vendredi 25 février 2022

• La voie sans chemin - Vimala Thakar

 

Il est étonnant qu'il ait fallu presque cinquante ans pour permettre aux lecteurs francophones d'enfin découvrir ce livre de Vimala Thakar. A l'heure où tant d'ouvrages maintiennent les lecteurs dans le champ du mental, de l'émotion, et plus encore dans le champ de concepts et de croyances invérifiables, voici un court texte qui offre un itinéraire précis et rigoureux pour qui veut s'aventurer réellement dans une recherche spirituelle féconde.

C'est un cheminement sur une voie sans trace qui montre la nécessité d'être avec soi- même extrêmement précis, exigeant, totalement honnête dès lors qu'il s'agit de ce qui est vrai et de ce qui est.

Ici, pas de grands discours ni de promesses réconfortantes, pas d'autre miracle que la rencontre réelle avec soi-même, dans toutes les dimensions de notre être, y compris et surtout, dans la dimension non conditionnée, celle du Silence, de ce que Vimala Thakar, tout comme Krishnamurti, appelle la méditation.

Vimala Thakar suggère qu'on ne peut prétendre à la méditation véritable sans payer le prix de se connaître de moment en moment très intimement. Il nous faut rencontrer la réalité brute de notre conditionnement, non seulement individuel, mais universel et historique, le conditionnement de l'espèce humaine.

Se voir sans le masque de la personne est bien une clé, sinon la clé, de l'entrée au royaume du Silence, de la Méditation.

Voici un chant mélodieux et décapant.


PRÉSENTATION de l'ouvrage : 


Ça me semble incroyable qu’il ait fallu presque cinquante ans pour permettre aux lecteurs francophones d’enfin découvrir ce livre de Vimala Thakar. À l’heure où tant d’ouvrages maintiennent les lecteurs dans le champ du mental, de l’émotion, et plus encore dans le champ de concepts et de croyances invérifiables, voici une centaine de pages qui non seulement offrent une sorte d’itinéraire précis et rigoureux pour qui veut s’aventurer réellement dans une recherche spirituelle féconde, un cheminement sur une voie sans trace, mais qui de plus montrent avec la simplicité et l’élégance de l’humilité de son auteur, la nécessité d’être avec soi-même extrêmement précis, rigoureux, exigeant, implacable, intransigeant, totalement honnête dès lors qu’il s’agit de ce qui est vrai et de ce qui est. Ici, pas de grands discours ni de moraline, pas de promesses réconfortantes ni de contes de fées, pas d’autre miracle que la rencontre réelle avec soi-même, dans toutes les dimensions de notre être, y compris et surtout, dans la dimension non conditionnée, celle du silence, de ce que Vimala Thakar, tout comme Krishnamurti, appelle la méditation. Pour Krishnamurti et Vimala Thakar, la méditation ne se pratique pas, elle est pour ainsi dire un état d’être (ou un non-état) où l’être tout entier est silence, totalement vidé de la personne et de son bazar conceptuel et émotionnel. Mais Krishnamurti comme Vimala Thakar suggèrent qu’on ne peut prétendre à la méditation véritable sans payer le prix de se connaître de moment en moment très intimement, aussi dérangeante et perturbante puisse être la rencontre du contenu de la conscience, la rencontre avec la réalité brute de notre conditionnement, non seulement individuel, mais universel et historique, le conditionnement de l’espèce humaine. Pour Krishnamurti et Vimala, si je les comprends bien, être le témoin de notre conditionnement sur le vif, sans chercher d’alibi, de réconfort, sans jugement, mais avec un esprit ouvert qui ose se montrer et qui ose se voir, tel qu’il est, dans le lumineux comme dans le ténébreux, dans le sublime comme dans le sordide, dans nos petits arrangements avec la vérité, avec nos ambitions, nos peurs, nos masques (et ce ne sont pas ceux qui nous protègent d’un virus, sinon celui de la dissimulation), se voir sans le masque de la personne est bien une clé, sinon la clé, de l’entrée au royaume du silence, de la méditation. 

Là où nombre de non-dualistes contemporains – certains avec beaucoup de talent – conduisent directement leurs lecteurs-auditeurs à la source, mais en laissent finalement pas mal désemparés en ce qui concerne leur humanité vivante, leur vie quotidienne en chair et en os, Vimala prend le temps d’avancer pas à pas, mais son regard et sa voix semblent provenir de la source même et ne jamais la quitter. En fait, ça ne fait aucune différence pour ceux qui ont bu à la source, mais pour les autres, ça fait une différence de taille : Vimala prend en compte la dimension humaine, incarnée, dans tous ses aspects, et elle ne se présente pas comme un guru qui viendrait apporter la vérité, ou la félicité ; elle ne se présente pas non plus comme une éveillée (cela n’aurait pas le moindre sens dans son approche), mais comme une amie qui partage ses découvertes et qui (re) fait le chemin avec les amis qui l’écoutent. 

Dans ce livre composé de douze chapitres, qui correspondent à quinze jours passés ensemble, alternant entre la parole de Vimala et les dialogues, des points extrêmement importants (particulièrement pour des chercheurs spirituels) sont abordés, dans cet ordre qui répond au cheminement pas à pas : la distinction entre concentration, attention, et conscience attentive ; la distinction entre mouvement, toujours inscrit dans l’espace et le temps, et la vibration qui est en dehors de l’espace et du temps, bien qu’elle puisse être ressentie ici et maintenant ; le fait que la conscience est tout autant de la matière que n’importe quel objet, donc que les produits mentaux, les pensées, sont bel et bien de la matière, même sous forme subtile ; l’amitié, la camaraderie et la liberté ; la dimension silencieuse de la méditation ; l’esprit de la recherche spirituelle ; le royaume de la non-dualité ; les schémas d’auto-illusionnement ; l’incomparable paix (qui n’a rien à voir avec la paix factice de la concentration ou des drogues et médicaments) ; l’observateur et l’observé ; ce que sont un enseignant, un guide, un maître, un guru ; enfin, ce que signifie vivre ensemble à la lumière d’une une vie spirituelle. 

Je vous invite à suivre pas à pas le chant aussi mélodieux que décapant de cette voix intemporelle, celle de Vimala Thakar. 

Bonne lecture, et bien davantage,

                          Marc Marciszewer, Paris, le 12 avril 2021

© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-l'Originel :

L’illumination n’est pas quelque chose de mystérieux, ou de mystique : quand vous voyez clairement les choses telles qu’elles sont, et que vous comprenez leur relation avec la totalité de votre vie, votre vie s’illumine. Elle est inondée par la lumière de votre compréhension. Vous n’êtes plus dans un état d’auto-apitoiement et donc, vous n’êtes plus capable de tricher et de tromper les autres. Vous voyez le faux comme étant faux. Vous voyez le malhonnête comme étant malhonnête, le tordu comme étant tordu, sans entrer dans une analyse, sans comparer les causes, sans défendre ni justifier, sans expliquer. Et la simplicité et l’humilité d’une personne de compréhension la rendent capable d’être ce qu’elle est : une personne qui se meut dans la vie sans désir de se comparer aux autres, de devenir quelque chose de différent de ce qu’elle est, d’acquérir quelque chose psychiquement ou psychologiquement, ou de posséder, de s’approprier.


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