vendredi 31 décembre 2010

samedi 25 décembre 2010

• La conscience éveillée




Joyeuses fêtes de fin d’année, à toutes et à tous !

Que l’énergie de l’Éveil, personnelle ou impersonnelle, duelle ou non-duelle (car telle n’est pas la question !), au-delà de tous concepts, resplendisse en chacun de nous.

Ce que j'appelle Unicité n'est pas unité ou absence de dualité mais vision du un et du deux exactement au même instant.


≈≈≈≈≈≈≈

En cette jounée de Noël, je voudrais partager avec vous le symbolisme de la crèche, raconté par un ami.

Comme vous le savez sûrement, le Christ est sensé reposer dans une “mangeoire” et non à même le sol au centre de l’étable, comme on le voit parfois, à tord. Et comme vous le savez également, il repose entre deux animaux figuratifs : l’âne et le boeuf.
L’âne représente l’ignorance fondamentale, ce que les bouddhistes appellent la non-reconnaissance de sa nature fondamentale, ou nature-de-bouddha. Rappelez-vous le “bonnet d’âne” que l’on mettait sur la tête des enfants au piquet, lorsqu’il ne savaient pas leur leçon !
Quand au boeuf, il représente l’esprit conceptuel, le mental ou la dimension ressassante et ruminante de la conscience.
Ainsi, lorsque la “conscience éveillée” est présente (le Christ, le Soi, la Présence), l’âne (l’ignorance) et le boeuf (la discursivité mentale) ne peuvent plus venir “s’alimenter” !
Le 25 décembre représente, symboliquement, la re-co-naissance de notre condition originelle. Mais en réalité, celle-ci se célèbre tous les jours de l’année, à chaque instant !

vendredi 24 décembre 2010

• Soyez sans vous quitter - Ramana Maharshi


Akhilandamma est née en 1871 non loin de Tiruvannamalai. Mariée à l'âge de cinq ans, comme le prescrit la tradition, elle aurait dû quitter son domicile à la puberté pour vivre chez son mari. Ce dernier est décédé alors qu'elle n'avait que sept ans et les circonstances sociales en vigueur à cette époque faisaient qu'il lui était impossible de se remarier. Quand elle eut grandi, elle décida donc de vouer sa vie au service des sadhu. Elle a rencontré Bhagavan [nom qu'utilisent les disciples de Ramana Maharshi pour le désigner et qui signifie : béni, saint ou seigneur] pour la première fois en 1896. A partir de 1903, elle lui rendait visite fréquemment et lui apportait régulièrement de la nourriture sous forme de prasad [offrande à un temple ou à une divinité dont une portion est rendue à la personne qui l'a apportée] que Bhagavan acceptait avec grâce.

" Un jour, alors qu'il était à Skandashram [un petit ashram construit sur la colline sacrée Arunachala où vécut Ramana Maharshi de 1916 à 1922], je suis montée sur la colline avec toute la nourriture nécessaire à la bhiksha [nourriture servant d'offrande pour tous ceux présents]. Ne voyant pas Bhagavan je demandai à Akhanadanandar, également connu sous le nom d'Appadurai Swami, où se trouvait Bhagavan.

Il me répondit : " Aujourd'hui c'est le jour où l'on rase Bhagavan. Donc, attendez s'il vous plaît. "

Il ajouta que comme c'était la pleine lune, il était de bon augure de demander une upadesha [enseignement verbal] à une grande âme, avant de faire la suggestion suivante : " Quand Bhagavan viendra, veuillez lui demander de vous transmettre quelque upadesha de ses gracieuses paroles. "

Par nature, je n'ai pas plus tendance à nourrir le désir de faire une telle requête qu'à en être capable. Voir Bhagavan, penser à lui et le servir suffisaient largement à mon bonheur. De plus, n'ayant reçu aucune instruction, je ne me sentais pas qualifiée pour lui demander quoi que ce soit. Quand bien même je lui poserais une question, je ressentais de l'appréhension quant à ma capacité à comprendre sa réponse. Cependant, pour une raison ou une autre, ce jour-là, j'eus envie de donner suite à ce que m'avait suggéré Akhanadanandar.

Une fois rasé, Bhagavan vint s'asseoir auprès de nous. Il n'avait pas encore pris son bain.

Pendant qu'il était assis là, je m'approchai de lui, m'inclinai, me relevai et m‘adressai à lui : " Bhagavan, ayez l'obligeance de me dire quelque chose. "

Bhagavan me fixa du regard et demanda : " De quoi dois-je vous parler ? "

J'était à la fois perplexe et déconcertée. Un mélange de peur et de dévotion ajoutées à l'enthousiasme d'entendre les gracieuses paroles de Bhagavan m'envahit, me rendant incapable de parler. Je restais là debout complètement muette.

Bhagavan comprit mon embarras. Personne ne peut lui cacher quoi que ce soit. D'un simple regard, il peut comprendre l'état d'esprit de quiconque s'approche de lui.

Dans le cas présent, il me regarda gracieusement et dit : " Soyez sans vous quitter ".

Je ne compris pas le sens de cette upadesha de haut niveau et je n'avais pas la moindre idée de la façon dont elle se pratique, mais dès que les mots quittèrent la bouche de Bhagavan, je ressentis une immense satisfaction et une effusion sans pareil dans mon esprit. Ces mots de grâce s'élevèrent en moi tels le flux des marées. Le sentiment qu'ils produisirent me donna une joie indescriptible. Je me tins là enchantée de l'impression qu'avait amenée cette seule phrase. Encore aujourd'hui, le son de cette upadesha résonne dans mes oreilles et m'envahit d'une paix immense. Est-il jamais possible de décrire la grâce de Bhagavan ?

Qu'est-ce qui a été dit ? Comment être sans me quitter moi-même ? En quoi consiste l'état de quitter ? Que signifie " moi-même " ? Laissons aux enseignants spirituels, aux vedantins, le soin d'expliquer toutes ces choses. En ce qui me concerne, elles sont incompréhensibles. De plus, je n'ai aucun désir de les saisir. Le bonheur que l'on peut atteindre non seulement en comprenant cette phrase, mais aussi en la mettant en pratique, ce même bonheur, Bhagavan me l'a donné au moment même où les mots sortaient de sa bouche. Il ne me fut pas nécessaire de les appréhender parce que je fis immédiatement l'expérience de l'état vers lequel pointaient les mots sans même en comprendre le sens. Cette expérience immédiate, cette parfaite satisfaction, furent pour moi le fruit de cette upadesha. J'ai été en mesure de comprendre à travers cette expérience qu'en la présence bienveillante de Bhagavan, une seule gracieuse expression peut produire à la fois le fruit et l'accomplissement de toutes les pratiques spirituelles comme shravana [entendre], manana [penser ou réfléchir] and nididhyasana [contempler ou demeurer].

Après avoir donné cette instruction Bhagavan resta assis là pendant très longtemps ; je demeurai également debout devant lui. Cela me paraissait avoir une grande signification. Laquelle est, qu'après avoir donné l'upadesha à travers les mots : " Soyez sans vous quitter ", Bhagavan donna une illustration pratique de comment faire en demeurant lui-même dans cet état. "

Vu sur l'excellent site InnerQuest, qui recèle encore bien d'autres merveilles...
Un détour incontournable :  Un Océan de Nectar

mercredi 22 décembre 2010

mardi 21 décembre 2010

• Tout ceci est expression divine - Tony Parsons


JE NE SUIS PAS
Je ne suis pas... l'histoire de ma vie, le mental, le corps, les sentiments, les expériences de douleur ou de plaisir, de combats, de succès ou d'échecs. Je ne suis pas la solitude, la tranquillité, la frustration ou la compassion. Je ne suis même pas ce que je pense être mon objectif, ce que je pense être la recherche, la découverte, ou tout ce que l'on peut appeler une expérience spirituelle.
A défaut de savoir ce que je suis, je sacralise ces expériences, en prends possession et leur confère une signification considérable. Je m'imagine qu'elles signifient quelque chose qui, une fois compris, me fournira des réponses et des formules. Mais ces expériences ne sont que la conscience qui tour à tour se cache et se révèle dans le but d'être reconnue. Quand je sais "qui" je suis, je découvre que je ne suis pas l'existence ; je suis la présence qui permet  à l'existence d'être. L'existence fleurit en cette présence ou au contraire me renvoie mon sentiment de séparation.

JE SUIS
Je suis... l'expression du divin exactement tel que je suis, ici même, en cet instant. Vous êtes l'expression du divin exactement tel que vous êtes, ici même, en cet instant. Tout ceci est expression divine, exactement tel quel, ici même et en l'instant. Rien, absolument rien, n'a besoin d'être ajouté ou retiré. Rien n'est plus valable ou sacré qu' autre chose. Aucune condition n'a besoin d'être remplie. L'infini n'est pas quelque part attendant que nous nous en rendions dignes.
Je n'ai pas à faire l'expérience de "la nuit obscure de l'âme", ni à m'abandonner, me purifier ou me soumettre à quelque changement ou processus que ce soit. Comment le moi illusoire, séparé, pourrait-il s'engager dans une pratique quelconque destinée à lui révéler qu'il est illusoire ?
Je n'ai pas besoin d'être sérieux, honnête, malhonnête, moral ou immoral, esthète ou grossier. Il n'y a pas de points de référence. Le déroulement apparent de la vie est unique et exactement approprié à chaque éveil. Tout est exactement tel que ce doit être, en l'instant. Non parce qu'il s'agit d'un potentiel pour quelque chose de mieux, mais simplement parce que tout ce qui est est expression du divin.
L'invitation à découvrir qu'il n'est personne ayant besoin d'être libéré est constante. Il n'est pas nécessaire d'attendre des moments de transformation, aucune nécessité de s'efforcer au non-agir, à rechercher la béatitude permanente, l'état sans ego, ou l'immobilité d'un esprit tranquille. Je n'ai même pas besoin d'attendre que descende la grâce, car je suis, vous êtes, ceci est déjà grâce éternelle.

Extraits de Ce qui est, publié aux Éditions Accarias-l'Originel

vendredi 17 décembre 2010

• Instant d'Éternité avec Della


« Il y a de ces mots, de ces images et de ces notes
qui nous plongent dans cet instant d’Éternité
où le temps se tait.
Alors, tout ce qui a existé, qui existe et qui existera,
ne fait qu’Un. »

« Notre vraie Nature est déjà
Ce que nous Sommes maintenant.
Cesser la lutte contre cette Évidence
est peut-être le chemin le plus difficile
mais aussi le plus simple vers l’Éveil. »

« Le Plein est Vide, le Vide est Plein.
Si on se déchargeait un peu ? »

«  Lorsque notre attention est mise
sur notre passé ou sur notre futur,
nous créons le concept de délai au bonheur...
Dans le Moment, les délais n'existent pas. »

« L’Amour est là et s’offre à nous de l’intérieur.
Il attend les bras grands ouverts, avec une infinie patience,
que nous soyons prêts à nous y déposer humblement. »

« Nous avons tous ce potentiel extraordinaire
d'apprécier la Vie à travers un regard empli de Simplicité ;
un regard issu d'un Espace infini de Paix,
d'Unité, et d'Amour.

Sommes-nous prêts à voir ce qui nous sépare de cette Paix,
à dire un grand « OUI ! » à cet Espace
et ainsi découvrir la Libération ? »

« En mettant notre attention sur la Réalité telle qu'Elle Est,
les histoires du mental perdent tranquillement
du pouvoir sur notre Bonheur.
Et de là, naît la réalisation que Tout est simple,
que Tout peut Toujours être simple.
La Paix s'installe.
Le désir de compréhension du chercheur est un grand piège,
pour plusieurs peut-être nécessaire,
afin d'arriver à cet état d'épuisement où les défenses
et les concepts tombent pour faire place
à Ce qui Est, Point. »

« Je deviens Libre lorsque je suis prêt
à douter de ce que je crois connaître
et à m'abandonner à Ce que je ne comprends pas. »

« Quelqu'un pourrait-il prétendre pouvoir faire découvrir
la saveur d'une orange avec comme seul moyen des mots ?

Le Fruit est là, toujours disponible,
lorsque la pulsion de mordre ne peut plus être ignorée...
Alors c'est maintenant ? »

« La recherche d'Unité est souvent intimement liée
au désir de se défaire de l'illusion du « moi » séparé.
La Conscience englobe pourtant toutes les expériences,
quelques soient leurs saveurs. »

« Le Divin n'a aucun visage et
se pare pourtant de tous les masques.
Il est le silence et la musique qui en découle,
le vide et la matière ainsi créée,
la Paix et toutes les pensées qui la voilent,
la Conscience éternelle et l'impermanence
du temps qui passe. »

« Nous baignons tous dans cet élan naturel d'éveil
à notre Vraie Nature.
Certains en ressentent l'appel avec intensité.
D'autres ont cette chance inouïe
de plonger dans son Évidence
sans avertissement.
Processus étrange s'il y en a un...
Bien des questions pour un mental
en quête de paix devant le Mystère.
La Vérité n'est-elle pas qu'un point de vue qui résonne
avec notre nectar propre de Sagesse ?
Tant de douces saveurs dans ce monde
pour en arriver à Maintenant. »

« La rencontre du Divin est possible à chaque instant.
Il suffit de s'abandonner à ce cœur aimant et vulnérable
qui bat en Soi.
Ouvert et innocent, son regard sait reconnaître
et même devenir Tout ce qui Est. »

 Pour en savoir plus sur Della, venez visitez son site.
Dates des retraites, programme et rencontre avec Della.


jeudi 16 décembre 2010

• Comme un grain de sel dans la mer - Arthur Koestler




« Roubachof marchait dans sa cellule. Autrefois, il se serait pudiquement privé de cette espèce de rêverie puérile. Maintenant, il n'en avait pas honte. Dans la mort, le métaphysique devenait réel. Il s'arrêta près de la fenêtre et posa son front contre le carreau. Par-dessus la tourelle, on voyait une tache bleue. D'un bleu pâle qui lui rappelait un certain bleu qu'il avait vu au-dessus de sa tête, une fois que, tout enfant, il était étendu sur l'herbe dans le parc de son père, à regarder les branches de peuplier qui se balançaient lentement contre le ciel. Apparemment, même un coin de ciel bleu suffisait à provoquer "le sentiment océanique" (…). Les plus grands et les plus posés des psychologues modernes avaient reconnu comme un fait l'existence de cet état et l'avaient appelé "sentiment océanique". Et en vérité, la personnalité s'y dissolvait comme un grain de sel dans la mer ; mais au même moment, l'infini de la mer semblait être contenu dans le grain de sable. Le grain ne se localisait plus ni dans le temps ni dans l'espace. C'était un état dans lequel la pensée perdait toute direction et se mettait à tourner en rond, comme l'aiguille de la boussole au pôle magnétique ; et en fin de compte, elle se détachait de son axe et voyageait librement à travers l'espace, comme un faisceau de lumière dans la nuit ; et il semblait alors que toutes les pensées et toutes les sensations, et jusqu'à la douleur et jusqu'à la joie, n'étaient plus que des raies spectrales du même rayon de lumière, décomposé au prisme de la conscience. »

Arthur Koestler, Le zéro et l'infini

mercredi 15 décembre 2010

• La voie sans voie - Greg Goode

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Veuillez cliquer sur l'image pour en savoir plus (merci à José)


“La conscience pure voit ce qui se manifeste.
Tout ce qui apparaît, apparaît à la conscience pure... C’est le voyant invisible ”.


L'exposé d'Atmananda a dissout cette distinction. Elle n'avait plus la place d'être une 'chose' séparée. Elle n'était plus ressentie, elle n'avait plus de sens. Grâce à la gentillesse de Francis et aux enseignements limpides d'Atmananda, cette impression de distinction s'est paisiblement et joyeusement fondue dans la clarté éclatante de la conscience, pour ne plus jamais revenir.


≈≈≈≈≈≈≈


Inspirée par le grand jnani du Kerala Sri Atmananda (Krishna Menon, 1883-1959), la Voie Directe est la «voie sans voie». Elle dit simplement que le monde et vous êtes conscience pure. Après une exposition des principes de base de la Voie Directe, l'ouvrage présente des dialogues qui permettront d'éclairer de nombreux points tels la croyance en l'existence d'objets physiques et mentaux, le désir d'avoir des expériences d'illumination, etc.


Greg Goode est titulaire d’un doctorat de philosophie de l’Université de Rochester. Ses domaines de spécialisation sont la théorie de la décision, la philosophie de l'esprit et la philosophie de George Berkeley. Depuis 1996, il est “consultant en philosophie” et possède une vaste expérience de consultation en ligne. Au nom de la non-dualité, il a aussi suivi les puissants enseignements de l'Advaita Vedanta et du bouddhisme Mahayana.


Éditions Le Lotus d'Or
Le Lotus d’Or publie, essentiellement dans le cadre de la tradition indienne, des témoignages relatifs à l’expérience spirituelle et des enseignements représentant les fruits d’un tel éveil intérieur. Une première série d’ouvrages est consacrée à la perspective de l’Advaita Vedanta, notamment à travers des entretiens avec Ramana Maharshi et Ramesh Balsekar.

mardi 7 décembre 2010

• S'abandonner à la plénitude - François Mocaër


Il n'y a rien à savoir
rien à accomplir
car tout naît et meurt
dans la dimension de l'Être

L'intelligence ne peut saisir
cette dimension transcendante
de l'immobilité
dans le changement

≈≈≈≈≈

Essaie de répondre à la question
Qui suis-je
sans te référer à ton moi
qui se projette constamment
dans le futur

Tu verras que tu demeures
celui qui existe
dans le sentiment de présence
inhérent à tous les êtres
dans le jeu inouï de la manifestation

Tu es Cela au-delà du monde perçu
par les sens

S'abandonner à la plénitude, de François Mocaër, sera publié prochainement aux Éditions Acarias l'Originel.

Ici, l'auteur plonge au coeur de la spiritualité et tente de nous renvoyer à ce que nous sommes réellement lorsque nous cessons de nous identifier à notre prétendue personnalité.
Chaque stance nous convie à une introspection à la portée de tous, qui laisse filtrer cette lumière inhérente à notre véritable nature.
Quand l'ego descend dans le coeur, le détachement opère une transformation qui transcende tous les concepts. Demeure alors un silence qui se fond dans l'éternité. À leur niveau le plus profond, c'est ce que nous enseignent toutes les religions.
Le lecteur entrera peut-être en résonance avec ce qui est écrit et établira comme une relation secrète avec les mots qui émanent de cet insondable qui est en chacun de nous.
Ces textes n'ont pas d'autre but que de nous faire vivre cette liberté intérieure synonyme de plénitude.

lundi 6 décembre 2010

• L’ultime compréhension - Wayne Liquorman



Voici un extrait du livre de Wayne Liquorman, Invitation à l'Impensable, paru chez Aluna Éditions :

RIEN NE S’EST PRODUIT

L’illumination n’est pas la présence de la compréhension qu’il n’y a personne. C’est le complet évanouissement de ce qui aurait pu avoir cette compréhension. Nous parlons de l’illumination comme s’il se produisait quelque chose. Et au plan éphémère de la manifestation, il peut effectivement sembler que « l’évanouissement complet de ce qui aurait pu avoir cette compréhension » n’est pas rien. Cependant, — et c’est là le paradoxe qui ne cesse de s’offrir généreusement à nous aussitôt qu’est approchée cette vertigineuse perspective de la non dualité,  l’ultime compréhension est que rienne s’est passé. Tout est comme cela a toujours été : une incroyable tapisserie de Présence.
Encore une fois il faut répéter qu’il s’agit là d’indicateurs. Lorsque vous demandez à un sage de vous dire ce qui s’est passé, sa réponse, invariablement, n’est jamais qu’un point de repère en direction de l’inconnaissable « ce qui est ». Mais vous l’entendez comme une description littérale. Vous entendez les mots et vous vous dites : « Ah - ha ! Je vois ce qu’il veut dire. » La description fait naître une image dans votre esprit et vous pouvez maintenant la relier à votre propre expérience spirituelle. Vous savez quelque chose là-dessus à présent. Vous pouvez le raccrocher à ce que vous savez déjà, extrapoler à partir de ce que vous savez et élargir la base de votre savoir pour vous faire une idée de ce qui est dit. Mais il ne s’agit pas de la Vérité. Vous avez élargi votre base de données avec plus d’indicateurs. Mais ces indicateurs sont du savoir, pas la Vérité. La Vérité est en amont de tout savoir ou de toute compréhension intellectuelle.
Nous attribuons des étiquettes aux différents aspects de la Conscience afin de pouvoir les identifier. Oui, tout est Conscience — tout. Mais si nous nous en tenons là, il n’y a pas moyen pour nous de fonctionner car nous sommes incapables de reconnaître quoi que ce soit. Nous ne pouvons parler, nous ne pouvons nous mouvoir car il n’est pas de « nous » pour se mouvoir dans un espace quelconque. Au sein du monde manifesté, il y a à la fois Totalité et apparence de séparation. L’apparence de séparation fait partie du Tout.
L’organisme que nous nommons le sage ne sait pas qu’il est le Tout. L’organisme fait l’expérience de la séparation, mais il est le Tout. Par conséquent le conflit entre apparence et Totalité n’existe pas. Elles sont coexistantes.
L’apparence de séparation est inhérente à cette expérience faite par l’homme de la danse de la vie. Elle est le vecteur de toutes les implications. Oui, il se produit une souffrance incroyable dans le monde, mais il y a aussi des évènements merveilleux et d’une remarquable portée. Pourquoi en est-il ainsi, on ne peut que spéculer, mais cela existe bien. C’est cela l’important. C’est un aspect de « ce qui est ».
Les outils conceptuels à notre disposition pour comprendre et fonctionner au sein du monde manifesté ne sont pas nécessairement négatifs. La structure entière de la vie repose sur des concepts. Nous pouvons considérer que les concepts sont des limitations, mais l’organisme a besoin de limites pour fonctionner. Elles lui sont essentielles. Si l’organisme devait tout intégrer et tout traiter sans aucune limite conceptuelle, le cerveau grillerait en un éclair. Trop de choses se passent en même temps pour que le cerveau puisse les assimiler. Nous ne pourrions pas fonctionner du tout. Il m’arrive d’observer des enfants autistes et la manière dont ils examinent leur environnement. L’impression que j’en retire est qu’ils sont submergés. Le monde se précipite en eux. Il s’agit d’organismes qui ne semblent pas posséder ce mécanisme conceptuel qui limite la perception, crée de l’ordre et donne un sens à tout ça. Peut-être ne fonctionnent-ils pas « normalement » parce que ces fonctions de l’esprit ne sont pas présentes.

APRÈS L’ILLUMINATION

Après la survenue de l’ultime compréhension, y a-t-il un sentiment quelconque de «Je » au sens universel ?

Pas dans le sens où vous faites l’expérience du « Je » universel en tant que chercheur. Cela n’est plus possible car le chercheur — cet élément séparé qui fait l’expérience de cette universalité — s’est évanoui.

Une fois disparu le sentiment d’être auteur, existe-t-il celui que les choses se produisent spontanément et de façon parfaite ?

Non. L’évaluation secondaire que tout se passe de manière parfaite, que tout se produit spontanément, ne se présente pas à l’esprit du sage. Le sage répond aux stimuli directement dans l’instant, simplement en tant qu’instrument de réponse, mais n’en fait pas l’expérience en tant que telle.

Alors, le sage éprouve-t-il encore des émotions comme avant ?

Oui, directement et puissamment car l’organisme est l’instrument des émotions. Le mécanisme corps/mental humain comporte une composante émotionnelle. Certains sont plus émotionnels, certains plus intellectuels, d’autres plus tournés vers l’action. La proportion de ces éléments diffère en chacun. Celle-ci caractérise un organisme humain, indépendamment de la présence ou non d’un quelconque sentiment d’être personnellement auteur. Toutefois, lorsque ce sentiment a disparu, ces éléments sont libres de s’exprimer sans restriction.
     
PERFECTION DE L’INSTANT

À mesure que s’approfondit la  compréhension, il est compris que ce qui est matériel est spirituel. Cela inclut tout ce qui existe, pas seulement les couchers de soleil, les petits lapins, les arcs-en-ciel et les dauphins, mais aussi les sadiques, les violeurs, les assassins. Tout est spirituel.
Bien sûr, nous n’invitons pas des assassins psychopathes au coin du feu. Nous ne confions pas nos biens à des escrocs patentés. Nous conservons nos considérations pratiques, mais accompagnées de la compréhension que la plus nauséabonde des créatures est un aspect de la Source. La même énergie manifestée qui crée les saints, crée les pêcheurs. Tous sont des aspects de la même chose. Et ce dont ils sont l’aspect est spirituel. Cela devient la réalité. C’est la beauté de cet Enseignement: quoi que vous fassiez est une survenue, une part du flot naturel de Ce qui Est.
C’est un soulagement tellement incroyable. Une si vaste liberté. Le fardeau s’allège à mesure que la compréhension s’approfondit et qu’il devient clair que chaque qualité — bonne ou mauvaise — dont vous êtes affublés est un aspect de la Source.
Tel que vous êtes en ce moment même — en cet instant même — est Parfait et ne pourrait être autrement.

COMPRÉHENSION INTELLECTUELLE

La compréhension intellectuelle de l’Enseignement met un frein à la pensée horizontale, n’est-ce pas ?

Elle peut survenir et couper court à l’implication du « moi », qui correspond à ce que nous pourrions nommer « le penser horizontal ».

Est-ce que ce fut le cas pour vous ?

Oui, cela se passait fréquemment, à mesure que « la compréhension s’approfondissait ». Ce qui est une façon de dire que cette compréhension intellectuelle se produisait de plus en plus souvent en de plus en plus de situations pour trancher l’implication. À mesure que la compréhension s’approfondissait, l’implication diminuait.

Donc, avec la pensée « je ne suis pas l’auteur » l’implication diminue, avec pour résultat moins de souffrance ?

Ce n’est pas seulement la pensée « je ne suis pas l’auteur », c’est surtout la conscience de « ce qui est ».

Mais la pensée : « je suis l’auteur », fait également partie de la Totalité en train de s’exprimer.

Oh, absolument.

Alors, même un conflit que j’éprouverais à cause de cette pensée est toujours la Totalité en train de s’exprimer ?

Absolument.

Par conséquent si je répète continuellement « je ne suis pas l’auteur », alors…

Il ne s’agit pas de vous faisant quoi que ce soit. Ce que je dis, c’est que lorsque l’enseignement s’approfondit et que survient une pensée, la compréhension tranche alors l’implication. Je ne suis pas en train de parler de vous,appliquant un concept intellectuel à une situation, comme vous utiliseriez une technique pour obtenir un résultat attendu.

L’ego ne peut donc apprendre l’Enseignement.

L’ego ne peut appliquer l’Enseignement. L’ego est impuissant.

Quel est le lien entre la structure de l’ego et la structure de l’organisme corps/mental ?

L’ego est un terme que nous employons de multiples façons, et cela peut engendrer de la confusion. Mon gourou, Ramesh, a opéré une distinction très précise qui contribue à clarifier la chose. Il est parti de l’ego, du mental, et l’a scindé en deux notions : l’esprit ratiocinant et l’esprit pragmatique ou ego ratiocinant et ego pragmatique. L’ego pragmatique est cet aspect du mécanisme corps/mental qui est le dépositaire des prédispositions génétiques — votre nature de base — et tout le conditionnement subséquent de l’expérience, des choses apprises, de la culture — tout ce qui est arrivé à l’organisme jusqu’à cet instant même. C’est ce qui travaille, ce qui pense, ce qui détermine vos réactions. Cet ego pragmatique est dynamique, il se modifie d’instant en instant.
L’esprit ratiocinant, le mental ratiocinant ou ego ratiocinant est un sens qui s’éveille en chaque humain autour de l’âge de deux ans et demi. Sa seule fonction est de s’approprier l’œuvre du mental pragmatique. De proclamer qu’elle est sa propre création. Le mental pragmatique cogite, agit et réagit. Le mental ratiocinant se proclame auteur et prétend : « J’ai pensé cela. J’ai éprouvé cela. J’ai décidé. Je suis celui qui a fait tout cela. » Revendication injustifiée, mais qui induit au niveau du composite corps/mental  la notion erronée d’être « l’auteur des choses ».
Le plus simple examen révèlera que l’organisme n’a pas produit ses prédispositions génétiques, pas plus qu’il n’a produit la vaste quantité de conditionnement de l’organisme. Ce n’est tout simplement pas possible. Cependant, le mental ratiocinant, cet aspect ratiocinant de l’ego, clame la primauté sur tout. Il dit : « Je suis celui qui décide. Je suis celui qui ressent. Je suis celui qui pense. » Et bien sûr, l’angoisse, c’est : « Et si je m’y prends mal ? Et si je fais tout rater ? » Alors quand les choses prennent mauvaise tournure, c’est la culpabilité : « J’ai mal fait. J’aurais pu agir autrement, mais je ne l’ai pas fait. »

La peur et la culpabilité ne sont donc pas le produit du jugement ?

Elles se fondent sur cette proclamation par « moi » d’être personnellement auteur. Au contraire, si la source de mes actes n’est pas ici, si je ne suis simplement que l’instrument de l’action, comment puis-je être coupable ? La lame qui a servi au meurtre est-elle coupable du meurtre ?

Eh bien, il pourrait exister un conditionnement pour la culpabilité.

La culpabilité n’a de sens qu’en présence de la conviction : je suis la source, le créateur.

Disons que le sage fait une partie d’échecs et joue un mauvais coup. Ne surgirait-il pas spontanément dans l’instant un : « J’aurais dû jouer ce pion, » même en l’absence de toute idée qu’il aurait pu en être autrement ?

Ce ne serait que façon de parler. Il pourrait dire : « C’était un mouvement stupide, c’est l’autre pièce qui aurait du être déplacée. »  Mais il n’est personne là pour croire qu’elle était auteur du coup, par conséquent, la notion « j’aurais dû » ne se présente tout simplement pas. Voilà vers quoi l’on s’oriente. De fait, tout exemple qui pourrait vous venir, quel qu’il soit, aboutira toujours à cette même perspective : il n’est aucun sentiment d’être auteur chez le sage.

Découvrir également un autre extrait sur cette page.
Éveil Impersonnel remercie chaleureusement Jean-Pierre Chometon.

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ALUNA ÉDITIONS

Aluna Éditions est née d'une rencontre d'amis intéressés par la spiritualité, plus spécialement la non-dualité.
Nous souhaitons proposé des textes selon plusieurs collections. Ces livres seront ouvert aux traditions et arts d'orient et d'occident. Ces textes accompagnent le lecteur dans son questionnement et son cheminement vers la connaissance de soi, des autres et du monde qui nous entoure.
En ouverture, nous publions dans la collection Advaita un ouvrage de Wayne Liquorman qui sera suivi par un ouvrage de son maître Ramesh Balsekar.
Nous attirons votre attention sur le fait que ces ouvrages sont peu diffusés en librairie. Le plus aisé est de les commander au moyen du bon de commande à télécharger ici.
Merci pour votre compréhension et merci de faire connaître ces ouvrages autour de vous.

Jean-Pierre Chometon
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