de se projeter impatiemment hors de soi pour avoir la vision - vision obscurcie par les sédiments laissés par les désirs de l’ego, par les affirmations des « j’aime » et « je n’aime pas », ou par l’étalage des complexités de sa force -, alors ce besoin cesse de lui-même. Si l’on choisit de se plonger parmi les agitations bruyantes des ego, cela peut être utile pour le seul contraste avec le Silence, et aussi pour se tester soi-même s’il est toutefois possible de connaître là aussi le Silence.
Dans la lucidité unifiante établie et équilibrée de l’Immanence et de la Transcendance, de la Présence et de l’Être, l’ego cesse d’usurper. Dès l’instant où le monde est connu pour n’être qu’un rêve, l’effort pour « devenir » fait place à l’éveil. Quand nous faisons l’expérience du Divin et réalisons notre Soi vivant, notre bavardage cesse et nous vivons tranquillement. « Le temps viendra - et maintenant est - où nous vénèrerons le Divin, ni dans le temple ou dans les grottes, mais dans l’esprit et la vivante réalité » ; à savoir, dans le Silence de la grotte intérieure [guha]. Ni adoration ni culte de la parole, mais une chose sans prix qui ne s’obtient pas par l’effort - laquelle est pure, vivante Lucidité.
Au plus profond de nous est une vigilance consciente de la Source et du Destin, cette vigilance étant une pure réflexion de notre Être véritable. Demeurer conscient de cette Source et de cette Vie, alors que nous entreprenons notre pèlerinage à travers les jungles de l’ « émotionnalisme », les mirages de l’intellectualité, et la désertification des civilisations, impliquent que nous demeurions ouverts pour être guidés par la Lumière de l’intuition. Même quand nous trébuchons dans l’obscurité, égaré par la conscience divisée -, cette Lumière toujours nous guidera.
De l’Éden au Paradis - qui se fera à travers l’illusion temporelle -, nous trébuchons et errons, bien que toujours conduits par la lumière mystique qui brille dans les ténèbres. Alors que nous apprenons lentement à desserrer et à déployer nos ailes « intuitives », nous gagnons aussi de l’assurance en les utilisant avec lucidité. Le moment venu, nous réveillons et trouvons notre Soi dans l’Aube de l’Éternité, ici et maintenant. Nous oublions de nous Souvenir, mais nous nous Souvenons aussi d’oublier. La conscience de l’ego, c’est l’oubli du Soi. Le crépuscule de la Lucidité c’est le véritable Réveil de l’identité consciente avec le Soi « dans la Lumière qui jamais ne fut sur terre ou mer » [Wordsworth], mais qui est depuis toujours - même si la Lumière de notre Soleil et autres Astres solaires s’effaceront et disparaîtront.
Tranquillement, purement, et silencieusement, nous pouvons être présent à notre Soi même dans le jeu de l’ego et dans les voies imprévisibles de la shakti [shakti-antics], dans la Lumière de la mort et dans les ténèbres de « ce que nous appelons vie ». La Lumière mystique est intérieure, au-dedans de toutes choses et de tous changements ; c’est la véritable correspondance, la « relation » immédiate naturelle. L’esprit mûr n’est pas abusé par les ambitions de l’ego ni les sentimentalités douces-rosées, ni effrayé par la force de la domination ou par les tempêtes psychiques. Aussi se souvient-il de ra-ssembler [re-collect] ses purs souvenirs."

Vous pouvez également revisiter la page : Je suis le Silence

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Douglas Harding a profondément influencé la spiritualité contemporaine, et il est surtout célèbre pour avoir mis au point un ensemble d’expériences, d’outils pour transmettre l’éveil.  Grâce à cette manière nouvelle et originale de partager l’ouverture à notre vraie nature, celui-ci est devenu accessible, direct.
Connaissant très bien les traditions spirituelles de l’Orient et d’Occident, il savait en extraire  l’essentiel sous forme dense et frappante. La puissance de ses mots venait du fait qu’il parlait à partir de sa propre expérience de l’éveil inconditionné.
Cet abécédaire a pour projet de présenter la philosophie de Douglas Harding dans toute sa richesse et sa variété à partir de cette expérience : l’éveil vivant, connu directement.
La vision dont parle Douglas Harding est la réalisation que nous ne sommes pas le visage que nous voyons  dans le miroir, que nous ne sommes pas l’individu que nous croyons être. Il nous invite à prendre conscience de l’espace vide et conscient à partir duquel le monde est vu.
C’est simple, évident, et c’est le cœur vivant des plus grandes philosophies et des traditions spirituelles authentiques. Le message de Douglas Harding est celui dont le XXIe siècle a besoin, car si l’espèce humaine veut survivre, elle devra trouver une relation plus harmonieuse avec la nature ; or, la vacuité éveillée et universelle que nous sommes tous est le seul terrain apte à donner de tels fruits.
« Il est certain en tout cas que notre vie personnelle peut en être bouleversée dans des proportions incroyables, comme cela fut le cas pour ma propre vie et celles de milliers de personnes à travers le monde. » José Le Roy

© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-l'Originel : 

Liberté

Notre servitude ne vient pas de notre inaptitude à devenir libres, mais de notre inaptitude à voir que nous le sommes.

Seule la Source de tout, ne subissant aucune emprise, jouit d’un véritable libre arbitre. Et seuls les actes dictés, inspirés par Elle et ressentis comme tels ont ce parfum merveilleux d’originalité et de justesse qui n’appartient qu’à Elle.

Ici au Cœur même, à la Source de votre corps, se trouve la liberté absolue, pour la simple raison que (quelle habileté !) vous êtes totalement absent du Lieu où vous êtes totalement présent ! Une astuce garantie pour dérouter n’importe quel esclavagiste ! Bref, en tant que Ce Que vous êtes Là où vous êtes, vous êtes la liberté même.

La Libération n’est pas quelque chose à accomplir, mais le fait de voir que tout est déjà accompli. Vous n’avez pas besoin de devenir un homme meilleur, mais simplement de voir que là où vous croyiez qu’il y avait un homme, il n’y a rien que la Perfection Elle-même.

La vie à partir de Qui nous sommes est une vie de spontanéité. Il n’y a pas de règles établies, dictant ce que nous devons faire dans chaque occasion. Laissez l’occasion se produire, voyez qui vous êtes, et découvrez ce que vous allez faire.

Attention

La solution, c'est l'attention. L'attention au lieu de l'intention. Prêter attention à ce qui est au lieu de s'efforcer de tenir ce qui devrait être. Observez attentivement comment les choses sont déjà, sans essayer de les améliorer. Le fait est que l'attention totale est l'abandon, et l'abandon total est l’attention.

Pour réaliser cette vision, il s'agit simplement de faire pivoter la flèche de notre attention de 180°.

Les fruits de l’attention sont immédiats : les portes de la perception s’ouvrent et vous commencez à vivre dans un monde brillant et fascinant, un monde de formes, de sons, de couleurs, de goûts, d’odeurs et de textures dont vous aviez peut-être complètement oublié qu’il existait.

Pour vous évader de la prison de votre corps et échapper au désespoir futur (sinon actuel), cherchez en vous-même votre passe-partout appelé ATTENTION. Faites tourner cette clef à fond dans la serrure et laissez-vous tranquillement glisser au-dehors.

Le plus haut degré de l’attention, c’est lorsqu’elle se porte sur l’esprit lui-même, c’est la conscience de notre propre conscience. À l’extrême limite, c’est précisément l’Illumination.

mardi 30 septembre 2014

• Voir cela, c'est la libération - Armelle


L'invitation est toujours la même — regarder ensemble à notre expérience directe et découvrir que ce que nous sommes est à jamais libre, sans limite ni définition aucune. Il n'y a rien à rechercher, juste reconnaître ce qui est, avant l'émergence des pensées ou des perceptions. En regardant ensemble à tout ce qui émerge dans la conscience, et rediriger l'attention sur ce qui est toujours ici,  nous en venons à voir que nous sommes toujours ici — avant l'apparition de l'univers, avant l'émergence d'un "je"séparé. Nous sommes à jamais libre et intouché. Au travers de cette observation, toutes les croyances concernant ce que nous pensions être tombent et notre véritable nature — la pure conscience — est évidente et remplace l'idée d'être une personne dans le temps et l'espace. Voir cela, c'est la libération.

Ceci est une opportunité de poser des questions sincères et d'explorer toutes les croyances ou idées qui semblent nous rendre inconscientde ce que nous sommes.



Le site d'Armelle : Rencontre en Présence
Vidéos sur YuTube

mercredi 17 septembre 2014

• Le chaos et l'ivresse - Alain Brunache


Dans cette publication composée de textes courts à caractère méditatif, les mots au-delà des mots font résonner la profondeur du lecteur.
Omniprésente, l’âme de la non-dualité jaillit, tant dans son expression contemporaine que dans l’esprit traditionnel de l’Advaïta Vedanta.

La première image que je garde d’Alain est celle d’un percussionniste littéralement habité, en communion avec ses tambours que son jeu transmuait en véhicule de transe. Puis, en visitant une maison qu’il avait magnifiquement refaite de ses mains, j’ai été touché de ses qualités d’artisan, de son goût, de sa patience et de son courage au labeur.
Et voilà qu’il utilise maintenant les mots pour exprimer cet essentiel qu’il appelle depuis longtemps. Ses mots sont simples, ils témoignent d’une profondeur qui ne lui appartient pas et peuvent, à ce titre, faire frémir la profondeur en chacun. Et surtout – le plus important à mes yeux - ils sont tolérants. Ni rigidité dans la tradition ni exaltation d’une approche ou d’une autre, pas de crispation sur une posture présentée comme finale et obligatoire sous peine d’”erreur”. Ce sont des paroles d’honnête homme capable d’une rafraichissante innocence.

Gilles Farcet
  
© Extrait de l’ouvrage publié avec l'aimable accord des Éditions A.L.T.E.S.S.


Options

Maintenant, l’une ou l’autre des deux options suivantes opère en moi :
Soit l'inquiétude se hisse sur le trône, élaborant dans l’agitation un scénario sombre ou rose, tout aussi imaginaires l'un que l'autre. 
Soit je tombe dans « ce qui est » et ivre de Dieu, je jouis d'une infinie insouciance.

Maintenant

Quand l'objectif se dissipe, la disponibilité apparaît...

Polémique

Expérience immédiate, voie progressive,
Dieu extérieur, unité intérieure,
Intérêt ou pas pour la dimension psychologique,
Maître, pas de maître,
Pratique, non-pratique,
Faire, non-faire,
Approche intellectuelle ou expérientielle,
Voie de connaissance, d’action, dévotionnelle…

Les polémiques et guerres d'écoles ont toujours lieu au niveau des systèmes de représentations (façon personnelle de concevoir et ressentir les choses).
Chacun est investi d'un système de représentations unique.
Ce dernier est précieux. Il fait résonner la profondeur, donne une structure et participe à l’ouverture sur l'infini.
Cependant, la plupart du temps, j'ai tendance à faire une vérité de la forme spécifique de mes représentations et une confusion, une association non pertinente opère entre ma vision singulière du monde et le sentiment d'unité qui m'habite.
Quand l'unité que je vois en l'autre est première à ma perception de ses représentations, toute polémique tombe.
Je peux alors pleinement jouir de la fraternité, la bienveillance et l'amour qui emplissent mon cœur...


Absolue perfection

Vous êtes un pur joyau.
Vous êtes un pur joyau et vous en doutez.

C’est normal.
Ne vous a-t-on pas dit que vous deviez vous surpasser
pour mériter votre valeur ?

Réfléchissons…
Un diamant a-t-il un quelconque effort à faire
pour valoir ce qu'il vaut ?

Il en est de même pour vous.
Accordez-vous le droit d'être simplement ce que vous êtes,
et derrière vos apparentes disgrâces,
dans un grand soulagement,
vous constaterez votre absolue perfection.


Empathie

Quand il vous est donné de tolérer la présence de votre souffrance, celle-ci vous enseigne l'empathie et la compassion.


Deux mondes

Deux mondes coexistent en moi, cohabitent…

Dans le premier,
les événements sont les effets de causes,
Ils se déroulent dans le temps dont l'existence est une évidence.
Dans le second,
Il n’est qu’un événement, celui qui se donne à goûter maintenant,
Et ne reste du temps qu'un point immédiat, éternel...

Dans le premier,
La réalité de la distance qui sépare les choses ne fait aucun doute.
Dans le second,
Il n'est nul ailleurs que l'endroit du sujet qui perçoit.

Dans le premier,
L'existence de l'autre, distinct, est certitude.
Dans le second,
Rien n'est autre que "je suis".

Dans le premier,
Le danger est une menace réelle, concrète, dont je dois me protéger.
Dans le second,
La confiance "est".


Le doigt de Dieu

Le mental est le doigt de Dieu qui m’écarte de la source pour parfaire ma soif.


Jeu (à faire ou à ne pas faire)
« Ce qui voit »

Dans un état d'esprit ou vous tentez d'oublier tout ce que vous savez, prenez un temps pour vous poser et laisser choir vos préoccupations du moment…

Puis, posez votre attention sur un objet à proximité de vous.
Soyez transparent à sa présence, c’est-à-dire, laissez le venir à vous sans lui attribuer son nom connu ni poser un jugement à son égard.

Accordez-lui le droit d'être ce qu'il est comme si vous ne saviez rien à son sujet et étiez doté d'une totale bienveillance face à l'inconnu qu'il représente.
Laissez-vous toucher...

Expérimentez maintenant avec un autre objet cette même disponibilité de cœur qui n'attribue aucune représentation.
Laissez-vous toucher...

Enfin, tournez votre attention vers ce, qui en vous, perçoit ces objet et laissez-vous ressentir...


Vertige

Et si, tout de suite, je désinvestissais mes attentes et me laissais tomber en vertige et en confiance...


Amoureuse


Ne vous inquiétez pas.
Au-delà d'apparences souvent trompeuses, tout, absolument tout ce qui vous arrive est sous-tendu par une bienveillance amoureuse, vous invitant, jusque dans ses moindres frémissements, à vous retrouver chez vous.


Le temps

Mon cœur en est le maître…

Quand la crainte me prend,
Passé et futur apparaissent,
Avec une saisissante réalité.

Quand je tombe en confiance,
Le temps disparait,
Et j'habite une gratitude,
Sans commencement ni fin.


Tendresse


Quand la tendresse se lève à l'égard de ce que je suis. Quand je ne résiste plus à mes imperfections, à mes insuffisances, mon cœur devient léger et un insoupçonnable élan d'accueil laisse l'autre me pénétrer. Débordant d'amour, je disparais alors dans la volupté d'une infinie perméabilité.


Visiter le site L'Aventure Non-Duelle d'Alain Brunache, ainsi que son blog.

mardi 16 septembre 2014

• Petits cailloux sur le chemin - François Malespine



Qu’est-ce qu’un chemin spirituel ? C’est ce qui transforme le caillou dans la chaussure en caillou du Petit Poucet. Encore faut-il voir, et reconnaître que nous nous sommes perdus. Encore faut-il découvrir que le caillou dans la chaussure et le caillou du Petit Poucet sont un unique et même caillou.
Question de regard.De ce changement de regard radical dépend que notre vie devienne d’instant en instant, telle qu’elle est, la grâce par laquelle nous pouvons sortir de l’addiction à la sensation moi, origine de tant de souffrances, pour nous-mêmes et le monde. Ce chemin n’est pas un chemin de frustration, pas plus qu’il n’est une recherche effrénée de sensations nouvelles et de bonheurs consommables. C’est un regard toujours plus profond sur l’intériorité, une connaissance qui nous fait perdre une à une toutes les images que nous avons de nous-mêmes, toutes nos croyances et nos savoirs, pour nous faire toucher à ce que nous sommes vraiment.Ce livre parle du cheminement spirituel, des pas sur la route, de certains paysages rencontrés. Il n’est pas le témoignage d’un sage ou d’un éveillé, mais celui d’un pèlerin en chemin, comme tout être en ce monde, vers l’Origine qu’il Est.
François Malespine grandit dans une famille d’artistes-peintres. Après les Beaux-Arts il se forme au tissage artisanal. Il effectue ensuite deux voyages en Inde. Puis il enseigne les arts en collège et en lycée, et expose en France et aux Etats-Unis. Actuellement il exerce son métier de peintre dans le Sud-Ouest.
Voici le 4e livre de François Malespine aux Editions L’Originel, après Mal d’égo, Bonheur d’êtrePratique de l’éveil ordinaire, et Voir.


Avant-Propos et extrait de l'ouvrage publié avec l'aimable accord des Éditions Charles Antoni - L'Originel


Avant-propos


Plus les années passent, plus je trouve que la vie est belle et heureuse - ce qui ne fut pas toujours le cas. Belle et heureuse selon qui, en nous, la vit, il serait même plus juste de dire selon quoi, en nous, la vit.

Je n’ai pas trouvé de baguette magique, sinon au cœur de mon cœur. Et ce changement de vision rend au monde, ici et maintenant, d’instant en instant, son vrai visage, sa vraie lumière.

Aujourd’hui, à quelques exceptions remarquables près, les chansons, le cinéma, l’art en général, aiment à exprimer le morbide ou le sadique, et plus généralement la culture du moi dans l’excrétion d’un psychisme douloureux. Si c’est regrettable, c’est surtout le signe d’une perte de transmission d’une connaissance qui a traversé toutes les cultures à un moment ou à un autre, avec dans toutes, des témoins qui font naître en nous la nostalgie de ce que nous sommes et dont nous nous sommes coupés.

Aussi, dans ce livre comme dans les autres, je veux affirmer que c’est vrai : le chemin spirituel n’a rien d’une croyance, il est vérification instant après instant, au cœur d’une vision claire, sans rêve, les deux pieds dans l’ici et maintenant. Il fut un temps où je rêvais sur l’éveil, aujourd’hui je veux partager la beauté de la route. Je ne rêve plus. Quand cela se produira-t-il ? Cela ne m’intéresse absolument pas. Être présent au réel, à la vie telle qu’elle m’est donnée, la laisser dissoudre cette curieuse sensation moi, close sur elle-même, voilà ce que je veux partager avec vous. Car cette sensation, nous l’avons tous en commun, quelle que soit notre race, notre âge, notre situation sociale, nos centres d’intérêt. Enquêter sur elle c’est découvrir le chemin, le but, et voir la cause de la souffrance du monde depuis son commencement. Aucune inquiétude, cela ne remet pas en cause cette vie que nous aimons. Simplement cela la rend à elle-même dans sa résonance divine.

Ici pas de rêves, pas de demain, plus tard, tout se joue dans l’instant, tel qu’il apparaît.



Le chemin

  
Qu’est-ce qu’un chemin spirituel ?

C’est ce qui transforme le caillou dans la chaussure en cailloux du Petit Poucet. Encore faut-il voir et reconnaître que nous nous sommes perdus. Encore faut-il découvrir que le caillou dans la chaussure et celui du Petit Poucet sont un unique et même caillou.
Question de regard.

L’Amour et le chemin

Mon cœur est devenu capable d’accueillir toute forme.

Il est pâturage pour gazelles
Et abbaye pour moines !

Il est un temple pour idoles
Et la Ka’ba pour qui en fait le tour,
Il est les tables de la Thora
Et aussi les feuillets du Coran !

La religion que je professe
Est celle de l’Amour.
Partout où ses montures se tournent
L’amour est ma religion et ma foi.

Ibn Arabi

Un chemin authentique comporte en son centre immobile une qualité : l’Amour. 

Ce mot est souvent un vrai fourre-tout. Il va du : « j’aime le jambon et la saucisse, j’aime le jambon quand il est bon, mais je préfère le lait de ma nourrice … » de la chanson, au je t’aime transi des relations amoureuses, jusqu’au :

« A travers l’amour, J’ai atteint un lieu
Où nulle trace d’amour ne subsiste,
Où Je et Nous et le tableau de l’existence
Ont été oubliés et mis de côté. »

Dont témoigne  Soufi Javad Nurbakhsh 1926-2008.

Ainsi soufi Javad Nurbakhsh comme Ibn Arabi nous parlent d’un Amour que nous ne connaissons pas, un Amour au cœur duquel moi a totalement disparu, où « je et nous et le tableau de l’existence ont été oubliés et mis de côté » afin qu’il ne reste qu’une seule chose : l’état d’Amour. Et lorsque cet état est atteint, « nulle trace d’amour ne subsiste ». Car pour qu’une trace d’Amour subsiste il faut qu’il y ait quelqu’un pour dire : «  j’aime ».

L’amour tel que nous le connaissons est toujours amour d’un objet, que ce soit une magnifique voiture, un collier de perle, une œuvre, un homme ou une femme. Comment cela se fait-il ? Simplement parce que cet amour prend sa source dans le j’aime, je n’aime pas de chacun. Ce j’aime, je n’aime pas, est le fruit de toutes sortes d’influences et d’une certaine façon d’avoir pris chaque événement survenu depuis notre  naissance.

Comment passer de cet amour égocentré à l’état d’Amour ? Quel outil avons-nous à notre disposition ?

Celui-là-même qui nous en sépare : notre amour égocentré.

Si nous le voulons il peut devenir un chemin, car il est un miroir dans lequel nous pouvons nous voir, apprendre à nous connaître, et voyant ce que nous sommes, apprendre à voir, à comprendre, et à aimer l’autre tel qu’il est. Nous ne sommes pas victime de ce fonctionnement égocentré, nous en sommes l’auteur, la cause. C’est nous qui fermons les yeux. Il n’y a là aucune malédiction. Mais à force d’avancer en aveugle, de nous cogner, de tout renverser sur notre passage, de nous blesser et de blesser, un jour nous ouvrons un peu les yeux et découvrons ce que nous sommes. Nous voyons que ce n’est pas en rêvant d’aimer que nous aimons, mais en voyant la nature et la source de ce que nous appelons aujourd’hui aimer, qu’un chemin vers aimer prend forme.

Lorsqu’on écoute ou lit des sages, nous comprenons que l’Amour dont ils parlent est à l’antipode du nôtre. Pour nous, aimer est une acquisition, un avoir, même s’il s’agit d’un être humain. L’Amour dont les sages témoignent est simplement la manifestation de la disparition en eux de ce qui, en nous, dit : moi.

Certains maîtres hésitent même à utiliser le mot Amour. Ainsi maître Eckhart, que nous retrouverons souvent dans ce livre, nous dit ; 

« [...] je loue le détachement plus que l’amour parce que l’amour me force à souffrir toutes choses pour Dieu,       alors que le détachement me porte à n’être accessible qu’à Dieu. Or que le détachement ne soit accessible qu’à Dieu, je le prouve ainsi : ce qui doit être accueilli doit être                accueilli dans quelque chose. Or le détachement est si proche du néant que rien n’est assez subtil pour trouver place dans le détachement, sinon Dieu seul. »

Et Amma, dont la renommée aujourd’hui n’est plus à faire, tout en utilisant le mot Amour, en donne une telle définition que notre façon d’aimer a bien du mal à s’y reconnaître !

« Quand l’amour devient l’Amour Divin, la compassion emplit elle aussi le cœur. L’amour est un sentiment intérieur et la compassion est la manifestation de votre intérêt sincère, venant du coeur, envers quelqu’un, un être humain qui souffre. Il y a amour et Amour. Vous aimez votre famille mais n’aimez pas votre voisin. Vous aimez votre fils ou votre fille, mais vous n’aimez pas tous les enfants. Vous aimez votre père et votre mère, mais n’aimez pas les autres de la même façon. Vous aimez votre religion, mais n’aimez pas toutes les religions. Il se peut même que vous éprouviez de l’aversion envers les adeptes d’autres croyances. De même, vous aimez votre pays mais pas tous les pays et peut-être avez-vous de l’animosité envers d’autres peuples. Il ne s’agit donc pas d’un amour véritable. Ce n’est qu’un amour limité. La transformation de cet amour limité en Amour Divin est le but de la spiritualité. C’est dans la plénitude de l’Amour que s’épanouit la fleur merveilleuse et parfumée de la compassion.

Quand les entraves disparaissent - l’ego, la peur, le sentiment de la différence - vous ne pouvez qu’aimer et cet amour-là n’attend rien en retour. Vous ne vous préoccupez pas de recevoir quoi que ce soit, vous allez simplement avec le flot. Quiconque entre dans le fleuve d’Amour est baigné par ses eaux, qu’il s’agisse d’une personne en bonne santé ou d’un malade, d’un homme ou d’une femme, d’un riche ou d’un pauvre. Chacun peut y plonger autant de fois qu’il le désire. Que quelqu’un se baigne dans ses eaux ou non ne fait pour le fleuve d’Amour aucune différence. Qu’on le critique ou le maltraite, il n’y prête aucune attention, il se contente de couler. Quand cet Amour déborde et s’exprime à travers chaque parole et chaque acte, il est appelé compassion. C’est le but de la religion. Un être plein d’amour et de compassion a réalisé les véritables principes religieux.

Une personne compatissante ne voit pas les défauts d’autrui. Elle ne voit pas les faiblesses des gens. Elle ne fait pas de distinction entre bons et mauvais. Un être plein d’amour et de compassion ne peut pas tracer une frontière entre deux pays, deux croyances ou deux religions. Il n’a pas d’ego, donc pas de peur, de convoitise ou de passion ; il pardonne et oublie, c’est tout. La compassion est comme un passage. Tout le traverse. Rien ne peut y rester, car là où existent l’amour et la compassion véritables, il ne peut y avoir d’attachement. La compassion est l’Amour exprimé dans toute sa plénitude.  Voir et sentir la vie en toute chose, c’est cela l’Amour. Quand l’Amour remplit le coeur, on voit la vie vibrer dans et à travers l’ensemble de la création.

« La vie est Amour »  - c’est la leçon qu’enseigne la religion. La vie est ici. La vie est partout. Il n’y a que la vie. Donc, l’Amour, lui aussi, est partout. Là où il y a la vie, il y a l’Amour et vice-versa. La vie et l’Amour ne sont pas deux, ils sont un. Mais on continue d’ignorer leur unité jusqu’à ce qu’on parvienne à la réalisation.    

D’ici là, la séparation entre le cœur et l’intellect persiste. L’intellect seul ne suffit pas. Pour atteindre la perfection, la plénitude de la vie, il faut un coeur empli d’amour et de compassion. La connaissance de cette vérité est le seul but de la religion et des pratiques religieuses. Nous vivons une époque dominée par l’intellect et la raison, une époque scientifique. Nous avons oublié les sentiments fragiles du cœur. L’expression usuelle, commune au monde entier est : « Je suis tombé amoureux. » Oui, nous sommes « tombés » dans un amour enraciné dans l’égoïsme et le matérialisme. Nous sommes incapables de nous élever et de nous éveiller dans l’amour. Si nous devons tomber, que ce soit de la tête vers le cœur. La religion nous propose de nous élever dans l’Amour. »

Amma

Maître Eckhart nous dit :

« Or le détachement est si proche du néant que rien n’est assez subtil pour trouver place dans le détachement, sinon Dieu seul. »

Et Amma :

« Quand l’amour devient l’Amour Divin [...] Rien ne peut y rester, car là où existent l’Amour et la compassion véritables, il ne peut y avoir d’attachement »

Si nous sommes honnêtes, nous reconnaissons que nous avons toutes sortes de bonnes raisons de ne pas aimer. Certains êtres ne sont pas, à nos yeux, aimables. Certains êtres ne sont même pas dignes d’être entendus. Donnez un texte de droite à un homme de gauche, et vice versa, bien peu le liront jusqu’au bout. Observez l’assemblée nationale et vous comprendrez le bourbier duquel nous devons chacun, chacune, sortir, si nous voulons un monde fondé sur l’Amour

Si nous n’aimons pas, c’est toujours la faute de l’autre. Certaines situations sont particulièrement propices à cette prise de conscience. La vie en couple est un merveilleux creuset pour le découvrir. Pourtant certains êtres basculent un jour, souvent dans des conditions tragiques, dans un tout autre vécu. Ainsi Etty Hillesum écrit  en camp de déportation :

« […] Mais pour ma part, je ne cesse de faire cette expérience intérieure : il n’existe aucun lien de causalité entre le comportement des gens et l’amour qu’on éprouve pour eux. »

Comment nous situons-nous en recevant un tel message : nous laissons-nous une nouvelle fois baigner dans un éblouissement facile : « Quelle merveille !!! »
Ou cette phrase nous met-elle dans la vision de ce que nous sommes et simultanément dans l’espérance inouïe qu’elle peut devenir notre vécu ?

Se grave-t-elle en nous de façon indélébile, nous mettant dans l’incapacité de nous faire prendre à nouveau par un mental qui adore s’éblouir afin de ne pas se voir quand c’est à son tour de tenter de vivre cela.

Chacun trouve que l’autre ne l’aime pas et en souffre, très peu souffrent véritablement de ne pas être capables d’aimer.
La recherche spirituelle se situe hors de la notion de cause et d’effet, en démasquant l’irréalité de ce qui ne peut exister que par la notion de cause et d’effet. Et cette mise en question de la notion de cause et d’effet survient en grande partie à partir du désir de voir la souffrance cesser, pour soi d’abord, et un jour, pour l’autre aussi. La recherche spirituelle met en question de façon radicale, non la vie sous ses différentes formes et expressions, mais la vie vécue à partir de la sensation moi.

L’Amour, lui aussi, se situe hors de la notion de cause et d’effet car le véritable Amour participe de la nature de l’Être, Je suis. Il est sans relation. Simple fleuve comme dit Amma, dans lequel nous pouvons ou non entrer. Encore faut-il voir de quoi il s’agit. Voir est la nature de la Conscience, du fait d’être. Voir c’est entrer en Conscience.

Ainsi l’Amour est-t-il bien loin du « je t’aime » de la femme ou de l’homme amoureux. En avoir ne serait-ce que l’intuition est le résultat d’un vrai chemin. Or un vrai chemin est fondé sur la sincérité.

Auprès d’Amma nous disons tous avec ferveur :

« Om LoKah Samastah Sukhino Bhavantu »

Ce qui signifie :

« Puissent tous les êtres être heureux »

Mais lorsque nous disons cela, sommes-nous sincères ?