vendredi 3 décembre 2021

• En compagnie des sages - Eric Edelmann

Cet ouvrage offre un panorama synthétique et vivant des grandes figures de la sagesse contemporaine. Il présente 28 sages au gré d’histoires saisissantes et d’anecdotes stupéfiantes. Il est agrémenté de superbes portraits. Sont évoqués entre autres : Chandra Swami, Gurdjieff, Hakuin, Swâmi Prajnânpad, le Dalaï Lama, les XVIe et XVIIe Karmapa, Ma Anandamayi, Mataji Krishnabaï et bien sûr Ramana Maharshi. Le lecteur plonge au cœur de la sagesse et de l’amour exprimés par ces 28 sages.


« En rassemblant ces histoires et ces anecdotes, j’ai voulu vous faire partager non seulement la sagesse, mais aussi la compassion, la liberté ou l’humour de ceux et celles que l’on pourrait appeler des « êtres de lumière ». Les anecdotes vécues que vous pourrez découvrir au fil de ces pages côtoient des récits qu’utilisaient parfois les maîtres pour transmettre un enseignement et donner une leçon de vie. C’est, dans tous les cas, une manière d’entrer dans leur proximité et de bénéficier de cette atmosphère si particulière qui les entoure. »


Éric Edelmann


Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions L'Originel - Charles Antoni : 


© photo :  DR

Un disciple de Chandra Swami raconte :

À mon premier retour de l’Inde, j’ai pris l’avion et dans la salle d’embarquement à l’aéroport de Delhi, il y avait une veille sœur ermite qui avait une apparence merveilleuse et j’ai souhaité très vivement être assis à ses côtés dans l’avion pour pouvoir parler avec elle. Je me suis retrouvé assis près d’elle et tout de suite, j’ai engagé la conversation et lui ai demandé qui elle était.

Elle est allée en Argentine et a vécu dix-huit ans là-bas. Au bout de dix-huit ans, elle est venue en France pour entrer dans un cloître. Elle est restée trente ans dans le cloître et puis au bout de trente ans, elle s’est rendu compte que ce n’était pas sa tasse de thé – elle m’a dit cela comme ça. Donc, elle a rendu son tablier, elle a quitté le cloître et est allée ensuite dans les collines en Grèce. Et là, elle s’est déplacée de petite chapelle en petite chapelle pendant quelques années puis elle a senti l’appel de la Terre Sainte et s’est rendue dans le désert, en Israël.

Elle a vécu pendant quelque temps dans une grotte, loin de tout. Et puis un jour, Cela est arrivé. Elle a dit : « À ce moment-là, je n’ai plus vu de différence entre dire une prière et éplucher une orange. Et à partir de ce moment, il y a des tas de gens qui sont venus me voir pour me demander ce qu’il fallait faire pour s’approcher de Dieu et, évidemment, je ne pouvais pas leur dire d’éplucher des oranges, alors je leur ai dit de dire des prières! »


Éric Edelmann, Plus on est de sages, plus on rit, Le Relié, 2005, pp. 151-152.


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Le derviche illettré


Un pauvre derviche s’approcha d’un professeur d’arabe qui n’avait pas d’école. Ce professeur enseignait en écrivant à la craie sur les murs de la ville. Le derviche demanda au professeur s’il pouvait lui enseigner à lire et à écrire. Touché par la sincérité du derviche, le professeur offrit de lui enseigner gratuitement. Il dessina une grande ligne verticale sur le mur et dit « Ce trait correspond à la lettre alif ; c’est la première lettre de l’alphabet. » Le derviche se prosterna, remercia le professeur et partit. Le professeur, qui était habitué à enseigner au moins la première moitié de l’alphabet à la première leçon, était étonné. Cela promettait d’être un long processus !

Le derviche ne revint ni le lendemain ni la semaine suivante, si bien que le professeur finit par l’oublier. Plusieurs mois plus tard, le derviche réapparut. Ses yeux brillaient d’une lumière intérieure. Il se prosterna pieusement et annonça qu’il était prêt pour la leçon suivante. Le professeur pensa : « À ce rythme, nous ne passerons jamais à travers l’alphabet », mais tout ce qu’il dit au derviche fut : « D’accord. Revoyons d’abord la première leçon. Écrivez la lettre alif sur le mur. »


Le derviche écrivit la lettre alif, et le mur s’écroula.


Robert Frager, Heart, Self and Soul, Quest Books, 1999, p. 15.


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Une jeune fille vint demander à Mataji d’écrire quelques mots dans son carnet d’autographes. J’étais sûre que Mataji refuserait avec un beau sourire en expliquant : « Je n’écris pas ». Pas du tout. Mâ consentit : « D’accord, sur quelle page? » Ravie, la jeune fille ouvrit le carnet et le tendit à Mataji.

D’un air profondément concentré, avec tout le sérieux d’une petite fille, Mataji dessina un tout petit point au milieu de la page. Puis, levant la tête, elle regarda la jeune fille droit dans les yeux et, montrant le point du doigt, elle dit : « Là-dedans, tout est contenu ! » et elle lui rendit le carnet.